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Un objet, aux soldats, parfois d'un grand secours
Dans un voyage de long cours,

Voire même sur le coche.

Si tu ne m'as trouvé, cherche-moi dans ta poche..

Par M. C******, employé à l'administration de l'Ecole Polytechnique.

CHARADE.

MON premier est un très-vil animal,
Mon second est sublime végétal ;
Mon entier est créature pensante

Dont la propreté nous enchante.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est U (la lettre).

Celui du Logogriphe est Madame, dans lequel on trouve : Adam. Celui de la Charade est Archimède.

LITTERATURE ET BEAUX-ARTS.

SOUVENIRS ET PORTRAITS, 1780-1789; par M. DE LÉVIS, avec cette épigraphe :

Il serait à souhaiter que ceux qui ont été à portée de connaître les hommes fissent part de leurs observations.

DUCLOS, Consid. sur les Mours.

Un vol. in-8°. - Prix, 5 fr., broché, et 6 fr. franc de port. En papier vélin, le prix est double. - Paris, chez Fr. Buisson, libraire, rue Gilles-Cœur, n° 10.

Nous ne sommes que trop riches en Mémoires, en Journaux, en Souvenirs. Depuis l'époque où la révolution mit toutes les passions à leur aise et vint anéantir pour tant de gens toutes les lois des bienséances sociales, on a vu se multiplier les ouvrages de ce genre, écrits par des témoins oculaires ou soi-disant tels. De toutes ces révélations quelquefois criminelles et le plus souvent indiscrètes, il est résulté quelque profit sans doute pour les auteurs, éditeurs et imprimeurs. La curiosité et la malignité du public y ont également trouvé leur compte, mais on peut douter que l'histoire y gagne beaucoup. Dans ces ouvrages, dit fort bien M. de Lévis, le vrai est entassé avec le faux, sans choix, sans pudeur et sans critique, et souvent le vrai même est déguisé sous des circonstances qui le rendent méconnaissable. De pareils matériaux seront dans la suite très-embarrassans pour l'historien, et s'il est des époques dont il est très-difficile d'écrire l'histoire faute de monumens contemporains, il ne sera guère plus aisé de traiter celle de notre âge, précisément parce que les monumens contemporains seront trop nombreux.

Je n'ai sûrement pas besoin de prévenir mes lecteurs que ces réflexions que j'emprunte en partie à M. de Lévis ne peuvent aucunement s'appliquer à son ouvrage. Ses Portraits et ses Souvenirs serent très-propres, au con

traire, à servir d'antidote aux publications scandaleuses dont nous venons de parler. « Le but que je me propose, dit-il, est de donner des notions précises sur quelques personnes qui ont joué un rôle important, afin que désormais l'ignorance ou la mauvaise foi ne puisse plus les représenter sous des couleurs mensongères.» Voilà un but véritablement louable; il annonce un esprit de justice bien rare aujourd'hui parmi nos écrivains, et M. de Lévis y joint une délicatesse moins commune encore. Il veut donner des notions précises, mais non des notions complètes. Il ne dira pas tout ce qu'il sait. Il est loin de penser que dans le portrait des personnages comme dans le récit des événemens, le tems ne fasse rien à l'affaire. Il sait fort bien que l'histoire ne commence pas pour chaque individu au moment de sa mort, ni pour chaque événement au moment qui le dénoue. A la vérité, nous ne sommes pas tout-à-fait de son avis sur la règle qu'il établit pour déterminer ce commencement de l'époque historique. Il pense que l'histoire de chaque individu appartient d'autant plus tôt au public, que cet individu a joué un rôle plus important sur la scène du monde. Je crains, au contraire, que si l'on voulait prouver la règle par des exemples, on n'arrivât souvent à un résultat opposé; mais il ne s'agit que d'un léger changement pour rendre son principe juste; il ne faut qu'en ôter l'idée du tems; l'histoire d'un individu n'appartient, en effet, au public qu'autant qu'il a joué un rôle dans le monde, et lui appartient d'autant plus que ce rôle a été plus important. Quant à l'époque où le public acquiert le droit d'en jouir, sa détermination tient à tant de causes qu'il faudrait, en quelque sorte, un code entier de bienséance et de politique pour la fixer dans le droit, et qu'il vaut mieux s'en rapporter, dans la pratique, au tact des auteurs et à la sagesse des gouvernemens.

