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fois par l'accueil qu'elle lui a fait dans sa marche et son arrivée rapides et triomphales; de cette nation par laquelle et pour l'intérêt de laquelle il veut régner, que veut Napoléon ?

50. Ce que veut le peuple français : l'indépendance de la France, la paix intérieure, la paix avec tous les peuples, l'exécution du traité de Paris du 30 mai 1814.

51. Qu'y a-t-il donc désormais de changé dans l'état de l'Europe et dans l'espoir du repos qui lui était promis? Quelle voix s'élève pour demander ces secours qui, suivant la déclaration, ne doivent être donnés qu'autant qu'ils seront réclamés ?

52. Il n'y a rien de changé, si les puissances alliées reviennent, comme on doit l'attendre d'elles, à des sentimens justes, modérés ; si elles reconnaissent que l'existence de la France, dans un état respectable et indépendant, aussi éloigné de conquérir que d'être conquis, de dominer que d'être asservi, est nécessaire à la balance des grands royaumes comme à la garantie des petits Etats.

53. Il n'y a rien de changé, si, respectant les droits d'une grande nation qui veut respecter les droits de toutes les autres, qui, fière et généreuse, a été abaissée et ne peut jamais être avilie, on lui laisse reprendre un monarque et se donner une constitution et des lois qui conviennent à ses mœurs, à ses intérêts, à ses habitudes, à ses besoins nouveaux.

54. Il n'y a rien de changé, si, n'essayant pas de contraindre la France à reprendre avec une dynastie dont elle ne peut plus vouloir, les chaînes féodales qu'elle a brisées, à se soumettre à des prestations seigneuriales ou ecclésiastiques dont elle est affranchie, on ne veut pas lui imposer des lois, s'immiscer dans ses affaires intérieures, lui assigner une forme de gouvernement, lui donner des maîtres au gré des intérêts ou des passions de ses voisins.

55. Il n'y a rien de changé, si, quand la France est occupée de préparer le nouveau pacte social qui garantira la

TOME IV.-2nde Partie.

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liberté de ses citoyens, le triomphe des idées généreuses qui dominent en Europe et qui ne peuvent plus y être étouffées, on ne la force pas de se distraire, pour combattre, de ces pacifiques pensées et des moyens de prospérité intérieure auxquels le peuple et son chef veulent se consacrer dans un heureux accord.

56. Il n'y a rien de changé, si, quand la nation française ne demande qu'à rester en paix avec l'Europe entière, une injuste coalition ne la force pas de défendre, comme elle l'a fait en 1792, sa volonté, et ses droits, et son indépendance, et le souverain de son choix.

Signé, le ministre d'Etat, président de la section des

finances,

Le comte DEFERMON; Le ministre d'Etat, président de la section de l'intérieur, Le comte REGNAULT DE SAINT-JEAN-D'ANGÉLY;

Le président de la section de législation,

Le comte BOULAY;

Le président de la section de la guerre,

Le comte ANDRÉOSSY.

Certifié conforme,

Le ministre secrétaire d'Etat,

Duc de BASSANO.

Cette pièce produisit son effet. La nation fut outrée de voir que de si indignes Français avaient mendié, libellé la proscription de leur ancien chef, et que les souverains réunis avaient sanctionné cette indigne conception.

Il n'en était pas ainsi de Fouché. Il s'était tenu jusquelà dans un silence observateur, parce qu'il s'était persuadé que l'Autriche appuyait l'empereur dans son entreprise.

Il avait aidé de son mieux à décider en sa faveur l'explosion, qui souffrait des difficultés dans le midi, savoir à Bordeaux, Toulouse et Marseille. La duchesse d'Angoulême

était dans la première de ces villes, où elle excitait son parti. Le duc d'Angoulême se rendit à Toulouse; il laissa vers cette ville M. de Vitrolles pour organiser des moyens de défense, et il continua son chemin sur Marseille. Il parvint à y assembler quelques troupes et à les porter sur la route de Lyon, jusqu'à Montélimart; mais tous ces efforts furent sans effet.

L'empereur avait envoyé Clausel à Bordeaux. Ce général resta quelques jours devant cette ville, avec les magistrats de laquelle il entama des pour-parlers. Le régiment d'infanterie qui occupait la place refusa de se prêter à ce qu'on exigeait de lui. Le général Decaen, qui commandait dans la ville, fut obligé d'engager la duchesse d'Angoulême à partir, parce qu'il ne pouvait pas lui répondre de la tranquillité de la garnison. La duchesse montra dans cette occasion le plus rare courage; elle employa tous les moyens pour intéresser les cœurs généreux. Elle alla aux casernes, harangua les soldats; ceux-ci, groupés autour de sa calèche, protestaient de leurs respects, se défendaient d'un manque d'égards, mais refusaient de s'armer pour elle. Quelques-uns juraient qu'ils ne souffriraient pas qu'il lui mésarrivât; elle les interrompit : "Non, non, plus de serment, leur dit-elle; des effets, le "moment est venu."

