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France et de Navarre, sous la protection immédiate de la famille d'Hanover ou de la maison de Bourbon.

Madame l'ambassadrice de Suède, qui avoit plus d'avenir dans l'esprit que le baronet et les ministres, désira que la brochure imprimée à Londres, fût réimprimée à Paris, pour se donner le plaisir de réfuter monsieur d'Yvernois qui l'avoit réfutée.

Les ministres et le baronet étoient si persuadés que leur brochure seroit réimprimée en France, qu'ils n'avoient pris la peine d'y en envoyer, à eux tous, qu'un seul exemplaire ; celui que la politesse obligeoit monsieur d'Yvernois d'offrir à madame de Staël,

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et comme adversaire de cette dame, et comme son ancien compatriote. Ce fut à son excellence monsieur l'ambassadeur de Prusse à Londres, que le paquet fut remis par les ministres de George III, afin qu'il le fît passer à madame de Staël, par les voies ordinaires de la diplomatie.

Cet exemplaire me fut montré. On m'assura que je vendrois bien l'ouvrage de monsieur d'Yvernois, si je le réimprimois, parce que l'auteur qu'il réfutoit, feroit promptement une réplique.

Comme je me pique d'être aussi bon français que madame de Staël est bon écrivain, je répondis que je verrois. Le temps se passa. La brochure du baronet

ne fut point connue à Paris, et les talens de madame de Staël se tournèrent ailleurs.

Ce n'est pas que je craignisse que la République française ne succombat sous la pesanteur des raisons de monsieur d'Yvernois, si je lui donnois la gloire d'être mis en lumière à Paris : j'avois seulement la fantaisie d'essayer mes forces contre ce lord chancelier de Londres, que nos gazetiers commençoient à trompetter comme un grand homme. Or ce grand homme vouloit que le pamphlet de son secrétaire genevois fût réimprimé à Paris ; et moi, je ne le voulois pas. Il ne fut point réimprimé.

C'est le seul livre, à ma con

noissance, que le cabinet de SaintJames ait publié en langue française contre notre invincible République et je suis assez au cou

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rant; c'est mon métier. Le peu de succès qu'eut alors cette publication, dégoûta sans doute ses auteurs d'écrire à l'avenir pour des lecteurs français.

C'est du moins ce que je me disois, chaque fois que cette anecdote me revenoit dans la mémoire. Mais le recueil que je mets aujourd'hui en vente, a changé ma conjecture en une conviction intime.

Nous autres Libraires, nous lisons peu : les jardiniers ne mangent guère de salade. Mais est-il bien vrai, me suis-je dit, que

mon confrère Samuel Fauche de Hambourg, ait acheté quarante mille exemplaires de ce recueil, pour les répandre en Europe, avec les notes et l'introduction, comme le bruit en court à Lon dres? voyons. Je n'ignore pas que dans les grandes occasions, George roi sait faire des sucrifices, et vendre au dessous du prix de fabrique. Il faut que je sache si la fourniture de Samuel est vraie, et s'il a fait une bonne affaire. Aussi-tôt j'ai ouvert le volume. Certes, le bruit est faux; Samuel n'a rien acheté pour Hambourg; George n'a rien vendu pour l'étranger. Je n'ai pas le temps de lire les notes; mais l'introduction suffit pour me con

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