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dans ses engagements avec les Cours du Nord, par cet acte de violence commis dans la mer Baltique, qui est une mer fermée, dont la tranquillité avait été depuis longtemps, et au su du Cabinet de Saint-James, réciproquement garantie par les Puissances riveraines, ne dissimula pas son ressentiment à l'Angleterre, et la fit avertir qu'il n'y resterait pas insensible.

S. M. ne prévit pas que, lorsque l'Angleterre, ayant usé de ses forces avec succès, touchait au moment d'enlever sa proie, elle ferait un nouvel outrage au Danemark, et que S. M. devait le partager.

De nouvelles propositions furent faites, les unes plus insidieuses que les autres, qui devaient rattacher à la puissance britannique le Danemark soumis, dégradé, et comme applaudissant à ce qui venait de lui arriver.

L'Empereur prévit encore moins qu'on lui ferait l'offre de garantir cette soumission, et de répondre que cette violence n'aurait aucune suite fâcheuse pour l'Angleterre. Son Ambassadeur crut qu'il était possible de proposer au Ministère de l'Empereur que S. M. I. se chargeât de se faire l'apologiste et le soutien de ce qu'Elle avait si hautement blâmé.

L'Empereur ne donna à cette démarche du Cabinet de Saint-James d'autre attention que celle qu'elle méritait, et jugea qu'il était temps de mettre des bornes à sa modération.

Le Prince Royal de Danemark, doué d'un caractère plein d'énergie et de noblesse et, ayant reçu de la Providence une dignité d'âme analogue à la dignité de son rang, avait fait avertir l'Empereur que, justement outré de ce qui venait de se passer à Copenhague, Il n'en avait pas ratifié la Convention, et la regardait comme non avenue. Maintenant Il vient de faire instruire S. M. I. des nouvelles propositions qu'on lui a faites, et qui irritaient sa résistance au lieu de la calmer, parce qu'elles tendaient à imprimer sur ses actions le cachet de l'avilissement dont elles ne porteront jamais l'empreinte.

L'Empereur, touché de la confiance que le Prince Royal plaçait en lui, ayant considéré ses propres griefs contre l'Angleterre, ayant mûrement examiné les engagements qu'il avait avec les Puissances du Nord, engagements pris par l'Impératrice Catherine et par feu S. M. l'Empereur, tous deux de glorieuse mémoire, s'est décidé à les remplir.

S. M. I. rompt toute communication avec l'Angleterre ; Elle rappelle toute la légation qu'Elle y avait, et ne veut pas conserver près d'Elle celle de S. M. Britannique. Il n'y aura dorénavant entre les deux pays aucun rapport

L'Empereur déclare qu'il annule et pour toujours tout acte conclu précédemment entre la Grande Bretagne et la Russie, et nommément la Convention faite en 1801, le Juin.

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Il proclame de nouveau les principes de la Neutralité Armée, ce monument de la sagesse de l'Impératrice Catherine, et s'engage à ne jamais déroger à ce système.

Jl demande à l'Angleterre de satisfaire complètement Ses sujets sur toutes leurs justes réclamations de vaisseaux et de marchandises, saisis ou retenus contre la teneur expresse des traités conclus sous son propre règne.

L'Empereur prévient que rien ne sera rétabli entre la Russie et l'Angleterre que celle-ci n'ait satisfait le Danemark.

L'Empereur s'attend à ce que S. M. Britannique, au lieu de permettre à ses Ministres, comme Elle vient de le faire, de répandre de nouveau les germes de la guerre, n'écoutant que Sa propre sensibilité, se prêtera à conclure la paix avec S. M. l'Empereur des Français ce qui étendrait, pour ainsi dire, à toute la terre, les bienfaits inappréciables de la paix.

