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Crediderint genus esse cibi. Quid diceret ergo,

Vel quo non fugeret, si nunc hæc monstra videret
Pythagoras, cunctis animalibus abstinuit qui

Tanquam homine, et ventri indulsit non omne legumen?

moin de ces horreurs, que dirait Pythagore? où ne fuirait-il pas? lui qui s'abstint de la chair des animaux aussi religieusement que de la chair humaine, et ne se permit pas même toute espèce de légume 4o !

NOTES

SUR LA SATIRE XV.

ARGUMENT

I. rgument. Nous devons cette satire à un trait de fanatisme dont Juvénal fut témoin pendant son séjour dans la Pentapole. D'abord il expose la superstition des Égyptiens qui adoraient des animaux et des ognons: ensuite il raconte la scène horrible dans laquelle un habitant de Coptos fut dévoré par les Tentyrites: enfin, il réclame les droits de la pitié.

Il paraît que Juvénal avait terminé son ouvrage par la satire de l'exemple; et certes il n'était pas possible de le mieux couronner. Mais son exil dans la Pentapole d'Égypte acheva de lui dévoiler l'affreux caractère de la superstition qu'il détestait, et qu'il avait déjà combattue. (Voyez sat. 6, vers 511; et sat. 14, vers 96.) Il ne l'avait d'abord considérée que du côté de l'imposture et de l'abrutissement des esprits. Quand il en vit sortir, sur les bords du Nil, le sanglant fanatisme, quand il vit un homme dévoré par d'autres hommes, et cela parce que deux cités rivales n'adoraient pas les mêmes dieux, malgré son grand âge et la mort qui s'approchait, il se crut comptable à la postérité de la fatale expérience qu'il venait d'acquérir. C'est à cette circonstance fortuite que nous devons cette dernière satire, l'une des plus estimées, depuis la renaissance des lettres, par les philosophes de toutes les

sectes.

Je ne la mettrai pas au rang de celles dont le style et la poésie ne laissent rien à désirer : l'imagination et l'oreille ne sauraient être les mêmes à plus de quatre-vingts ans. Si la marche en est moins rapide, le vers moins saillant, on en est dédommagé par la profondeur des pensées, la vérité des images, surtout par

cette precieuse sensibilité, presque toujours compagne du génie, et que l'on a vue plus d'une fois y suppléer. Voyez le tableau de la pitié, vers 131.

Je l'ai déjà dit, le fragment mis à la fin de ce volume ne me paraît pas de Juvénal; ainsi ma tâche est achevée. Mais ai-je tenu parole? ai-je en effet prouvé que les satires dont il s'agit ont plus d'ensemble et d'unité d'intention qu'on ne l'avait encore soupçonné? ai-je, par des considérations nouvelles, suffisamment motivé mes diverses assertions? Dût-on en rejeter les preuves, comme insuffisantes et purement idéales; dût-on me taxer de trop d'enthousiasme, malgré mes observations critiques et l'impartialité que l'on a dû remarquer dans le discours préliminaire et dans les notes, je n'en ferai pas moins un dernier aveu plus hardi que les autres, et qui tiendra lieu de résultat.

Pour mieux expliquer mes pensées, je compare les Satires de Juvénal, quels qu'en soient l'ordre et les sujets, aux scènes d'un long drame où tout se tient par des anneaux, il est vrai trèsdéliés, mais dont on retrouve enfin l'intention primitive et la chaîne contiguë, quand on a la patience de les chercher dans le caractère de l'auteur et les mœurs de son temps. Ce drame, tel que je le conçois, je l'appellerais volontiers drame de la vie humaine, parce que, soit en bien, soit en mal, il en offre tous les exemples, toutes les vicissitudes, parce qu'on y reconnaît les principales causes de la prospérité des empires et de leur décadence périodique. D'ailleurs, les vertus et les vices domestiques y sont si bien mis en action, que les citoyens, quels qu'ils soient, s'ils ne veulent écouter que la raison, peuvent se décider, et n'ont plus qu'à choisir.

Si je n'ai rien avancé que d'après ma propre conviction et sur de bons garans, je demande à présent ce que l'on doit penser de l'esprit et du cœur de Juvénal. Qui peut nier que l'un n'ait été aussi fort que l'autre était sensible, mais, comme Hercule, d'une sensibilité virile? Qui ne conviendra pas, soit qu'il approuve ou qu'il blâme, de la justesse de son tact moral, telle qu'à ces deux égards, on ne saurait lui reprocher une seule erreur, une seule méprise? Qu'on ne me parle point ici de quelques ironies hyperboliques si vainement objectées contre lui j'ai prouvé qu'elles

ne servent, en dernière analyse, qu'à confirmer l'opinion que l'on doit avoir et de la pureté de ses motifs, et de sa constante aversion pour tout ce qui blessait les mœurs ou contrariait le vœu de la nature.

Puisse donc la lecture de Juvénal devenir plus familière à ceux qui cultivent les lettres! leurs ouvrages s'en ressentiraient, le caractère national y gagnerait.

2. Volusius, v. 1. Le texte dit Volusius de Bithynie. Cet ami de Juvénal n'est pas autrement connu.

J. P.

3. Ceux-ci adorent le crocodile, etc., v. 2. Hérodote, in Euterpe, dit qu'on adorait les crocodiles dans le district de Thèbes, et qu'on les mangeait dans celui d'Éléphantine. Outre les animaux et les légumes dont va parler Juvénal, on rendait encore des honneurs divins aux faucons, aux hippopotames, aux boucs, aux taureaux, aux vaches; et suivant Porphyre, de Abstinentia, on adorait un homme dans la ville d'Anubis, on lui offrait des sacrifices et de l'encens. Les anciens affirment que ce culte était purement symbolique. Plutarque, de Iside et Osiride, dit que dans les cérémonies sacrées des Égyptiens il n'y avait rien de déraisonnable, comme quelques-uns se l'imaginent, mais qu'elles étaient fondées sur des motifs utiles, et que plusieurs de ces cérémonies renfermaient des vérités morales, historiques et physiques. Cicéron dit aussi, de Natura Deorum, lib. 1, que les Égyptiens, qui paraissaient si ridicules, n'avaient consacré aucun animal qu'en vertu de l'utilité que l'on en retirait : Ipsi illi, qui irridentur, Egypti, nullam belluam nisi ob aliquam utilitatem quam ex ea caperent consecraverunt.

4. Ceux-là tremblent à la vue d'un ibis engraissé de serpens, v. 3. L'ibis est un oiseau d'Egypte, blanc ou noir, comme le dit Hérodote, et qui ressemble beaucoup à la cigogne. Le même auteur (lib. 11) ajoute que l'ibis délivre ce pays de serpens ailés qui viennent y fondre au commencement du printemps, et que c'est la cause du culte qu'on lui rend. Cicéron et Pline (lib. x, cap. 28) confirment le témoignage d'Hérodote : Invocant et Ægyptii ibes suas contra serpentium adventum.

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