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JOLA françaises et les leçons latines. Elles paraissent a con traire différer autant par le fond que par la forme, par le mérite particulier des professeurs, que par leur au ditoire. Il est très-douteux que le docteur Lowth pro fessât devant des jeunes femmes et d'agréables disifsil n'est pas moins douteux que Laharpe eût retem des auditeurs de cette nature par un traité sur la poéste sacrée ; mais il a voulu donner une preuve de sa grande estime pour le docteur Lowth, et il n'a cru pouvoir mieux faire que de lui chercher quelques rapports avec lui-même.

L'article qui a déjà paru dans le Mercure, sur la traduction anonyme du Traité de la Poésie sacrée, nous dispense d'indiquer le plan et les principales divisions de cet ouvrage. Nous préférons donner à nos lecteurs une idée du système de traduction qu'a suivi M. Roger, système qu'une lecture réfléchie de quelques passages de l'original, nous a mis à même de mieux apprécier.

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« Je n'ai pas dû m'attacher, dit M. Roger, à l'exac»titude littérale, comme je l'aurais fait dans la traduction, » de Tite-Live, de Cicéron, ou de quelqu'un de ces grands écrivains qui, modèles achevés de style, im»posent à leur interprête l'obligation de dessiner toutes leurs formes, de répéter tous leurs mouvemens, de » conserver toutes leurs intentions, et ne peuvent être » représentés heureusement qu'autant qu'ils sont exac»tement reproduits. Le latin moderne de Lowth n'étant » pas tout-à-fait irréprochable, n'obligeait pas à une >> aussi rigoureuse fidélité; sans chercher donc à rendre >> tous les mots, j'ai tâché de bien rendre le sens et la » liaison des idées. » M. Roger ne pouvait mieux faire : une version strictement littérale du docteur Lowth, pouvait paraître traînante, et quelquefois même inintelligible; c'est dans ce cas qu'une extrême fidélité devenait une extrême infidélité. Une des qualités de style de l'ouvrage original, est l'abondance; mais cette abondance dégénère parfois en diffusion et en battologie. Le docteur Lowth employe souvent plusieurs mots qui n'ont dans notre langue qu'une même signification: et de là une difficulté insurmontable et, l'on peut le dire, sans

L

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gloire à les rendre tous; souvent encore, lorsque Texpression lui manque pour rendre certaines idées, il détourne certains mots de leur véritable acception, et a recours au latin de l'école. M. Roger s'est alors servi très-utilement d'une traduction anglaise faite sous les yeux mêmes de l'auteur, par un de ses disciples, « et sur cette autorité, dit-il, j'ai pu quelquefois adopter dans » l'interprétation, certaines nuances que n'indiquait »pas l'original. »

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L'ouvrage du docteur Lowth commence par un discours d'ouverture, espèce de morceau obligé, comme nous en entendons prononcer dans quelques-uns de nos cours publics, en pareille occasion. On sait que le plus souvent, ce ne sont que des lieux communs, dont tout le mérite est de se rattacher avec plus ou moins d'adresse à l'objet principal du cours. Le docteur Lowth, dans ce discours ou cette leçon, cherche à prouver que le premier but de la poésie est l'utilité, que c'est là sa fin, et que l'agrément n'est que le moyen dont elle se sert pour y parvenir. Il établit cette différence entre le poëte et le philosophe, , que celui-ci croit avoir assez fait, quand il a été simple, clair et précis, tandis que celui-là veut encore répandre sur ses leçons le charme de l'élégance et de l'agrément. Cette opinion ne mérite certainement pas tous les développemens que lui donne l'auteur. C'est une de ces questions qu'on peut appeler oiseuses, et bonnes tout au plus à faire briller l'éloquente faconde d'un rhéteur. Horace a depuis long-tems décidé celle-ci dans un de ces vers proverbes, où, sans prendre parti pour lité contre l'agrément, il dit que le comble de l'art est de les réunir tous deux. Quant à la distinction entre le poëte et le philosophe, les ouvrages de Platon et de Cicéron, deux des plus beaux génies et des écrivains les plus fleuris de l'antiquité, prouveraient assez que ce n'est qu'une vaine subtilité, et qu'aucun philosophe à qui il aura été donné de plaire, n'a négligé ce moyen. M. Roger a supprimé, dans sa traduction, cette première leçon. Il a pensé avec raison qu'il valait mieux entrer dans le sujet dès le commencement du livre; «< que d'ailleurs » Lowth étend trop loin ses principes, et s'abandonne à

l'uti

» des idées abstraites de perfection morale, qui s'éloi»gnent autant de la vérité des choses que du goût par»ticulier de notre nation. » Le même esprit de critique judicieuse lui fait retrancher aussi quelques ornemens ambitieux et que le goût réprouve. Telle est, dans le chapitre second de l'original et le premier de la traduction, cette comparaison de la poésie sacrée à un fleuve, dont l'auteur se propose de suivre les sinuosités, d'observer l'élévation et l'abaissement, et de détourner quelquefois Les eaux, pour féconder les campagnes qu'il domine.

