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voit analyser les arguments les plus compliqués, résoudre les problèmes les plus embarrassants, éclaircir les questions les plus obscures. Véhément par caractère, logicien par goût, il s'étudioit moins à embellir ses discours par l'agrément d'une diction élégante, qu'à leur donner du nerf, de la suite et de la clarté. La vigueur de ses raisonnements produisoit souvent sur ses auditeurs les effets de la foudre, et l'on peut dire qu'il électrisoit ceux mêmes qu'il ne pouvoit convaincre. Quand on réfléchit qu'à ce talent il joignoit l'imagination la plus active et la plus brillante, un caractère franc, généreux et bon, on regrette que tant de qualités aient été obscurcies par les plus mauvaises habitudes dans sa vie privée. L'excessive indulgence de son père avoit laissé croître dans son ame le germe des écarts auxquels il s'abandonna pendant une grande partie de sa vie, et qui nuisirent à ses intérêts en core plus qu'à sa réputation. Il méprisoit tellement l'opinion publique, qu'il ne prit jamais la peine de cacher ni ses vices, ni ses foiblesses.

Ces deux hommes illustres moururent avant l'âge. Aucun d'eux ne laissa de fortune. Mais M. Fox avoit dissipé la sienne par son inconduite. Le parlement reconnut le désintéressement et la probité de M. Pitt, en votant une somme de cinquante

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Rhin.

mille livres sterling pour payer ses dettes. L'Europe étoit alors dans un état de Confédé paix qu'elle n'avoit pas connu depuis long- ration du temps; il dépendoit de la France d'en prolonger la durée, mais il ne dépendoit pas de celui qui la gouvernoit de le vouloir. Le mouvement et la guerre lui étoient aussi nécessaires que la respiration. En signant la paix, il méditoit la guerre.

Ce fut dans un traité de paix qui, en apparence, avoit pour objet d'assurer pour toujours celle de l'Europe, qu'il trouva le secret d'implanter les germes d'une guerre prochaine, et de toutes celles qu'il a soutenues jusqu'à la fin de sa vie politique.

Ce traité est celui de la confédération du Rhin, qui bouleversa toute l'Allemagne et changeà tous les intérêts politiques du continent. Il pensoit, avec raison, que l'ancienne constitution germanique n'existoit plus, ou ne pouvoit plus atteindre son but; et il en tira la fausse conséquence que, pour lui rendre la vie, il suffisoit de substituer la France à l'Autriche, et d'assujettir à son empire les petits princes de l'empire germanique. Il médita long-temps cette idée. Il la fit adopter à son conseil. Il gagna ou intimida les électeurs de Bavière, de Wurtemberg, de Saxe, le landgrave de Hesse, l'électeur archichancelier, les princes de Nassau, de

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Hohenzollern, de Salm-Salm, le duc d'Aremberg, le comte de Leyen.....

Le 12 juillet 1806, les ministres de ces princes, et le prince de Talleyrand pour l'empereur des François, signèrent à Paris un traité dont on connoîtra l'importance en lisant avec attention quelques uns des articles que nous allons transcrire.

1o « Les états de leurs majestés les rois de Bavière et de Wurtemberg, de leurs altesses les électeurs archichancelier et de Bade, le duc de Berg et de Cléves, le landgrave de Hesse-Darmstadt, les princes de Nassau, etc., seront séparés à perpétuité du territoire de l'empire germanique, et unis entre eux par une confédération particulière sous le nom d'états confédérés du Rhin (1).

2o « Chacun des rois et princes confédérés renoncera à ceux de ses titres qui expriment des rapports quelconques avec l'empire germanique.

30 « L'électeur archichancelier prendra les titres de prince primat et d'altesse émi

nentissime.

(1) Ce ne fut que le 11 décembre suivant, et après la bataille d'féna, que l'électeur de Saxe s'unit à la confédération du Rhin, et consentit à recevoir le titre de ROI. Son contingent fut fixé à vingt mille hommes mais s'il fut le dernier à s'y soumettre, il fut aussi le dernier à s'en détacher. Tels sont les nobles caractères : ils s'attachent et se détacheu lentement, et sont victimes dans les deux cas.

:

4° « L'électeur de Bade, le duc de Berg, le landgrave de Hesse-Darmstadt, prendront le titre de grand-duc, et jouiront des droits, honneurs et prérogatives attachés à la dignité royale.

5o « Les intérêts communs des états confédérés seront traités dans une diéte dont le siége sera à Francfort, et qui sera divisée en deux colleges, savoir, le collège des rois et le collège des princes.

6o « Les princes devront nécessairement être indépendants de toute puissance étrangère à la confédération, et ne pourront prendre de service, en aucun genre, que dans les états confédérés ou alliés à la confédération.

7° «Sa majesté l'empereur des François sera proclamé protecteur de la confédération, et en cette qualité, au décès de chaque prince primat, il en nommera le succes

seur.

80 « Le prince primat réunira à ses états, et possédera en toute propriété et souveraineté la ville et le territoire de Francfort (1).

(1) Charles-Théodore Dalberg, qui consentit à recevoir avec le titre de prince primat la souveraineté de la ville de Francfort, avoit eu une jeunesse très brillante, et s'étoit distingué par la noblesse de son caractère autant que par l'éclat de ses talents. Il n'y a que la foiblesse de l'âge qui puisse faire excuser l'aveuglement avec lequel il se dévoua à servir les projets et l'ambition de Buonaparte. Après la

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9° « Chacun des rois et princes confédérés possédera en toute propriété les terres équestres enclavées dans ses pos

sessions.

10° « Les membres des ordres militaires ou religieux qui, en conséquence du présent traité, seront dépossédés ou sécularisés, recevront une rente annuelle et viagère proportionnée aux revenus dont ils jouissoient.

11° « Il y aura entre l'empire françois et les états confédérés, collectivement et séparément, une alliance, en vertu de laquelle toute guerre continentale que l'une des parties contractantes auroit à soutenir deviendra immédiatement commune à toutes les autres.

12° « Dans le cas où une puissance étrangère à l'alliance et voisine armeroit, les hautes parties contractantes, pour ne pas être prises au dépourvu, armeront pareillement, d'après la demande qui en sera faite par le ministre de l'une d'elles à Francfort.

13° « Le contingent à fournir par chacun des alliés, en cas de guerre, est fixé comme il suit :

« La France fournira deux cent mille

chute de Napoléon, le prince primat se retira à Constance, dont il étoit originairement évêque, et où, rendu à son premier caractère, il s'est fait aimer et respecter.

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