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le plus souvent dans des lieux à peu près inaccessibles.

L'auteur nous fait voyager ensuite chez les races de l'Amérique centrale et du Mexique, et assister, pour ainsi dire, au début de la civilisation dans le nouveau monde. Après arrivent les chapitres consacrés au Pérou et à la nouvelle Grenade.

Là vivaient des populations soumises à un gouvernement et à une police réguliers, et qu'à certains égards nous pouvons regarder comme les plus policées de toute l'Amérique, bien que par l'ensemble de leur civilisation elles n'atteignissent pas un niveau aussi élevé que les habitants de la nouvelle Espagne.

Les deux derniers chapitres du livre de M. de Nadaillac : Les hommes de l'Amérique et l'origine des Américains, ne manqueront pas de piquer d'une façon toute particulière la curiosité du public, puisqu'ils nous donnent pour ainsi dire les conclusions de l'auteur et le résumé de l'ouvrage tout entier,

M. de Nadaillac, s'étayant de l'autorité d'un éminent géologue, M.Gaudry, insiste sur la ressemblance des faunes de l'Amérique du Nord et de l'Europe vers la fin de l'époque tertiaire. Ce fait curieux peut nous faire croire à une contiguité ancienne des deux continents, mais ne jette pas de jour sur la question de l'origine de l'Indien d'Amérique. Jusqu'à ce jour, en effet, nulle trace bien certaine de l'existence de notre espèce à l'époque tertiaire n'a encore été constatée.

Nous ne pouvons que rendre justice à la façon magistrale dont M. de Nadaillac a traité son sujet ; il a tenu à honneur, pour ainsi dire, d'étudier la question sur toutes les faces, et l'on est effrayé de la quantité énorme

de documents qu'il a dû lire et analyser. Ajoutons que deux cent dixneuf figures insérées dans le texte, et la plupart aussi remarquables au point de vue de l'exécution qu'à celui de l'exactitude, facilitent beaucoup l'intelligence de l'ouvrage.

Peut-être nous accus.rait-on de faire preuve d'un esprit pointilleux et d'un peu de penchant aux mauvaises chicanes si nous entreprenions de relever les quelques inexactitudes de détail,inévitables d'ailleurs dans un ouvrage aussi considérable. En voici quelques-unes cependant qu'il ne nous semble pas inutile de signaler. La grande porte du temple de Tiaguanaco est parfaitement isolée et non point flanquée de maçonnerie comme le figure la planche 166. Ce n'est pas la foudre, mais bien un affaissement du sol qui paraît avoir amené la rupture de la frise d'une des portes monolithes de cette localité (p. 405).

Ce que l'auteur nous donne pour des images de Condors semble être plutôt des figures de Aras.

Le mot tapados (p. 403) ne signifi e pas du tout celui qui fouille, qui cherche des trésors,» mais bien «une cachette, l'endroit où un trésor est renfermé. On dit d'une femme qui sort la figure cachée d'un voile épais, suivant l'usage péruvien, qu'elle est tapada. La conservation des maisons de particuliers, dans les villes antiques du Pérou, semble beaucoup moins rare que ne l'avance l'auteur (p. 400).

La description qu'il nous donne des ruines de Chimu s'applique, en réalité, à Cauca, éloignée de la première de ces localités autant que Marseille l'est de Paris. Ce qu'il nous dit du monument du Chimu semble bien se rapporter, non pas à une

Huaca (lieu sacré, sépulture), mais bien à un palais. Enfin est-il bien certain, comme le prétend M. de Nadaillac, que l'art d'amalgamer l'or avec le mercure fût connu des anciens Péruviens? En tout cas, l'or on l'argent ainsi obtenu n'était certainement pas susceptible de polissage, quoi qu'en dise notre auteur (p. 453).

Les métaux précieux recueillis de la sorte se présen tent sous la forme d'un gâteau spongieux, le plata pella des créoles, et conservent toujours une apparence rugueuse.

Mais arrêtons-nous là ; il ne serait pas juste de donner trop de place à la critique dans l'examen d'un ouvrage digne d'être consulté par tous les hommes de science.

