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indestructibles dans leur essence ne sollicitent que le concours des gouvernements intéressés à leur maintien pour les faire respecter.

Ces Conventions défendaient la contrebande, la définissaient; établissaient à nouveau les principes de la liberté du commerce neutre en ajoutant, quant au blocus,

que tout bâtiment navignant vers un port bloqué ne pourra être regardé d'avoir contrevenu à la présente Convention que, lorsqu'après avoir été averti par le Commandant du blocus de l'état du port, il tâchera d'y pénétrer en employant la force cu la ruse ;

et quant aux navires convoyés

que la déclaration de l'officier que son convoi n'a à bord aucune contrebande doit suffire pour qu'il n'y ait lieu à aucune visite sur son bord ni sur celui des bâtiments de son convoi.

Les quatre Puissances décidaient d'armer pour protéger leur liberté, se promettaient de s'assister mutuellement, de chercher en même temps et ensemble les satisfactions nécessaires en cas d'abus, de faire cause commune, d'appliquer les mêmes principes et les mêmes mesures en cas de guerres futures, et d'ouvrir leurs rangs aux autres Neutres qui voudraient entrer dans l'alliance.

L'Angleterre, informée de ce qui se passait, ne tarda pas à demander à la Cour de Copenhague des explications sur la nature de ces négociations, et lui exposa le point de vue sous lequel elle crut devoir les considérer. Dans sa note au Comte de Bernstorff, du 27 décembre, M. Drummont lui disait:

Dans toutes les Cours d'Europe l'on parle ouvertement d'une Confédération entre le Danemarck et quelques autres puissances pour s'opposer par la force à l'exercice de ces principes de Droit maritime sur lesquels repose en grande partie la puissance navale de l'Empire britannique.

Le Comte de Bernstorff ne nia pas, avoua la négociation, reconnut que le Danemark

loin d'avoir jamais abandonné les principes professés en 1780

les revendiquait, et qu'il n'avait apporté dans cette négociation que

des vues absolument défensives, pacifiques et incapables d'offenser ou de provoquer personne.

Il avoua enfin ne pas comprendre

sous quel rapport on pourrait faire envisager l'engagement pris par la Convention du 29 Août comme contraire à ceux que le Danemark allait prendre avec les Puissances neutres et réunies du Nord.

Cette réponse renfermant l'aveu d'un traité que les Puissances du Nord étaient sur le point de ratifier, le Ministère anglais qui, le 17 Décembre 1800, avait déjà ordonné la course sur les bâtiments russes, se décida, le 14 Janvier 1801, à prononcer un embargo général, non seulement contre les vaisseaux de la Russie, mais aussi contre ceux du Danemark et de la Suède; et Lord Grenville, alors Ministre des Affaires étrangères, dans une note remise aux Ambassadeurs de ces deux Puissances, le 15 Janvier, protestait contre cette nouvelle Ligue des Neutres et leur disait :

On sait assez dans quelle vue hostile on tenta en 1780 d'établir un nouveau Code des Droits maritimes et de soutenir par la force un système d'innovations nuisibles aux plus chers intérêts de l'Empire britannique. L'admission de ces principes, si elle devait jamais avoir lieu, tarirait infailliblement une des principales sources de sa force et de sa sûreté.

On remarquera que le Cabinet britannique, dans sa proclamation d'embargo, n'avait pas nommé les vaisseaux prussiens. Il espérait, par cette marque de bienveillance, détacher la Prusse de l'union des Puissances du Nord. Lord Carysford s'y employa activement tout en protestant dans sa note du 27 Janvier que

S. M. Britannique ne se soumettrait jamais à des prétentions in

conciliables avec les vrais principes du Droit des gens et attentatoires aux bases de la grandeur et de la sécurité maritime de son Empire.

Le 1er Février, il apprit à la Cour de Prusse que les relations étaient rompues entre la Russie et la Grande-Bretagne, et, sans réclamer les secours prévus par un traité d'alliance déjà ancien, marqua qu'il y avait là un casus fæderis. Mise en demeure, la Cour de Berlin fit connaître, le 12 Février, qu'elle avait accédé à la Convention des Puissances du Nord, et le Comte d'Haugwitz, en notifiant cette accession, la légitimait dans les termes suivants :

La conduite arbitraire de l'Angleterre dans cette occasion s'explique naturellement par les prétentions qu'elle a élevées depuis si longtemps et qu'elle reproduit encore aux dépens de toutes les puissances maritimes et commerçantes.

