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Tantôt laissant le pathétique,
Et reprenant le ton comique,
Sur des airs différens j'applique
Et la louange et la critique.
Pour finir mon panégyrique,,
Je suis en chanson, en cantique,
L'arlequin du genre lyrique.

S.......

LOGOGRIPHE

BARBARE, inexorable
Dans ma haine implacable,

Je fus jadis une reine exécrable;
Ma tête à bas, maintenant à Paris

Tous les jours, sous le nom de l'amant de Cypris,

Par mon art admirable,

Je plais, je charme, je ravis.

V. B. (d'Agen. ).

CHARADE.

Vous êtes mon premier, jeune et charmante Iris;
Chaque femme pourtant aujourd'hui ne l'est guère;
Mais par les qualités d'un cœur que je chéris,
Vous n'êtes pas non plus une femme ordinaire,

En France mon second, d'un prince ou grand seigneur,
Jadis, au tems des rois, devenait l'apanage,

Dans mon entier deux fois un des Bourbons, vainqueur,
A vu ses étendards renverser ceux du Tage.

FÉLIX MERCIER (de Rougemont ).

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Ongles (les).

Celui du Logogriphe est Gastronome, dans lequel on trouve &

astronome.

Celui de la Charade est Brunehaut

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

-

LA GAULE POÉTIQUE, ou l'Histoire de France considérée dans ses rapports avec la poésie, l'éloquence et les beaux-arts; par M. F. DE Marchangy. Première Epoque. Deux vol. in-8°. Prix, 10 fr., et 13 fr. franc de port. Paris, chez Joseph Chaumerot, libraire, place Saint-André-des-Arcs, n° 11; Chaumerot jeune, libraire, Palais-Royal, galeries de bois, n° 188; et Eymery, rue Mazarine, no 3o.

(PREMIER ARTICLE.).

Si un jeune auteur, voulant débuter dans la carrière des lettres, était assez heureux pour choisir un sujet qui eût l'attrait puissant de la nouveauté; qui, admettant toutes les formes de style, permît d'être tour-àtour orateur, historien, peintre et poëte; où, dans la fidélité de l'histoire, se rencontrât souvent le charme du merveilleux, l'intérêt du roman; qui, parlant à l'imagination et aux souvenirs, au cœur et à l'esprit, dût exciter la curiosité de toutes les classes de lecteurs : il resterait encore à savoir mettre en œuvre un sujet si heureusement trouvé.

Remonter au-delà des premiers tems de la monarchie française, à ces Gaulois qui, les premiers, passèrent les Alpes indomptées, fondèrent des colonies dans le Latium, combattirent sur les bords de l'Euphrate, du Nil, du Bosphore et de l'Eurotas; chercher dans les traces effacées des peuples celtiques, dans la sombre mythologie des Druides, dans les chants si renommés des Bardes antiques, dans les mœurs et les coutumes ignorées des premiers peuples de la Gaule, dans les monumens de l'histoire nationale, depuis les Francs jusqu'à nos jours, les rapports de cette histoire avec la poésie, l'éloquence et les beaux-arts: tel est le plan de l'ouvrage de M. Mar

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MERCURE DE FRANCE, FEVRIER 1813. 343

changy. Les deux premiers volumes comprennent la première époque, et se terminent avec la dynastie de Mérovée.

Ce qu'on ignore, ou ce qu'on oublie, c'est, comme le dit l'auteur, que « toute la nuit de ces premiers şiècles étincelle de faits éclatans. » Pour en tracer des, tableaux fidèles, il a fallu se livrer à des recherches longues et pénibles; et pour les rendre éclatans, savoir joindre le vif enthousiasme du poëte à la sévère exactitude du critique, la verve de l'orateur à la patience de l'antiquaire, et le coloris des grands maîtres aux sèches nomenclatures de l'érudition. Le but était haut, le prix difficile : l'auteur a su s'élever et l'atteindre.

Sa vaste érudition satisfera les savans sans épouvanter les esprits légers. Toutes les citations, d'ailleurs extrê mement nombreuses, sont réléguées dans des notes dont le travail me paraît bien plus considérable que celui du texte : « Je n'ai point épargné les citations, dit M. Mar>> changy: cet ouvrage est plein de faits peu connus » et d'opinions nouvelles qu'on prendrait d'abord pour, » des paradoxes, si je ne me hâtais point d'invoquer les » témoignages qui concourent à les accréditer, et qui » leur impriment le sceau authentique dont toutes les " pages de l'histoire doivent être marquées.» Ainsi, la Gaule Poétique a le premier de tous les mérites dans les ouvrages historiques, celui de la solidité qui résulte des preuves et des autorités. Elles sont là comme la base d'un ancien monument que l'architecte mesure, que le plus grand nombre des voyageurs néglige, mais sans laquelle l'édifice ne pourrait se soutenir. Je crois néan moins que M. Marchangy aurait pu élever le sien sur des fondemens moins larges et moins profonds. En effet, de simples citations de livres et d'auteurs occupent dans la Gaule Poétique, au bas de chaque page, un espace presqu'aussi considérable que le texte ; et tout ce luxe de preuves n'était point nécessaire,

