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CHAPITRE XII

ORDRES DU CONSEIL ET DÉCRET DE MILAN

L'Autriche adhère au Système Continental.

Le sort du Portugal

est réglé à Fontainebleau, le 27 Octobre. Entrée de Junot à Lisbonne, le 30 Novembre. Conduite des Américains. · Ordres Leur signification.

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du Conseil du 11 et du 25 Novembre. Décret de Milan, 17 Décembre 1807. — Sa signification. — Pensće intime de Napoléon. Sa Lettre du 3 Avril 1808 à son frère Louis.

En attendant que la puissance anglaise et ses principes devinssent le refuge des autres nations, Napoléon continuait à affirmer son système et à le renforcer, afin d'éloigner l'Angleterre des Cours de Vienne et de Lisbonne avec lesquelles elle était en relations intimes.

Troublée par le Traité de Tilsitt, prise entre la France et la Russie, l'Autriche craignit un instant pour elle-même. Mais quand il lui fut prouvé qu'on ne demandait que son adhésion au Blocus Continental de façon à empêcher les marchandises anglaises d'arriver par Fiume et Trieste, elle signa une Convention Additionnelle au Traité de Presbourg (10 Octobre), puis elle offrit sa médiation à l'Angleterre qui la refusa, et elle profita de ce refus pour en faire un casus belli: M. de Staremberg quitta Londres avec toute son ambassade, et les côtes au

trichiennes furent interdites aux marchandises anglaises. Mais les Ministres autrichiens supplièrent le Gouvernement anglais

de ne pas en vouloir à leur gouvernement, la Maison d'Autriche n'étant pas en position de résister aux cruelles circonstances qui pesaient sur elle 1.

Quant au Portugal, son sort était décidé, et voici dans quels termes Napoléon en écrivait au Roi d'Espagne :

Fontainebleau, le 12 Octobre 1807.

Monsieur mon Frère, dans le temps que la Hollande, les différents Princes de la Confédération du Rhin, Votre Majesté, l'Empereur de Russie et moi, sommes réunis pour chasser les Anglais du Continent et tirer vengeance, autant que possible, du nouvel attentat qu'ils viennent de commettre contre le Danemark, le Portugal offre depuis seize ans la scandaleuse conduite d'une Puissance vendue à l'Angleterre. Le port de Lisbonne a été pour eux une mine de trésors inépuisable; ils y ont constamment trouvé toute espèce de secours dans leurs relâches et dans leurs expéditions maritimes: il est temps de leur fermer et Porto et Lisbonne. Je compte qu'avant le 1o Novembre l'armée que commande le général Junot sera à Burgos, réunie à l'armée de Votre Majesté, et que nous serons en mesure d'occuper en force Lisbonne et le Portugal. Je m'entendrai avec Votre Majesté pour faire de ce pays ce qui lui conviendra, et, dans tous les cas, la suzeraineté lui en appartiendra, comme Elle a paru le désirer. Nous ne pouvons arriver à la paix qu'en isolant l'Angleterre du Continent et en fermant tous les ports à son commerce. Je compte sur l'énergie de Votre Majesté dans cette circonstance, car il est indispensable de forcer l'Angleterre à la paix pour donner la tranquillité au monde 2.

Pour faire suite à cette lettre et hâter l'exécution de ses projets sur le Portugal, Napoléon signait une Convention secrète pour le règlement des affaires dudit royaume : le Portugal était divisé en trois lots,

1. Lettre du Général Andreossy à M. Champagny, 30 Décembre 1807.

2. Correspondance de Napoléon.

No 13243.

3.

Idem.

- No 133co. No 13301.

dont l'un était donné au Roi d'Etrurie dépossédé ; l'autre au Prince de la Paix comme prix de sa complicité le troisième était réservé. Telle fut l'œuvre conçue à Fontainebleau, signée le 27 Octobre, et menée à bonne fin par Junot: le 27 Novembre la Maison de Bragance s'embarquait pour le Brésil, et le 30, Junot entrait à Lisbonne. Toute la Péninsule se trouvait ainsi fermée au commerce anglais.

On a vu que les Américains s'étaient faits les humbles serviteurs de l'Angleterre, et qu'à force de mensonges et de ruses ils violaient les ordres de Napoléon. Faux papiers, déclarations erronées, simulation de pavillons, tous les moyens leur étaient bons pour satisfaire leur amour du lucre, et se jouer du Système Continental tout en se soumettant aux exigences de l'Amirauté anglaise. Napoléon résolut de mettre un terme à leurs agissements. A cet effet, il écrivit à M. de Champagny, le 15 Novembre:

