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autant de l'ignorance des devoirs politiques, que de la dissolution des mœurs. Rome comptait encore de beaux caractères pendant les dissensions de Pompée et de César; elle eut des vertus publiques jusqu'à l'usurpation d'Octave, et n'eut que des talents sous Octave devenu Auguste; elle ne vit plus ensuite que des crimes sans dignité, et les bassesses des affranchis, qui étaient les courtisans en titre des empereurs. Mais introduire des soldats étrangers, se couvrir de leur protection, c'est annoncer qu'on n'ose rien par soi-même; aussi les jacobins n'ont-ils cessé de rabaisser, d'injurier le caractère des émigrés. La nation ne trouvant les grands propriétaires nulle part, pour la délivrer de ses tyrans domestiques, et les voyant dans les armées allemandes qui se vantent de la plier au joug, portera sur eux les jugements les plus désavantageux. Plus tard, on appellera de même brigands les généreux Vendéens, et cependant on transigera avec eux; et quand ces royalistes de l'intérieur seront perdus, ils ne le seront qu'à cause de la coopération des émigrés. L'émigration aura causé mille maux; elle n'aura produit aucun avantage. La postérité connaîtra du moins, les noms de Laroche - Jacquelin, de Charrette. Quels noms les royalistes d'outre-Rhin auront-ils à leur présenter? Henri IV avait admis des Écossais et des reitres dans son armée; mais ils ne furent que ses auxiliaires; ils dépendaient de lui. La Sorbonne ayant appelé les bandes catholiques de cette moitié de l'Europe asservie au Tibère espagnol, le grand roi se trouvait justifié par la nécessité, autant que par la politique; deux motifs qui manquèrent aux instigateurs de l'émigration.

Octobre 16. Horribles massacres commis à Avignon par les partisans de la réunion à la France. Une glacière est remplie de cadavres. Un monstre de ce pays trop fécond en scélérats, ( V. 2 août 1815) Jourdan coupe-téte est le chef des égorgeurs. Cette contrée n'a pas cessé d'être le théâtre des événements les plus malheureux, depuis deux ans.

28. Décret qui requiert Monsieur (Louis XVIII), frère du roi, de rentrer en France dans le délai de deux mois; faute de quoi, il est déchu de son droit éventuel de régence.

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31. Marine française. - Le ministre présente à l'assemblée nationale le tableau des forces navales. — 246 bâtiments, dont 86 vaisseaux de ligne, 78 frégates, etc., le tout en bon état. officiers de mer ou matelots, des magasins bien approvisionnés. Novembre 1er. Émission de 200 millions d'assignats. — Total émis à ce jour, 1400 millions.

Novembre 7. Le roi se rend à l'assemblée nationale; il insiste dans son discours, sur la nécessité de rétablir l'ordre, et de se rallier à l'amour de la patrie. Le président Pastoret lui répond : « .... Les droits du peuple étaient oubliés, et tous les pouvoirs confondus; une constitution est née, et avec elle, la liberté française. Vous devez la chérir comme citoyen; comme roi, vous devez la maintenir et la défendre. Loin d'ébranler votre puissance, elle l'a afferLa constitution vous a fait le premier monarque du

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« mie. . . . . . . . monde..... 9. Loi révolutionnaire.—Premier décret sur les émigrés. — Il est rendu après plusieurs jours de discussions, qui ne s'élèvent guère que sur la nature et l'étendue des peines à leur infliger; car très-peu de députés représentent l'injustice de ces mesures répressives. — Dans le séance du 25 octobre, le député Pastoret a concilié les droits de l'homme, et les lois contre les émigrants dans les cas extraordinaires; et citant Montesquieu, le voile jeté sur la liberté, l'habeas corpus suspendu, la lor martiale; il a présenté les émigrés comme « des mé« contents qui ne peuvent s'acclimater à une constitution qui a eu la perfidie d'exclure du premier rang l'intrigue et l'opulence, pour « y placer deux divinités obscures, le talent et la vertu. »—— Le 8, député Viennot-Vaublanc s'exprime ainsi : «< .... On a dit que les princes étaient dans la classe ordinaire des citoyens........ Mais je « vous demande si la constitution n'a pas placé dans le code pénal, e une loi particulière contre le prince premier appelé à la régence?... « Il faut une loi particulière, une loi telle qu'il soit impossible aux « chefs d'échapper; car, je soutiens que si vous ne faites pas une loi particulière contre les princes, il faut renoncer à faire des lois con«<tre les simples émigrés. Je vois avec indulgence les simples émi« grés; mais je ne vois pas sans indignation, que les princes, nourris « si chèrement par la patrie, trament sa ruine dans l'impunité...... Le décret frappe de sequestre les biens des princes qui sont hors du royaume, déclare coupables de conspiration, et enjoint de poursuivre et de condamner les Français rassemblés au-delà des frontières, ainsi que les fonctionnaires, s'ils ne rentrent avant le 1 janvier 1792.-Tout officier qui abandonnera ses fonctions sans avoir donné sa démission, sera poursuivi comme soldat déserteur. Le roi fera former incessamment des cours martiales pour juger tous les délits militaires. Il sera pris des mesures à l'égard des puissances limitrophes qui protégeraient les rassemblements des émigrés.

