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de réserver cette proposition pour le cas où les ouvertures recevraient une réponse favorable.

Le choix du temps est également laissé à la volonté de Votre Excellence.

Si les négociations d'Akerman réussissent, il serait sans doute nécessaire d'attendre l'arrivée de M. de Ribeaupierre, et si celui-ci, quoique revenu à son poste, ne se trouvait point muni d'instructions pour coopérer avec Votre Excellence, il conviendrait probablement d'attendre l'arrivée de ces instructions.

Cependant, si les circonstances paraissaient exiger une action plus prompte, j'en laisse la décision au jugement de Votre Excellence, lui demandant seulement de se concerter à cet égard avec M. de Ribeaupierre, dans le cas où il se trouverait déjà à Constantinople.

La réponse que nous venons de recevoir du cabinet français à notre première communication relative au protocole de St. Pétersbourg, nous fait espérer que l'ambassadeur de France à Constantinople sera autorisé à prêter son appui à Votre Excellence, dans toutes les négociations qui se trouveraient fondées sur les principes de cet arrangement primitif.

Je ne suis pas encore en état de vous faire connaître les sentiments positifs des cours de Vienne et de Berlin; mais je ne saurais douter qu'elles ne soient également disposées à seconder nos efforts vers un but qu'elles ont déclaré depuis si longtemps avoir en vue.

Il dépendra en grande partie de V. Exc., après avoir conféré avec les ministres des cours alliées, de décider quand et comment leur appui pourrait nous devenir le plus utile.

En tout cas, il est essentiel que la première démarche soit faite par Votre Excellence seule,

1° Parce que c'est à vous, individuellement, que les Grecs se sont adressés pour réclamer la médiation britannique;

2o Parce qu'une démarche avec le caractère de médiateur entre les deux parties, n'offre point de prix aux objections que la Porte reproduisait si souvent contre toute intervention arbitraire dans ses affaires;

Et 3° parce que, si le protocole du 4 avril contient les conditions sur lesquelles, de l'avis unanime de l'Angleterre et de la Russie, un arrangement raisonnable devrait être conclu, il serait pourtant bien imprudent de faire connaître à la fois toutes ces conditions au gouvernement turc, persuadés que nous sommes moralement que, si la Porte consent même à traiter, les conditions qu'on lui aura proposées en premier lieu (quelque justes qu'elles puissent être) ne seront jamais celles auxquelles elle adhérera en définitive. La différence qui existe, sous ce rapport, entre le protocole et les propositions des Grecs, n'est peut-être pas sans avantage, puisqu'elle laisse une certaine latitude de modifier ces dernières et d'arriver ainsi, saus sacrifier ni le but, ni aucune disposition essentielle du protocole, à l'arrangement qu'on a en vue.

Sur deux des trois points de différences dont nous parlons, il est au moins douteux (mettant de côté pour le moment la question de la garantie de l'Angleterre) que les Grecs aient le bon droit pour eux.

On ne peut espérer que le gouvernement turc consente à faire retirer les propriétaires musulmans de cette partie de la Grèce, qui va être libre, sans obtenir pour eux une indemnité.

D'après une conférence que vous avez eue avec plusieurs des chefs de la Grèce, lors de votre voyage à Constantinople (conférence, qui de fait a servi de base à la majeure partie des stipulations du protocole), nous sommes portés à croire que les Grecs consentiront volontiers à l'indemnité en question.

Si elle peut avoir lieu moyennant un échange de propriétés territoriales grecques contre de pareilles propriétés turques, certes, ce serait tant mieux; mais, de manière ou

d'autre, il faut que cette affaire s'arrange, car il est absolument impossible d'imaginer que les Turcs, n'étant point vaincus, consentent à abandonner sans conditions ni compensations, toutes leurs propriétés situées dans les districts de la Grèce, qu'ils seraient tenus d'évacuer.

L'étendue de ces districts est aussi une question sur laquelle les demandes des Grecs pourraient avec justice subir quelques modifications.

On ne peut s'attendre, en effet, que les Turcs, sans y être contraints, cèdent tout un pays, dont la majeure partie est occupée par eux militairement, et où ils exercent le pouvoir civil dans toute sa plénitude.

Du reste, le protocole remet la question des limites du territoire qui fait l'objet de l'arrangement projeté, ainsi que la question de démarcation et de frontières militaires, à une époque plus avancée des négociations. Il y aura donc assez de temps pour discuter ces points, quand on connaîtra, au moment dont nous parlons, l'état de possession des Turcs et des Grecs.

