Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

1810.

découvertes, ont fait faire de grands pas à la science qu'ils cultivent; mais c'étoit un homme d'esprit, et un savant laborieux. On lui doit de la reconnoissance pour le soin qu'il a pris de se tenir au courant d'une science qui étoit alors à l'une de ses époques les plus brillantes. Ses ouvrages sont des recueils précieux de ce que les chimistes ont découvert avant lui (1). Au commencement de la révolution, il en adopta les opinions, mais il ne se souilla d'aucun de ses excès. Les torts qu'on lui a supposés envers M. de Lavoisier sont une des injustices si communes dans les troubles civils. Après le 18 brumaire, le premier consul l'appela au conseil d'état, et l'employa à reconstruire l'édifice de l'instruction publique. On doit à ses soins l'érection de trois écoles de médecine, de douze écoles de droit et de trente lycées. Il a établi ou relevé plus de trois cents collèges du second ordre. Il préparoit un grand travail sur l'université, lorsque la mort vint le surprendre à l'âge de cinquante-quatre ans.

M. Delille étoit régent au collège d'Amiens lorsqu'il commença la traduction des Géorgiques, qui fut son premier, et est restée peut-être son meilleur ouvrage.

(1) Système des connoissances chimiques et de leur application aux phénomènes de la nature et de l'art. 6 vol. in-4°.

Aucun poëte n'a laissé un plus grand nombre de vers, et de beaux vers. Personne ne connut mieux que lui les secrets de la versification, et l'art de donner à la pensée un coloris brillant, à la langue une harmonie soutenue. Pour compléter son éloge, nous devons dire qu'il fut le seul poëte de son temps qui n'ait pas prostitué son talent. Il n'a jamais brûlé d'encens sur l'autel des faux dieux. Il résista à toutes les avances de Buonaparte.

d'en

De retour dans sa capitale, l'empereur permit au corps de ville et à la garde impériale de lui donner des fêtes à l'occasion de son mariage. Elles furent magnifiques. Il y eut à celle de la ville un quadrille, dans lequel l'impératrice figura avec le roi de Westphalie, et un banquet, où quinze cents dames étoient assises (1). Pendant tout l'été de 1810, Paris fut un pays chantement et de féerie. Le passé étoit oublié, on ne songeoit point à l'avenir, on jouissoit du présent; et, il faut l'avouer, tout concouroit à rendre ce présent agréable. Les étrangers arrivoient de tous côtés, le commerce reprenoit de l'activité, l'argent circuloit avec abondance, les poëtes chantoient la paix sur tous les théâtres, les royalistes et les patriotes se réconci

(1) Moniteur.

1810.

1810.

Réunion

lioient avec leur position: l'empereur vouloit qu'on s'amusát (1); et il fut obéi.

Mais il n'y a point de bien sans méde la Hol- lange. Les douceurs de la paix furent lande à troublées cette année par la réunion de la l'empire. Hollande à l'empire françois. Ce pays, que l'industrie de ses habitants et le commerce maritime avoient élevé jadis à un haut degré de prospérité, étoit alors gouverné par Louis, frère de Napoléon, et appauvri par la guerre, les impôts et le blocus continental. Il se soutenoit par la contrebande. Napoléon s'en prit à son frère, lui fit des reproches amers, le vexa de toutes manières, et parvint aisément à le dégoûter d'une couronne dont il n'avoit senti que les épines.

Louis abdiqua le 3 juillet; et le 9 du même mois, par un décret daté de Rambouillet, la Hollande fut réunie à l'empire. Cette réunion, que tous les politiques regardèrent alors comme le germe d'une nouvelle guerre, fut représentée au public comme l'opération la plus utile au repos de l'Europe, et la plus conforme aux intérêts de la Hollande elle-même.

« La Hollande, disoit M. de Champagny dans son rapport, est une émanation du territoire de la France: sa réunion est la suite nécessaire de la réunion de la pas, messieurs,

(1) M. de T... disoit : Ne badinez l'empereur veut qu'on s'amuse.

Belgique. Elle complète l'empire de votre majesté, et l'exécution de son système de guerre politique et de commerce.

Pour consoler les Hollandois de la perte de leur indépendance, l'empereur promit de leur accorder six places dans son sénat, six dans son conseil d'état, vingt-cinq dans le corps législatif, et deux à la cour de cassation. De plus, il prononça que la ville d'Amsterdam étoit la troisième ville de l'empire.

1810.

du roi de Rome.

1811.

Le 20 mars 1811, l'impératrice combla Naissance les vœux de la France et de son époux, en accouchant d'un prince qui reçut à sa naissance le nom de roi de Rome (1). Le 22, l'empereur étant sur son trône, entouré des grands officiers de sa couronne, reçut les félicitations des princes, des cardinaux, du sénat, du conseil d'état.

Nous citerons pour la dernière fois quelques fragments des discours qui lui furent

adressés à cette occasion.

Discours de M. Garnier, président du sénat.

[ocr errors][merged small]

« Le sénat vient offrir à votre majesté ses respectueuses félicitations sur le grand événement qui comble nos espérances, et qui assure le bonheur de nos derniers ne

(1) Sans doute à cause du titre de roi des Romains' que prenoient en Allemagne les princes désignés pour succéder à l'empire.

1811.

veux. Nous venons les premiers faire retentir au pied du trône ces transports de ravissement, et ces cris d'alégresse que la naissance du roi de Rome fait éclater dans tout l'empire. Vos peuples saluent, par d'unanimes acclamations, ce nouvel astre qui vient de se lever sur l'horizon de la France, et dont le premier rayon dissipe jusqu'aux dernières ombres de l'avenir. La Providence, sire, qui a si visiblement conduit vos hautes destinées, en donnant ce premier-né de l'empire, veut apprendre au monde qu'il naîtra de vous une race de héros non moins durable que la gloire de votre nom et les institutions de votre génie.

[ocr errors]

Réponse de l'empereur.

« Sénateurs,

« Tout ce que la France me témoigne dans cette circonstance va droit à mon cœur. Les grandes destinées de mon fils s'accompliront: avec l'amour des François, tout lui deviendra facile. »>

Discours de M. Defermont, président
du conseil d'état.

" Sire,

« Le plus heureux événement vient de combler tous les voeux. Le roi de Rome, élevé sous les yeux de son auguste mère, formé par les leçons et les exemples du

« ZurückWeiter »