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1815.

au gouvernement de l'état, nous avons cherché à perfectionner à diverses époques les formes constitutionnelles, suivant les besoins de la nation, et en profitant des leçons de l'expérience.

« Les constitutions de l'empire se sont ainsi formées d'une série d'actes, qui ont été revêtus de l'acceptation du peuple.

« Nous avions alors pour but d'organiser un grand système fédératif européen, que nous avions adopté, comme conforme à l'esprit du siècle, et favorable au progrès de la civilisation.

« Notre but n'est plus désormais que d'accroître la prospérité de la France, par l'affermissement de la liberté publique.

« De là résulte la nécessité de plusieurs modifications importantes dans les constitutions, senatus-consultes et autres actes qui régissent cet empire.

« En conséquence, les articles suivants, formant un acte supplémentaire aux constitutions de l'empire, seront soumis à l'acceptation libre et solennelle de tous les citoyens dans toute l'étendue de la France. »

Des soixante-sept articles, dont se composoit cet acte supplémentaire, deux surtout excitèrent de vives réclamations; celui qui créoit une chambre des pairs détruisoit le système d'égalité qu'il avoit promis aux jacobins, et les auroit désa

busés de sa vocation populaire, s'ils ne l'avoient pas été depuis long-temps. C'é

toit l'ancien sénat, sous un autre nom. En voyant reparoître., sur la liste des pairs, les hommes qui étoient inscrits sur celle du sénat, depuis sa création, la nation ne put douter qu'il vouloit s'assurer les mêmes déférences dans leur chambre, et qu'il obtiendroit d'eux le droit et le moyen de modifier, de suspendre ou d'anéantir les efforts de la chambre des représentants, dont il craignoit d'avance les hostilités.

Il n'eût pas été d'ailleurs d'une mauvaise politique de substituer au nom du sénat, que réprouvoit l'opinion publique, celui de chambre des pairs, que recommandoit le choix du roi, si l'auteur eût été assez fort pour se passer du secours des jacobins. Mais il n'en étoit pas là, et jamais peut-être il n'en eût un plus grand besoin que dans ce moment, alors que, par le dernier article de son acte additionnel, il excitoit à un plus haut degré l'indignation des royalistes. Cet article étoit ainsi conçu : ·

« Le peuple françois déclare que, dans la délégation qu'il fait de ses pouvoirs, il n'a pas entendu et n'entend pas donner le droit de proposer le rétablissement des Bourbons, ou d'aucun prince de cette famille sur le trône, même en cas d'extinc

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Champ de mai

tion de la dynastie impériale, ni le droit de rétablir soit l'ancienne noblesse féodale, soit les droits féodaux, soit les dimes, soit aucun culte privilégié et domi

nant..."

Indépendamment de ce que cet article étoit évidemment attentatoire à la liberté des citoyens françois, en ce qu'il modifioit l'exercice de leurs droits, il devoit soulever d'indignation tous les royalistes, qui étoient convaincus que le rétablissement de la dynastie des Bourbons sur le trône étoit le seul moyen de rétablir la paix en Europe et le bonheur en France.

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A mesure que la nation s'éclairoit davantage sur les desseins de l'usurpateur, celui-ci paroissoit s'aveugler sur les dispositions de la nation; il évoquoit d'antiques souvenirs, il rajeunissoit de vieilles institutions, il cherchoit à séduire la multitude par des usages, que la vénération des siècles avoit consacrés, mais qui n'étoient plus en rapport avec les institutions modernes.

C'est ainsi qu'en 1801 il avoit abusé les patriotes françois, en décorant sa dictature de noms romains, symboles de grandeur et de liberté.

C'est ainsi qu'en 1815 il se crut l'émule de Charlemagne, en parodiant une de ses institutions, en convoquant un champ de mai, dont il détermina l'objet et les élé

ments. Les membres des colléges électoraux en étoient les éléments. L'acceptation de l'acte additionnel devoit en être l'objet.

Ce fut une vraie parade de boulevard. Le plus grand nombre des électeurs refusa de s'y rendre. On les remplaça par les fédérés des faubourgs.

Au milieu d'un cirque construit à grands frais dans le vaste emplacement du Champde-Mars, on avoit élevé un trône magnifique, sur lequel s'assit le nouveau Charlemagne, revêtu d'un costume espagnol. Après une messe solennelle que célébra le cardinal Cambacérès, M. Dubois, nommé membre de la chambre des députés par le département de Maine et Loire, prononça un discours emphatique, dans lequel il répéta ce que la flatterie avoit épuisé d'éloges en l'honneur du héros du jour, et ce que la rage révolutionnaire: avoit vomi d'injures contre la famille des Bourbons. Deux ou trois phrases de son discours donneront une idée de son éloquence.

«Sire, dit-il, le peuple françois vous avoit décerné la couronne, vous l'avez déposée sans son aveu; ses suffrages vous imposent le devoir de la reprendre.

«On dit que la ligue des rois s'y oppose. Que demandent ces rois ? Nous ne voulons point du chef qu'ils veulent, et nous voulons celui dont ils ne veulent pas.

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Discours

« Ils osent vous prescrire des lois, à vous, sire, qui tant de fois les avez raffermis généreusement sur leurs trônes!

« Vainement veut-on nous donner des maîtres avec lesquels nous n'avons plus rien de commun. Ils ne pourroient plus croire à nos serments: nous ne pourrions plus croire à leurs promesses. »

A la suite de ce discours, M. Cambacérès, ministre de la justice, déclara sans préambule que l'acte additionnel étoit accepté à l'unanimité. Buonaparte prit alors la parole, et dit :

« Messieurs, empereur, consul et solde Buona- dat, je tiens tout du peuple. Sur le trône et dans l'exil, la France fut l'objet unique et constant de mes pensées et de mes ac

parte au

champ de

mai.

tions.

« Comme ce roi d'Athènes, je me suis sacrifié pour mon peuple. Les vœux de la nation m'ont rappelé sur ce trône qui m'est cher, parcequ'il est le palladium des droits du peuple.

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François, en traversant, au milieu de l'alégresse publique, les diverses provinces de l'Empire pour arriver dans ma capitale, j'ai dû compter sur une longue paix; mais je ne tardai pas à apprendre que les princes qui ont méconnu tous les principes veulent nous faire la guerre.

« Ces rois étrangers que j'ai élevés sur le trône, qui ont tous brigué mon alliance

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