Nous remarquons, dans l'Amérique préhistorique comme dans les autres ouvrages de M. de Nadaillac, ce scrupule, d'autant plus méritoire qu'il est plus rare chez les savants, de ne jamais donner comme certaine une chose douteuse; peut-être même cette disposition d'esprit le rend-t-il bien timide dans ses allégations. Tel est le motif, par exemple, qui l'empêche de combattre trop vivement l'opinion attribuant une haute antiquité aux Mounds des EtatsUnis. Aucun archéologue vraiment digne de ce nom ne serait aujour d'hui disposé à les croire plus anciens que le quatrième ou le cinquième siècle de notre ère.

Cte DE CHARENCEY.

Histoire généalogique de la maison de Tramecourt, seigneurs de Tramecourt, Werchin, Marconne, Ivergny et autres li zux, marquis de Tramecourt, pairs de France héréditaires en 1827, dressée sur titres et monuments anciens, par le comte DE BRANDT DE GALAMETZ. Arras, Société du Pasde-Calais, 1883, grand in-8° de 239 pages avec planches. Tiré à 100 exempl.)

Il ne s'agit pas là d'une de ces généalogies de complaisance faites à l'aide de documents de seconde main, de source souvent douteuse, interpolés parfois sinon fabriqués ou agencés dans le but de flatter les familles et de leur donner une filiation ou une illustration qui n'a rien de commun avec la vérité historique.La famille de Tramecourt n'avait du reste aucun besoin de ces expédients pour faire figure dans le monde, et l'honorable comte de Galametz, dont l'érudition est bien connue dans le nord de la France, ne se fùt jamais prêté à de semblables combinaisons. Son livre rappelle les beaux travaux d'André du Chesne et des grands généalogistes des XVIIe et XVIIIe siècles. Les archives de Tramecourt, malheureusement en partie détruites à la Révolution, et les archives du Pas-de Calais, lui ont fourni la plupart de ses documents, et l'auteur n'avance aucun fait qui ne soit appuyé d'une preuve authentique indiquée avec le plus grand soin, de telle sorte que le lecteur puisse lui-même le contrôler avec facilité.

M. de Galametz consacre à chaque Tramecourt une brève et substantielle notice, mentionnant les actes où il a retrouvé la trace de chaque membre de la famille : il donne avec soin ses titres, son blason ceux des familles alliées, sur lesquelles son texte et ses notes abon

dent en renseignements précis, intéressants, souvent inédits.

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L'illustration de la famille de Tramecourt, je l'ai dit, n'avait pas besoin de commentaires : elle ressort des titres mêmes et des actes de ses membres, conformes à leur vieille devise: Virtus et Antiquitas. Le premier du nom que l'historien ait rencontré est Renaudus de Tramecuria qui prend part à la troisième croisade; un autre, Colard de Tramecourt, compagnon de saint Louis, meurt sous les murs de Tunis en 1270. A maintes reprises on en trouve figurantavec honneur sur les champs de bataille un Tramecourt est tué à Azincourt, un autre en 1339 en combattant contre les Flamands. En même temps cette famille se signale par son attachement à la religion, donne à l'Église de nombreux serviteurs,et l'enrichit de pieuses fondations: Anne de Tramecourt fonde le Couvent des Récollets d'Hesdin; Pierre de Tramecourt meurt provincial des Récollets, en 1640; deux des plus illustres communautés d'Artois sont administrées en même temps par deux abbesses de la maison de Tramecourt, Marie-Marguerite de Tramecourt (morte en 1694) à Etrun, Jeanne de Tramecourt.(morte en 1697) à Avesnes; leur père, Antoine de Tramecourt, avait fondé des bourses pour les étudiants pauvres au collège d'Anchin à Douai.

Les familles alliées aux Tramecourt sont très nombreuses et des plus honorables; on en trouve la nomenclature bien complète dans les tables si précises et si détaillées que M. le comte de Galametz a ajoutées à son livre et qui en rendent l'usage facile pour les recherches de toutes sortes. Le texte et les documents sont d'ailleurs correctement impri

més; les fautes d'impression, ce fléau des ouvrages d'érudition, y sont heureusement fort rares, et ne méritent pas d'être relevées. L'ouvrage est enrichi de tableaux généalogiques, de blasons en couleur, de la reproduction de plusieurs pierres tombales du plus grand intérêt.