C'est rarement à un traducteur qu'il faut demander un jugement impartial et désintéressé sur l'auteur qu'il a traduit. Il arrive trop souvent qu'on voie avec des yeux prévenus, l'ouvrage qu'on a cru digne de plusieurs années de soins et de travaux. M. Roger n'a pas payé ce tribut, et tout en rendant justice aux qualités brillantes de son original, à son goût et à son immense érudition, il s'exprime sur ses défauts avec une franchise décente et mesurée. Ainsi après avoir observé que le docteur Lowth, dans l'analyse des beautés de sentiment, manque quelquefois de grâce et d'abandon, que trop souvent il prouve au lieu de faire sentir; le traducteur remarque que dans les morceaux de force et d'éclat, il s'élève, s'anime, redouble d'énergie et se montre un digne interprête des prophètes. Il cite pour exemple le chapitre sur Isaïe, que nous prenons volontiers de sa main et d'où nous extrayons le passage suivant pour donner à-la-fois une idée de l'original et de la traduction.

« Isaïe, le premier des prophetes, pour le mérite au» tant que pour l'ancienneté, réunit tous les genres de » perfection à un degré si éminent, qu'on peut regarder »ses ouvrages comme le modèle le plus accompli de la » poésie prophétique. Son style est à-la-fois élégant et

sublime, plein de force et d'agrément, de richesse et » d'énergie, de noblesse et de variété. Ses sentimens » sont élevés; ses images exactes, élégantes, fécondes, » variées, majestueuses; sa diction, remarquable par » son élégance, ne l'est pas moins par sa clarté et sa sim»plicité. Il existe en outre une telle harmonie, soit na» turelle, soit artificielle, dans l'arrangement poétique

» de ses sentences, que si la poésie hébraïque conserve >> encore aujourd'hui quelque reste de sa grâce native et » de son antique mélodie, c'est aux écrits d'Isaïe qu'elle » en est principalement redevable. Il excelle encore d'une » manière toute particulière dans ce qui concerne la dis» position des parties, l'ordre et la liaison naturelle des » idées; autant du moins que peut le permettre la nature » des inspirations prophétiques qui s'emparent de l'ame >> avec une violence irrésistible, et l'entraînent souvent, » par de rapides transitions, des objets les plus voisins » des sens aux objets qui en sont les plus éloignés, et » des choses humaines aux choses divines. >>

Le lecteur aura remarqué combien la traduction de ce passage est élégante et facile, et qu'à lire ainsi l'ouvrage du docteur Lowth, on croirait qu'il a été pensé et écrit en français. Nous ajouterons que c'est un véritable service rendu aux lettres, le traité de la poésie sacrée ayant jusqu'ici joui plutôt d'une estime sur parole que d'une estime réfléchie; qu'enfin, si cette traduction justifie l'opinion qu'on s'était faite du traducteur, elle ne justifie pas moins le choix qui l'a placé parmi les chefs de l'instruction publique.

FABLES; par A. V. ARNAULT, dè l'Institut impérial, de l'Académie de Madrid, etc. etc., avec cette épigraphe: Calumniari si quis autem voluerit,

Fictis jocari nos meminerit fabulis.

Prix,

Un volume in-12, orné d'une jolie gravure. 3 fr., et 3 fr. 50 c. franc de port. Chez Joseph Chaumerot, libraire, place Saint-André-des-Arcs, n° 11; et Chaumerot jeune, Palais-Royal, galerie de bois, n° 188.

DEPUIS quelques années il semble convenu qu'on ne peut faire le moindre article de journal sans donner une savante théorie du genre que l'auteur a traité, théorie qu'apparemment l'auteur ignore et le public aussi. Quelqu'avantageuse que soit cette méthode pour le journa

liste, nous croyons qu'il est encore permis de supposer l'auteur et le lecteur suffisamment instruits, et de commencer sans préambule par tâcher de donner une idée juste et un jugement impartial de l'ouvrage qu'on s'est chargé d'examiner. Cette marche, raisonnable parfois, est peut-être nécessaire lorsqu'il s'agit de l'apologue, sujet épuisé depuis long-tems par plusieurs écrivains ingénieux, sans compter les médiocres.

Pour commencer mon métier de critique, je dirai que M. Arnault, qui est si justement de l'Institut impérial, aurait peut-être bien fait d'ajouter qu'il est de la seconde Classe. Cette désignation me semble nécessaire, jusqu'au jour où le gouvernement aura permis à cette classe de reprendre son noble titre d'Académie française; car l'institut peut tout aussi bien être composé de quatre académies que de quatre classes; mais jusque-là je pense que tout membre de l'Institut fera mieux d'indiquer à quelle classe il appartient.

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La préface de M. Arnault se fait lire avec beaucoup de plaisir. On y remarque d'abord au milieu de beaucoup d'esprit ce ton ferme qui est un des caractères du talent de l'auteur. M. Arnault prouve très-bien une opinion qu'il partage avec plusieurs bons esprits; savoir, que l'apologue n'est pas du tout un art d'esclaves, que ce n'est qu'une manière différente de dire la vérité, et que s'il l'adoucit quelquefois, il l'éclaircit plus souvent encore. M. Arnault défend ensuite une cause au moins aussi bonne; il soutient qu'on a tort de vouloir prendre le ton de La Fontaine, et qu'on ne doit imiter ce grand poëte que dans l'exemple qu'il a donné de n'imiter personne. Nous citerons ici le prologue qui n'est qu'un résumé élégant et ingénieux de cette partie de la préface. Amis, dans la riante plaine Qu'Esope ensemença jadis, J'ai ramassé quelques épis Après Phèdre, après La Fontaine.

Récolte d'un pauvre glaneur,
Ces épis ne sont pas superbes :
Ce sont des brins et non des gerbes
Qu'on trouve après le moissonneur.

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