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critique qu'une apologie: eh bien, il conclut au suicide, disant même que,« pour accélérer le moment fatal, J.-J. Rousseau employa deux moyens, c'est-à-dire qu'il se prépara lui-même et prit le poison, et que, pour abréger la lenteur des effets et la durée des souffrances, il les termina par un coup de pistolet... » Cette résolution avait été arrêtée dans son esprit par cette humeur noire et cette folie incurable, à laquelle il faut joindre la secousse ressentie à la suite de l'infidélité de celle qu'il appelait sa femme...

Mais voici une autorité décisive et d'un bien grand poids: c'est celle du docteur Dubois (d'Amiens), qui, dans un remarquable Mémoire communiqué en 1866 à l'Académie de médecine, affirme le dérangement mental de Rousseau et son suicide. Cet homme, qui fut toujours en proie à une défiance injuste, d'abord intermittente, puis passée à l'état de monomanie, avait été saisi par une véritable alienation mentale, dont le suicide fut la conséquence. « Il y avait lésion du jugement, » dit le savant académicien, qui, appréciant à sa très mince valeur le procès-verbal des deux chirurgiens, « monument d'ignorance ou de complaisance, » conclut avec une ferme conviction que Rousseau s'est volontairement donné la mort, et que «l'apoplexie séreuse» n'est qu'une invention, tandis que les symptômes et les lésions constatés rendent plus que vraisemblable un empoisonnement par une substance végétale (sans parler du trou profond existant sur le crâne et qu'on ne saurait expliquer par la chute du corps).............

Nous arrêtons ici notre analyse, en souhaitant qu'elle puisse être et voulant espérer qu'elle sera un appât pour le lecteur curieux de s'instruire aux bonnes sources et de lever les masques de nos faux grands hommes. On ne manquera pas de remarquer que M. Bougeault est resté strictement dans le cercle de sa thèse sur la folie de JeanJacques Rousseau, s'abstenant d'en déduire (ce qui lui eût été facile), des conséquences au point de vue politique, philosophique et pédagogique, s'il s'était livré à l'appréciation de ses théories en prenant des citations dans ses divers ouvrages. Ces conséquences, le lecteur pourra les tirer des prémisses posées par M. Bougeault, qui a voulu (trop modestement peut-être), apporter ou plutôt jeter une pierre au monument que l'on prépare à cet homme dont l'influence a été si désastreuse au double point de vue religieux et social. Son petit livre restera comme un complément désormais indispensable de toutes les études biographiques ou littéraires sur le philosophe de Genève.

J. TOLRA DE BORDAS.

COURRIER ALLEMAND.

Nul depuis Tillemont, il y a environ deux cents ans, n'avait tenté d'écrire d'après les sources l'Histoire de l'Époque des Empereurs Romains. Les découvertes faites depuis cet auteur ont rendu nécessaire un nouveau travail d'ensemble: c'est ce que vient d'entreprendre M. Hermann Schiller. Son premier volume ira jusqu'à l'élévation de Dioclétien, le second jusqu'à la mort de Théodose le Grand. Du premier volume il n'a encore publié que la première partie, de la mort de César à l'avènement de Vespasien 1. L'auteur y raconte les luttes pour la monarchie, préparation du triumvirat (ch. 1), triumvirat (ch. 1); puis, sous ce titre : Le Principat (p. 139-400), il décrit le gouvernement d'Auguste, de Tibère, de Caligula, de Claude, de Néron, et l'avènement de Vespasien ; dans la conclusion, il examine le régime municipal, le commerce, l'industrie, l'agriculture, les moeurs, la société, l'éducation, l'instruction, la religion et la philosophie, la littérature et l'art. Ces deux derniers points sont fort bien traités au contraire, sur les origines du Christianisme et la présence de saint Pierre à Rome, il y a (p. 445 et 450) des observations dénuées de fondement. Dans le domaine de l'histoire du Moyen Age, signalons les Diplômes des rois et des empereurs allemands depuis la fin des Karolingiens du premier volume, qui doit aller jusqu'en 973, il n'a encore paru que deux livraisons, dues aux soins du professeur Sickel 2, de Vienne. Une autre publication intéresse l'histoire de l'Empire: ce sont les Diplomes des margraves de Misnie et des landgraves de Thüringe de 948 à 1099, qui paraissent sous les auspices du Gouvernement saxon et par les soins du Dr Otto Posse 3, déjà connu pour ses Analecta Vaticana, et font partie du Codex diplomaticus Saxoniæ