Il faut encore signaler, aux Appendices, les excellentes notices sur les principales terres mentionnées : Ambricourt, Azincourt, Beaurepaire, Esclimeu, etc., et une note sur le célèbre « Manuscrit de Tramecourt >> si précieux pour l'histoire de Flandre, et dont le compilateur paraît être Jean d'Ostove, seigneur de Noyelettes,oncle de Françoise du Wez, dame de Tramecourt.-C'est, en résumé, un livre très sérieusement fait, plein de documents et de renseignements aussi authentiques qu'intéressants sur l'histoire des familles et des terres d'Artois et de Flandre il fait le plus grand honneur à l'érudition de M. le comte de Galametz.

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J.-M. RICHARD.

Gargantua dans les traditions populaires, par Paul SÉbillot. Paris, Maisonneuve, 1883, gr. in-18 de xxx-242 p.

Cet ouvrage forme le tome XII de la collection publiée par M. Sébillot sous le titre général de : Les littératures populaires de toutes les nations. Traditions, légendes, contes, chansons, proverbes, devinettes et superstitions. Il est consacré aux souvenirs qui se rattachent à la légende de Gargantua et forme une enquête très curieuse et aussi complète que possible sur ce personnage que Rabelais a rendu populaire. Le nom de Gargantua procède-t-il de celui de Gargantius, fils de Belenus, qui,

suivant un chroniqueur du XIIe siè cle, régna en Grande Bretagne avant l'arrivée des Romains? Est-ce l'appellation populaire d'un géant, souvenir de l'Hercule gaulois? Quels rapports a-t-on le droit d'établir entre Gargantua et ces petites figures ityphalliques, nommées Gargons que l'on vendait à Rouen le jour de la fête de saint Romain? Toutes ces questions ne sont pas encore parfaitement éclaircies. Ce qui semble certain c'est que le nom adopté par Rabelais pour personnifier son héros procède d'une racine qui indique un géant pourvu d'un immense appétit. Les légendes de géants se retrouvent partout et à toute époque, depuis la Bible jusqu'au moyen âge; la popularité de l'oeuvre de Rabelais qui avait choisi ce nom répandit celui-ci dans tous les pays où il était question de géant? Il est à noter que, dans certaines régions, le géant tra. ditionnel, tout en se présentant avec des détails attribués ailleurs à Gargantua, ne porte pas cependant son

nom.

M. Sébillot a fait son enquête dans toutes les provinces de France, en Corse, en Suisse, en Belgique, en Italie et jusque dans le Canada; je ne m'explique pas pourquoi, dans ce travail fait avec autant de soin, il ne semble pas avoir pensé à l'Angleterre. Si, comme le suppose M. Gaidoz, la légende du géant connu sous le nom de Gargantua se rattache à la mythologie celtique, on peut en trouver des traces précieuses en Grande Bretagne; bientôt M. d'Arbois de Jubainville nous fixera probablement sur ce point.

Nous n'avons pas à insister sur le mérite des recherches entreprises par M. Sébillot; déjà, à plusieurs reprises, nous avons signalé aux

lecteurs l'estime que nous professons à l'égard de l'auteur et de ces charman tsvolumes dont la lecture est très attachante pour de simples curieux, et très intéressante pour les érudits qui y trouvent de précieuses indications.

ANATOLE DE BARTHÉLEMY.

Notice sur Jacques Bouju, président au parlement de Bretagne (1515-1577), par EMILE DUPRELASALE, Conseiller à la cour de cassation. Paris, Techener, 1883, in-8° de 250 p. avec portrait.

