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pas loin, du temple. Damo précipita ses pas, et bientôt la tête du vertueux vieillard se reposa sur le sein de sa fille shérie. Le fils de Mullias offrit à Pythagore le présent que lui envoyait sa mère. Il est trop tard, dit le vieillard d'une voix mourante! Puis jetant un regard vers le ciel, il ajouta : Le peu de liens qui retiennent encore mon ame captive dans cette enveloppe de poussière, sont heureusement près de se briser encore un instant et j'entrerai dans une nouvelle vie. Cependant, par condescendance pour Damo et pour son jeune guide, qui l'en suppliaient, il but un peu de lait. Ses forces parurent se ranimer, et l'enfant, docile aux ordres de sa mère, se retira à quelque distance, pour laisser au vieillard la liberté de donner à sa fille ses pré.cieuses et dérnières instructions.

Pythagore remit à sa fille le livre qui contenait un abrégé de tout ce qu'il avait appris des prêtres de Diospolis, des mages de Babylone, des sages de la Grèce, et tout ce qu'il avait découvert lui-même dans ses longues et profondes méditations. Ce livre, lui dit-il, est uniquement pour vous et pour vos frères. Vous ne le confjerez à personne ni pour le lire, ni pour en tirer des copies. La vérité doit être enseignée de vive voix, et il n'est ni bon, ni convenable que des mystères si saints soient divulgués par des lettres

mortes.

Ilinvita ensuite le jeune prêtre des Muses à s'approcher, et le remercia de lui avoir procuré la satisfaction de mourir entre les bras de Damo. O mon père, s'écria le fils de Mullias, ne mourez pas, je vous en conjure, sans m'avoir appris à connaître la vérité. Elle ne se montre aux hommes, reprit Pythagore, qu'à travers des voiles fort obscurs. Dans l'ordre physique, vous voyez que la lumière et les ténèbres se succèdent perpétuellement et se partagent presqu'éga lement l'empire de la terre; mais dans l'ordre moral les ténèbres surpassent de beaucoup la lumière. La vérité res semble au soleil levant : il ne frappe de ses rayons que la cîme des montagnes et les lieux les plus élevés. La vérité ne peut pas être enseignée: elle se révèle elle-même aux ames qu'elle juge dignes de la recevoir. Si vous voulez participer à ses communications célestes, élevez un autel à la muse tacite l'ame se perfectionne dans le silence. Jetez plutôt une pierre au hasard, qu'une parole inutile et piseuse. Habituez-vous à dire beaucoup de choses en pen de paroles. Le vieillard ayant parlé ainsi, pencha sa tête

sur le sein de Damo, prononça le nom de ses deux fils Arimneste et Télanges, et rendit le dernier sonpir.

C'est ainsi que se termina la carrière de Pythagore; c'est ainsi qu'il fut récompensé du bien qu'il avait fait aux hommes en leur apprenant que le bonheur ne se trouve ni dans les honneurs, ni dans les richesses, mais dans la pratique de la vertu. ANTOINETTE LEGROING.

VARIÉTÉS.

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Théâtre de l'Odéon.

SPECTACLES. Washington, ou les Représailles, drame en trois actes et en prose. Dans la guerre d'Amérique, lord Asgill, officier anglais, blessé sur le champ de bataille et fait prisonnier, doit la vie aux soins d'un quaker et de sa fille Betzy, dont il parvient à se faire aimer et qu'il veut épouser. Il a écrit en Angleterre pour donner sa démission et conjurer sa mère et sa sœur de venir en Amérique être témoins de son bonheur. Sur ces entrefaites, on apprend qu'un officier américain, commandant d'un fort, après s'être rendu sur parole, a été condamné par un général anglais à périr sur un échafaud; le général Washington demande que le général coupable de cette violation du droit des gens lui soit livré; le général Clinton, commandant en chef des forces britanniques, refuse, et le congrès ordonne que par une juste représaille, un officier anglais que le sort désignera parmi les prisonniers, périsse du même supplice, si le coupable n'est abandonné aux Américains. Washington permet que les prisonniers aillent sur parole auprès du lord Clinton lui annoncer cet arrêt; celui qui sera désigné par le sort doit seul rester en ôtage: lord Asgill amène le billet fatal, et ses compagnons d'infortune se rendent au camp anglais.

Mais le terme accordé par Washington va expirer; lord Asgill prêt à périr demande pour grâce unique au général Washington de ne pas mourir d'une mort infamante : Washington voudrait en vain accorder le devoir et la pitié; le signal fatal se fait entendre, Asgill va marcher à la mort, lorsque ses compagnons se précipitent sur la scène en annonçant que lord Clinton accorde l'extradition du général coupable.

Le trait historique qui a fourni le fonds de cet ouvrage,

est rapporté dans un ancien Mercure; on y voit même qu'à la paix le jeune Anglais vint à Versailles remercier le roi à la puissante recommandation duquel il devait la vie.

