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CHAPITRE XIV

HOLLANDE

Les Rois frères de Napoléon.

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Situation

Louis

Expédition de Wal

de la Hollande. Réunion de Flessingue à l'Empire. persiste dans ses desseins. Exigences de Napoléon. Louis continue la lutte. Lettre du 3 Avril 1808. 3 · Commencement des mesures de rigueur. Napoléon offre à Louis la couronne d'EsRefus de Louis. pagne. Décret contre la Hollande. Idée de la réunion de la Hollande à l'Empire. cheren. Voyage de Louis à Paris. - Prise de possession des pays entre la Meuse et l'Escaut. Nouvelles exigences de Napoléon. Fausse négociation avec l'Angleterre. Ultimatum concernant la Hollande. Louis songe à résister. Influence de Fouché. Traité et protocole du 16 Mars 1810, Art. I et X. Entrée des troupes françaises en Hollande. - Résistances de Louis. Outrage fait à la livrée de l'ambassade française. Abdication secrète de Louis. Son départ clandestin pour les eaux de Tæplitz. Réunion de la Hollande à l'Empire, 9 Juillet 1810.

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« Il est sûr, disait l'Empereur à Sainte-Hélène, que j'ai été peu secondé des miens et qu'ils ont fait bien du mal à moi et à la grande cause. On a souvent vanté la force de mon caractère; je n'ai été qu'une poule mouillée surtout pour les miens: et ils le savaient bien. La première bourrade passée, leur persévérance, leur obstination l'emportaient toujours, et de guerre lasse, ils ont fait de moi ce qu'ils ont voulu. J'ai fait là de grandes fautes.... Si, au lieu de cela, chacun d'eux eut imprimé une

impulsion commune aux diverses masses que je leur avais confiées, nous eussions marché jusqu'aux póles; tout se fût abaissé devant nous, nous eussions changé la face du monde; l'Europe jouirait d'un système nouveau, nous serions bénis !..... Mais, nommai-je un roi, il se le croyait tout aussitôt PAR LA GRACE DE DIEU, tant le mot est épidémique: ce n'était plus un Lieutenant sur lequel je devais me reposer, c'était un ennemi de plus dont je devais m'occuper. Ses efforts n'étaient pas de me seconder mais bien de se rendre indépendant. Tous avaient aussitôt la manie de se croire adorés, préférés à moi. C'était moi désormais qui les génais, qui les mettais en péril.... Dans l'harmonie que je méditais pour le repos et le bien-être universels, s'il fut un défaut dans ma personne et dans mon élévation, c'était d'avoir surgi tout à coup de la foule. Je sentais mon isolement; aussi je jetais de tous côtés DES ANCRES DE SALUT au fond de la mer. Quels appuis plus naturels pour moi que mes proches? Pouvaisje mieux attendre de la part des étrangers? et si les miens ont eu la folie de manquer à ces liens sacrés, la moralité des peuples, supérieure à leur aveuglement, remplissait une partie de mon objet... »

Nul plus que le Roi Louis de Hollande ne méritait les reproches de Napoléon. En effet, dès son arrivée en Hollande, le Roi Louis ne songea plus qu'à être Hollandais, gouverna dans un intérêt étroit, toléra la contrebande, et, favorisant les relations clandestines avec l'Angleterre, rechercha les économies possibles sur tous les chapitres de son budget dans le but de se faire aimer des Hollandais. La Hollande, sans production propre, sans manufactures, était réduite, par sa situation maritime et continentale, à

ne faire qu'un commerce d'entrepôt et de commission qui pour se développer ne devait connaître ni entraves ni barrières. Déchus de leur antique splendeur, renonçant à jouer le rôle d'autrefois, ses habitants s'étaient faits les commissionnaires et les facteurs des peuples de l'Europe. Dans ces conditions on comprend quels coups devait porter à la Hollande cette succession d'Ordres du Conseil et de Décrets qui mettaient tant d'entraves à ses occupations journalières. Placée en face de l'Angleterre elle s'était fait son satellite et sa principale cliente; elle était devenue un vaste entrepôt anglais dont tous les produits s'écoulaient vers le Nord de l'Allemagne, les bords du Rhin, la Suisse, les départements belges et le nord de la France. Aussi quand Napoléon voulut imposer son système à la Hollande tous les intérêts se liguèrent contre lui et les pouvoirs publics encouragèrent les efforts tentés de tous côtés pour se soustraire aux rigueurs qui étaient insupportables. Le Roi Louis lui-même facilita par tous les moyens possibles l'introduction des marchandises anglaises.

