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fauteurs et exécuteurs des violences exercées contre lui et contre le Saint-Siége. Il y récapituloit tous les griefs et les attentats dont il avoit à se plaindre, et s'abstenoit seulement de nommer ni l'auteur de tous ses maux ni aucun individu. On ne lui sut point gré de cette retenue. Un homme qui affectoit de se moquer de l'excommunication, parut outré qu'on en eût porté une contre lui; lui qui, depuis dix-huit mois, tenoit le chef de l'Eglise captif, s'emparoit de son autorité, frappoit et dispersoit ses conseillers et ses serviteurs, s'indigna que sa victime eût osé appeler à son secours ses armes naturelles. Pendant long-temps il en fit le sujet de ses plaisanteries amères et insultantes, et il ne tarda pas à en tirer une vengeance éclatante.

Tous les détails que nous venons de donner sont tirés des pièces officielles qui se trouvent dans le volume que nous annonçons. Ils sont, par conséquent, authentiques et certains. Dans un autre article, nous raconterons l'enlèvement du Pape et son voyage à Savone, et nous parlerons de la Correspondance et des pièces intéressantes qu'elle renferme.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

Le 31 mars, jour de l'arrivée du souverain Pontife à Bologne, le roi de Naples, qui se trouvoit dans cette ville, alla faire visite à S. S., qui la lui rendit quelques instans

après. Le 4 avril, le prince adressa au saint Père la lettre suivante :

« Très-saint Père, je me suis réjoui, avec tous les fidèles, du retour de V. S. en Italie, et j'ai ordonné des prières publiques dans toutes les églises de mon royaume, ainsi que dans toutes celles des pays occupés par mon armée, pour en rendre grâces au Très-Haut.

» Mon désir est de voir bientôt le chef de l'Eglise reprendre, dans la capitale de la chrétienté, et ses honneurs, et l'exercice d'un pouvoir si nécessaire au bonheur du monde.

» Le sort des armes m'ayant rendu maître des Etats que vous possédiez lorsque vous fûtes forcé de quitter Rome, je ne balance pas à les remettre sous votre autorité, renonçant en votre faveur à tous mes droits de conquête sur ces pays.

>> Si je connoissois moins les sentimens des souverains dont je suis l'allié, à l'égard de V. S., je croirois devoir attendre qu'ils les eussent exprimés, pour la rétablir dans son gouvernement, ayant la ferme volonté de ne rien faire qui ne soit conforme à leurs vues; mais ne pouvant pas révoquer en doute les intentions de ces princes magnanimes, dans une circonstance si mémorable, j'aime les accomplir avec un empressement qui puisse être aux yeux de l'Europe la preuve de ma profonde vénération pour le Saint-Siége, ainsi que de mes sentimens particuliers pour un souverain Pontife, si digne, par ses éminentes vertus, du haut rang où la Providence l'a placé.

» Afin

que la remise de vos Etats, dont le gouvernement françois avoit formé les deux départemens de Rome et du Trasimene, s'exécute avec l'ordre et la solennité convenables, je prie V. S. de me faire connoître à quelle époque, et par quels actes elle veut en prendre possession. Aussitôt que je serai instruit de vos déterminations, très-saint Père, mon chambellan, le marquis de Montrone, qui aura l'honneur de vous présenter ma lettre, recevra l'autorisation de se concerter pour tous les arrangemens à prendre avec la personne que V. S. voudra bien désigner. J'adopterai avec plaisir toutes les mesures qui auront pour objet, ou l'avantage du SaintSiége, ou la satisfaction personnelle de V. S. : je me flatte que de son côté elle voudra bien accueillir toutes celles qui seront jugées nécessaires; que le gouvernement provisoire établi par moi à Rome y cesse ses fonctions avec dignité. Les

fonctionnaires qui le composent ont droit à des égards particuliers par le zèle qu'ils ont mis à faire le bien.

>> Je recommande aux bontés de V. S. tous les sujets romains qui ont secondé l'administration napolitaine. Je lui recommande surtout ceux à qui j'ai accordé des distinctions particulières. Ils ne les ont obtenues que par des talens renommés et des sentimens honorables, ou par des services qui intéressoient V. S. plus encore que mon gouvernement.

» Sur ce, nous prions Dieu qu'il vous conserve, très-saint Pere, pendant de longues années, au régime du gouvernement de notre mère, la sainte Eglise ».

Bologne, 4 avril 1814.

Votre dévoué fils,

Signé, JOACHIM-NAPOLÉON.

C'est le 11 mars que le château Saint-Ange, à Rome, a été évacué par le corps françois aux ordres du général Miollis. Le 21 mars, anniversaire du couronnement de Pie VII, la ville de Rome a été illuminée de la manière la plus brillante.

-M. l'évêque de Metz, nommé à l'archevêché d'Aix, s'est empressé de reprendre, par lui-même, l'administration du diocèse de Metz. Il a écrit, le 14 de ce mois, au chapitre métropolitain d'Aix, qu'il cessoit, dès ce jour, de remplir les fonctions d'administrateur capitulaire de ce diocèse.