« Répondez au Ministre d'Amérique que, puisque l'Amérique souffre que ses bâtiments soient visités, elle adopte le principe que le pavillon ne couvre point la marchandise; puisqu'elle reconnait les absurdes lois du blocus de l'Angleterre, qu'elle consent que ses vaisseaux soient sans cesse arrêtés, se rendent en Angleterre et soient ainsi détournés de leur navigation, pourquoi les Américains ne souffrentils pas le blocus de la France? Certes, la France n'est pas plus bloquée par l'Angleterre que l'Angleterre ne l'est par la France; pourquoi les Américains ne souffrent-ils pas également la visite des bâtiments français? Certes, la France reconnait que ces mesures sont injustes, illégales et attentatoires à la souveraineté des peuples; mais c'est aux peuples à recourir à la force et à se prononcer

contre des choses qui les déshonorent et flétrissent leur indépendance'. »

Tandis que Napoléon reconnaissait l'injustice et l'illégalité des mesuses qu'il était obligé de prendre, et se plaignait de voir les Américains consentir au déshonneur de leur pavillon; tandis qu'il soudait la chaîne des ports fermés au commerce de l'Angleterre, le Gouvernement anglais mettait au jour un nouvel Ordre du Conseil, et revendiquait encore avec plus d'énergie la reconnaissance de ses principes si contraires à la justice et au droit; et non seulement il les exaltait, mais il colorait ses desseins d'un air d'opposition aux décrets français, alors que le simple rapprochement des dates prouve que l'attaque est toujours venue de l'autre côté de la Manche et la défense de ce côté-ci. Voici, in extenso, cet Ordre du Conseil qu'une simple analyse ne saurait faire apprécier.

Ordre du Conseil de S. M. Britannique opposé aux décrets Français, donné le 11 Novembre 1807.

Certains ordres, contenant un système de guerre sans exemple contre ce royaume, et ayant principalement pour but de ruiner son commerce et d'en faire tarir les sources, ayant été donnés depuis quelque temps par le Gouvernement français, ordres qui déciarent les Iles Britanniques en état de blocus, et qui enjoignent de prendre et de confisquer tous les vaisseaux et leurs chargements qui continueraient à faire le commerce avec les pays sous la domination de S. M.; tout commerce en marchandises anglaises étant prohibé et tous les articles appartenant à l'Angleterre ou provenant de ses colonies ou manufactures étant déclarés de bonne prise par l'ennemi ; les nations alliées avec la France ou guidées par elle ayant été sommées de mettre à exécution ces ordres, ce qu'elles ont déjà fait ou feront encore; le décret de S. M. du 7 Janvier de cette année n'ayant pas atteint le but proposé, savoir: ou d'engager l'ennemi à retirer

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ses ordres, ou d'engager les nations neutres à en obtenir la révocation; et ces ordres ayant été au contraire renouvelés avec rigueur; S. M. se voyant forcée dans ces circonstances de recourir à d'autres mesures pour soutenir et défendre ses justes droits et pour conserver cette puissance maritime qu'elle a établie et maintenue jusqu'à présent, à l'aide de la Providence, par les efforts et la valeur de son peuple, et dont la conservation n'est pas moins importante pour la sûreté et le bien-être des possessions de S. M. que pour la défense des Etats encore indépendants, le commerce en général, et pour le bien de l'humanité :

S. M., ayant pris l'avis de son Conseil, a ordonné et ordonne par la présente que tous les ports et places de France ou de ses alliés, ou de tout autre pays en guerre avec S. M. ainsi que tous les ports et places en Europe, dont le souverain, sans être en guerre avec S. M., a exclu le Pavillon britannique; et tous les ports et places dans les colonies appartenant aux ennemis de S. M. seront soumis, à compter de ce moment, relativement au commerce et à la navigation, aux mêmes restrictions que s'ils étaient étroitement bloqués par les forces de mer de S. M. Il est en outre ordonné et déclaré que le commerce en marchandises produites ou manufacturées par les dits pays et colonies sera regardé comme illégal, et que tous les vaisseaux qui trafiquent avec ces pays et colonies seront pris ainsi que leurs chargements, et déclarés de bonne prise au profit de ceux qui les auront capturés.

Cependant quoique S. M., par les considérations qu'elle vien d'énoncer, se croie parfaitement justifiée d'avoir pris un semblable système de restrictions à l'égard de tous les pays et colonies de l'ennemi, sans aucune exception, elle désire encore ne pas exposer les neutres à d'autres inconvénients que ceux qui sont indispensablement nécessaires pour mettre à exécution la juste résolution de S. M. d'obvier aux vues de ses ennemis et de faire tomber sur eux-mêmes les suites de leurs violences et de leurs injustices; S. M. espère encore qu'il sera peut-être possible et compatible avec le but proposé de fournir aux Neutres l'occasion de se pourvoir de productions des colonies pour leur propre consommation, et de laisser même subsister un commerce avec l'ennemi qui se ferait par la voie des ports de S. M. ou de ceux de ses alliés de la manière énoncée ci-après. S. M. ordonne en conséquence par la présente qu'il ne pourra être capturé ou confisqué,

Aucun vaisseau appartenant à une contrée non déclarée par le présent ordre sujette aux restrictions de l'état de blocus, lequel vaisseau ayant été chargé et expédié,

Soit d'un port ou place du pays auquel il appartient, en Europe ou en Amérique,

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