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de ce pas difficile où l'imprudence l'avait jetée? Il suffisait en effet de traverser la ville au galop, et d'aller prendre position sur les hauteurs qui dominent la vallée de Belle-Croix; car, d'après toutes les données, il était probable que l'ennemi n'avait pas encore d'infanterie dans Sézanne; il s'agissait donc d'une surprise où les plus hardis devaient nécessairement l'emporter.

Cet avis prévalut, mais la lenteur mise aux dispositions d'attaque, donna le temps aux Prussiens de préparer la défense, et les dragons furent vigoureusement reçus à leur première charge. Le jour découvrant enfin le millier de chevaux qui barrait le passage, leur rendit un peu de confiance. On les fit d'abord canonner en front par une batterie légère, et charger ensuite sur la gauche dans le vallon de Belle-Croix. Quoique ces charges ne fussent pas poussées à fond, elles déterminèrent les Prussiens à se retirer sur la route de La Ferté à droite du Morin. Durant cet engagement de cavalerie, le général Christiani traversa la ville au pas redoublé, et alla s'établir sur la hauteur, à l'embranchement des routes de La Ferté et de Coulommiers.

Le combat cessa vers 9 heures du matin. La cavalerie, après avoir tourné Sézanne de la droite à la gauche, rejoignit la grande route vis-à-vis la tuilerie, et forma l'arrière-garde avec une batterie légère. L'ennemi perdit, dans cet engage

Combat de

Sézanne.

ment, environ 200 hommes, dont 60 prisonniers.

L'armée suivit la route de Coulommiers jusqu'à Esternay; ensuite prenant à droite la traverse, elle se porta, par Réveillon, sur La Ferté-Gaucher, en vue de suivre les traces du général Compans, sur lequel on conçut les plus vives inquiétudes. On fit à Moeure une halte de 4 heures, dont les troupes avaient besoin à la vérité, et néanmoins dangereuse, puisqu'on était poursuivi par un ennemi auquel on se trouvait hors d'état de résister. La cavalerie prussienne n'inquiéta pas l'arrière-garde et suivit le chemin de La Ferté qui longe la droite du Grand-Morin; mais le prince royal de Wurtemberg, à la tête de l'avant-garde de la grande armée, étant arrivé à Sézanne trois heures après le départ des Français, se mit aussitôt à leur poursuite sur la route directe de La Ferté-Gaucher.

Cependant le général Compans, échappé aux dangers qui le menaçaient, s'était retiré en arrière de Réveillon d'où, le 26 au point du jour, il avait continué sa marche sur La Ferté-Gaucher. A peine établies, ses troupes furent attaquées par l'avant-garde du général Yorck qui, à dessein de couper la retraite aux corps battus la veille, s'était mis en mouvement le matin de Montmirail sur La Ferté, suivi de celui de Kleist. Contraint alors de les replier en toute hâte, il les

dirigea sur Coulommiers. C'eût été un grand bonheur pour les Maréchaux, que les Prussiens eussent continué à poursuivre ce général; mais ils ne prirent pas le change, et jugeant avec sagacité que le gros de l'armée française ne pouvait être déjà passé, ils s'établirent solidement à La Ferté-Gaucher, sur les deux rives du Grand-Morin, et se contentèrent de faire donner la chasse à la division Compans par le général Horn, avec quelques escadrons et sa brigade d'infanterie.

Ne se voyant d'abord suivi que par de la cavalerie légère, le général français crut pouvoir s'arrêter à Chailly, position assez avantageuse; mais sa troupe était tellement démoralisée, que la brigade prussienne l'ayant attaquée vers deux heures, la culbuta, lui prit 300 hommes et la rejeta en désordre sur Coulommiers, où le général Vincent, attiré par le son du tocsin, s'était rendu dans la nuit, et avait rallié un millier de fuyards de toutes armes de l'armée des Maréchaux.

Ce renfort inespéré mit le général Compans à même de rétablir l'ordre dans sa division, et d'aller prendre position sur les hauteurs de Montanglaust, au-delà de Coulommiers, où il passa la nuit après avoir fait voler tous les ponts du Grand-Morin.

De leur côté les Maréchaux ignorant le ort

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Combat de

Chailly.

de cette division, se remirent en marche, à une Combats de heure sur La Ferté-Gaucher; et lorsque le duc de de Trévise descendit, vers 4 heures, de Moutis

La Ferté Gau

cher et Moutis.

sur La Ferté, il trouva la brigade du prince GuilJaume de Prusse établie sur les hauteurs de la rive gauche du Petit-Morin, en avant de la ville.

Si l'armée française n'avait pas fait une si longue halte le matin, il est vraisemblable qu'elle eût prévenu les Prussiens à ce passage important, et qu'elle eût évité le combat. Après quelques manoeuvres soutenues par intervalles d'une canonnade réciproque, le prince Guillaume qui n'avait point encore été rejoint par le corps du général Kleist et les réserves d'artillerie craignant d'être forcé, laissa un rideau de tirailleurs en avant de la ville, pour tenir en échec la gauche de son adversaire, jeta trois bataillons dans La Ferté, et se mit en bataille en arrière avec le reste de sa division.

Cependant l'infanterie de la garde descendit par la chaussée jusqu'à la Maison-Dieu par où elle voulait pénétrer. La Ferté-Gaucher est le point de réunion des routes qui, de Sézanne, longent les rives du Morin. Depuis là jusqu'à Coulommiers, comme on l'a vu au chapitre VIII, la seule chaussée qui se dirige sur Paris, cotoie la rive droite de cette rivière. Il n'y a, de cette

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ville à Château-Thierry, vers le nord de même qu'au midi jusqu'à Provins, que des traverses impraticables. Il était donc indispensable de s'en emparer; mais sa situation ne rendait pas cette entreprise facile. La ville est au fond d'un vallon étroit où le Morin baigne la partie méridionale de son enceinte. Les collines qui forment le bassin de cette rivière, sont très - élevées, particulièrement celles de la rive droite qui commandent en cet endroit celles de la rive opposée. Ajoutez à cela qu'à 600 mètres de la ville, la chaussée de la rive gauche est tracée sur le revers septentrional d'une colline, et qu'elle forme, par ses sinuosités, une espèce de tranchée susceptible d'être défendue pied à pied.

Dès que les Prussiens aperçurent la tête de la colonne française, ils firent jouer sur elle leur artillerie qui l'arrêta tout court, parce qu'on n'avait pas assez de pièces pour lui répondre. Le duc de Trévise, après avoir reconnu la position, ordonna une attaque de vive force sur la chaussée, pendant qu'une division chercherait à s'introduire dans la ville en suivant le cours de la rivière. On fut ramené des deux côtés, et les approches de la nuit faisant craindre au duc de Trévise de ne pouvoir sortir de jour de cette fausse position, il se décida à se retirer sur le plateau de Chartronge, par la gorge qui le sépare de celui de Lécherolles.

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