-M. Hyacinthe de la Tour, archevêque de Turin, vient de mourir, le 8 avril, dans cette ville, à l'âge de 67 ans. Ce prélat, né à Saluces, en 1747, étoit d'abord entré dans l'ordre des Servites, où il se distingua par ses connoissances et ses talens. Il étoit versé dans la littérature italienne, et n'étoit point étranger à la nôtre. Promu à l'épiscopat, il fut successivement archevêque de Sassari, en Sardaigne, évêque d'Acqui et archevêque de Turin. Placé dans ce dernier poste dans des temps difficiles, il sut néanmoins opérer autant de bien qu'il étoit possible. Il étoit prudent, éclairé, et joignoit les vertus d'un évêque aux qualités de l'administrateur et aux talens de l'homme de lettres. Il a été inhumé sans pompe, comme il l'avoit demandé:

- M. l'abbé Camus, ancien grand-vicaire de Meaux, qui avoit été nommé à l'évêché d'Aix-la-Chapelle, vient de mourir à Paris des suites d'une longue maladie.

-L'église de Paris vient également de faire une perte en

la personne de M. Jean-Honoré Maurel, prêtre respectable, second vicaire de la paroisse Saint-Eustache. Ses funérailles ont eu lieu, le jeudi 28 avril : la cérémonie s'est faite par curé. Tout le clergé de cette paroisse y a assisté.

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M.le

Un traité, du 23 avril, entre les puissances alliées et MoxSTEUR, comme lieutenant-général du royaume, contient plusieurs dispositions importantes. Il est trop étendu pour que nous l'insérions ici tout entier. Nous n'en donnerons que la substance. Les parties contractantes y montrent la ferme résolution d'asseoir la paix de l'Europe sur des bases solides et durables. Dès ce moment toute hostilité cessera. La France paroît revenir aux limites qu'elle avoit au commencement de 1792; du moins les places non comprises dans ces limites seront rendues aux alliés. Les personnes sages ne pourront qu'applaudir à des arrangemens qui nous présagent le repos dont nous avons besoin. Nous devons être guéris de la manie des conquêtes, et l'ambition nous a coûté assez cher pour que nous renoncions sans regret à des envahissemens ruineux, et

ont été et seroient peut-être encore pour nous une source de querelles. Le reste du traité porte sur des articles de détail qui montrent la bonné foi et la loyauté avec lesquels on traite de part et d'autre.

-De toutes les provinces on envoie des actes d'adhésion aux grands événemens qui ont changé si heureusement la face de la France. Les autorités civiles s'empressent d'applaudir à la chute d'un gouvernement qui nous menaçoit de faire de la France un désert. Les militaires, généraux, officiers et soldats, s'unissent à la cause commune. Ils ne peuvent qu'abandonner les intérêts d'un homme, qui, pour prix de leur dévouement, les fatiguoit de combats sans cesse renaissans, les menoit à une mort certaine, ne s'embarrassoit plus ni de les payer, ni de les nourrir, et qui vient d'ailleurs de se déshonorer à leurs yeux par la facilité avec laquelle il est descendu de son trône usurpé. Cette fin ignoble a détrompé ses partisans; ils sont honteux de s'être attachés à un homme qui n'a pas su mourir, et qui, coutre l'ordinaire des tyrans, va être jugé de son vivant; à un homme qui n'a pas montré l'ombre de la sensibilité, et qui n'a pas eu un moment d'attendrissement. On diroit qu'il a craint de nous laisser des

regrets. Cet homme qui a joué tant de rôles, n'a pu prendre celui de la bonté. Il ne s'est inquiété que de lui, et il n'a pleuré que sur sa disgrâce. Personne ne peut plus s'abuser sur sa fausse grandeur, et il vient de montrer, par ce dernier trait, qu'il étoit entièrement indigne du poste éclatant où l'a maintenu notre longue patience.

MONTARGIS, 28 avril. Bonaparte a passé ici mercredi, à quatre heures du soir, dans une voiture à six chevaux, ayant environ vingt-cinq hommes à cheval derrière lui. Les généraux russe, autrichien, françois, anglois, prussien, occupoient six voitures à six chevaux; venoient après vingt voitures de suite pour les bagages et les domestiques de Bonaparte. Des chevaux d'attelage et de main, et des piquets de cavalerie, étoient passés le matin. La garde à pied, qui se trouve dans ces cantons, étoit sous les armes : elle a su respecter le malheur de Bonaparte en gardant le silence, et en ne donnant aucun signe d'approbation ni d'improbation. Bonaparte a traversé la haie de ces braves militaires, et est entré dans la ville en affectant un air calme. Bien des gens lui reprochent une jactance d'insensibilité. Le fait est qu'il a intéressé peu de monde. Le général Bertrand étoit dans sa voiture, et paroissoit plus affecté que lui. Bonaparte a couché au château de Briare; il voyage à petites journées, et se rend à SaintTropez.

-S. A. R. MONSIEUR, fils de France, frère du Roi, lieutetenant-général du royaume.

Informé qu'un grand nombre d'individus gémissent dans les prisons et dans les bagnes, pour faits et délits relatifs à la conscription; considérant que ces faits et délits, dont aucun ne supposent des intentions vraiment criminelles, peuvent être excusés par la rigueur excessive des lois sur cette matière, et -surtout par les mesures d'exécution, mesures toujours plus vexatoires que les lois elles-mêmes, et qu'il étoit permis de chercher à éluder, puisque, purement arbitraires, elles n'étoient revêtues d'aucune sanction légale; S. A. R., de l'avis de son conseil, a ordonné et ordonne ce qui suit:

Art. 1. Toutes les poursuites judiciaires pour faits et délits relatifs à la conscription, sont annullées. Tous les individus détenus dans les prisons ou dans les différens bagnes du royaume pour les mêmes causes, seront sur-le-champ mis en liberté.

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