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mon malheur; il sortoit comme un lion sur les chevaux et cavaliers ennemis, mais malheureusement, en se cabrant, il tomba à la renverse; et moi, pour éviter d'être écrasé, je me jetai par côté. Comme c'était la nuit, je n'eus pas le temps de le saisir; il se releva, et partit comme l'éclair avec la cavalerie ennemie, qui abandonna le champ de ba taille.he

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J'avois mis ce que j'avois de plus mauvais sur le corps, pour conserver ce qui étoit neuf dans mon porte-manteau; de sorte que je perdis mon cheval, tout harnaché, mes pistolets, mon manteau, porte-manteau, tous mes effets qui étoient dedans, ainsi que vingt-quatre louis en argent que j'avois reçus à Marseille pour mes appointemens arriérés, et le plus essentiel encore est mon portefeuille, qui contenoit tous mes papiers:

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Je me trouvai tout-à-coup dépouillé de tout, et obligé de marcher,nus pieds pendant dix-neuf jours, sur le sable brûlant ét

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les graviers dans le désert, car le lendemain de cette malheureuse affaire, je perdis les semelles des vieilles bottes que j'avois aux

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jambes; mon habit et ma vieille culotte furent bientôt déchirés en mille morceaux ; ne trouvant pas un peu de pain pour s'ali menter, ni une goutte d'eau pour s'humecter la bouche; pour toute consolation, je mau+ dissois plus de cent fois le jour, le métier de la guerre, Meng daratando Enfin, le 4 de ce mois, nous arrivâmes aux portes du Caire, là où toute l'armée ennemie étoit retranchée, et nous attendoit de pied ferme; mais avec notre impétuosité ordinaire, nous fumes l'attaquer dans ses retranchemens; au bout de trois quartsd'heure, l'ennemi eut trois mille morts sur le champ de bataille; le restant, ne pouvant se sauver, se jeta dans le Nil, qui est une rivière aussi forte que le Rhône; par conséquent ils furent tous noyés ou fusillés sur l'eau. D'après une pareille victoire, nous entrâmes tambour battant dans la ville du

Çaire, et par conséquent maîtres de toute l'Egypte.

Je ne sais, ma très-chère mère, dans quel temps j'aurai le plaisir de vous voir : je me repens bien d'être venu, mais il n'est plus temps. Enfin, je me résigne à la volonté suprême; et malgré les mers qui nous séparent, votre mémoire sera toujours gravée dans mon coeur; et aussi-tôt que les circonstances le permettront, je franchirai tous les obstacles pour rentrer dans ma patrie.

Adieu, conservez-vous, et mille choses à mes parens.

(

Votre fils,

GUILLOT.

No. X V I.

ARMÉE D'ANGLETERRE (1).

R. DESGENETTES (2), à la citoyenne DESGENETTES, au Val-de-Grace, rue SaintJacques, à Paris.

Au Grand Caire, le 9 thermidor, Je t'écris enfin, ma chère épouse, du Caire, qui sera, je crois, le terme de mon voyage.

Déjà je t'ai écrit deux fois en mer, une fois de Malte, et une autre d'Alexandrie.

(1) Desgenettes semble avoir calculé d'avance ses besoins littéraires. Son épître est écrite sur une feuille de papier surnuméraire préparée pour «l'armée d'Italie», mots très-bien imprimés en tête. Le bon docteur les a effacés avec soin, pour y substituer «< armée d'Angleterre ». Une telle exactitude est au-dessus de tout éloge.

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(2) D'après une pièce officielle que nous avons sous les yeux, Desgenettes paroît être le premier

Les occasions sont rares et peu sûres. Pour moi, je n'ai point reçu de tes lettres : rien ne m'a appris ton arrivée à Paris.

Un jour je te raconterai tous mes voya

ges,

les combats que j'ai vus, et les dangers sans nombre que j'ai partagés.

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Mon ami, l'ordonnateur en chef, Sucy, a été gravement blessé (3) d'un coup de feu, ainsi que le jeune Lannes. Desnanotre, qui .m'étoit aussi recommandé par la Repede, a été fait prisonnier par les Arabes.

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médecin de l'armée, oposte pour lequel le lecteur le jugera spécialement qualifié, avant d'avoir lu sa lettre,

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Nous ne voyons pas ce qui, dans cette lettre, peut empêcher le citoyen Desgenettes d'être un bon inedecin. Ce que nous savons très-bien, c'est que nous n'avons rien à envier à l'Angleterre de ce côté, et que rien n'est maintenant au-dessous de la médecine des Anglais, si ce n'es t leur chirurgie.

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(3) Il avoit eu le bras cassé au passage du

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