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sible. Pour Mireur (3), tu sais qu'il a été

tué.

Adieu.

SAVARY.

du Nil est excessivement difficile à franchir, à raison de la lame qui domine toujours la barre et exige mille précautions qu'on ne peut prendre qu'à la faveur de la plus entière sécurité.

Nous ne savons pas quel peut être à Alexandrie, l'effet de ce défaut de communication; au Caire il doit être terrible. « Au nom de Dieu, dit Savary, apportez-nous notre eau-de-vie et notre rhum, car toute l'armée est malade de la dyssenterie ». Observez que c'est la même armée, que Buonaparte et Berthier disent dans leurs dépêches officielles jouir d'une parfaite santé, et jugez par cet échantillon de leur véracité !

Observation.

Il n'y auroit pourtant, à la rigueur, rien à conclure de cet empressement des officiers à se procurer du vin et du rhum, sinon qu'ils en sentent la privation en hommes qui ont l'habitude de cette jouissance, et qu'ils pressent vivement les dépositaires de ces denrées, à l'intention d'en jouir plutôt. Mais soyons persuadés que ces privations ne peuvent influer ni sur

L'on vous envoie soixante barques du Nil; il pourroit se faire que l'on prît encore des tartanes à Alexandrie; dans ce cas, il

le courage des guerriers, ni sur leur amour pour la gloire et pour leur patrie. Quant à ces obstacles, à ces déserts dont on veut nous faire peur, laissons à l'intelligence de nos héros le soin de surmonter toutes ces difficultés, et attendons avec sécurité ce qui doit en résulter. Il est pour le génie des ressources qui échappent à toutes les spéculations de l'envie.

(3) « Ce Mireur, dit Buonaparte, dans sa let>>tre officielle au Directoire, en date du 24 juil» let, et plusieurs autres aides-de-camp et offi>> ciers de l'état-major, ont été tués par ces misé» rables. (Les Arabes qui, si l'on est misérable pour tuer, ne sont certes pas de plus grands misérables que les Français; quelques peuples donneroient même l'avantage à ces derniers). <«< La république a fait une perte dans la person>> ne de Mireur; c'étoit le plus brave officier que » j'aie jamais connu... ». Puis des tirades impies sur la destinée, etc... En général, on peut inférer, d'après cette correspondance, que toute l'armée est devenue décidément fataliste. Nous sommes loin de nous en étonner, car, à dire naïvement ce que nous en pensons, il nous semble

faudroit tâcher de te mettre sur une.

Amène mon domestique malade ou non, je le guérirai ici.

que ni la prudence, ni la prévoyance n'ont eu rien à faire dans toute cette expédition.

Observation.

Cette plai anterie est trop froide pour qu'on y réponde. Qui ne sait que les grands capitaines ont presque tous été enclins vers le dogine du fatalisme, trèsfavorable à l'héroïsme militaire ? Et les Arabes dont le pieux glossateur soigne si tendrement la réputation, ne sont-ils pas musulmans, et par là décidément fatalistes? Mais comme ils sont nos ennemis, le plaisant Anglais n'en dit mot. On a beau être anglomane, il est difficile de trouver là l'humour des Steele et des Addisson.

No. XII I.

RAMPON, général de brigade, commandant les dix-huitième et trente-deuxième demibrigades de bataille.

JE

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E vous avois promis, cher frère, dans ma dernière, de vous écrire de la plus grande ville du monde (1). Je m'empresse à vous prouver combien j'aime à vous tenir pa

role.

(1) Cette expression est forte dans la bouche d'un Français. Mais il répète ce qu'il a entendu dire à Paris. Le Caire est loin d'être la plus grande ville du monde, ou même de l'Europe; Londres même est plus grande du double.

Observation.

On voit que cette note qui a la bonne-foi d'exiger d'un militaire écrivant à la hâte, l'exactitude d'un géographe, n'est placée là que pour nous parler de la grandeur de Londres.

Il ne m'est pas possible de vous faire des détails sur nos affaires, ni sur les privations. que nous avons éprouvées dans notre marche le départ du vaisseau ne nous donne pas le temps; mais le rapport du général en chef que vous verrez sûrement sur les papiers, vous mettra au fait de tout. Milhot et l'aîné Rampon se sont distingués dans la bataille des Pyramides; Milhot a été nommé lieutenant sur le champ de bataille, et Rampon sous-lieutenant au septième régiment d'hussards: il me reste encore le cadet que j'espère de placer dans la première affaire; d'ailleurs je suis assez content d'eux.

Adieu, cher frère; je desire que votre santé soit bonne, ainsi que celle de ma soeur quant à la mienne, elle est assez bonne; mais je suis très-fatigué, et les chaleurs que nous éprouvons dans ce pays m'ôtent la moitié de mes forces. Enfin, il nous faut de la patience, du courage, et avec cela nous parviendrons peut-être à revoir un jour notre chère patrie.

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