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« du nord et de l'Espagne, il renoncerait à l'idée de subjuguer le << continent, et consentirait à laisser la paix au monde. Mais cette « espérance a été déçue; et la paix que tous les gouvernements de<< sirent et ont proposée, a été rejetée par l'empereur Napoléon. « Soldats! C'est donc aux armes qu'il faut avoir recours pour conquérir le repos et l'indépendance. Le même sentiment qui guida « les Français de 1792, et qui les porta à s'unir et à combattre les « armées qui étaient sur leur territoire, doit diriger aujourd'hui vo« tre valeur contre celui qui, après avoir envahi le sol qui vous a «vus naître, enchaîne encore vos frères, vos femmes et vos en<< fants.....

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Août 15. Le général Jomini (Suisse de naissance), chef de l'état-major du corps d'armée commandé par le maréchal Ney, trahit et passe à l'ennemi. Son rapport fait connaître que Napoléon a le projet de se porter sur Berlin.

La compression des

18. Evacuation du royaume de Valence. évènements de la guerre générale oblige le maréchal Suchet d'abandonner le théâtre de ses beaux succès.

fications de Tarragone.

Il fait sauter les forti

Les faibles armées d'Aragon et de Catalogne sont en mouvement pour se réunir.

21. Ouverture de la campagne en Italie. Le royaume de ce nom est vivement menacé par l'Autriche. Le prince Eugène Beauharnais, accouru des bords de l'Elbe, porte son quartier- général à Adelsberg, non loin de la Save. L'armée franco-italienne est d'environ 50,000 h.

23. Combats des Gross Beehren et d'Ahrensdorff (près de Berlin). — Le prince royal de Suède ( Bernadotte) accable, avec des forces supérieures, le maréchal Oudinot, lui prend 1500 hommes et 20 canons. Berlin est préservé.

24. Sénatusconsulte qui met à la disposition du gouvernement 30,000 conscrits des classes de 1814, 13, 12, dans 24 départements limitrophes ou à proximité des Pyrénées. Ces conscrits se répartiront dans les corps des armées d'Espagne.

26, 27. BATAille de Dresde.

Les armées autrichienne, russe, prussienne, commandées par Schwartzemberg, Wittgenstein, Kleist, fortes d'environ 180,000 hommes, ont débouché de la Bohême sur Dresde, par la rive gauche de l'Elbe, pendant que Napoléon franchit témérairement la Lusace, et pousse vers l'Oder, l'armée du prussien Blucher. Napoléon, apprenant que la grande armée des alliés se met en mouvement; voyant

de son œil d'aigle, qu'ils essaient'de couper ses communications au Rhin; irrévocablement déterminé à ne pas abandonner Dresde, dont il fait le pivot de ses opérations, Napoléon a remis au maréchal Macdonald, le commandement des troupes qu'il laisse en Silésie, et arrive inopinément, le 26, au champ de bataille, à Dresde même. Les troupes qu'il amène, ont fait 40 lieues en 72 heures, sans distributions, et déja fatiguées par les marches et les combats des dix jours précédents. Quelques heures plus tard, Dresde était pris d'assaut, comme venaient d'être enlevés plusieurs ouvrages à l'entrée des faubourgs. Alors tous les corps français stationnés en Saxe, enveloppés par des ennemis trois fois plus nombreux, resserrés sur des territoires épuisés, en butte aux représailles d'une population malheureuse, ou passaient sous les fourches caudines, ou n'échappaient qu'en lambeaux et par des prodiges d'une valeur désespérée. Heureusement, l'ennemi arrivé le 25, à la vue de Dresde, est resté 24 heures dans l'inaction. La lenteur autrichienne et la rapidité française coïncident merveilleusement pour prouver, comme à l'envi, tout le prix d'un instant perdu.-L'action s'engage à l'entrée même des faubourgs; elle dure jusqu'à la nuit; les Français conservent leurs positions.

Le lendemain, au point du jour, Napoléon prenant l'offensive, dirige plusieurs attaques sur les ennemis qui couronnent les hauteurs voisines de la ville. Ses forces ne s'élèvent pas à 100,000 h.; mais, appuyées par une artillerie formidable et bien nourrie, elles emportent tous les obstacles, et forcent les masses alliées dé chercher un refuge derrière les hautes montagnes de la Bohême. Les Autrichiens laissent 20,000 prisonniers, 60 canons, un grand nombre de chariots que le mauvais état des chemins empêche d'emmener.

