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plus grand des capitaines, en perpétuera — 18:1. le génie et les vertus ; et chez nos neveux se perpétueront pour lui les sentiments de respect, d'amour et d'admiration. »

Réponse de l'empereur.

« MM. les conseillers d'état,

« J'ai ardemment desiré ce que la Providence vient de m'accorder. Mon fils vivra pour le bonheur et la gloire de la France: vos enfants se dévoueront pour son bonheur et pour sa gloire. »

Il sembloit que Napoléon n'avoit plus rien à desirer. Excepté l'Angleterre et l'Espagne, qui faisoient alors cause commune, la terre se taisoit devant lui. Son empire s'étendoit depuis la mer Baltique jusqu'à Madrid, d'un côté ; et de l'autre, depuis Brest jusqu'aux extrémités de la Calabre. Il régnoit sur une population de soixantequinze millions d'ames, et il avoit huit cent mille hommes sous les armes. Il étoit arrivé au terme de sa grandeur et de sa prospérité.

Depuis plusieurs mois, les hommes clairvoyants ne doutoient plus d'une rupture prochaine entre Alexandre et lui. Depuis la réunion de la Hollande, Alexandre étoit convaincu qu'il ne respectoit aucun trailé, qu'on ne devoit prendre aucune confiance en sa parole, parole, et que tôt ou tard il faudroit recommencer la guerre ; il s'y prépara.

1812.

Depuis deux ans, Napoléon s'ennuyoit de son inaction. La guerre étoit son vériGuerre de table élément. Il avoit abandonné l'EsRussie. pagne à ses lieutenants. Il tourna ses vues vers l'Orient. La conquête de la Russie lui parut un objet digne de son ambition : il n'avoit pas besoin de prétexte. Cependant il crut devoir se plaindre de ce que la Russie n'observoit pas exactement les lois du blocus continental. Dès-lors il ne rêva plus que la conquête de St.-Pétersbourg et de

Moscou.

Il fit insérer dans les journaux, suivant son usage, des articles injurieux à la Russie; il se plaignit de prétendues infractions au traité de Tilsitt; il demanda de nouvelles garanties, et se mit en mesure de soutenir ses prétentions les armes à la

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Dès les premiers jours de juin 1812, une armée françoise s'avançoit sur la Vistule; des corps nombreux, des convois d'armes et de munitions traversoient l'Allemagne pour la rejoindre.

Il partit le 10 mai de St.-Cloud, en annonçant publiquement qu'il alloit passer en revue son armée de Pologne. Il trouva à Dresde l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse, auxquels il avoit donné rendez-vous. Il eut avec ces princes plusieurs conférences dans lesquelles il essaya de leur persuader que la Russie étoit leur

ennemie naturelle, et qu'il n'y auroit de sûreté pour l'Europe que lorsque l'empire des czars seroit relégué en Asie.

Ce fut dans cette même ville de Dresde qu'il tint à son ambassadeur en Pologne ces propos extravagants et décousus, dont on a si diversement parlé.

« Je vais, dit-il, à Moscou. Une ou deux batailles en feront l'affaire. Alexandre se mettra à genoux. Je brulerar Thoula. Voilà la Russie désarmée. Je ferai la guerre avec du sang polonois. Sans la Russie, le système continental est une bêtise, etc., etc. »

Aussitôt qu'il fut arrivé en Pologne, il mit à l'ordre du jour cette proclamation: << La Russie est entraînée par la fatalité: ses destins vont s'accomplir.

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C'étoit une forfanterie, sans doute, mais qui n'étoit pas dénuée de vraisemblance, quand on sait qu'il étoit à la têtẹ d'une armée de cinq cent soixante-quinze mille hommes, dont soixante mille de cavalerie, qui traînoit avec elle douze cents piéces de canon; quand on connoît la bravoure et la discipline de ses soldats; quand on.se rappelle les batailles de Marengo, d'Austerlitz, de Friedland 'et de Wagram: d'après tous les calculs des probabilités, il lui étoit permis de croire que son expédition seroit heureuse.

L'armée que les Russes avoient réunie

1812.

1812.

sur la rive droite de la Vistule étoit trop foible pour hasarder une bataille: elle recula lentement et en bon ordre jusqu'aux rives du Dniéper. Le comte Barclay de Tolly, qui commandoit leur armée, fut remplacé à cette époque par le prince Kutuzoff, qui, âgé de soixante-quinze ans, conservoit tout le feu de la jeunesse, et jouissoit parmi ses compatriotes d'une haute réputation militaire. Il couvroit Smolensk, tandis qu'une autre armée, sous les ordres du comte de Witgenstein, couvroit le chemin de Saint-Pétersbourg.

Le 18 août les François attaquèrent et prirent Smolensk, après un combat très vif de part et d'autre. Les Russes continuèrent leur retraite en bon ordre, emmenant avec eux tous leurs magasins, et la plupart des habitants des villes et des villages qu'ils traversoient. Les François, courant sur leurs traces, ne trouvoient plus que des hameaux déserts et des champs dépouillés.

Le plan de campagne des Russes étoit évidemment de traîner la guerre en longueur, et d'attirer l'ennemi dans le cœur de leur pays. Ils comptoient sur les effets inévitables du climat. Napoléon étoit peutêtre le seul homme en Europe qui s'aveuglât sur les dangers de son expédition. Les journalistes anglois disoient qu'en supposant qu'il eût triomphé de tel ou tel gé

néral, il ne triompheroit pas du général

Novembre.

1812.

dino.

L'armée françoise arriva le 6 septem- Bataille bre à Borodino, où elle trouva l'armée de Bororusse en position. Une bataille étoit inévitable, on la cherchoit des deux côtés : elle eut lieu le lendemain. Dès quatre heures du matin une canonnade épouvantable s'engagea de part et d'autre. Deux mille pieces de canon étoient en batterie, dit le journal officiel, et portoient le ravage et la mort dans les deux armées. Les canons et les retranchements furent pris et repris plusieurs fois; les redoutes et les batteries changèrent trois fois de maîtres. Le combat fut terrible, opiniâtre, et ne finit qu'avec le jour.

Napoléon resta maitre de ce vaste champ de carnage, couvert de trente-huit à quarante mille morts, dont il y avoit près de la moitié de Francois.

Le prince Kutusoff, suivant le plan qu'il s'étoit tracé, continua sa retraite sur Moscou, prit une position avantageuse entre cette ville et Kalouga. De cette dernière ville il écrivit à son souverain: « J'ai encore une bonne et brave armée. La perte de Moscou n'est point celle de la patrie. » Le 14 septembre, au moment où la garnison qu'il y avoit laissée en sortoit par une porte, l'avant-garde de l'armée

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