L'ouvrage de M. de Lévis peut, à cet égard, servir de modèle. Il s'y est conformé avec scrupule au principe que nous venons de poser. Moins les personnages dont il s'occupe ont eu d'influence sur les affaires publiques, et plus il use avec eux d'indulgence et de discrétion. En parlant même des hommes d'état et des ministres, il

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n'entre point dans l'intérieur des familles, dans les détails domestiques; il se contente d'apprécier les talens politiques, de juger les hommes dans leurs opérations. Au reste, M. de Lévis ne s'était point dissimulé tout ce que son ouvrage avait à perdre auprès d'une classe de lecteurs bien nombreuse, par cette sage retenue de l'auteur. « J'essaie, dit-il, la solution d'un problème que bien des gens croient impossible à résoudre : composer un ouvrage sur les personnes, qui soit sans malignité, et qui cependant ne paraisse pas insipide. » Et il ajoute : «Si je réussis, je partagerai l'honneur du succès avec la nature humaine qu'on aura calomniée. » Il est vrai qu'on la calomnie souvent, mais sera-t-elle justifiée par M. de Lévis, par cela seul que des lecteurs sensés auront goûté le dédommagement qu'il leur présente de l'omission des anecdotes scandaleuses, dans ses observations sur les mœurs et dans ses réflexions sur les événemens mémorables qui se sont passés sous ses yeux? Je crois qu'il est permis d'en douter, car il ne sera pas démontré par-là que les lecteurs, même sensés, n'auraient pas accueilli avec plus d'empressement encore des traits piquans et des anecdotes malignes.

Mais au lieu de chicaner M. de Lévis sur un sentiment qui lui fait honneur, occupons-nous de son ouvrage. Le premier personnage qu'il met en scène est le comte de Maurepas. Ce ministre est peint avec une grande fidélité. On nous le montre, non comme un génie supérieur, mais comme un homme d'esprit et de sens, habile dans les affaires, ayant du discernement et de l'expérience, mais trop léger, trop enclin à la plaisanterie, facile à séduire et à gouverner. « Si on le compare, dit M. de Lévis, aux fameux personnages qui ont occupé avant lui ce poste si important pour la France et pour l'Europe, on trouvera qu'il n'avait ni la profondeur énergique de Richelieu, ni la grande habileté de Mazarin, ni la sagesse de Fleury, mais aussi qu'il ne fut ni immoral comme Dubois, ni follement présomptueux comme le cardinal de Loménie. » Ce jugement nous paraît fort équitable, et même plus favorable à M. de Maurepas qu'on ne devait l'attendre, après le blâme jeté par l'au

teur sur deux opérations, les plus importantes peut-être de son ministère, la guerre d'Amérique et le rappel des parlemens. Je ne sais même si M. de Levis ne se déclare pas trop fortement contre ces deux mesures. La guerre d'Amérique, il est vrai, amena les emprunts, et les emprunts la révolution. La résistance des parlemens rétablis est encore une des causes auxquelles la révolution est attribuée; mais la guerre d'Amérique n'était-elle pas commandée par l'honneur national ? Et M. de Lévis no convient-il pas lui-même qu'en ne rappelant pas les parlemens il aurait fallu des assemblées provinciales? Or, je doute qu'alors le gouvernement y eût gagné. La résistance des parlemens ne devint si puissante que par l'opinion publique, et par la résistance pareille des Etats de Bretagne et de Béarn.

Trois autres ministres de Louis XVI paraissent dans cet ouvrage après M. de Maurepas; ce sont MM. de Calonne, Necker et le cardinal de Loménie. Je doute que leurs amis soient fort satisfaits de la manière dont M. de Lévis les apprécie; leurs ennemis ne le seront pas non plus; mais les portraits qu'en trace notre auteur pourront bien être adoptés par l'histoire: elle consacrera sans doute la probité et l'orgueil de M. Necker, la bonté de ses intentions et son imprudence dans le choix des moyens, ses talens comme financier, son incapacité comme premier ministre. Je crois qu'elle confirmera de même le jugement que M. de Lévis porte de son rival; elle ne contestera point à M. de Calonne un esprit vif, étendu, et une extrême facilité pour le travail; elle lui accordera d'avoir été moins systématique, et d'avoir mieux connu les Français que M. Necker; mais elle lui reprochera sa légèreté, sa prodigalité, son aversion pour les calculs, et l'énorme perte de tems qui en était la suite. Quant au cardinal de Loménie, léger météore qui brilla un instant sur cette scène orageuse, M. de Lévis le fait connaître encore plus complétement. Son chapitre est un des plus curieux de l'ouvrage. L'auteur y a inséré un tableau très-piquant et très-fidèle de la fermentation qui régnait alors dans toutes les têtes, et il le termine

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