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Geschichte der Römischen Kaiserzeit, von HERMANN SCHILLER. Gotha, Perthes, 1883, Ir Band, gr. in 8o de vi-496 p.

* Monumenta Germaniæ historica. Diplomatum Regum et Imperatorum Germaniæ, tom. I, pars prior: Conradi et Henrici 1 Diplomata; pars II : Ottonis I Regis Diplomata, herausg. von der Gesellschaft für altere deutsche Geschichtskunde. Hannover, Halm, 1879-1882, in-4o de 324 p.

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3 Codex diplomaticus Saxoniæ regiæ. Im Auftrage der kgl. sächsischen Staatsregierung herausg. von OTTO POSSE und Hubert Hermisch. I Haupttheil, I Bd: Urkunden der Markgrafen von Meissen und Landgrafen von Thüringen 948-1099, mit drei karten, herausg. von Orтo POSSE. Leipzig, Giesecke und Devuent, 1882, in-4° de x-398 p.

Regiæ. Dans l'introduction, l'éditeur donne un précis de l'histoire des margraves de Misnie jusqu'en 1123.

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Un auteur du XIIe siècle, jusqu'ici inconnu, Tuto, moine dans un monastère de Basse-Franconie, vient de trouver un éditeur, M. Willibaldus Rubatscher, qui publie trois de ses opuscules: De suscipiendo Deo, De præconiis S. Felicitatis virginis, Passio et martyrium Viti, Modesti atque Crescentia 1. La grande collection des Actes des Reichstage n'en est encore qu'à son quatrième volume, dont la première partie, qui vient de paraître, ne comprend du règne de Robert que les années 1400 et 1401: excellente publication, pleine de renseignements nouveaux, mais qui, au train dont elle va, ne sera probablement pas achevée pour la génération actuelle. Dans les papiers posthumes du professeur Nitzsch, mort à Berlin, M. Matthæi a trouvé une Histoire allemande jusqu'en 1555 3, écrite au point de vue protestant. Nous n'en avons encore que le premier volume: attendons les autres pour apprécier l'ouvrage. La grande Histoire de la médecine de H. Haeser en est à sa troisième édition : l'ouvrage est remanié à un tel point qu'il paraît entièrement neuf. Le premier volume trace l'histoire de la médecine ancienne; le second, celle de la médecine moderne ; le troisième, celle des maladies épidémiques. Partout les renseignements abondent. - Nous devons à M. Paul Joseph, de Francfort sur le Mein, un important travail sur la numismatique de la fin du Moyen-Age 5. On y trouvera d'intéressants détails sur des projets de reforme monétaire de Robert en 1406 et de Sigismond en 1426.-M. Georg Voigt publie des recherches critiques sur les lettres de Pétrarque et le chancelier de l'état de Venise Benintendi 6.

Relativement au xve siècle, signalons les études de M. Hermann 1 Tutonis monachi O. S. B. sæculi XII Opuscula e duobus Codicibus Admontensibus nunc primum edidit P. WILLIBALDUS RUBATSCHER. Graz, Styria, 1882, in-8o de 154 p.

2 Deutsche Reichstagsacten. Bd. IV Koenig Ruprecht I. Abtheilung, 14001401, herausg. von J. WEIZSAECKER. Gotha, Perthes, 1882, gr. in 4o de xxIII531 p.

