Mots de PENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro. Le mot de l'Enigme est Soufflet (traitement injurieux appliqué sur la joue ). Celui du Logogriphe est Pharisien, dans lequel on trouve : Pari sien. Celui de la Charade est Pallas. LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS. (EUVRES DE PONCE DENIS (ECOUCHARD) LE BRUN, membre de l'Institut de France et de la Légion-d'Honneur, mises en ordre et publiées par P. L. GINGUENÉ, membre de l'Institut; et précédées d'une Notice sur sa vie et ses ouvrages, rédigée par l'Editeur. - Quatre vol. in-8°, imprimés par Crapelet. -A Paris, chez Gabriel Warée, libraire, quai Voltaire, no 21. (QUATRIÈME ET DERNIER ARTICLE.) C'EST peut-être du plus loin qu'il souvienne aux lecteurs du Mercure que d'y avoir vu dans quatre numéros de l'année qui vient d'expirer (1), trois premiers extraits des Euvres de Le Brun. Je n'y ai examiné que ses odes que j'ai regardées comme la partie de ce recueil la plus importante pour sa gloire, et même pour la nôtre. Des travaux plus urgens et d'autres causes qui ne sont d'aucun intérêt pour le public m'ont empêché jusqu'ici de continuer cet examen; j'y reviens enfin; mais avec le dessein de m'étendre beaucoup moins sur le reste, et de comprendre, si je puis, en un seul article tous les autres genres que ce poëte a traités. Il n'y en a point où on le reconnaisse plus facilement que dans l'élégie pour un poëte de l'école de Racine. On voit qu'il avait appris de ce grand maître l'art d'exprimer la passion sans cesser d'être poëte, et de revêtir le sentiment de formes poétiques sans lui faire perdre de sa vérité. Ses élégies étaient la partie la moins connue de ses ouvrages, celle qu'il affectionnait le plus, dont il relisait le plus volontiers quelques pièces dans la société intime, et qui y avait le plus de succès. Les femmes les lui redemandaient de préférence, et j'ai vu la lecture de (1) Numéros des 25 juillet, 29 août, 3 et 10 octobre 1812. MERCURE DE FRANCE, JANVIER 1813. 13 ces productions de sa jeunesse lui fournir à plus de cinquante ans le sujet d'élégies nouvelles, où l'on retrouve tout le sentiment et toute la poésie de son jeune âge (2). Il avait pour réussir dans ce genre une sensibilité passionnée, moins profonde que facile à émouvoir et à exalter; de là vient cette véhémence qui paraît l'emporter quelquefois, et qui donne à son style des mouvemens si vifs et si rapides. Ses deux premiers livres sont adressés, l'un à cette Fanni qui devint sa femme, et qui lui fit payer cher quelques années de bonheur (3), l'autre à une Adélaïde qui devait le venger de Fanni et qui fut encore plus perfide. Une chose qu'on y voit clairement, c'est qu'il les aima très-ardemment toutes deux. Le premier livre n'offre d'abord que des sentimens doux; ce sont des descriptions champêtres, des rendez-vous de tendres billets, des absences passagères, des jouissances. Une absence prolongée pendant l'hiver amène un changement de ton et de couleurs ; une maladie grave pendant cette absence les rembrunit encore. Bientôt l'infidélité de Fanni ne donne plus à exprimer au poëte que des regrets et des désirs de vengeance, énergiquement adressés à la Vengeance même dans la personne de Némésis. La première élégie de ce livre est un des meilleurs morceaux de tout le recueil. L'opposition par où elle commence, entre les froids plaisirs de la ville et les jouissances champêtres, est de la poésie descriptive la plus exquise, et se termine par une image champêtre qui fournirait le sujet d'un tableau délicieux. Ah! fuyons des cités le profane séjour ; Ils ne connaissent plus l'aurore et le printems; (2) Voyez la dernière Elégie du livre IV, à Lucile. (3) Voyez la Notice sur la vié de Le Brun, tome I de ses oeuvres. Ils ont dans le cristal des fleurs décolorées, Heureux qui de Palès respirant tous les charmes Si d'un nid, que la feuille à peine couvre encor Je mets sur tes genoux le frêle et doux trésor, Qui le protège encor de son aile étendue ! Voici encore de charmantes images rendues en vers, C'est un contraste bien frappant que celui de cette élégie avec la huitième ! Une hémorragie violente, le frisson et l'ardeur de la fièvre, la mort déjà menaçante, un jeune poëte près d'expirer loin de ce qu'il aime et sans laisser après lui aucun monument de gloire, y sont exprimés en vingt-quatre vers. L'énergique brièveté de ce morceau, qui respire en même tems une sensibilité touchante, permet de le citer en entier. Le sang baigne à longs flots mes lèvres pâlissantes, Y tourmentent la vie et brisent ses ressorts. Le printems reviendra pour Philomèle.... ; et moi, Les roses reviendront, et cette main absente O Mort! divinité si terrible au vulgaire, Le danger s'accroît, et il semble, dans l'élégie suivante, que le génie, du poëte augmente de force avec les progrès du mal. L'effet que produisent en lui l'approche de la mort et l'idée de son convoi funèbre, n'est pas l'affai blissement, mais le délire; et ce délire est à-la-fois poétique et passionné. L'heure fatale accourt; d'un long crêpe voilée, |