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que celle-ci puisse donner, les batteries criblent de mitraille les carrés français, et y portent le désordre. Le général Borasdin, à la tête des régimens de Nouvelle-Russie et de Kargopol, enfonce celui de droite où se trouvait le général Pacthod, le sabre et lui fait mettre bas les armes ; d'autres éprouvent successivement le même sort. Néanmoins celui du général Thévenet, de la division Amey, bravant toutes les attaques, touchait près de Bannes aux marais où il aurait trouvé un refuge assuré, lorsque, accablé sous la mitraille de 48 pièces de canon, il donna prise à une dernière charge. Toute la cavalerie de la grande armée, celle du corps de Sacken et deux régimens de celle du comte Langeron s'élancent sur lui et en font une horrible boucherie. Le général Thévenet fut blessé et pris: aucun homme n'échappa, car quoique enfoncés, les gardes nationaux combattaient à la baïonnette, et ne voulaient point accepter de quartier..

Telle fut la mémorable et sanglante journée de Fère-Champenoise. Les Français y perdirent 9,000 hommes, dont 5,000 hors de combat: c'était presque la moitié des hommes présens. Les généraux de division Pacthod et Amey, les généraux de brigade Jamin, Delord, Bonté et Thévenet qui se trouvaient au nombre, des prisonniers, furent présentés à l'empereur Alexandre

qui, dit-on, ne put s'empêcher de donner à leur valeur malheureuse des paroles de consolation.

On a fait monter la perte des Alliés à 4,000 hommes tués ou blessés; mais la prise de 60 bouches à feu et de plus de 350 caissons, les dédommagea amplement. Une particularité singulière, et qui, dans une guerre d'invasion, rappelle ces scènes déplorables des troubles civils, c'est que le chef de bataillon Rapatel, ex-aide de camp du général Moreau, devenu officier d'ordonnance de l'empereur de Russie (Flugel adjutant) fut tué en sommant le carré où un de ses frères combattait comme capitaine d'artillerie.

Plusieurs causes concoururent dans cette fa- Obscrvatious. tale journée à la perte des Français: outre le mauvais choix de la position où ils furent attaqués, des militaires prétendent que le duc de Raguse aurait dû faire tous ses efforts pour empêcher l'ennemi de déboucher, en formant derrière Soudé-Sainte-Croix deux lignes avec des intervalles pour laisser un passage aux troupes repoussées. Par ce moyen, ils pensent que l'infanterie du duc de Trévise eût eu le temps de se placer d'une manière convenable, au lieu qu'en opérant aussitôt sa retraite sur Sommesous, les deux corps gênèrent réciproquement leur formation. L'on observe encore qu'au lieu

d'ordonner au général Pacthod de rester å Bergères, il fallait le diriger en toute hâte sur Fère-Champenoise, et appuyer les deux corps en arrière à gauche, afin de couvrir son mouvement rétrograde, et d'éviter par-là le défilé de Connantray, dont le passage devint si funeste à l'armée. Enfin l'on croit que les Maréchaux n'étant plus poursuivis par le gros de la grande armée, et s'en trouvant débarrassés par la diversion du général Pacthod, n'auraient pas dû se diriger sur Allement, mais bien plutôt sur Sézanne, où ils eussent été renforcés par les troupes du général Compans.'

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Après ce brillant succès, qui assurait plus que jamais leurs projets sur la capitale, les Alliés campèrent pour la nuit dans la plaine de Fère-Champenoise, où le quartier- général du prince de Schwarzenberg et des Monarques fut établi.

> Les trois corps russes de l'armée de Silésie poussèrent jusqu'à Etoges; le gros des deux corps prussiens ne bougea pas de Montmirail, un de leurs partis poursuivit celui du général Vincent sur Verdelot et Rebais; le général Yorck ayant entendu à midi, une violente canonnade, envoya en reconnaissance vers Sézanne le général Ziethen avec la réserve de cavalerie soutenue de quelque infanterie.

Quelques heures après leur arrivée à Allement,

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Sézanne SUP

les Maréchaux français tinrent conseil, et réso-Les Maréch lurent de se retirer par cette ville. Quoiqu'un en retraite par peu tardive, cette résolution pouvait cependant Paris. encore avoir lieu, en envoyant sur-le-champ une division de cavalerie ouvrir la communication avec le général Compans. Mais par une apathie assez excusable après une journée si malheureuse, au lieu de prendre ce parti au moment même, ils se contentèrent d'arrêter le départ pour le lendemain de bonne heure, en invitant le comte Compans à tenir jusqu'à leur arrivée.

Ce général ne pouvait, sans imprudence, accéder à leurs désirs; instruit de la position des corps d'Yorck et de Kleist à Montmirail, ayant en vue la cavalerie du général Ziethen, il leur répondit, qu'avec un matériel considérable à couvrir, il était obligé de se mettre en route avant minuit; mais que, pour faciliter la jonction, il laisserait à Sézanne une arrière - garde jusqu'à deux heures du matin. Contrariés par cette détermination, les Maréchaux se mirent en mouvement le 26 à 2 heures après minuit. Les dragons du général Roussel ouvraient la marche par deux, dans un chemin creux très-difficile; venaient ensuite les régimens de marche aux ordres des colonels Ghigny, Christophe et Leclerc, après lesquels marchait le 1er corps de cavalerie, que suivait l'artillerie, puis l'infanterie par le flanc ; une division d'infanterie du duc de Raguse

fermait l'arrière-garde de cette colonne longue et mince. Les deux Maréchaux marchaient à l'arrière-garde.

La nuit était très-obscure : quelques feux à demi-éteints éclairaient, de distance en distance le sommet de la montagne de Saint-Pierre à droite de Sézanne. On voulut les reconnaître ; des ravines très-profondes s'y opposèrent; enfin, un dragon ayant mis pied à terre, se glissa dans la ville, et revint annoncer qu'elle était déserte.

Au moment où l'on apportait cette désagréable nouvelle, des vedettes ennemies s'avançaient pour reconnaître l'avant-garde: c'étaient celles d'un détachement du général Ziethen qui était en.. tré à Sézanne aussitôt après le départ de l'arrièregarde du général Compans, et qui croyant toute l'armée française passée, avait établi son bivouac en sécurité près de cette ville. Au cri des vedettes prussiennes, la tête de la colonne formée en masse par pelotons dans un petit champ à droite du chemin, saisie d'épouvante, se sauve au galop sur Allement. Le comte Belliard et le général Roussel crient, menacent, et les dragons s'arrêtent enfin. Pendant que des officiers les forment de nouveau,

et que d'autres dissipent l'alarme propagée dans la colonne, les généraux délibéraient tumultueusement, sans rien décider. Le jour allait poindre, il n'y avait pas une minute à perdre. Fallait - il autre chose que de l'audace pour tirer l'armée

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