3 Geschichte des Deutschen Volkes bis zum Augsburger Religionsfrieden. ler Bd. G. d. D. V. bis zum Ausgang der Ottonen von K.-W NITZSCH, nach dessen hinterlassenen Papieren und Vorlesungen herausg. von Dr Matthaei. Leipzig, Duncker und Humblot, 1883. de xvII-372 p.

Lehrbuch der Geschichte der Medizin und der epidemischen Krankheiten, lena, Fischer, 1875-1882, 3 Baende gr. in-8° de 875-1120-995 p.

5 Goldmuenzen des XIV und XV Jahrhunderts (Disibodenberger Fund) nebst urkundlichen Beitragen zur Munzengeschichte des Rheinlands, bezonders Frankfurts von PAUL JOSEPH. Frankfurt a/M; Baer, 1882, gr. in-8° de 232 p.

6 Die Briefsammlung Petrarca's und der Venetianische Staatskanzler Berninlendi von GEORG VOIGT. München, Franz, 1882, gr. in-4° de 101 p.

Mueller sur les sources consultées par le célèbre abbé Trithemius 1, de Victor de Kraus sur les rapports de l'empereur Maximilien I avec le Tirol de 1490 à 1496 2, entin le quatrième volume des Diplômes de Fürstenberg, édités par Baumann et Riezler 3. L'ouvrage de M. Alfred Zimmermann sur Les luttes constitutionnelles ecclesiastiques au XVe siècle, touche aux temps qui ont précédé la Réforme. Cette œuvre importante est une esquisse de la période entre 1378 et 1438. Comment l'idée de concile est peu à peu sortie du schisme; le concile de Pise; le concile de Constance; destin des concordats de Constance et synodes de Pavie et de Sienne; temps intermédiaire jusqu'au concile de Bâle; le concile de Bâle, telles en sont les divisions. En appendice on trouve des digressions sur la vie et les œuvres de Jean de Ségovie, et sur ses rapports avec Agostino de Patrizzi. L'auteur est protestant, et n'a pas utilisé de nouveaux documents.

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L'attention en Allemagne vient de se reporter sur l'histoire de la Renaissance à ce mouvement se rattache l'important ouvrage de M. Paul Laspeyres sur les Églises de la Renaissance dans l'Italie centrale 3. La mort a surpris l'auteur dans cette publication qui, pour avoir une moindre étendue que ne le comportait le plan primitif, n'en a pas moins de l'importance. La première partie, Toscane, comprend les Églises de Florence, Sienne, Montepulciano, Cortona, Arezzo. La seconde est remplie par les nombreuses petites localités de la Marche d'Ancône, telles qu'Urbino, Pesaro, Lorette, et parmi celles de l'Ombrie, Citta di Castello, Pérouse, Assise, Foligno et Spolète.

Une époque plus ancienne est traitée par M. Oscar Mothes dans un remarquable ouvrage sur l'Architecture du Moyen Age en Italie; on y trouve nombre de nouveaux résultats qui donnent le

1 Quellen, welche der Abt Tritheim im zweiten Theile seiner Hirsauer Annalen benutzt hat. Halle, Waisenhaus, 1879, gr. in-8° de vi-72 p.

2 Maximilian's Beziehungen zu Sigismund von Tirol in den Jahren 1490-1496. Wien, Hoélder, 1879, in-8° de 79 p.

3 Fürstenbergisches Urkundenbuch. Sammlung der Quellen zur Geschichte des Hauses Fürstenberg und seiner Lande in Schwaben. Bd. IV: Quellen zur Geschichte des Grafen von Fürstenberg vom Jahre 1480 bis 1509. Unter Beihilfe von Dr FR. L. BAUMANN bearbeitet von Dr S. RIEZLER. Tübingen, Laupp, 1878, in-folio de 583 p.