Cette grande affaire dans laquelle se distinguent éminemment l'ardente bravoure des soldats français, et les talents des maréchaux Gouvion-Saint-Cyr, Mortier, Victor, n'entraîne cependant aucun résultat décisif pour le vainqueur. Les plans de l'ennemi n'en sont point renversés. Les armées de Blucher et du prince de Suède ( Bernadotte) ont toujours la liberté d'avancer, d'agir avec vigueur sur les derrières et sur un des flancs de l'armée française, ainsi que les moyens de battre les corps qu'ils ont en face, tandis que l'autre flanc des Français ne cesse pas d'être dangereusement menacé par les masses rentrées en Bohême.

La fortune semble, à ce jour, avoir offert les moyens d'une belle retraite sur le Rhin. Mais, toujours ébloui de son génie, Napoléon

ne voudrait pas altérer son plan de campagne, par des modifications susceptibles de voiler, un instant, l'éclat de sa renommée, et d'affaiblir, au moindre degré, l'admiration de la France et de l'Europe. Ce triomphe inespéré l'enivre, le transporte; toutes ses idées colossales se relèvent soudain. Ainsi la fortune, si prodigue pour lui, et dont, trois fois, il méprisa l'avertissement, en Syrie, en Espagne, en Russie, lui aura plus vainement encore, accordé sa dernière faveur en Saxe.

Que ne fait pas la fortune pour Napoléon? Elle vient de moissonner, en ce jour même, le Turenne de notre siècle, le seul capitaine, dont le génie mûri par l'expérience, dont les talents consommés pourraient déterminer rapidement le sort de la campagne. Moreau, accouru du nouveau monde, à la voix d'Alexandre et d'un ancien frère d'armes ( V. 28 août 1812, 24 juillet 1813 ), a, le 16, dix jours auparavant, joint le grand quartier-général des alliés à Prague. Il y fait décider l'attaque sur Dresde, dont la prise exposera l'aventureux Napoléon au dernier péril. - Le 27, vers midi, Moreau s'entretenant avec l'empereur de Russie, près d'une batterie prussienne, reçoit un coup mortel. Cet évènement survenu à l'instant le plus important de la journée, exerce une influence décisive. Dès lors l'action continue avec peu d'ensemble de la part des Autrichiens; leur pesanteur augmente en ne recevant plus d'ordres ; ils se mettent en retraite, et les Français obtiennent la victoire; du moins cette victoire que laisse enlever un ennemi déconcerté.

On ne saurait être indifférent aux motifs qui ramènent le vainqueur de Hochstedt et de Hohenlinden ( V. 19 juin, 3 décembre 1800) sur ce théâtre de guerre. Serait-ce, après neuf années, l'impatience de son obscure retraite au-delà de l'océan, ou le ressentiment des outrages dont il fut abreuvé (V. 10 juin 1804 )? Serait-ce le pur amour de la patrie qu'il voit écrasée sous un sceptre de fer? C'est à la postérité la plus reculée, qui apercevra dans le même fond de perspective, les hommes de tous les siècles, à décider si Moreau ressemble au généreux Camille, ou bien au vindicatif Coriolan; s'il est venu blesser la France ou la délivrer. Il y a des actes d'une nature si haute, qu'on ne saurait les assujettir au niveau de la morale, qui mesure les actions ordinaires de l'humanité. On n'est pas d'accord, après vingt siècles, en jugeant les étranges résolutions de Timoléon, des deux Brutus. Quoi qu'il en soit, à l'égard de Moreau, il n'est pas un Français, ami de son pays, qui ne doive déplorer sa fin prématurée, en ce sens, que ce grand capitaine pouvait, en précipi

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tant la catastrophe de l'ennemi de l'Europe, de l'oppresseur de la France, accélérer le terme des calamités. On ne saurait douter que les souverains confédérés, reconnaissant toute l'utilité de la coopération de Moreau, n'eussent plus tard accueilli son interposition en faveur de sa patrie malheureuse; car l'admiration, le dévouement, la condescendance même, du plus éminent des confedérés, d'Alexandre pour Moreau, s'étaient déja signalés avec cette plénitude de franchise qui distingue le plus beau caractère de l'histoire moderne, depuis Gustave-Adolphe. — Il est présumable que Moreau n'aurait jamais passé au camp des Russes, s'il n'y avait été conduit par l'idée qu'il s'était faite de la noble et loyale politique de leur empereur; s'il n'avait pas été ramené en Europe par cet espoir, il est vraisemblable, qu'il serait resté en Pensylvanie, déplorant, comme tout bon Français, les hasards de la patrie. Moreau devait se flatter que son influence produirait d'heureux résultats pour la France, alors que les armées confédérées parviendraient au Rhin. Peut-être n'auraient-elles pas franchi ce fleuve, et c'eût été du rivage même de Kehl, à jamais célèbre par ses exploits, que ce guerrier se serait fait entendre aux Français, les aurait appelés et décidés à rejeter la tyrannie impériale.