L'auteur commence par avertir que ce n'est point une histoire de France qu'il publie, mais bien un ouvrage, littéraire sur cette histoire. Ainsi, sa marche sera plus libre; il peut ne prendre que la fleur de son sujet. Ce

pendant, il suivra l'ordre des tems, parce que cet ordre ne peut nuire au plan qu'il s'est proposé, et qu'alors il devient utile; mais son style sera débarrassé de la gravité des formes historiques. Il pourra être, et il est en effet tour-à-tour oratoire, descriptif, poétique; tantôt élevé ou brillant, soutenu ou rapide; tantôt facile, gracieux et léger.

La Gaule Poétique n'est cependant point, sous le rapport du style, un ouvrage sans défauts; il y en a même plus qu'on n'en trouve souvent dans des livres médiocres. L'imagination a ses écarts, la médiocrité est plus régulière.

Ce serait une histoire utile et curieuse que celle de la prose française depuis le seizième siècle jusqu'à nos jours. Naïve et gracieuse dans Amiot; libre et énergique dans Montaigne; guindée et métaphorique dans Balzac; forte et sévère dans Pascal; grave dans Bourdaloue; sublime dans Bossuet; noble et élégante dans Fénélon; naturelle et négligée dans Mme de Sévigné; riche de tours et d'harmonie dans Massillon; vive et légère dans Voltaire; nerveuse et passionnée dans Rousseau; calme et majestueuse dans Buffon; froide et emphatique dans Thomas: qu'est-elle devenue dans les écrits de quelques modernes prosateurs? Quel mélange singulier et souvent bizarre de mots détournés de leur signification ordinaire pour les appliquer à des objets ou à des idées qui avaient, dans la langue, des signes naturels pour les peindre ou pour les exprimer! La prose a usurpé le vaste domaine de la poésie; elle a voulu même l'étendre, et la poésie rejetterait sa pompe désordonnée. L'éloquence qu'on appelle académique, et qui est née vers le milieu du dernier siècle, a confondu les genres et gâté d'heureux talens. La critique ne saurait s'élever, avec trop de courage, contre cette ambition du gigantesque, qui n'est pas le grand; contre cette prétention à la magnificence des mots, qui n'est pas le sublime; contre cette profusion de tours nouveaux, d'images et d'effets qu'il faudrait d'ailleurs trouver sans effort, au lieu de les chercher si péniblement. Et l'on a vu le plus heureux talent tourmenter la langue, blesser le goût et toucher

au ridicule, tandis qu'il pouvait acquérir facilement des droits à l'estime et à l'admiration de ses contemporains.

La Gaule Poétique a pu faire naître ces réflexions; mais il serait injuste de les appliquer à l'auteur dans toute leur étendue, dans toute leur rigueur. Cependant, s'il n'appartient point à une école fameuse et décriée, son style n'est pas exempt de recherche et d'ambition. Jeune, plein de verve et d'imagination, peintre et poëte, il s'égare quelquefois, et l'on aperçoit, à regret, sur ses riches tableaux, quelques traits de la moderne enluminure. Je n'aime ni les églises gothiques et sombres, qu'on prendrait pour des forêts pétrifiées; ni le jour du baptême de Clovis qui vient s'ouvrir les portes de l'église de Reims; ni l'imagination qui s'épanouit au souffle de l'avenir; ni l'amant des beaux-arts qui demande à la Troade et au Péloponèse des vestiges inspirateurs ; ni un épisode d'amour qui, au milieu de l'action rapide, impétueuse, ressemble à la fleur jetée sur le cours du torrent; ni cette peuplade enivrée des prestiges et des séductions de la terre poétique; ni le beau visage de Clotilde, où la tendre compassion imprime une céleste mélancolie, reflet de la douleur des autres. Je n'aime enfin ni la nymphe qui prend le bain accoutumé, ni Clotilde qui fait les aumônes accoutumées.

Voilà ce qui m'a principalement déplu dans le premier volume, le seul dont je m'occuperai dans cet article; mais ces défauts de style, il faut les chercher, tandis que les beautés s'offrent à chaque page. Puisque je fais la part de la critique, je me hâterai de l'achever ; je ne crois pas qu'on puisse dire correctement : « Quel spec»tacle attendrissant qu'un concours goûtant tous les » transports que peut éprouver un cœur! etc. » Enfin, je releverai cette inversion pénible: «D'autrefois de ces » solitudes impénétrables la nuit fuyait tout-à-coup.»>

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En général, le style est par-tout travaillé, et avec trop de soin peut-être. Il est toujours brillant, toujours poé tique. Le sujet semblait sans doute le demander ainsi le style devait être comme le titre de l'ouvrage: mais si on le trouve assez souvent ambitieux, il est rarement voisin de l'emphase; et, jusque dans ses écarts, M. Mar

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