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CHAQUE mot, dans ces vers inspirés par les Grâces,
Du chantre des Amours nous révèle les traces;
Chaque mot, de son cœur échappé mollement,
Fait rêver la maîtresse et soupirer l'amant.
Des Dieux enfant gâté, Tibulle eut en partage
Les dons de la fortune et les dons du bel âge,
Et l'art plus précieux, l'art d'en savoir jouir.
D'un faste, ami des cours, bien loin de s'éblouir,
Libre d'ambition, exempt de défiance,
Gaîment il promenait sa douce insouciance;
Et d'un bras caressant embrassait tour-à-tour,
L'autel de l'Amitié, le trône de l'Amour.
Sans y songer à peine, il quitta la lumière :

Tel cédant au sommeil l'enfant clos sa paupière,

Hh

Zéphire perd son souffle, et Flore ses attraits!
La guirlande de rose est changée en cyprès.
La naïade gémit, et sombre et taciturne,
Sur les gazons flétris n'épanche plus son urne.
Vénus même fuyant l'essaim des voluptés
Détèle de son char ses cygnes attristés.

Des plus beaux yeux les pleurs obscurcissent les charmes ;
Qui ne pleura jamais, versa pour lui des larmes.

On crut voir s'éclipser les Amours et les Ris,
Mais ils vivent encore au sein de ses écrits.
Tibulle suit encore, exilé de la terre,

De ses premiers penchans l'attrait involontaire ;
Jeune et toujours sensible, aux Champs-Elysiens,
Il cherche des amans les naïfs entretiens;
Et son ombre amoureuse et de myrtes parée,
Dicte encor ses leçons à leur foule enivrée.
Souvent, sa lyre en main, il attendrit les bois,
Et leurs fronts embaumés s'inclinent à sa voix.
Vous répétez ses chants: à sa palme immortelle,
Emma, vous ajoutez une palme nouvelle.
Il vous plait, serait-il un sort plus glorieux?
Il charme la beauté, qui charme tous les yeux.

DU PUY DES ISLETS.

PORTRAIT D'UNE PETITE CHIENNE.

Issa est passere nequior Catulli, etc.
MART., Lib. I, Ep. CX.

FLORE surpasse en malice, en gaîté,
Le passereau par Catulle chanté.
On ne voit point de chienne si gentille :
Flore est d'un prix au-dessus des bijoux.
Quelle colombe, ou quelle jeune fille,
Donna jamais des baisers aussi doax?
Par son instinct, par ses charmans caprices,
De mon ami Flore fait les délices.

Un léger souffle, ou le moindre soupir,
Quand elle dort, ne se fait pas entendre :
Comme elle sent la peine et le plaisir !

Que son langage est expressif et tendre!
Qui plus que Flore aime la propreté ?
Sa douce patte, avec légéreté,

Sait avertir, dès qu'elle veut descendre :
Flore jamais ne salit un tapis,

Tant la décence à Flore est naturelle !
Il s'est offert grand nombre de partis;
Aucun époux n'a paru digne d'elle.
Aussi craignant que le fatal ciseau
Tranchant le fil d'une si belle vie,
A son amour Flore ne fût ravie,
Et toute entière emportée au tombeau,
Son maître a su, dans un tableau fidèle,
Nous conserver les grâces du modèle
Avec tant d'art, et si bien trait pour trait,
Qu'en voyant Flore auprès de sa copie,
On jurerait qu'il en est deux en vie,
Ou qu'elles sont l'une et l'autre en portrait.

DE KERIVALANT.

LES AVANTAGES DU TALENT.

Sum, fateor, etc. (MART, Lib. Vep. XIII.)

J'ai toujours été pauvre; oui, Chrysès, je l'avoue ;
Mais non pas inconnu, ni dans l'obscurité.

« Le voilà, dit chacun ! » On me lit, on me loue :
J'obtins, dès mon vivant, une célébrité

Que peu d'auteurs ont due à la postérité.
Pour toi, de tes palais, où brille la dorure,
Cent colonnes de marbre ornent l'architecture;
Tes immenses guérets se couvrent de moissons,
Et tes nombreux troupeaux, des plus belles toisons.
Tes coffres sont pleins d'or... Mais apprends à connaître
En quoi, sur tes grands biens, l'emporte le talent!
Je puis, ainsi que toi, devenir opulent :
Ce que je suis, Chrysès, tu ne peux jamais l'être.

Par le même.

LES MASQUES.

POLICHINELLE est un sage estimé ;
Gille et Pierrot brillent par leur mérite ;
Pour sa bravoure Arlequin renommé
Des anciens preux eût défié l'élite.
Dame Gigogne a, pour la chasteté,
Vaincu Lucrèce : en ingénuité

Comme en pudeur tout cède à Zirzabelle....
Or maintenant retournons mon propos :
Ce sage austère est un Polichinelle ;

Ces grands esprits, des Gilles, des Pierrots;
Un Arlequin, ce soi-disant héros ;
Cette beauté naïve et pudibonde

Et sa maman, vertus de carnaval!...
Et j'aurai peint, sur maint original,
Comme l'on est déguisé dans un bal,
Comme l'on est déguisé dans le monde.

EUSEBE SALVERTE.

ÉNIGME.

Je ne suis point, lecteur, une chose ordinaire,
Souvent du genre masculin

Et quelquefois du féminin.

Je suis en terre, au ciel, chez ton apothicaire,
Et très-utile aux parfumeurs.

De diverses couleurs

Ma robe se compose;
Emule de la rose,

Au printems j'étale mes fleurs.
Je suis tendre, je suis cruelle;
Toujours les mortels amoureux
M'adressèrent leurs vœux,

Car il est convenu que je dois être belle.
On dit que je sus plaire à la reine des cieux,
Dans bien des cas je lui fus nécessaire.

Pour me trouver que dois-tu faire ?
Prendre un miroir et regarder tes yeux.

V. B. (d'Agen.)

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SUR mes six pieds, lecteur, erois-le de bonne foi, Je suis un objet très-utile.

A la campagne, encor plus à la ville,

Tu ne peux, bien souvent, rien terminer sans moi.
Tel est pourtant l'ordre de la nature,
Qu'avant de passer dans tes mains,
Je dois séjourner dans l'ordure;
Après cela, moyennant quelques bains
Qui m'ont mis en capilotade,
Sans en avoir été malade,

On me jette au moule, et j'en sors
Exempt de crainte et de remords.
Mais, chose bien singulière !
Tantôt ambassadeur, et tantôt secrétaire,
On me voit dans la paix,
On me voit dans la guerre,
A la cour, au palais,
Chez l'avocat, chez le notaire,
Chez le droguiste, l'épicier,
Le procureur et chez l'huissier;
J'assiste à la toilette

Du vieillard et de la coquette;
Je suis souvent d'une grande valeur,
Et mille fois par jour on me méprise.
Je ne finirai pas, lecteur,

S'il faut que je te dise
Tout ce qu'on fait de mon individu,
Et ce serait, vraiment, un tems perdu,
Car tu m'as reconnu sans doute.
Or, si tu ne me tiens, écoute !

En me décomposant d'abord tu trouveras
Une divinité païenne

En honneur en Egypte avant l'ère chrétienne ;
Un prince pacifique, aujourd'hui sans Etats,
Mais autrefois redoutable;

Un oiseau familier, bavard impitoyable;
Un des quatre élémens, une mesure agraire,
Un général français, un titre en Angleterre ;

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