Lorsque l'Empereur sera satisfait sur tous les points qui précèdent, et nommément sur celui de la paix entre la France et l'Angleterre, sans laquelle une partie de l'Europe ne peut se promettre une véritable tranquillité, S. M. I. reprendra alors volontiers avec la GrandeBretagne des relations d'amitié que, dans l'état de juste mécontentement où l'Empereur devait être, il a peut-être conservé trop longtemps,

Fait à Saint-Pétersbourg, l'an 1807, le 26 Octobre.

l'al

A la réception de cette Déclaration l'ambassade anglaise demanda ses passeports et quitta SaintPétersbourg la guerre était décidée; tous les ports russes furent fermés aux Anglais et à leurs marchandises. Mais Lord Gower avait atteint son but liance offensive et défensive conclue à Tilsitt était dévoilée. En quel termes, il est vrai! Quel plus sanglant outrage Alexandre pouvait-il jeter à la face de l'Angleterre ! « Les peuples se battent pour vous, et vous ne vous occupez que de vos marchandises ! et vous commettez l'acte de Copenhague, « cet acte de violence dont l'histoire, si fertile en exemples, n'en offre pas un seul de pareil!» Et vous avez l'impudeur de me demander de le légitimer! Eh bien! c'est la guerre, la guerre pour ces principes

proclamés par les miens, et dont vous ne voulez pas entendre parler parce qu'ils gênent votre égoïsme! >>

En politique, il est vrai, on oublie de tels outrages, parce que les nécessités du gouvernement ne permettent pas le ressentiment des injures. Pour l'instant, du moins, cette Déclaration servait le système continental; c'était tout ce que l'on pouvait désirer.

L'Angleterre attendit deux mois avant de répondre directement à cette Déclaration; il est vrai qu'indirectement elle y répondit par quelques Ordres du Conseil. Mais nous pensons qu'il est préférable de mettre immédiatement sous les yeux la contre-Déclaration de l'Angleterre ; nous reviendrons ensuite aux évènements antérieurs du moins on aura réunies ces deux pièces si suggestives.

Déclaration du Gouvernement britannique opposée à celle de Russie, du 26 Octobre 1807.

La déclaration, publiée à Saint-Pétersbourg par S. M. l'Empereur de Toutes les Russies, a causé à S. M. la plus grande surprise et les plus vifs regrets.

S. M. n'ignorait pas la nature des engagements secrets auxquels la Russie avait été forcée de souscrire pendant les conférences de Tilsitt; mais Elle espérait qu'en jetant un nouveau coup d'œil sur les transactions de cette malheureuse négociation, et en appréciant convenablement les effets qu'elle doit produire sur la gloire du nom russe et sur les intérêts de l'Empire de Russie, S. M. I. aurait cherché à se soustraire aux nouveaux conseils et aux liaisons qu'elle avait adoptés dans un moment d'alarme et d'abattement et serait revenue à des principes politiques plus analogues à ceux qu'Elle avait invariablement professés, et plus propres à assurer l'honneur de Sa couronne et la prospérité de Ses Etats.

C'est à cet espoir qu'il faut attribuer la patience et la modération apportées par S. M. dans toutes ses relations diplomatiques avec la Cour de Saint-Pétersbourg depuis la paix de Tilsitt.

S. M. avait de fortes raisons de concevoir des soupçons et des su

jets de plaintes; mais Elle s'est abstenue de tout reproche. S. M. a cru nécessaire de demander des explications relativement à certains arrangements conclus avec la France, et dont le secret qu'on en faisait à S. M. ne pouvait que la confirmer dans les soupçons qu'Elle avait déjà conçus sur leur caractère et leur objet. S. M. n'en voulut pas moins que cette demande d'explication fût faite, non seulement sans aigreur ou sans démonstrations hostiles, mais encore qu'elle fût accompagnée d'égards pour les sentiments et la situation de l'Empereur de Russie: égards que commandait le souvenir d'une ancienne amitié et d'une confiance interrompue mais non détruite.

La déclaration de l'Empereur de Russie prouve que le but de la patience et de la modération de S. M. a été manqué; elle prouve malheureusement que l'influence de cette Puissance, également et essentiellement l'ennemie de la Grande-Bretagne et de la Russie, a pris un ascendant décidé dans les Conseil du Cabinet de Saint-Pétersbourg, et a pu exciter une inimitié sans cause entre deux nations, dont les anciennes liaisons et l'intérêt mutuel leur prescrivaient l'union et la coopération les plus intimes.

S. M. déplore vivement l'extension des calamités de la guerre ; mais forcée comme Elle l'est de se défendre contre un acte d'hostilité non provoqué, Elle désire fortement de réfuter aux yeux du monde entier les prétextes par lesquels on cherche à justifier cet

acte.