Or, comment employer cet argument, dès qu'il s'agit de cette partie de la Grèce, qui se trouve encore sous la domination absolue du Sultan?

La menace la plus efficace, l'ultima ratio, par laquelle nous espérons éveiller la prudence ou les craintes des Turcs, c'est la menace (en cas de leur refus obstiné) de saisir la première occasion pour reconnaître l'indépendance de cette partie de la Grèce, qui aura par elle-même secoué le joug ottoman. Mais comment appliquer cette menace à un territoire grec occupé entièrement par les Turcs? Et quel espoir de succès pourrait-on avoir d'une proposition où l'on offrirait au gouvernement turc, non pas l'alternative entre l'affranchissement volontaire et la reconnaissance contre le gré du Sultan de la partie de la Grèce, et l'affranchissement par les Turcs de la totalité de ce pays? Ces deux dernières propositions ne sont pas du tout de poids égal, et il semble évident que présenter une

telle alternative à la Porte, ce serait abandonner l'espoir d'en obtenir une détermination favorable.

Un troisième point, qui diffère entre le Protocole (voy. le Portfolio, tome IV, p. 449) et les propositions des Grecs1), n'est pas de nature à exercer de l'influence sur l'issue de la négociation, quelle que soit la manière dont on finira par la décider.

Le Protocole renferme aussi ce que les propositions des Grecs n'admettent point, à savoir, l'idée de faire participer la Porte jusqu'à un certain degré à la formation du pouvoir exécutif en Grèce.

Si je ne me trompe, V. Exc. a été portée à juger d'après ses conférences avec les Grecs, qu'il n'y aurait sous ce rapport aucune forte opposition de leur part. Il serait utile de les ramener vers ce point de vue.

Le véritable esprit de tout cet arrangement consiste à ne jamais faire intervenir la Porte dans les attributions et les actes du gouvernement une fois établi en Grèce, et de placer son administration à l'abri de tout contrôle.

Mais ces points une fois garantis, il ne paraîtrait point déraisonnable de faire participer la Porte jusqu'à un certain degré, à la création d'un gouvernement, qui n'existera

') Voici quelles étaient les propositions des Grecs: 1° De reconnaître la souveraineté de la Porte, et

2° De lui payer une somme d'argent, une fois pour toutes, ou bien un tribut annuel.

Mais ils exigeaient en retour:

1° Que les Turcs ne gardassent ni forteresses ni aucune propriété en Grèce;

2° Que la Porte n'exerçât aucune influence sur l'administration intérieure de leur pays;

3° Que toutes les parties de la Grèce, quelle que puisse être leur position, participassent à cet arrangement.

Le gouvernement grec pensait d'ailleurs qu'un armistice devrait précéder les négociations, et demandait la garantie de l'Angleterre comme une condition sine quâ non, pour se décider à traiter avec la Porte.

que de son assentiment, et se trouvera confirmé par son approbation.

La manière dont cette affaire se trouverait conduite sous la direction et avec le concours des puissances alliées, devrait rassurer les Grecs contre toute crainte de résultats contraires à leurs intérêts et à leur liberté.

Il ne resterait donc plus que la question de la garantie. de l'Angleterre, que les Grecs ont demandée comme une condition sine quâ non de tout arrangement, et que nous avons déclaré dans le Protocole ne pas pouvoir accepter.

Il n'est pas étonnant que les Grecs aient demandé cette garantie dans un acte adressé au gouvernement anglais tout seul; mais si l'arrangement en question se conclut sous l'intervention des autres puissances, agissant de concert avec l'Angleterre, la garantie de toutes ces puissances suffira sans doute pour calmer les craintes et dissiper la jalousie des Grecs.

Une discussion à ce sujet ne saurait en tout cas avoir lieu qu'au moment où la négociation se trouvera à peu près terminée, à moins cependant que la Porte ne s'adresse aussi à notre garantie. Il faut alors avoir une réponse toute prête pour les deux parties. On leur observerait, que la nature même de notre gouvernement s'oppose à ce que nous nous engagions de cette manière.

On trouve dans la série entière de nos obligations diplomatiques très-peu d'obligations positives. Celle envers le Portugal est de ce nombre. La conséquence d'un pareil arrangement, c'est (comme l'exemple des dernières années l'a suffisamment prouvé) de nous imposer le devoir d'une intervention continuelle dans les affaires intérieures de ce pays, devoir entièrement étranger aux principes généraux de notre politique, mais auquel nous ne pouvons pas échapper, quand même une fausse démarche du gouvernement avec lequel nous avons contracté, nous entraînerait contre notre gré dans quelque guerre imprévue.

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