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1815.

quand ses éclaireurs vinrent lui dire, à
dix heures, qu'il étoit cerné de tous côtés.
Quelqu'un lui conseilla de se jeter dans
les montagnes avec un petit nombre de
braves déterminés à le suivre en tous
hieux. « A Dieu ne plaise, répondit le
prince,
, que, sans convention et sans au-
cune sûreté, j'abandonne à la merci d'un
ennemi sans générosité des hommes qui
se sont attachés à ma destinée. » On né-
gocia.

Le général D'aultanne, au nom du prince, et le colonel Saint-Laurent, au nom du général Gilly, convinrent que l'armée royale seroit dissoute, et que le duc d'Angoulême se retireroit à Marseille sous l'escorte du dixième de ligne. Cette convention étoit à peine signée, qu'elle fut rompue par les ordres du général Gilly, qui fit dire qu'il ne pouvoit la ratifier sans manquer à ses devoirs et aux instructions qu'il avoit reçues de l'empereur. M. le comte Damas partit aussitôt pour faire lever cette difficulté; et pendant le temps que dura son voyage, les deux armées, de concert, restèrent dans l'inaction. Le comte revint avec une autre convention, d'après laquelle l'armée royale devoit être dissoute sur-le-champ, les troupes de ligne se rendre dans les garnisons qui leur étoient assignées, les gardes nationales rentrer dans leurs foyers,

et le prince s'embarquer à Cette, avec les officiers de sa maison seulement.

Hors d'état de contester aucun de ces articles, le prince les accepta tous sans difficulté, licencia son armée, monta en voiture et partit. En arrivant au PontSaint-Esprit, on lui signifia qu'il étoit prisonnier de guerre, et que le général Grouchy avoit refusé de ratifier la convention signée par le général Gilly.

En apprenant cette nouvelle violation de la foi des traités, le prince parut étonné, mais ne témoigna d'autre crainte que celle d'être racheté par son oncle à des conditions préjudiciables à l'état.

Heureusement pour tout le monde, Buonaparte pensa que la garde d'un prisonnier de cette importance ne pouvoit qu'augmenter ses embarras sans lui être d'aucune utilité. Le courrier qui lui en apporta la nouvelle s'en retourna avec l'ordre de faire embarquer le prince à Cette, aux termes de la seconde convention.

Ce récit, que nous avons copié sur celui du prince lui-même, est terminé par les mots suivants :

« Je fus relâché le 15 avril, et le lendemain j'arrivai à Cette, où je m'embarquai le même jour à huit heures du soir, accompagné de dix-sept personnes. Ce départ me fut bien douloureux. L'esprit du pays que j'ai traversé m'a paru excellent:

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Itinéraire du roi.

j'ai été comblé par-tout de bénédictions. L'armée seule et la gendarmerie ont été parjures.

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Son altesse royale se rendit à Barcelone, de là à Madrid, d'où, après avoir eu plusieurs conférences avec le roi, elle se rapprocha des frontières de France, en attendant le moment d'y rentrer sans y rallumer la guerre civile.

Tandis que ces événements occupoient toute l'attention des provinces méridionales, d'autres événements plus importants s'accomplissoient ou se préparoient dans le nord-est de la France.

Nous avons dit que le roi, sorti de Paris le 20 mars à minuit, avoit pris la route du nord. Sa majesté arriva le même jour, cinq heures du soir, à Abbeville, où elle comptoit attendre les troupes de sa maison. Mais, sur la représentation que lui fit le maréchal Macdonald des dangers qu'elle couroit dans une ville ouverte et si peu éloignée de Paris, elle résolut d'en sortir le 21, et d'aller se renfermer dans Lille, dont les remparts pouvoient supporter un siège, et dont les habitants ne demandoient pas mieux que de le soutenir.

Elle y arriva le 22 à une heure après midi, et y fut accueillie par tous les témoignages d'amour et de fidélité des habitants. Mais la garnison, séduite et trompée, gardoit, pendant ce temps-là, un

morne silence, présage alarmant de sa prochaine défection.

Le maréchal Mortier, qui la commandoit, déclara qu'avec de tels soldats il ne falloit plus songer à faire de Lille une place de défense. Le roi, qui venoit de recevoir de Vienne la déclaration des souverains, la fit afficher et proclamer: il pensoit qu'en éclairant les tronpes sur les funestes résultats dont leur trahison seroit suivie, il les feroit rentrer dans le devoir ce fut en vain. Le 23, le maréchal Mortier vint lui dire que, sur le bruit généralement répandu que le duc de Berry alloit arriver avec la maison militaire de sa majesté et deux régiments suisses, la garnison étoit prête à se soulever; que, pour éviter le plus affreux des malheurs, il n'y avoit d'autre moyen que de partir sur-le-champ. Il ajouta qu'en es cortant lui-même sa majesté hors des portes de la ville, il espéroit pouvoir imposer encore aux mutins; ce qui seroit impossible, si le départ étoit différé d'un instant.

Le roi céda, et partit de Lille à trois heures, accompagné seulement du duc d'Orléans et du maréchal Mortier. Arrivé au bas du glacis, le maréchal quitta sa majesté et rentra en ville pour contenir les mutins.

Un piquet de la garde nationale de Lille, un détachement de cuirassiers et de

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Le roi à

chasseurs, commandés par le maréchal Macdonald, accompagnèrent le roi jusqu'à la frontière.

Le roi, désormais à l'abri des poursuites de ses ennemis, n'étoit pas sans inquiétude sur le sort de son frère, qu'il avoit laissé derrière lui, et qui, n'ayant pas voulu quitter la tête de sa maison militaire, la conduisoit, à travers mille dandans des chemins de traverse et sur gers, des terrains fangeux, d'où les chevaux et les hommes ne se retiroient qu'avec les plus grandes difficultés.

Cette troupe fidéle ne fut découragée ni par la fatigue, ni par les privations, ni par l'incertitude d'une marche que la défection de toutes les garnisons voisines rendoit plus périlleuse de moment à autre. MONSIEUR, craignant que le dévouement de ces braves ne leur fit courir des périls inutiles, prit le parti de les licencier à Béthune, et, accompagné seulement d'un gentilhomme et d'un aide-de-camp, il poursuivit sa route sans accident, et rejoignit son frère à Gand.

Cette ancienne capitale des Pays-Bas deGand. vint bientôt le rendez-vous général des François fidéles. Le roi venoit d'y fixer son séjour, et avoit pris la résolution d'y rester jusqu'au moment où il pourroit rentrer dans son royaume à la tête d'une armée assez considérable pour ôter aux

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