EXTRAIT DU PROJET DE PAIX PERPÉTUELLE DE M. L'ABBÉ DE SAINT-PIERRE. Tunc genus humanum positis sibi consulat armis, LUCAIN. LETTRE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU A M. DE BASTIDE. A Montmorency, le 5 décembre 1760. J'AUROIS voulu, monsieur, pouvoir répondre à l'honnêteté de vos sollicitations, en concourant plus utilement à votre entreprise : mais vous savez ma résolution; et, faute de mieux je suis réduit, pour vous complaire, à tirer de més anciens barbouillages le merceau ci-jcint, comme le moins indigne des regards du public. Il y a six ans que M. le comte de Saint-Pierre m'ayant confié les manuscrits de feu M. l'abbé son oncle, j'avois commencé d'abréger ses écrits, afin de les rendre plus commodes à lire, et que ce qu'ils ont d'utile fût plus connu. Mon dessein étoit de publier cet abrégé en deux volumes, l'un desquels eût contenu les extraits des ouvrages, et l'autre un jugement raisonné sur chaque projet : mais, après quelque essai de ce travail, je vis qu'il ne m'étoit pas propre, et que je n'y réussirois point. J'abandonnai donc ce dessein, après l'avoir seulement exécuté sur la Paix perpétuelle et sur le la Polysynodie. Je vous envoie, monsieur, premier de ces extraits, comme un sujet inau-. gural pour vous qui aimez la paix, et dont les écrits la respirent. Puissions-nous la voir bientôt rétablie entre les puissances! car entre les auteurs on ne l'a jamais vue, et ce n'est pas aujourd'hui qu'on doit l'espérer. Je vous salue, monsieur, de tout mon cœur. C ROUSSEAU. |