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Le comte de Jaucourt, sénateur;

Le général comte Beurnonville, sénateur;
L'abbé de Montesquiou ;

Le général Dessoles.

M. le baron de Vitrolles, secrétaire d'Etat provisoire, ferat les fonctions de secrétaire du conseil.

-La cour royale de Paris a eu l'honneur d'être admise à l'audience de MONSIEUR.

Le premier président, Séguier, a dit :

«Enfin la Providence nous restitue nos souverains légitimes. Déjà nous possédons le frère de notre Roi, MONSIEUR. Bientôt nous verrons celui, qui, après avoir été long-temps éloigné du trône, n'en a pas moins régné sur nos cœurs! Falloit-il donc qu'une cruelle absence le rendit plus cher à son peuple? Hâtons, d'un commun accord, le moment solennel où la religion va resserrer, sur le front des Bourbons, la couronne des lis. Tant que se perpétuera la race du saint Roi, la France sera son héritage, les François sa famille. Ainsi la raison le conseille, l'expérience l'enseigne, la loi l'ordonne, la justice le proclame; le véritable pacte entre un père et des enfans qui se réunissent, est une soumission respectueuse, l'oubli des erreurs, un renouvellement d'amour. Les expressions nous manquent aux pieds de MONSIEUR; mais quand les langues, balbutient, les ames se parlent. Voilà, comme en ce moment, notre bon Roi, séparé de ses sujets, communique intimement avec eux et tressaille d'une joie sympathique! Les services des anciens magistrats, ses fidèles serviteurs, ne sauroient être effacés de sa mémoire. Que MONSIEUR daigne redire nos transports à son auguste frère; qu'il excuse le désordre où nous jette sa présence miraculeuse. Le Roi retrouvera toujours en nous, pour son service, fermeté, persévérance et dévouement ».

MONSIEUR a répondu à peu près en ces termes :

« C'est avec la plus vive sensibilité que j'ai entendu le » discours que vous venez de prononcer; j'en rendrai compte » au Roi, mon frère, qui sera aussi reconnoissant que moi des >> sentimens que vous avez exprimés. La justice est le premier » devoir des souverains envers leurs peuples: ceux qui la » rendent avec intégrité ont toujours des droits à leur estime. » Oublions le passé; ne portons nos regards que sur l'avenir,

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>> que tous les cœurs se réunissent pour travailler, de concert, » à réparer les maux qui ont désolé la France ».

Au moment où la cour se retiroit, MONSIEUR a dit à M. le baron Séguier: « On voit bien, Monsieur, que vous avez » hérité des talens et de l'ame de votre père ».

- M. le comte Boson de Périgord et M. le comte Charles de Noailles, sont arrivés, le 16, de Paris à Londres, avec des dépêches pour le Roi de France.

- M. le duc de Duras et M. le duc de Luxembourg sont partis, le 18, pour aller au-devant de S. M. tres-chrétienne. Ils passent par Calais et Douvres, et se rendent à Londres.

Le 13 avril, Mgr. le duc de Berry débarqua à Cherbourg.

11 y fut reçu avec les honneurs dus à song rang. Il a pris sa

route par Saint-Lo et Bayeux. Dans cette dernière ville, ik a commencé par se rendre à la cathédrale pour y assister au Te Deum. S. A. R. a recueilli, sur sa route, les témoignages. de l'allégresse générale. Elle est arrivée à Paris, le 21 avril. La garde nationale étoit allée au-devant du Prince, et la foule s'est pressée sur son passage.

-MM. les vicaires-généraux du chapitre métropolitain de Paris, le siége vacant, ont ordonné, par un Mandement, qu'il seroit chanté, dans toutes les églises du diocèse, un Te Deum, en actions de grâces des heureux événemens qui ont eu lieu pour la France, et notamment de l'entrée solennelle de S. A. R. MONSIEUR, dans cette capitale (1).

Les prêtres de la Congrégation de Saint-Sulpice sont rentrés, le 19 avril, dans le séminaire de Paris, et ont repris leurs fonctions dans cette maison. On sait que ces hommes vénérables en avoient été expulsés, il y a deux ans, parce qu'on les supposoit trop attachés au Saint-Siége. On craignoit qu'ils n'inspirassent ces sentimens à leurs élèves. Leur retour a été un jour de fête pour le séminaire. Ils ont été installés par un des vicaires capitulaires du diocèse. C'est un acte de justice qui a réjoui les amis de la religion, et tous ceux qui connoissent le zèle et la piété de ces hommes modestes, qui se sont consacrés à l'enseignement ecclésiastique et qui s'en acquittent avec taut de succès.