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Novembre 12. Le roi refuse de sanctionner le décret du 9, contre les émigrés. Il leur adresse une seconde proclamation pour les inviter à revenir en France. (V. 14 Octobre ).

17. Le démagogue Péthion est élu maire de Paris. On compte 80,000 citoyens actifs; 10,000 seulement donnent leurs suffrages ; Péthion en obtient près de 7,000; il va remercier les jacobins de leur protection, et jure de leur être dévoué.

25. Loi révolutionnaire portant création d'un comité de surveillance. Le comité doit être renouvelé tous les trois mois. Il exercera des fonctions judiciaires; il ordonnera, lorsqu'il le croira convenable, des visites domiciliaires, et ne rendra pas compte de leur exécution à l'assemblée nationale. Merlin dit de Thionville, Quinette, appuient vivement ces mesures.

29. Loi révolutionnaire rendue sur le rapport de François dit de Neufchâteau, auteur de poésies fugitives. Elle enjoint aux prêtres non assermentés de prêter le serment civique, et prive les refractaires de tout traitement ou pension. Le rapporteur multiplie les citations historiques, pour établir qu'il existe entre les prêtres catholiques et les ministres des autres religions, des différences qui nécessitent une loi beaucoup plus sévère contre les premiers. En preuve, il remonte jusqu'au cardinal de Richelieu et à son capucin le père Joseph, inventeurs des lettres-de-cachet. Il conclut que ce n'est pas pour les prêtres que la constitution a dit : Nul ne sera inquiété pour ses opinions religieuses; les cultes sont libres; quiconque fait exécuter des ordres arbitraires, doit être puni; les citoyens ont le droit d'élire ou de choisir les ministres de leur culte. L'impression de ce discours est décrétée, ainsi que l'envoi au 83 départements.

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29. Rapport du comité militaire de l'assemblée nationale. Situation militaire. Depuis Dunkerque jusqu'à Huningue, les frontières sont dans un bon état de défense, et gardées par 130,000 hommes effectifs, tant de troupes de ligne que de gardes nationales. Les bouches à feu sont au nombre de 11,000, sans compter celles de la marine. Les magasins contiennent 18 millions de livres de poudre, et 250,000 fusils. La force active est : troupes de ligne, 100,000 hommes; artillerie, 36,000 hommes ; volontaires nationaux, 84,000 hommes: total, 224,000 h. effectifs.

29. Message de l'assemblée nationale au roi, pour l'intimider au sujet du veto qu'il a mis sur le décret du 9, concernant les émigrés, et le contraindre à des mesures sévères contre eux. Le président, Viennot-Vaublanc (ministre à la fin de 1815), s'exprime

ainsi :

....

Depuis deux ans que les Français patriotes sont « persécutés, près des frontières, et que les rebelles y trouvent des « secours, quel ambassadeur a parlé, comme il le devait, en votre « nom?.... Aucun. Dites, enfin, que si des princes d'Allemagne a continuent de favoriser des préparatifs dirigés contre les Français, « nous porterons chez eux, non pas le fer et la flamme, mais la a liberté. C'est à eux à calculer quelles peuvent étre les suites du « réveil des nations.... La nation attend de vous des décla⚫rations énergiques. Qu'elles soient telles que les hordes des émigrés « soient à l'instant dissipées! Nous reconnaîtrons à cette éclatante ⚫ démarche le défenseur de la constitution...... » Le président Vaublanc termine son rapport à l'assemblée en disant : « J'observerai « qu'il m'a paru, quand nous sommes entrés, que le roi s'est incliné le premier ; je me suis incliné ensuite vers lui; le reste s'est passé ainsi qu'il est d'usage (On a vivement applaudi). »

........