Le gouvernement britannique s'est arrogé dans la guerre présente, plus que dans toutes les précédentes, la suprématie des mers, et, en se formant à son gré un Code naval qui serait difficile à concilier avec les vrais principes du Droit des gens, il exerce sur les autres nations amies et neutres une juridiction usurpée dont il soutient la légitimité et qu'il veut faire passer pour un droit imprescriptible.

Le Comte d'Haugwitz demandait la révocation de l'embargo mis sur les navires danois et suédois.

Le 4 Mars, la Suède notifiait à son tour son accession à la Ligue, et le Baron d'Ehrenswärd faisait ressortir qu'en 1780 l'Angleterre n'avait pas vu dans les préparatifs de la Neutralité Armée un acte d'hostilité, tandis qu'à l'époque actuelle elle avait une autre manière de voir. Quel était le motif de cette différence ? Il était facile de l'indiquer:

Le Gouvernement britannique, qui a tant de fois voulu convaincre l'Europe de ses dispositions pacifiques, veut maintenant commencer une guerre d'asservissement des mers après s'être tant vanté de l'avoir faite pour la liberté de l'Europe.

Loin de ramener l'Angleterre à une vue plus juste.

des principes, ces protestations indignées semblent n'avoir eu pour résultat que d'exciter sa violence et sa haine.

Les plaintes que le Danemark élevait au sujet de l'embargo, contre lequel il n'usa pas dabord de représailles, furent accompagnées d'autres griefs motivés par la conduite des vaisseaux de guerre et armateurs anglais sur les côtes de Norwège, griefs exposés dans deux notes des 4 et 8 Mars de M. de Vedel-Iarlsberg à Lord Hawkesbury.

En effet, la frégate anglaise Squirrel, Capitaine Hamstead, avait attaqué, le 5 Février, dans le port d'Oster-Risær, en Norwège, et saisi les navires suédois Freden, Erborheten, Telemak, Sex-Södskende; et, non content de cet acte de piraterie, le Capitaine anglais était descendu à terre, et, à main armée, s'était emparé de pilotes pour conduire les navires suédois.

Quelques jours après, le 8 Février, la chaloupe du cutter Achilles, Capitaine Barnett, pénétrait dans le port d'Egwaag et y enlevait un bâtiment français, et les marins de ce cutter, descendus à terre à Skioldneefs, tiraient sur une barque montée par des gens paisibles et tuaient une personne. Aux réclamations si justifiées du Danemark contre de tels actes de banditisme, Lord Hawkesbury offrit, le 19 Mars, des marques d'improbation contre les deux navires anglais, mais, quant à la restitution des navires détenus, il répondit que S. M. Britannique ne voulait entrer dans aucune explication sur ce point mais s'en rapporterait à ses tribunaux

si la mésintelligence actuelle était amiablement ajustée.

Le 23 Mars, il ajoutait avec cynisme :

Jusqu'à ce qu'on ait eu recours aux tribunaux, le Gouvernement britannique ayant désavoué le fait, ne peut être responsable, suivant le Droit des gens, des dommages essuyés.

Cependant, après une nouvelle note danoise du 24 Mars, le jour même, les navires capturés étaient rendus.

Cette promptitude que mettait la Cour de Londres à donner satisfaction au Danemark ne pouvait point cependant dissiper les nuages qui menaçaient le Nord de l'Europe d'un violent orage.

Il éclata peu de jours après.

Paul Ier, qui sollicitait depuis deux mois la Prusse et le Danemark d'agir avec vigueur, leur demanda d'une façon formelle de faire entrer immédiatement leurs troupes dans les possessions allemandes du Roi d'Angleterre, et de fermer au commerce anglais les embouchures de l'Ems, de l'Elbe et du Weser.

Le Gouvernement danois, alors en discussion au sujet des incidents de Norwège, donna des ordres pour l'occupation de Hambourg. La satisfaction qui lui fut donnée n'arrêta pas le Prince de Hesse qui, le 29 Mars, entra à Hambourg après avoir, dans une proclamation datée de Pinneberg le 28 Mars, déclaré que cette occupation devait être considérée. comme représailles des mesures

aussi arbitraires que violentes prises par le Gouvernement anglais au mépris de tous les principes du Droit des gens.

Le Prince fit ensuite ôter les balises de l'Elbe et éteindre le fanal d'Héligoland, tandis qu'un embargo était mis sur les navires anglais.

De son côté, le Gouvernement prussien, que le Czar avait menacé d'envoyer des troupes russes dans l'Electorat de Hanovre, faisait occuper l'Electorat, le 4 Avril, mais colorait son occupation aux yeux

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