(1) On le trouve chez le même libraire.

L'AMI DE LA RELIGION

ET DU ROI.

Sur le gouvernement de Bonaparte.

« Un homme s'est rencontré d'une profondeur d'esprit incroyable, hypocrite raffiné.... capable de tout entreprendre et de tout cacher, également actif et infatigable dans la paix et dans la guerre.... enfin, un de ces esprits remuans et audacieux, qui sembient être, nés pour changer le monde.... Il fut donné à celui-ci de tromper les peuples et de prévaloir contre les rois >>. Ainsi parloit autrefois le grand Bossuet, et ce portrait qu'il traçoit de Cromwell, nous pouvons l'appliquer à un usurpateur non moins hardi et à un despote bien autrement funeste à son pays. Sous ce dernier rapport, l'homme qui vient d'être si subitement renversé, laisse bien loin derrière lui Cromwell et les autres tyrans, et l'abus qu'il a fait de son pouvoir est si énorme, qu'on ne sauroit assez s'étonner qu'une nation toute entière ait pu le supporter. Examinons-le au dedans et au dehors; nous le trouverons faux, violent, barbare, insatiable.

Au dedans, quel régime tyrannique! Ce farouche aventurier, affectant l'orgueil de la domination, se faisoit un plaisir de fouler aux pieds les rangs, le mérite,

Tome I". L'Ami de la Relig. et du Roi. No. II.

l'honneur, la morale. Rien de sacré pour lui. Egoïste endurci, il ne voyoit que lui. Il ne croyoit qu'en lui, a dit une femme d'esprit. Il nous regardoit tous comme si nous n'eussions été créés que pour être ses instrumens ou ses victimes. Il ne parloit jamais que de sa force, de sa puissance. Dieu m'a donné la force, disoit-il souvent dans ces discours d'apparat, où il semportoit de sang froid, et gourmandoit si durement ceux qui avoient eu le malheur de lui déplaire. Il avoit toujours à la bouche le reproche ou la menace. Jamais il ne lui est échappé de ces mots heureux qui annoncent une ame. Nulle trace de sensibilité. Quand il s'enfuit si lâchement de son expédition de Russie, après avoir causé la mort de tant de milliers d'hommes; quand toute la France étoit en deuil; quand chacun pleuroit un parent, un ami, il disoit froidement au Corps-Législatif : Ces pertes auroient brisé mon ame, si j'avois pu étre sensible à d'autres pensées qu'à l'intérêt et à la gloire de cet empire. Le misérable trouvoit apparemment que la mort de plus de cent mille hommes ne faisoit rien à l'intérêt de l'empire. Je me rappelle que dans le temps ces paroles cruelles me pénétrèrent d'indignation.

Cet hypocrite avoit organisé un systême de déception et de mensonge. Il se vantoit d'avoir des idées libérales, tout en nous écrasant de son despotisme et en nous menant à la barbarie. Il déclamoit contre

l'inquisition en Espagne, et il en établissoit une mille fois plus sévère et plus terrible. Sa police inquiète et soupçonneuse étoit un espionnage continuel. Les journaux, les pamphlets, tous les écrits publics lui étoient vendus. Il n'étoit pas permis de parler, de penser autrement que le maître, et une seule chanson a fait mettre à Vincennes un homme d'esprit qui s'étoit égayé d'une manière fort excusable. Je ne parle pas de l'arrogance de ces bulletins, dans lesquels les souverains, les ministres, les peuples étoient insultés et baffoués. On se rappelle comment ont été traitées plusieurs princesses respectables. Ce que je veux surtout remarquer ici, c'est le systême de tromperie qu'il avoit établi dans les journaux. Le mensonge y étoit d'une impudence révoltante, et la vérité y étoit effrontément blessée à chaque page. Les mots avoient perdu leur acception ordinaire. On appeloit brigands et rebelles des sujets qui combattoient pour leurs souverains légitimes. Dans ce style, le courageux la Romana étoit un traître. Amsterdam, Hambourg, Lubeck étoient ravies d'appartenir à la France. Elles envoyoient des adresses remplies de leur dévouement, et l'empereur y étoit adoré comme un bienfaiteur et un père. C'étoit la formule ordinaire. On mentoit également sur ce qui se passoit sous nos yeux. On ne manquoit pas de parler d'applaudissemens, d'enthousiasme, d'exclamations de joie, pré

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