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Nous marchâmes toute la nuit avec deux mille hommes d'infanterie (1); et le lendemain, à la pointe du jour, nous investîmes Alexandrie, après avoir chassé différens détachemens de cavalerie. Les ennemis se défendoient courageusement; l'artillerie qu'ils avoient sur les tours et les murailles

(1) Ceci n'est pas exact; il est clair, par différentes lettres, qu'une grande partie de l'armée a combattu dans l'attaque d'Alexandrie.

Observations.

L'observation pourroit être vraie à la rigueur, et seroit tout au moins indifférente; mais elle n'en prouve pas moins avec évidence l'intention très-prononcée du gouvernement anglais d'affoiblir le mérite des victoires de l'armée française, d'insinuer qu'elle ne les acquiert qu'à la faveur du nombre. Prendra-t-il donc toujours, ce gouvernement machiavélique, ses autorités dans les gazettes mensongères stipendiées par lui et par ses véridiques alliés? Qu'il puise les faits dans ses propres mémoires, et qu'ensuite il démente, s'il en a le front, les grandes actions de cette poignée de Français conduite en Irlande par Humbert; qu'il dissimule les triomphes multipliés que cette petite troupe obtint pendant plusieurs journées contre des

étoit mal servie, mais leur mousqueterie étoit très-bonne. Ces gens-là ne savent pas broncher; ils donnent ou reçoivent la mort sur leurs ennemis. Cependant la première enceinte, c'est-à-dire celle de la ville des Arabes, fut enlevée. Bientôt après, la seconde, malgré les feux des maisons. Les forts qui sont de l'autre côté de la ville, sur

divisions dix fois plus nombreuses. Qu'il avoue au moins qu'il a fallu vingt-quatre mille Anglais, commandés par un lord exercé depuis long-temps au métier des armes, pour réduire huit cents Républicains Français, devant lesquels toute la yeomanry de l'Irlande trembloit de toutes ses forces. Et n'est-ce point encore un triomphe du nombre que cette action cù deux cents Républicains, sous les murs d'Ostende, ont fait rendre les armes à deux mille des plus formidables de ces défenseurs de la Grande-Bretagne, devenus leurs prisonniers? Qu'en dites-vous, gouvernement de Pitt? Souvenez-vous que lorsque deux régimens français auront mis pied à terre sur les bords de la Tamise, vous n'aurez d'autre ressource que de vous tapir au fond de vos vaisseaux, et d'aller chercher un refuge au Bengale, parmi ces Indiens, qui n'ont point encore appris à connoître leurs forces, et dont, en attendant, vous épuisez le sang et l'industrie.

les bords de la mer, furent investis, et le soir capitulèrent.

Depuis le 14, on est occupé au débarquement des troupes, de l'artillerie, et des effets. Le général Desaix est sur le Nil à Demenhour. Les autres devoient le suivre.

Le lieu du débarquement est à deux lieues d'ici, à la tour de Marabout, ou les îles des Arabes. Les deux premiers jours, il y eut beaucoup de traîneurs, que la cavalerie mamelouk et arabe harcela

; je crois que nous avons perdu 100 tués et autant de blessés. Les généraux Kleber, Menou et Lescalle ont été blessés.

Je vous envoie la proclamation aux habitans du pays (2), et trois autres à l'armée. Elle a fait un effet merveilleux: les Arabes Bédouins, ennemis des mamelouks, et qui sont, à proprement parler, des voleurs in

(2) Voyez le Supplément.

V

trépides, dès qu'ils l'eurent reçue, nous ont rendu une trentaine de prisonniers, et se sont offerts pour combattre avec nous les mamelouks. On les a très-bien traités. Ce sont des gens invincibles, habitans des déserts brûlans, montés sur les chevaux les plus légers du monde et extrêmement braves. Ils habitent, avec leurs femmes et leurs enfans, des camps volans qui changent toutes les nuits. Ce sont des sauvages horribles; cependant ils connoissent l'or et l'argent: il en faut bien peu pour causer leur admiration. Ils aiment l'or, mon cher frère; ils passent leur vie à l'arracher aux Européens qui tombent en leurs mains, et pourquoi faire? pour continuer ce genre de vie, et l'apprendre à leurs enfans. Oh ! JeanJacques, que ne peut-il voir ces hommes, qu'il appelle « les hommes de la nature »! Il frémiroit de honte et de surprise d'avoir pu les admirer.

Adieu, mon cher frère; donnez-moi de vos nouvelles. J'ai souffert beaucoup dans

la traversée; ce climat-ci m'accable,'il nous changera tous. Quand nous reviendrons, on nous reconnoîtra de loin. Je suis un peu malade, et obligé de rester ici quelques jours. Tout le monde part demain (3). Adieu; je vous embrasse de tout mon cœur. Rappelez-moi au souvenir de Julie, Caroline, &c. et au législateur Lucien (4). Son

(3) On voit, d'après la lettre de Boursienne (n°. XIV), qu'il étoit encore au même endroit le 27 juillet.

Observation.

Je ne vois pas le fin de cette remarque. Assurément par ces mots, tout le monde part demain, l'auteur de la lettre n'entendoit autre chose, sinon que l'armée destinée à la conquête poursuivoit sa route. Il falloit bien laisser à Alexandrie et une garnison, et des officiers en état d'y faire les arrangemens nécessaires, tant pour le débarquement des effets laissés sur les navires, que pour la correspondance, &c. &c.

(4) Ce mot est dans l'original, et fait, selon toute apparence, allusion à quelque circonstance d'histoire privée.

Observation.

Eh quoi messieurs de l'Angleterre, vous avez

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