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En préparant son intéressante vie du chancelier de L'Hospital, dont le premier volume a été couronné en 1876 par l'Académie française, M.Dupré-Lasale s'est arrêté avec complaisance devant la figure de l'un des amis les plus chers du chancelier devant celle d'un magistrat qui eut l'honneur d'être chanté par Ronsard et du Bellay, loué par SainteMarthe et La Croix du Maine, et qu'un siècle plus tard Ménage appelait encore l'illustre président. Jacques Bouju, président aux enquêtes du parlement de Bretagne, est bien oublié depuis cette époque c'est à peine si quelque amateur, curieux de manuscrits, connait la liste de ses ouvrages ou même son nom. Sa vie n'offre pas moins un certain intérêt au chercheur, parce qu'elle porte bien l'empreinte de son temps, de ce xvie siècle si curieux et si agité, où se mêlaient le bon et le mauvais, la science et la crédulité, le solide et le chimérique, les hautes aspirations politiques et le trouble des idées né du désordre religieux et social. Bouju fut tout à la fois magistrat, poète, historien, amateur d'agriculture et fanatique alchimiste. Il essaya de traduire Tite-Live et de faire de l'or ;

il chanta la vie rustique, scanda de délicieuses épigrammes latines et dénonça les abus de la chicane dans des poèmes que L'Hospital n'eût pas désavoués; il se mêla imprudemment aux émeutes huguenotes sans être calviniste lui-même, et aux disputes parlementaires sur la préséance ; il donna des conseils au roi Henri II en lui dédiant sa traduction inachevée de Tite-Live, et eut part aux faveurs de la cour, qui le tenait pour un lettré distingué. Au fond son royalisme n'était que du tiers-parti, de cette opinion à coup sûr intelligente des besoins les plus pressants de la patrie, telle que la possédait au plus haut degré L'Hospital, mais un peu tiède, sinon indifférente au point de vue des croyances et des personnes. Il avait de plus ce qui faisait son incontestable infériorité la faiblesse de s'adonner aux folles pratiques de l'alchimie, dont nous pouvons rire librement aujourd'hui, mais qui captivait alors sans modération des esprits réputés partout ailleurs sages et modérés. Cette bizarre alliance du bon sens, de l'instruction, de la finesse et des illusions chimériques n'était point rare en ce temps, et, sous d'autres formes, ne l'est peutêtre pas davantage aujourd'hui. Elle a néanmoins le don de nous surprendre, de piquer notre curiosité et de nous ouvrir un jour sur l'inattendu, ce qui n'est désagréable ni au biographe ni au lecteur lui-même. M. Dupré-Lasale a apporté dans le portrait qu'il nous trace de cet « oublié toute la sagacité, toute la critique, toute l'érudition solide qu'il acoutume de mettre dans ses travaux judiciaires il a exploré son sujet dans les moindres détails, et, s'il aime à jouir de notre étonnement lorsque nous le voyons si bien infor

mé, il nous intéresse autant par la sagesse de ses réflexions que par la sûreté de ses patientes recherches. Sa Notice sera un appendice utile de sa future vie du chancelier de L'Hospital.

HENRI BEAUNE.

Monseigneur de Champflour, 4 évêque de La Rochelle (1703-1724), par M. l'abbé Stanislas BRAUD. La Rochelle, impr. Dubois, 1883, in-8° de 78 pages avec portrait.

Saint-Simon, en ses Mémoires, a longuement raconté, mais avec une passion qui frise l'injustice, les dé

mêlés des Jansenistes et de l'archevêque de Paris avec l'évêque de La Rochelle, Etienne de Champflour, et l'évêque de Luçon, Jean-François < Valderies de Les cure, moins ignorant, mais aussi grossier et aussi ultramontain que l'autre, aussi abandonné aux Jésuites qui l'avaient fait évêque de Luçon; celui-ci pauvre et petit gentilhomme, l'autre le néant; et tous deux noyés dans la plus parfaite obscurité... deux animaux mìtrés... » M. l'abbé Braud, curé d'Escoyeux, au diocèse de Saintes, grâce à des papiers communiqués par la famille de Champflour, a pu retracer la vie d'un prélat qui fut « le champion intrépide de la vérité, » et « en même temps le promoteur et le soutien de toutes les œuvres de charité de son diocèse, le père des pauvres, l'appui des orphelins et l'instituteur de l'enfance. » Un connaissait le rôle d'Étienne de Champflour dans la querelle religieuse des Jansénistes; mais l'auteur nous a montré le personnage sous un jour tout nouveau, dans les écoles et les missions où l'appela le P. Grignon de Montfort; dans les hôpitaux : hôpital

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