Des le mois de Septembre 1807, Napoléon fut obligé de réclamer contre les mesures insuffisantes prises à l'égard du commerce anglais; et dès lors ce ne fut plus que plaintes et menaces jusqu'au jour où Louis crut devoir abdiquer et fuir aux bains de Toeplitz.

Le 11 Novembre 1807, Napoléon commença par réunir Flessingue à l'Empire; puis, apprenant que la Hollande était toujours ouverte au commerce anglais et que Rotterdam particulièrement regorgeait de marchandises anglaises et de denrées coloniales sans qu'aucun ordre fut donné de les saisir, il écrivit

vivement à son frère pour lui reprocher de n'avoir pas donné d'ordres ou, s'il en avait donné, de n'avoir pas veillé à leur exécution: « On n'est pas Roi quand on ne sait pas se faire obéir. »

Mais Louis, poursuivant ses desseins, voulut licencier son armée tout en créant des dignités militaires absolument incompatibles avec cette première idée; et, loin de préparer le concours de ses flottes, commença par les désarmer. Napoléon lui intima l'ordre formel de tenir son armée sur un bon pied; l'invita d'une façon pressante à activer l'armement de ses escadres et à se tenir en état de défendre l'île de Walcheren, Flessingue et le Texel; lui manifesta son mécontentement de ce qu'il n'avait pas déclaré la guerre à la Suède, et lui envoya l'instance positive de faire cette déclaration, et de saisir sur le champ et déclarer de bonne prise tous les bâtiments suédois qui se trouvaient en Hollande. En cas d'objection, l'Ambassadeur impérial devait quitter La Haye sur le champ; en cas d'acceptation, il devait demander en outre que des chaloupes canonnières fussent envoyées en Danemark afin de coopérer à l'expédition franco-danoise qui se préparait à passer en Scanie pour favoriser la conquête de la Finlande par les Russes.

Le Roi Louis déclara se soumettre à toutes ces exigences, exécuta mollement les ordres reçus, et, favorisant de plus en plus la contrebande, alla jusqu'à gràcier des contrebandiers qui avaient assassiné des douaniers chargés de la surveillance des côtes.

« La grâce que vous avez accordée à ces contrebandiers assassins, lui écrivit Napoléon, est une espèce d'hommage que vous rendez au goût des Hollandais pour la contrebande. Vous paraissez faire cause

commune avec eux, et contre qui?... Contre moi... Les Hollandais vous aiment; vous avez de la simplicité dans les manières, de la douceur dans le caractère, vous les gouvernez selon eux; si vous vous montriez fermement résolu à réprimer la contrebande, si vous les éclairiez sur leur position, vous useriez sagement de votre influence; ils croiraient que le système prohibitif est bon, puisque le Roi en est le propagateur. Je ne vois pas quel parti pourrait tirer Votre Majesté d'un genre de popularité qu'elle acquerrait à mes dépens. Assurément la Hollande n'est point au temps de Ryswick, et la France aux dernières années de Louis XIV. Si la Hollande ne peut suivre un système politique indépendant de celui de la France, il faut qu'elle remplisse les conditions de l'alliance.

Voyez-vous, par cet aperçu, quelles seraient les funestes conséquences des facilités que la Hollande donnerait aux Anglais pour introduire leurs marchandises sur le Continent? Elle leur procurerait l'occasion de lever sur nous-mêmes les subsides qu'ils offriraient ensuite à certaines Puissances pour nous combattre. Votre Majesté est plus intéressée que moi à se garantir de l'astuce de la politique anglaise. Encore quelques années de patience, et l'Angleterre voudra la paix autant que nous la vou

lons nous-mêmes.

Considérez la position de vos Etats; vous remarquerez que ce système vous est plus utile qu'à moi. La Hollande est une Puissance maritime commerçante; elle a des ports magnifiques, des flottes, des matelots, des chefs habiles, et des colonies qui ne coûtent rien à la Métropole; ses habitants ont le

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