La déclaration affirme que S. M. l'Empereur de Russie a pris deux fois les armes dans une cause qui intéressait plus directement la Grande-Bretagne qu'Elle-même, et fonde sur cette assertion le reproche qu'Elle fait à l'Angleterre d'avoir négligé de seconder et d'appuyer les opérations militaires de la Russie.

S. M. rend volontiers justice aux motifs qui ont originairement engagé la Russie dans la guerre contre la France; S. M. avoue tout aussi volontiers l'intérêt que la Grande-Bretagne a toujours pris au sort et à la prospérité des Puissances du Continent; mais il serait sûrement difficile de prouver que la Grande-Bretagne, qui était ellemême en état de guerre avec la Prusse, lorsque les hostilités ont commencé entre la Prusse et la France, avait un intérêt et des obligations plus directes que l'Empereur de Russie à épouser la querelle de la Prusse, surtout lorsque l'on considère que l'Empereur de Russie était l'allié de S. M. prussienne, le protecteur du nord de l'Europe et le garant de la constitution germanique.,

Ce n'est point dans une déclaration publique que S. M. peut discuter s'il a été ou non conforme à la politique d'effectuer, à quelque époque que ce soit de la guerre, ou d'omettre d'effectuer des débarquements de troupes sur les côtes de Naples. Mais la guerre avec la Porte parait à S. M. encore plus singulièrement choisie pour appuyer

contre la Grande-Bretagne un reproche d'indifférence aux intérêts de son allié; car il est hors de doute que cette guerre a été entreprise par la Grande-Bretagne à l'instigation de la Russie, et dans le seul objet de défendre les intérêts de celle-ci contre l'influence de la France.

Si cependant la paix de Tilsitt doit être considérée comme la conséquence et la punition de l'inactivité qu'on impute à la Grande-Brctagne, S. M. ne peut que regretter que l'Empereur de Russie ait adopté si précipitamment une mesure aussi fatale, au moment où il avait reçu des assurances formelles que S. M. faisait les plus grands efforts pour remplir l'attente de son allié, assurances que S. M. I. avait reçues avec des marques apparentes de confiance et de satisfaction; et, au moment où S. M. était en effet préparée à employer, pour le but commun de la guerre, les mêmes forces qu'après la paix de Tilsitt elle s'est vue dans la nécessité d'employer pour déconcerter une combinaison dirigée contre ses propres intérêts et sa sécurité

immédiate.

La vexation du commerce russe par la Grande-Bretagne n'est guère qu'un reproche imaginaire. Après des recherches faites par ordre de S. M. dans les archives de la Cour de l'Amirauté, on n'a pu découvrir qu'un seul exemple de condamnation d'un bâtiment véritablement russe pendant le cours de la guerre actuelle, et ce bâtiment avait porté des munitions navales dans un des ports de l'ennemi commun. Il existe peu d'exemples de bâtiments russes détenus, et on ne voit, en aucun cas, que la justice ait été refusée aux parties qui se sont plaintes régulièrement d'une telle détention. S. M. est donc aussi surprise qu'affligée que l'Empereur de Russie ait condescendu à produire une plainte qui, ne pouvant être sérieusement sentie par ceux en faveur de qui elle est alléguée, pourrait paraître destinée à appuyer les déclamations exagérées par le moyen desquelles la France a toujours cherché à exciter la jalousie des autres pays, et à justifier sa haine invétérée contre la Grande-Bretagne.

La paix de Tilsitt a été suivie, de la part de l'Empereur de Russie, de l'offre de sa médiation pour la conclusion de la paix entre la Grande-Bretagne et la France, médiation qu'on affirme avoir été refusée par S. M.

S. M. n'a point refusé la médiation de l'Empereur de Russie, quoique cette offre fut accompagnée de circonstances qui auraient pu justifier son refus. Les articles du traité de Tilsitt ne furent point communiqués; la médiation était proposée, et qui prescrivait un temps limité pour le retour de la réponse de S. M. à cette proposition: cependant la réponse de S. M. ne fut pas un refus; elle ne fut qu'une acceptation conditionnelle. Les conditions requises par S. M. furent une exposition des bases sur lesquelles l'ennemi était disposé

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