Cette courte analyse donnera quelque idée de la conduite, mais non des détails de l'ouvrage. Cette pièce a un air étranger qui la ferait prendre pour une traduction : le rôle du quaker rappelle très-bien les mœurs, le caractère des hommes de cette secte; il cite un peu trop souvent la Bible; l'auteur, pour se faire pardonner ces éternelles citations, aurait du prévenir le public, par le moyen d'un des interlocuteurs, que cette manière de s'exprimer est un des caractères distinctifs des quakers. Le caractère de Belzy a de la grâce et de l'ingénuité; la franchise des quakers motive fort bien la facilité avec laquelle elle avoue son amour pour lord Asgill; ce joli rôle est bien rendu par Me Fleury. Washington est représenté avec talent par Vigneaux; Clozel est bien placé dans celui du lord Asgill.

Le dernier drame donné à ce théâtre n'avait pu obtenir une représentation toute entière; mais, par une juste représaille, nous pouvons en prédire un bon nombre à Washington. On y trouve des scènes fortes, des situations attachantes, et lorsqu'on l'aura débarrassé de quelques fongueurs, je ne doute pas qu'il ne fasse honneur à l'auteur qui ne s'est fait connaître que sous le nom de Henri. Ce n'est pas son véritable nom.

: B.

A

POLITIQUE.

DES lettres de Varsovie et de Kœnisberg, de la date la plus récente, nous donnent le moyen de donner au lecteur des détails sur la position occupée par l'armée française rentrée dans le duché de Varsovie, sur celle des corps alliés, et sur la marche des renforts qui de toutes parts sont dirigés sur le point principal qu'elle occupe.

Les armées russes n'ont pu empêcher la retraite de s'effectuer; elles n'ont pu empêcher la nôtre de forcer un passage important et de donner la main aux corps qui avaient reçu l'ordre de se porter à sa rencontre. Les armées russes ont prouvé par leur impossibilité de se porter en avant de quelle manière les Français les avaient combattus, soit en se rendant maîtres de leur capitale, soit en l'abandonnant pour se rapprocher de leurs magasins et pour se refaire après une campagne marquée par la succession d'événemens si extraordinaires. Les Français, que la rigueur des élémens même n'a pu dompter, ont su, privés de tout, marcher pendant soixante jours, combattre et vaincre; les Russes, sur leur propre territoire, sous la protection du climat qui leur est familier, forts de tous les moyens que ce climat nous avait ravis, n'ont pu s'avancer pour profiter de leur supériorité matérielle. Les lignes françaises se reforment et se grossissent sous leurs yeux. L'armée est entrée dans des pays fertiles, et a pris des cantonnemens où elle a trouvé des vivres et du repos. Le quartier-général du maréchal duc de Tarente, commandant l'aile gauche de l'armée, était aux dernières nouvelles établi à Tilsitt. Le prince de Scharzenberg suivant son mouvement était le 12 décembre à Slonim. Le d'armée dont il est appuyé était à Swiflocs. Il n'y avait eu sur les deux points opposés aucune nouvelle affaire. Le général russe Kutusow était resté sur les bords du Dnieper avec les débris d'une infanterie accablée, et ne pouvant faire mouvoir que quelques partis de Cosaques.

corps

Voici ce que font connaître des détails plus récens, écrits de Varsovie, les 23 et 25 décembre, et publiés par

le Moniteur.

Le feld-maréchal prince de Scharzenberg

a établi

son quartier-général à Bialystok; celui du général Reynier est à Brszesc. Cette position de l'armée autrichienne et du 7° corps a obligé les débris du général Sacken à se diriger sur Pinsk pour se porter en Lithuanie et s'éloigner de nos frontières.

Le prince Joseph Poniatowski, notre général en chef et ministre de la guerre, qui s'est distingué dans la dernière campagne, est ici depuis une huitaine de jours, et montre la plus grande activité pour le complètement de notre armée. Les régimens qui formaient le 5° corps sont rentrés dans le duché. Vingt-cinq millé conscrits, dont la levée a été ordonnée depuis deux mois, arrivent chaque jour aux dépôts, où il trouvent leur habillement et leur armement. Notre armée sera bientôt complétée: elle a ramené 30 pièces de canon et ses équipages attelés, ce qui a d'abord étonné, mais on s'explique comment elle a été plus heureuse que les autres corps de la Grande-Armée: nos chevaux sont acclimatés, ils peuvent résister davantage au froid, et leurs conducteurs sont plus accoutumés à prendre les précautions qui ont influé sur leur conser

vation.

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L'appel de 10,000 chevaux, ordonné dans les départemens pour la remonte de notre cavalerie, s'est exécuté, et les premiers convois de remonte arrivent déjà aux corps.

Nos places de Thorn, de Modlia, de Sierock, de Praga et de Zamosc sont en très-bon état et bien approvisionnées.

Nous voyons arriver chaque jour ici un grand nombre d'officiers et de soldats. On assure que les rations distribuées journellement, par nos magasins, excèdent le nombre de 40,000..

» Les remontes pour l'armée francaise, qui sont dirigées par le major Custine, se font avec succès. Il est arrivé dans ces jours derniers plus de 3000 chevaux au dépôt-général. Un nouveau marché, de 6000 chevaux, vieut d'être passé »

D'autres détails, non moins intéressans, sont arrivés. de Kænisberg, en date du 27.

Nous avons ici un grand nombre de généraux et d'officiers français. Le roi de Naples a passé hier la revue du corps du général Heudelet. Cette belle division, composée de trois brigades et ayant une nombreuse artillerie, arrive de Dantzick.

» Nous avons éprouvé ici un froid excessif et préma

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