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devant nous les oppresseurs de cette partie du monde.

Je suis forcé de finir, le bâtiment part. Je n'ai pas relu pour voir si on a fidellement copié. Suppléez-y. Adieu.

JAUBERT.

No. III.

No. III.

(Pour vous seul.)

Au Général Bruix.

En Rade d Aboukir, le 21 Messidor.

Je vous rends un compte administratif par ma lettre de ce jour, mon cher Bruix; je dépose ma circonspection ordonnatrice pour vous parler de notre position dans ce pays. Il n'y aura pas d'ordre dans ma lettre, parce que je suis continuellement distrait par les demandes réitérées que vous savez qu'on n'épargne pas au mouillage, et que d'ailleurs le bâtiment courrier est prêt à partir.

En général les officiers de terre et de mer se sont quittés froidement. L'entassement où l'on étoit pour les logemens, et la maigreur des tables devoient nécessairement produire ces effets.

Tous les ordres un peu importans ont dans le commencement été donnés par le Général en Chef, par la suite le Chef de l'EtatMajor Berthier les transmettoit à l'Amiral. Ceux pour la descente soit à Malte soit à Alexandrie ont été donnés le premier le jour

même, l'autre deux jours auparavant. Vous savez quelle différence il y a entre les préparatifs de mer et ceux de terre: mais telle est la méthode du Général en Chef, et tout a parfaitement réussi.

Malte est sans approvisionnemens, avec très-peu d'argent, et une vente nécessairement éloignée de biens nationaux. Une immense population y étoit nourrie par l'Ordre. Les secours de France ne seront pas, je l'imagine, abondans; ceux d'Egypte ne sont pas prêts d'être réalisés; c'est pourtant un point

militaire bien intéressant.

Cinq ou six jours avant notre arrivée, la peste avoit cessé à Alexandrie. Il y avoit pourtant au Port Neuf un bâtiment qui en étoit infecté, et d'où quelques marins s'étoient échappés dans la ville. Il n'est pas arrivé d'accident; d'ailleurs vous savez que dans la grande chaleur la peste n'a plus de prise en Egypte.

Vous rirez, peut-être vous autres Parisiens de la proclamation Mahométane du Général en Chef; il a passé par dessus les Lazzi, et elle produira un très grand effet. Vous vous rappelez celui produit par le cri magique, guerre aux Châteaux, paix aux

Cabanes. Le Général en Chef arrivera au Caire avec une grande armée mais les divisions feront le reste.

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Quand l'officier et le soldat virent Alex-. andrie et les déserts, qui l'environnent, ils furent frappés de stupeur. Buonaparte a tout ranimé.

Les Arabes et les Mamelouks ont traité quelques-uns de nos prisonniers comme Socrate, dit-on, Alcibiade. Il falloit périr ou y passer un grenadier s'est fait tuer. Ils n'avoient que battu les femmes qu'ils nous avoient prises.

Le port d'Alexandrie est nul en approvisionnemens maritimes, nul en établissemens. La conquête présente plus de ressources, mais on en tirera par la suite un. iminense parti. Alexandre fit tout dans

un an.

Il est encore incertain si des vaisseaux de 74 peuvent y entrer. Deux Vénitiens de 64 y sont. On parloit de faire décharger l'ar-, tillerie pour y entrer: mais qu'y aurions-nous fait ? et quand et comment serions-nous sortis ?

Nous sommes au mouillage d'Aboukir, à 5 lieues Est d'Alexandrie, assez bon

pour l'été. Il est intenable en hiver. Les
Anglois, (ils ont 14 vaisseaux et nous 13,
dont trois foibles,) sont dans nos parages;
nous les attendons; l'opinion générale
étoit (mais aussi pouvoit-il y entrer quel-
que sentiment personnel), qu'aussitôt le
débarquement opéré, nous
nous aurions `dû
partir pour Corfou, où nous aurions été
ralliés par nos vaisseaux de Malte, de
Toulon, et d'Ancone pour être prêts à
tout. Le Général en a décidé autrement.
Le bonheur qui accompagne ses opérations
suivra aussi celle-ci. Au reste, nous
sommes ici sous le vent du fatalisme, et
son souffle ébranle un peu mes principes.

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Comme les hommes sont imprévoyans dans les voeux qu'ils forment! j'avois quelque velléité de rester Ordonnateur quelque temps à Malte: mais quand j'ai vu qu'au moins la première année ce port ne recevroit ni de France, n'y d'Egypte aucun secours qui en rendît le séjour supportable; qu'une population nombreuse souffriroit au moins pendant un temps les douleurs du passage d'une organisation mauvaise, sans doute, mais stable, à une organisation toute différente; je me

H

!

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