Août 26. Combat sår la Katsbach (entre Brechtelshoff et Groetschen, Silésie). Le prussien Blucher commandant une des trois grandes armées confédérées, attaque et défait le maréchal Macdonald, considérablement affaibli depuis le départ des troupes emmenées à Dresde, par Napoléon. Le maréchal essuie une très-grande perte.

27. 29. Le maréchal Macdonald, battant en retraite des frontières de la Silésie, est de nouveau défait et très-endommagé dans une suite d'actions au passage de la Bober et de la Queiss; 10 à 12,000 hommes, et une partie de son artillerie, tombent au pouvoir de l'ennemi.

28. Sénatus-consulte annullant la déclaration d'un jury, et enjoignant à la cour de cassation de renvoyer les accusés devant une autre cour d'assises qui prononcera sur l'accusation, en sections réunies, et sans jury. Napoléon, infatigable dans l'établissement de l'arbitraire, détruit ce dernier refuge de la liberté civile.

30. Combat de Kulm. Le général Vandamme, à la tête d'un corps très-considérable, s'est engagé dans les défilés de la Bohême, à la poursuite d'une division ennemie. Mais, soit que son ardeur l'entraîne, ou qu'il suive à la lettre les ordres de Napoléon, ce gé

néral se portant trop avant, se voit enveloppé et fait prisonnier avec environ 12,000 hommes.

Septembre 2. Le maréchal Davoust évacue Schwérin; son corps d'armée se reploie sur la Stecknitz. — Ce mouvement rétrograde est l'effet des succès de l'armée combinée sur la Sprée. ( V. 23 août).

6. Combat de Dennewitz ( près de Berlin ). Le maréchal Ney à la tête de son corps, des corps du maréchal Oudinot, du général Reynier, marche sur Berlin. Ce mouvement a été signalé par le transfuge Jominy (V. 15 août, 2° art. ). Le maréchal Ney, défait par le prince de Suède, Bernadotte, ayant sous lui le général prussien Bulow, perd avec les deux tiers de son artillerie, ses munitions, ses bagages et plus de 12,000 hommes. — Les débris de ses troupes échappent vers Torgau.

Napoléon, qui s'est, immédiatement après sa grande affaire du 27 août, reporté avec ses deux gardes et d'autres renforts au secours de Macdonald, apprenant la défaite de Ney, se voit de nouveau forcé de renoncer à son plan d'invasion en Silésie. Il revient sur Dresde. Cependant, malgré tous les échecs essuyés par les corps qu'il a détachés sur ses flancs (V. 23, 26, 27 — 29, 30 août), toujours pénétré que son génie doit triompher de tous les obstacles, il persiste à conserver ses positions dans le cœur de la Saxe, il se refuse à toute modification un peu importante de ses opérations. Des corps d'armée entiers, de nombreuses garnisons, sont jetés à de grands intervalles, depuis la Baltique, jusqu'à la mer du Nord et jusqu'au Rhin. Par-tout, sur la rive droite de l'Elbe, les levées en masse (Landsturm) s'organisent; elles se préparent sur la rive gauche. Napoléon se voit prochainement menacé sur tous les points, entre l'Oder et le Rhin, d'une guerre nationale semblable à celle qui a concouru à la délivrance de l'Espagne; son armée réduite et manquant de cavalerie, doit faire face à des armées trois ou quatre fois plus nombreuses, dont les succès augmentent l'audace, qui se meuvent d'après des combinaisons froidement méditées, et auxquelles le temps offrira successivement des chances plus favorables. Néanmoins aucun motif de prudence ( car la vue des souffrances de l'humanité ne modéra jamais l'élan de son ambition), ne peut ébranler la détermination qu'il a prise. Frédéric II, entouré d'ennemis, conserva la position de l'Elbe; Napoléon le sait; il ne voudra pas se mettre au-dessous de ce roi, dans l'opinion des tacticiens.

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