POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE FRANCE, SOUS LE GOUVERNEMENT DE NAPOLÉON BUONAPARTE, Et PENDANT L'ABSENCE DE LA MAISON DE BOURBON; Contenant des anecdotes particulières sur les principaux personnages de ce temps: PAR J.-B. SALGUES. TOME DEUXIÈME. A PARIS, CHEZ LOUIS FAYOLLE, Libraire, rue Saint-Honoré, n°. 284, près l'église Saint-Roch. M DCCC XIV. POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE FRANCE, Pendant le Gouvernement de NAPOLÉON Buonaparte. et l'absence de la MAISON DE Bourbon. CHAPITRE PREMIER. Dernières opérations de Buonaparte en Italie. Congrès de Rastadt. Retour de Buonaparte à Paris. Préparatifs contre l'Angleterre. LES Es triomphes de Buonaparte et la politique révolutionnaire du Directoire venoient de changer la face de l'Italie. Milan, soumise auparavant au pouvoir monarchique, étoit devenue la capitale d'une république; et Venise, la plus ancienne des républiques modernes, étoit tombée sous la domination d'un monarque. Aucun des états parcourus par les armées françaises n'avoit conservé sa constitution. Les dogmes de la liberté et de l'égalité avoient remplacé partout les anciennes formes de gouver nement; l'Europe sembloit pacifiée, et se taisoit devant la France victorieuse; mais de nouveaux embrasemens étoient prêts à s'allumer sur tous les points. Le volcan révolutionnaire fermentoit sous les trônes de Turin, de Naples et de Rome; le cabinet du Luxembourg n'attendoit qu'une occasion pour en ordonner la chute, toujours fidèle à cette maxime de Brissot: Quand il s'agit de la liberté des hommes, un grand peuple s'élève au-dessus de la foi des traités (1). (1) Le directoire ne prenoit même pas la peine de dissimuler ses intentions. Quelque temps après le 18 fructidor, on lisoit dans le Moniteur : « On ne s'est point trompé en annonçant que la chaîne » contre-révolutionnaire s'étendoit de Paris, le long de la » France et de l'Italie, jusqu'au cap Spartivento. » En Italie, à Gênes, on organisoit les compagnies de » Marie et de la Sainte-Foi, en apparence pour dé» fendre la religion, mais en réalité pour remettre sur » le trône les anciens tyrans, et exterminer les patriotes. » La soi-disant république de Lucques armoit aussi; le clubdes Bainsétoit dans la plus grande activité. Le quartier-général des compagnies de Marie et de la Sainte» Foi, qui y est fixé, agissoit de concert avec l'oligarchie lucquoise. » Le grand-duc, ami cher et intime de la république » française, active l'armement des paysans, fait la levée ☐ de 800 dragons et d'un corps d'infanterie. Le club de Li vourne n'est pas moins actif que celui de Lucques pour Le Portugal faisoit d'inutiles efforts pour conserver la paix; tout annonçoit une rupture prochaine. La Suisse, égarée comme Venise par une politique fausse et servile, se fioit en vain à ses montagnes, à ses glaciers et à cinq ans de patience et de sacrifices: quelles considérations, quels obstacles pouvoient arrêter l'ambition du directoire? Venise, loin d'être pacifiée, étoit dans la plus disposer le peuple de la Toscane, naturellement bon, » à haïr les Français et les républicains d'Italie, et à rẻpandre mille calomnies contre eux. 23 » Le pape très-saint, qui dernièrement, par son ministre à Paris, a fait jurer amitié à la république française, faisoit aussi une nouvelle levée de dix mille hommes, sous prétexte que la désertion s'étoit mise » dans son armée. " » Le monarque des Deux-Siciles, outre les troupes qui, malgré la paix avec la république française, » étoient restées cantonnées aux frontières, avoit donné » les ordres pour la marche d'un nouveau corps de 15,000 hommes. » Les satellites de tous ces despotes, monarques, théo» crates, oligarques, ne manquoient pas de répandre que l'objet de ces armemens étoit la défense de la religion » et la répression des jacobins. Il est aujourd'hui évident » pour tout le monde que le véritable objet de ces préน paratifs étoit de faire en Italie une insurrection géné |