n'y avait plus dans sa maison aucun honneur pour elle, mais des injures et des affronts qu'elle ne pouvait supporter. Elle demanda comme une grâce d'être répudiée, et offrit d'abandonner tout ce qu'elle avait apporté avec elle, pourvu seulement qu'il lui fût permis de retourner dans son pays 1. L'abandon volontaire d'un riche trésor, le désintéressement par fierté d'âme, étaient des choses incompréhensibles pour le roi Hilperik, et n'en ayant pas la moindre idée, il ne pouvait y croire. Aussi, malgré leur sincérité, les paroles de la triste Galeswinthe ne lui inspirèrent d'autre sentiment qu'une défiance sombre, et la crainte de perdre, par une rupture ouverte, des richesses qu'il s'estimait heureux d'avoir en sa possession. Maîtrisant ses émotions et dissimulant sa pensée avec la ruse du sauvage, il changea tout d'un coup de manières, prit une voix douce et caressante, fit des protestations de repentir et d'amour, qui trompèrent la fille d'Athanaghild. Elle ne parlait plus de séparation, et se flattait d'un retour sincère, lorsqu'une nuit, par l'ordre du roi, un serviteur affidé fut introduit dans sa chambre, et l'étrangla pendant qu'elle dormait. En la trouvant morte dans son lit, Hilperik joua de son mieux la surprise et l'affliction; il fit même semblant de verser des larmes ; et, quelques jours après, il épousa Fredegonde 2. Ainsi périt cette jeune femme, qu'une sorte de révélation intérieure semblait avertir d'avance du sort qui lui était réservé, figure mélancolique et douce qui traversa la barbarie mérovingienne, comme une apparition d'un autre siècle. Malgré la rudesse des mœurs et la dépravation générale, il y eut des âmes qui se sentirent émues en présence d'une infortune si peu méritée, et leurs sympathies prirent selon l'esprit du ' Cùmque se regi quereretur assiduè injurias perferre, diceretque nullam se dignitatem cum eodem habere, petiit ut, relictis thesauris quos secum detulerat, liberam redire permitteret ad patriam. (Gregorii Turon. Hist. Francor. eccl., lib. iv, pag. 217.) ⚫ Quod ille per ingenia dissimulans, verbis eam lenibus demulsit. Ad extremum eam suggilari jussit à puero, mortuamque reperit in strato... Rex autem, cùm eam mortuam deflesset, post paucos dies Fredegundam recepit in matrimonio. (Ibid.) temps, une couleur superstitieuse. On disait qu'une lampe de cristal, suspendue près du tombeau de Galeswinthe, le jour de ses funérailles, s'était détachée subitement, sans que personne y portât la main, et qu'elle était tombée sur le pavé de marbre, sans se briser et sans s'éteindre. On assurait, pour compléter le miracle, que les assistants avaient vu le marbre du pavé céder comme une matière molle, et la lampe s'y enfoncer à demi'. De semblables récits peuvent nous faire sourire, nous qui les lisons dans de vieux livres, écrits pour des hommes d'un autre âge; mais, au sixième siècle, quand ces légendes passaient de bouche en bouche, comme l'expression vivante et poétique des sentiments et de la foi populaires, on devenait pensif, et l'on pleurait en les entendant raconter. Lychnus enim ille, qui fune suspensus coràm sepulchro ejus ardebat, nullo tangente, fune disrupto, in pavimentum corruit: et fugiente antè cum duritiâ pavimenti, tanquam in aliquod molle elementum descendit, atque medius est suffosus, nec omninò coptritus, quod non sine grandi miraculo videntibus fuit. (Gregorii Turon. Hist. Francor,. ecclesiat., lib. IV, pag. 217.) — Fortunati carmin. lib. iv, pag. 563. FIN. LETTRES SUR L'HISTOIRE DE FRANCE. AVERTISSEMENT. LETTRE I. Sur le besoin d'une Histoire de France, et le principal défaut - Sur la fausse couleur donnée aux premiers temps de l'histoire dernes. LETTRE III. Sur l'histoire de France de Velly. Sur les histoires de France de Mézeray, Daniel et Anquetil. - Sur le caractère des Franks, des Burgondes et des Visigoths. 57 Sur l'état des Gaulois après la conquête. Suite de la précédente. — Mission d'Arcadius. — Aventures - d'Attale. (533-534.) Sur la véritable époque de l'établissement de la monarchie. 96 Sur les prétendus partages de la monarchie. LETTRE IX. Sur le démembrement de l'empire de Karle-le-Grand. du Mans et de Cambrai. Suite de l'histoire de la commune de Laon. LETTRE XVIII. Fin de l'histoire de la commune de Laon. LETTRE XIX. Sur les communes d'Amiens, de Soissons et de Sens. II. Sur le caractère des grands hommes de la révolution de 1640, à propos 565 III. Suite du même sujet.- Caractère des partis politiques. IV. Sur la vie du colonel Hutchinson, membre du long parlement, écrite 578 V. Sur la restauration de 1660, à propos d'un ouvrage intitulé : Essai his- 582 388 VII. Sur l'esprit national des Irlandais, à propos des Mélodies Irlandaises 403 VIII. Sur la conquête de l'Angleterre par les Normands, à propos du roman 408 IX. Sur la vie d'Anne Boleyn, femme de Henri VIII, à propos de l'ouvrage 415 X. Sur l'histoire d'Écosse, et sur le caractère national des Écossais. 419 424 SECONDE PARTIE. HISTOIRE DU MOYEN AGE ET HISTOIRE DE FRANCE. 1. Sur le cours d'histoire de M. Daunou au Collège de France. 460 466 III. Sur le sens primitif et l'étendue du titre de roi, à propos de l'ouvrage 476 IV. Sur la véritable constitution de l'empire Ottoman, à propos de l'ouvrage 483 489 V. Sur les libertés locales et municipales, à propos d'un Recueil des Discours 494 505 511 IX. Histoire véritable de Jacques Bonhomme, d'après les documents authen- X. Sur quelques erreurs de nos historiens modernes, à propos d'une Histoire 518 XI. Première lettre sur l'histoire de France adressée au rédacteur du Cour- XVII. Scènes du sixième siècle; lettre adressée au directeur de la Revue des 557 FIN DE LA TABLE. |