Elle ne put les décider, et s'embarqua sur une corvette anglaise qui était entrée dans la Gironde.

.A-Toulouse, le général de Laborde fit enlever M. de Vitrolles, qui fut conduit à Paris.

L'empereur avait envoyé le général Grouchy prendre le commandement des troupes qui étaient dans les environs de Lyon. Il les grossit avec les gardes nationales des départemens voisins, et marcha contre le duc d'Angoulême.

Il l'atteignit, dissipa ses troupes et le fit prisonnier. L'empereur ne voulut pas abuser de la fortune, laissa au duc la

liberté de se retirer où bon lui semblerait, celui-ci passa en Espagne.*

M. le duc de Bourbon avait été envoyé par le roi dans la Vendée; il était même accompagné par M. le comte de Cessac, qui avait si bien perfectionné l'exécution du système de conscription sous l'empereur. La mission de M. le duc de Bourbon était de lever une armée dans la Vendée; mais lorsqu'il apprit le véritable état des choses tant à Paris que dans le midi, il prit le parti de s'embarquer pour l'Angleterre. Tout ce qui l'avait accompagné revint à Paris rendre ses devoirs à l'empereur.

Ce fut de ce moment que toute la France put se regarder comme réunie sous les mêmes signes. Malheureusement ce ne fut pas pour long-temps.

Quoique le retour de l'empereur eût excité autant d'enthousiasme que d'admiration, on remarquait néanmoins que le triomphe des idées modernes sur les anciennes y avait

Les hommes, ne se connaissent jamais mieux qu'après une révolution, et voici une note que je transcris sur le rapport de l'homme de France qui était le mieux placé pour connaître le fait que je rapporte.

Il y eut d'abord entre le duc d'Angoulême et le maréchal Grouchy une sorte de capitulation par laquelle le prince pouvait se retirer en Espagne. Le maréchal en rendit compte par le télégraphe ; l'empereur répondit par la même voie qu'il approuvait.

Peu après, une seconde dépêche télégraphique rendit compte que, pendant l'armistice qui avait précédé et suivi la capitulation, il était survenu un incident qui en avait fait suspecter la bonne foi, que l'on avait eu recours aux armes, et que le duc d'Angoulême était prisonnier.

On soumit cette seconde dépêche à l'empereur, qui ordonna à M. de Bassano (il avait l'administration télégraphique sous ses ordres) de faire transmettre au maréchal Grouchy que c'était bien. Le premier ordre était parti, M. de Bassano différa l'expédition du second jusqu'à ce que le premier eût pu arriver et recevoir son exécution. Effectivement quand le deuxième parvint Grouchy fit courir après le duc d'Angoulême; mais il venait de passer la frontière, il n'était plus temps.

une très grande part. L'on s'en aperçut bientôt par les cris de constitution qui se firent entendre de tous les côtés; on voulait de l'empereur, on le préférait à tout autre souverain, mais on n'entendait à aucune composition sur les bornes que l'on était résolu de poser à son pouvoir, et on se serait porté à toutes les extrémités, si l'on n'avait pas espéré que luimême se restreindrait de manière à donner une entière sécurité sur le retour des maux dont on avait encore un aussi récent souvenir. En un mot, on ne prétendait le recevoir que comme le levier qui avait déplacé la maison de Bourbon; on voulait bien se servir de lui en cas de guerre, mais on prétendait le brider pour le reste.

CHAPITRE II.

Metternich envoie un émissaire à Fouché.-L'empereur s'empare des signes de reconnaissance et s'interpose entre les deux ministres.-Ce qu'il apprend. -Il a un instant la pensée de faire arrêter Fouché.-Talleyrand au plus offrant et dernier enchérisseur.-Murat éclate à contre-temps.-Le général Béliard.-Marche ténébreuse de Fouché.

Les hommes du parti royal qui étaient restés à Paris remarquèrent bien cette disposition des esprits. Ils les excitèrent, parce qu'en faisant triompher la constitution, ils assuraient. leur position en se garantissant des recherches qui auraient pu être faites sur leur conduite.

Fouché, qui avait d'autres projets, avait encore bien mieux aperçu cette disposition des esprits; il savait déjà à quoi s'en tenir sur le retour de l'empereur.

Il avait envoyé à Vienne pour savoir ce que cela voulait dire, soupçonnant que de cette ville quelqu'un avait pu être

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