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Maubeuge, Landrecies, Avesne, Rocroi; Givet avec Charlemont; Mezières, Sedan, Montmédy, Thionville, Longwy, Bitche, et la tête - de pont du Fort-Louis. Une armée combinée d'occupation de cent cinquante mille hommes s'appuyant sur ces places frontières, et commandée en chef par le duc de Wellington, resta comme une garantie pour la sécurité de l'Europe et pour la sûreté intérieure de laFrance; car ce grand acte de la puissance européenne fut explicitement dirigé « contre le système » révolutionnaire reproduit pour faire réussir le » dernier attentat de Napoléon Buonaparte (1).»

Les alliés laissoient au roi cinq années pour consolider son gouvernement. Enfin, la totalité des engagemens que fut obligée de contracter la France, y compris l'entretien des troupes étrangères, s'éleva à quatre-vingt millions de livres sterling (2).

Tel fut le second traité de Paris, ou du 20 novembre. Qu'il nous suffise de le rapporter comme le résultat d'une calamité nationale; il seroit d'ailleurs difficile de parler d'une tran

(1) Voyez le préambule du traité du 20 novembre.

(2) Selon le discours prononcé par lord Castlereagh, à la séance de la chambre des communes, le 20 novembre 1816.

saction si récente avec toute la liberté de l'histoire. Rien de plus noble, de plus touchant que le discours prononcé avec une vive émotion par le président du conseil, en donnant communication de ce grand acte d'infortune à l'assemblée où siégeoit l'élite du peuple français: ce discours fut entendu avec une profonde tristesse, mais avec une dignité solennelle (1).

Qu'on ne perde pas de vue quel étoit l'état du royaume au moment où les ministres qui ont signé ce traité répondoient à l'appel et à la confiance du Roi. Onze cent quarante mille étrangers occupoient nos villes et nos campagnes. L'appréhension d'un démembrement nous faisoit frémir. Huit mois de désordres, d'alarmes et de calamités avoient effrayé l'Europe, et désolé la France. Ne pouvant en détourner tous les effets, les ministres du roi eurent pour unique but le maintien de la dignité nationale; ils pensèrent que cette dignité consistoit à supporter des maux inévitables avec constance et résignation.

Si la guerre a déplacé la prépondérance, les Français n'ont fléchi que devant l'Europe entière, et ils ne sauroient en être humiliés. Dans les précautions mêmes que prennent les

(1) A la séance du 25 novembre 1815.

étrangers à notre égard, ils prouvent assez qu'ils redoutent notre courage. Ce courage exalté a troublé le repos de l'Europe; il a,mis la civilisation en péril. C'est contre lui que l'Europe entière se prémunit. Les conditions étant fixées, il faut se taire, et les remplir; il faut racheter notre territoire; il faut reconquérir l'estime de l'Univers en supportant l'adversité avec grandeur. Rentrons franchement dans l'ordre social; ne contrarions pas ce désir universel de repos et de concorde, et forçons l'Europe à la confiance. Tant d'années de triomphes n'ont que trop révélés tous les dangers de l'abus du pouvoir et de la force armée délibérante. Grâce au retour du monarque légitime, l'empire des baïonnettes a cessé. L'un des plus grands bienfaits du retour des Bourbons a été de nous arracher aux armées qui disposoient du trône. La Providence auroit-elle voulu accomplir ce résultat extraordinaire par des voies qui ne l'étoient pas moins? Reconnoissons la main du Tout-Puissant qui nous a fait passer avec la rapidité du vol de l'aigle par-dessus l'expérience des siècles. Puisse-t-il nous rendre la marche régulière des saisons, et détourner de nous les maux qui affligent l'espèce humaine. Puisse cette dernière leçon du malheur ap

prendre enfin à ceux qu'offensoit la légitimité, que la France sauvée deux fois par son Roi, ne peut réparer ses désastres, ni conserver son repos, et surtout son indépendance, que sous la protection de l'autorité légitime. Rallionsnous donc à cette famille auguste, non-seulement la plus illustre du Monde, mais encore la plus douce et la plus paternelle qui fut jamais; à cette famille toute française et toute chrétienne. Songeons que l'amour du Roi et celui de la royauté sont nécessaires au salut du peuple et au maintien de l'ordre public. Songeons que ce Roi nous a lui-même accordé le bienfait de l'union légale de la royauté et de la liberté; portons nos vœux, notre reconnoissance, notre respect vers celui qui nous a rendu tous les sacrifices possibles par ces paroles touchantes : « Roi d'un autre pays, j'aurois pu » perdre l'espérance; mais le Roi de France ne » désespère jamais avec les Français ; qu'ils ne » fassent qu'un faisceau, et nos malheurs se >> répareront. >>

FIN.

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