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avaient conservés jusqu'alors, et le baron Sacken cessa ses fonctions. Le don d'une épée et une espèce de fête militaire lui exprimèrent l'estime qu'inspirait sa conduite à la Garde parisienne, et la reconnaissance de la ville de Paris.

Dès le 6 mai, une ordonnance du Roi convoqua le Sénat et le Corps législatif pour le 30. Son ordonnance de ce jour ajourna cette convocation au 4 juin, afin sans doute que dans cet acte libre et solennel, le Roi ne fût entouré que de la Garde nationale.

Cette ordonnance ne faisait pas mention du Sénat, parce qu'il était remplacé par la Chambre des Pairs dans la Charte qui se préparait, et que les deux Chambres et le Roi furent enveloppés dans les mots de Corps législatif, qui exprime en effet l'ensemble des pouvoirs qui concourent à la législation.

Cette Charte était rédigée dans un comité composé de Sénateurs et de Députés choisis par le Roi. Le public attendait avec inquiétude le résultat de leur travail, bien que la proclamation de Saint-Ouen rassurât sur les bases, la forme devenait surtout l'objet de vives discussions. Le nouvel acte constitutionnel serait il soumis comme un pacte social à la discussion du Corps législatif, ou à l'acceptation du peuple, comme les Constitutions de la République et de l'Empire?

Serait-il donné comme les anciennes chartes que les Rois octroyaient aux communes?

Les uns soutenaient qu'une Constitution acceptée réciproquement par le Roi et par le Corps législatif ou par les assemblées primaires, donrerait plus de force, non-seulement aux garanties du peuple, mais encore à l'autorité royale. Les autres trouvaient dans la dernière forme le grand avantage de mettre hors de discussion, et de rendre à l'instant même exécutoire cette loi fondamentale qui, donnée par le Roi et jurée par lui et ses successeurs comme par le Corps législatif au nom du peuple, n'en deviendrait pas moins, entre la nation et la famille régnante, un pacte synallagmatique.

Ce fut cet avis qui prévalut. Le Roi se rendit le 4 juin au palais du Corps législatif, escorté par la Garde nationale qui gardait la salle des séances. La Charte fut promulgée, la Chambre des Pairs constituée, la Chambre des Députés maintenue; le Gouvernement commença; la Monarchie constitutionnelle fut en un même instant fondée, organisée, mise en action.

La Charte parut aux amis d'une sage liberté renfermer de suffisantes garanties pour les libertés publiques et contre les réactions. Quelques expressions du préambule inquiétèrent les amis sincères mais ombrageux de la monarchie constitution

nelle. Ils craignaient qu'en rappelant des temps où l'autorité résidait entièrement dans la personne du Roi, les rédacteurs de la Charte n'eussent eu la pensée de ménager à ses successeurs le droit de la révoquer; mais il suffit pour les rassurer de leur faire remarquer que le préambule rappelait aussi les institutions qui dans les temps antérieurs ou postérieurs, modéraient dans l'intérêt du trône et des peuples l'autorité des Rois.

Enfin, le 16 juin, les troupes de ligne firent leur entrée à Paris et relevèrent tous les postes de la Garde parisienne, qui les reçut avec enthousiasme. Une députation leur exprima la joie et les sentimens qu'inspirait leur présence à tous les bons Français, « dans ces mêmes >> murs qu'ils ont eu la douleur de voir quel» que temps au pouvoir de l'étranger. » Plusieurs jours se passèrent en fêtes et en banquets, et un ordre du jour peignit ainsi l'union de la Garde nationale et des troupes : « Ce sont égale» ment des Français sous les armes ; il n'est point » de garde national qui n'ait servi lui-même ou qui ne compte dans l'armée un fils, un frère, » un parent, un ami; il n'est pas d'officier ni de >> soldat qui ne trouve dans la Garde nationale sa >> famille. >>

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Ainsi finit la campagne de 1814, aussi mémorable par le nombre et la variété des événemens

690 CAMPAGNE DE 1814, CHAPITRE XXXII. militaires que par le dénouement de la révolution politique qui les suivit. Elle offre dans son ensemble un exemple de l'effet et de la juste punition du despotisme, et jamais cependant Napoléon ne développa plus d'art dans l'emploi des moyens qu'il avait sous la main; mais que pouvaient les ressources stratégiques contre la volonté de la France, la force même des choses, le concours de toutes les Puissances? Sans doute, il en eût été bien autrement de cette invasion formidable s'il avait trouvé de l'appui dans la Nation, et si sa tyrannie en lui aliénant tous les cœurs, n'eût étouffé le patriotisme. En effet, ce n'est que chez les peuples libres qu'il enfante des prodiges et sauve l'Etat des grands périls. Ainsi les armées innombrables de Xerxès furent vaincues et dissipées par une poignée de Grecs; ainsi la Ligue helvétique confondit tous les efforts de l'Autriche, et la Hollande secoua le joug des Espagnols; ainsi les Français armés pour leur indépendance, repoussèrent en 1794 les armées coalisées qui avaient déjà entamé leur territoire, et allèrent planter leurs enseignes victorieuses sur les bords du Rhin.

FIN.

TABLE DES MATIÈRES.

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CHAPITRE XVI. La Grande Armée austro-russe reprend
l'offensive. Combat de Bar et de La Ferté. - Eva-
cuation de Troyes par l'armée du maréchal duc de
Tarente,

CHAP. XVII. Défensive du duc de Tarente sur la Seine,

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CHAP. XXI. Position des armées française et autrichienne
sur l'Adige. Défection du roi de Naples, et jonction
de son armée au corps autrichien de Nugent. Retraite
des Français sur le Mincio. Bataille du Mincio.

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Affaires de Borghetto, Gardone et Salo. -

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Mouvement

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