Décembre 2. Le démagogue Manuel est nommé procureur-syndic de la commune de Paris.

14. Le roi se rend à l'assemblée nationale. Il annonce toute la confiance qu'il conserve dans les bonnes dispositions de l'empereur, ajoutant, qu'il prend, néanmoins, les mesures militaires les plus propres à faire respecter ses déclarations; et que, si elles ne sont point écoutées, il ne lui restera qu'à proposer la guerre. — Sur cela, l'assemblée décrète le développement des forces qui garnissent les frontières de l'empire d'Allemagne.

17. Décret.

Emission de 200 millions d'assignats. Total, émis à ce jour, 1600 millions.

19. Veto du roi sur le décret du 29 novembre, relatif aux prêtres. 20. Signification faite de la part du roi à l'électeur de Trèves, que, s'il ne s'oppose pas efficacement à tout rassemblement de Français dans ses états, la France le regardera comme son ennemi.

1792.

Janvier 1er. Loi révolutionnaire qui déclare les frères du roi et quelques chefs d'émigrés en état d'accusation. La haute-cour nationale, séante à Orléans, les jugera.

1er. Les généraux Luckner et Rochambeau sont nommés maréchaux de France.

14. L'assemblée nationale invite le roi à demander, au nom de la nation, des explications à l'empereur sur ses dispositions envers la France. Le 10 février est fixé pour terme de la réponse, et, à défaut

de réponse, ce procédé de l'empereur sera envisagé par la nation, comme une rupture du traité de 1756, et comme une hostilité.

Janvier 23, 24. Pillage des épiciers de Paris par la populace des faubourgs, mécontente du surhaussement du prix du sucre, qui se vend 42 sols la livre.

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25. L'assemblée nationale prolonge jusqu'au 1 mars le terme donné à l'empereur (V. 14 janvier). « Son silence, ainsi que toutes « réponses évasives ou dilatoires, seront regardés comme une décla«ration de guerre. »

30. Marie, reine de Portugal, frappée d'aliénation mentale, est reconnue incapable de gouverner. Jean, prince du Brésil, exerce la régence.

Février 7. Traité de Berlin, entre l'Autriche et la Prusse, établissant une alliance défensive pour comprimer les troubles de la France et de la Pologne. La Russie y accédera.

Les cabinets de Vienne, de Berlin et de Pétersbourg, affectent sans cesse de confondre les révolutions de France et de Pologne, les représentant comme dérivées d'une même source, et susceptibles d'amener des résultats pareils. Mais, la tendance de la première est démocratique, l'esprit de la seconde est aristocratique et monarchique. En France, les factions dominantes, les tribuns qui dirigent l'opinion, veulent le nivellement des rangs, appellent le peuple à l'exercice même de la souveraineté, et déchaînent les passions de la populace; tandis que le but de la révolution polonaise est l'indépendance de la couronne, en conservant tous les droits des nobles, hors celui de leur éligibilité au trône; et la constitution promulguée par la diète, le 3 mai 1791. laisse les paysans dans la servitude la plus dégradante. La déclaration des trois cours alliées, qui prétendent trouver de l'analogie entre deux révolutions si dissemblables, restera comme un des plus honteux monuments de la politique moderne.

9. Loi révolutionnaire, portée presque à l'unanimité, qui frappe de séquestre les propriétés des émigrés. — L'effet de cette mesure est de multiplier à l'infini les émigrants volontaires. Le très grand nombre parmi les nobles, ou ceux qui prétendent l'être, croient que l'honneur leur ordonne de fuir les geoliers de leur roi ( V. 14 octobre 1791). Beaucoup d'entre eux sont véritablement entraînés dans cette démarche par des motifs éminemment louables; mais rien n'est plus maladroit. Il en est d'autres qui affecteront de dire qu'ils veulent se préserver de la contagion révolutionnaire, en abandonnant la France, comme les marins ont soin d'éviter les côtes pesti

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