'Die kirchlichen Verfassungskaempfe im XV Jahrhundert. Eine Studie von Dr ALFRED ZIMMERMANN. Breslau, Trewendt, 1882, gr. in-80 de vi-136 p. 5 Die Kirchen der Renaissance in Mittelitalien, von PAUL LASPEYyres. Stuttgart, Spemann, 1882, in-folio de 1v-49 p. et 74 planches.

Die Baukunst des Mittelalters in Italien von der ersten Entwicklung bis zu ihrer hoechsten Bluethe, von Dr OSKAR MOTHES. lena, Costenoble, 1882, gr. in-8° de 320 p.

coup de balai à beaucoup d'erreurs. L'autre se montre critique sévère et judicieux.

C'est encore de la Renaissance que s'occupe l'ouvrage de MM. Monrad et Michelsen. Il a pour titre : La première controverse sur l'origine du symbole des apótres. Laurentius Valla et le concile de Florence; en voici les chapitres: Laurentius Valla jusqu'en 1443; Préparation au concile d'union; Le concile de Ferrare; Le concile de Florence; Le symbole des apôtres au concile d'union ; Laurentius Valla depuis 1443. On trouvera, pages 222 et suivantes, des notes critiques de la plus haute importance sur l'année de la mort de Valla, le lieu de sa naissance, ses rapports avec Aurispa. Sous le nom de Caïphe ne désigne-t-on pas Alphonse Borgia, qui succéda sous le nom de Caliste III à Nicolas V? C'est ce que (p. 264) les auteurs tentent de prouver leur démonstration est pleine d'intérêt.

Relativement aux commencements de la Réforme, mentionnons une importante monographie de Ludwig Keller sur Un apôtre de l'anabaptisme 2, Hans Deuck: l'ouvrage est riche en détails puisés aux archives et dans les livres, mais le héros est trop bien traité.

Un autre ouvrage, également exclusif, mais également riche en documents, c'est l'étude de Wilhelm Vogt : La politique bavaroise dans la guerre des paysans et le chancelier Leonhard d'Eck, le chef de la ligue de Souabe 3.

D'importants ouvrages ont paru sur le xvr siècle : une étude critique du Dr Weise sur Sleidan; un travail de M. Kolde sur la congrégation des Augustins d'Allemagne et Jean de Staupritz 5; des biographies d'Eobanus Hessus par M. Krause, et de Roger Ascham, humaniste et diplomate, par le Dr Katterfeld 7. Cet ouvrage, fondamental mais souvent trop étendu, est précieux pour l'histoire de Charles-Quint: il donne un curieux récit de sa fuite d'Innsbruck.

1 Die erste Kontroverse über den Ursprung des apostolischen Glauben sbekenntnisses. Laurentius Valla und das Konzil zu Florenz, von Dr théol. D. G. MONRAD und A. MICHELSEN. Gotha, Perthes, 1881, gr. in-8° de 277 p. 2 Ein Apostel der Wiedertäufer, von LUDWIG KELLER, Leipzig, Hirzel, 1882, gr. in-8° de x-258 p.

Die baierische Politik im Bauernkrieg und der Kanzler Dr Leonhard von Eck, das Haupt des schwäbischen Bundes von WILHELM VOGT. Nördlingen, Beck, gr. in-8 de XVI-489 p.

4 Ueber die Quellen Sleidan's von G. .WEISE. Halle,.. ?, 1879, gr. in-8° de 40 p

5 Die deutsche Augustiner Congregation und Johann von Staupitz, von TH. KOLDE. Gotha, Perthes, 1879, gr. in-8° de xvi-466 p.

6 Helius Eobanus Hessus, sein Leben und seine Werke, von KRAUSE. Gotha, Perthes, 1879, 2 vol. in-8° de x11-716 et vi-287 p.

7 Roger Ascham, von Dr A. KATTERFELD, Strasbourg, Trübner, 1879, gr. in-8° de x1-269 p.

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