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SIX DERNIERS MOIS

DU

GOUVERNEMENT IMPÉRIAL

COMPRENANT

LA DÉFENSE DE PARIS

EN 1814.

L'HISTOIRE n'offre peut-être dans aucun temps, une époque plus intéressante. Jamais spectacle plus imposant ne frappa les regards de l'observateur. Il s'agit de la chute presque instantanée, tant elle fut rapide, du pouvoir le plus colossal qui jamais ait existé.

Un heureux hasard a mis à notre disposition des matériaux authentiques sur cet évènement. Ils consistent dans le journal d'un personnage que ses talents, son instruction, l'activité de son esprit, l'étendue de ses aperçus, la facilité de son tra

vail, la beauté de son caractère, eussent incontestablement placé dans un rang plus élevé que celui dans lequel il s'est tenu, sans une trop grande modestie, le goût de l'étude et l'amour des sciences: obstacles peu communs dont il ne faut pas se plaindre...

19 Octobre-19 Décembre.

Exposé de la situation de la France au moment de l'invasion.

« Le désastre de Leipsick ne laissait à l'empereur que des débris d'armée qui suffisaient à peine pour assurer sa retraite. Il se détermina à marcher par Erfurt sur Mayence, renversa devant Hanau, les corps Autrichiens et Bavarois qui vouloient lui couper la retraite, et le 2 novembre il repassa à Cassel le Rhin qu'il ne devait plus franchir.

Les armées victorieuses des alliés séparaient l'empereur des corps d'armée qu'il avait laissés à Dresde et Hambourg et de cette foule de garnisons qu'il avait jetées dans les places depuis Erfurt jusqu'à Dantzig. Il n'était plus temps d'évacuer ces lignes de forteresses qu'il ménageait comme

des points d'appui dans un retour offensif: objet constant des batailles qu'il avait données sous Dresde et sous Leipsick. Quand il eut renoncé à garder l'Italie et regardé l'invasion du midi comme moins périlleuse que celle du nord, les détache, ments qu'il en pouvait tirer n'eussent offert qu'un secours tardif contre une invasion immédiate, et les seules ressources qu'il eut sous la main ne consistaient que dans les restes de son ar

mée.

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L'empereur se hâte de les organiser. Il requiert la garde nationale, pour suppléer ou seconder les garnisons et rendre les troupes de ligne disponibles.

«< Trois corps d'armée se forment à Strasbourg Mayence et Cologne, sous les ordres des ducs de Bellune, de Raguse, et de Tarente, et défendent, du moins en apparence, la ligne du Rhin entre la Suisse et la Hollande. Le général Bertrand tient encore en avant de Cassel les hauteurs de la rive droite, et le duc de Valmy va prendre à Metz, sous le nom de réserves le commandement des dépôts. Cette organisation et le péril d'une attaque immédiate eussent exigé sur le Rhin la présence du chef de l'armée, mais de plus grands soins et d'autres périls peut-être à prévenir, ap

pelaient à Paris le chef de l'état. Le 7 novembre, il signe le travail de l'armée, part le 8 de Mayence et le 9 il couche à St. Cloud.

« Cependant les Alliés se rapprochaient du Rhin, et l'avant-garde que l'empereur avait laissée en avant de Cassel, sous les ordres du géné ral Bertrand, est bientôt rejetée dans Mayence. Elle y augmente l'encombrement. Les troupes, les ambulances, les équipages y sont entassés : les germes du typhus se développent et cette funeste épidémie vient encore affaiblir l'armée.

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Les alliés de leur côté sont forcés de garder au centre de l'Allemagne des corps en état de réduire ou de contenir les corps d'armée du prince d'Eckmülh et du maréchal Saint-Cyr. Le reste de leurs armées vient prendre des cantonnements sur la rive droite du Rhin, tandis que les souverains délibèrent sur la suite des opérations.

« Le désastre de Leipsick, en achevant de soustraire l'Allemagne à la domination de l'empereur Napoléon, donnait un libre essor à tous les ressentiments qu'elle avait excités. Les peuples, et sous le nom de Landverh, la partie de cette population récemment appelée à l'armée, aspirait ́à rejeter sur la France les maux de la guerre dont

l'Allemagne était depuis si long-temps accablée. Les troupes souhaitèrent la vie abondante et licencieuse qu'elles trouvent en pays ennemi. Les souverains ne trouvaient que dans l'affaiblissement de la France, le gage de l'indépendance européenne: soit qu'il fut possible de réduire l'empire aux anciennes limites du royaume, soit qu'on put, du moins, le contenir dans les anciennes limites que donnaient aux Gaules le Rhin, les Alpes et les Pyrénées. Enfin dans cet intérêt général, l'intérêt de chaque puissance avait sans doute aussi ses combinaisons.

<< En reculant vers la France les limites de l'Allemagne, l'Autriche et la Prusse pouvaient laisser à la Russie et peut-être à la Suède des établissements plus solides dans le nord de l'Allemagne. Si le Hanovre à recouvrer n'était aux yeux des Anglois qu'un intérêt particulier de la maison régnante, l'Angleterre trouvait, à tenir la balance entre tous les intérêts, le moyen d'assurer, parmi tant de combinaisons, la prépondérance de sa marine et la prospérité de son commerce.

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Mais pour atteindre ce but, il fallait ôter à l'empereur Napoléon le temps de se faire une armée et de développer les ressources de la France. Il importait surtout de lui ravir la première de

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