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de nos opérations. On parle déjà de remonter l'Egypte, jusqu'aux cataractes du Nil; cette marche occasionnera beaucoup de démissions.

Présentez, je vous prie, mes hommages respectueux à madame Kilmaine, et croyezmoi,

Votre subordonné,

BOYER.

Rappelez-moi, je vous prie, au souvenir.

de mes camarades Rivaud, d'Arbois et Villard.

N°. X X II

Au Grand Caire, le 10 thermidor.

MES CHERS PARENS,

Notre entrée au Grand Caire est une occasion pour moi de vous donner de mes nouvelles (1); et comme mon intention est

(1) Cette lettre nous a jetés dans un très-grand embarras. Elle porte la même signature que la précédente, et cependant nous ne pouvons nous persuader qu'elle soit de la même main. Celle que le lecteur vient de lire est de main de maître, annonce un homme instruit, et décide sur les faits sans périphrase comme sans affectation. Celle-ci, qui est aussi bien écrite et avec connoissance des opérations qu'elle décrit, est très-inférieure à l'autre, soit pour la simplicité, pour le ton mâle et décidé de l'écrivain.

soit

On le voit courir sans cesse après l'élégance et la recherche, et nous délivrer sa petite provision de connoissance avec une gravité et une importance qui nous a quelquefois fait sourire. Cependant les talens de l'auteur rendent cette

de vous mettre entièrement au fait d'une expédition aussi singulière qu'étonnante, je vais récapituler tous nos hauts faits du jour de notre départ de Toulon.

lettre très-digne de foi. Elle nous administre d'ailleurs plus d'un fait important, et découvre, au milieu de tout, le soin que l'auteur met à le cacher, que les troupes françaises ont été misérablement dupées par leur gouvernement, et qu'elles marchent à grands pas vers une destruction entière et inévitable.

Nous avons d'abord été tentés de croire que la différence qui nous frappoit dans le style et le ton des deux lettres, pouvoient procéder de ce qu'elles étoient adressées à deux différentes personnes; l'une à un chef expérimenté, auquel il étoit nécessaire de présenter les choses sous leur véritable point de vue; l'autre, à un parent, peu familiarisé peutêtre avec les affaires de guerre, et qui devoit se plaire davantage à une narration fleurie d'événemens extraordinaires, qu'à une relation sommaire d'assauts livrés à des villes sans murailles, et de victoires remportées sans ennemis. Mais après un second examen, nous trouvons les variations trop considérables pour être susceptibles de cette explication. Nous avouons

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L'armée composée de 30,000 hommes, embarqués partie à Marseille, Toulon Gênes et Civita-Vecchia, a mis à la voile le 30 floréal, convoyée par quinze vais seaux de guerre, dont deux armés en flûte (2), quatorze frégates, et plusieurs autres petits bâtimens de guerre. Le convoi en tout formoit un total de quatre cents

franchement que nous n'avons pas d'autre solution à donner, et nous soumettons la difficulté au jugement du lecteur, nous contentant de répéter notre première assertion, que le caractère et la signature de ces deux lettres sont les mêmes, du moins autant que nous pouvons en juger.

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Observation

Quel pitoyable nonsense, et quel abus de la faculté de parler long-temps sans rien dire !

2) Ce sont les vaisseaux vénitiens de 64. Dans son énumération des forces embarquées, Boyer omet ceux pris à bord à Ajaccio, et qui montoient à sept mille sa liste des vaisseaux de guerre est exacte.

voiles; depuis les croisades, l'on n'avoit pas vu pareille armée dans la Méditerranée.

Sans calculer les dangers de l'élément sur lequel nous voguions, ni ceux qu'un ennemi redoutable sur l'eau pouvoit nous faire craindre, l'armée cingle vers l'île de Malte, où nous arrivons le 22 prairial. Cette conquête, très-importante par elle-même, nous coûta peu de monde. Le 24, la place capitula; l'ordre fut anéanti; le grand-maître renvoyé en Allemagne avec de belles promesses: tout enfin succède à nos vœux. Il ne falloit pas perdre de temps, ni s'occuper trop à contempler et raisonner l'avantage que nous tirions de l'occupation de Malte, une escadre anglaise, forte de treize grosses voiles, commandée par Nelson, mouilloit dans les eaux de Naples (3), et épioit nos

(3) Il n'est pas nécessaire de dire qu'il n'y a rien de moins exact. Une fois pour toutes nous observerons que nous avons rarement jugé à propos de relever les bévues géographiques et historiques dont four mille cette correspondance.

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