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d'alliance sur le tombeau même de Frédéric II ( V. 1er octobre, 3 novembre 1805). Mais son ministre Haugwitz est spectateur de la journée d'Austerlitz ( V. 4 décembre 1805 ). Le cabinet de Berlin, déchirant précipitamment le traité de Postdam, rejetant dans l'oubli le serment fait aux mânes du grand roi, vire de bord, par la plus rapide des manœuvres, et contracte, avec la France, des engagements nuisibles à l'Angleterre, avec laquelle cette même Prusse était toute prête à s'unir (V. 15 décembre 1805).

Ces oscillations irrégulières amènent sur les eaux de la Sprée la confusion et les tempêtes. Les Brandebourgeois, qui s'appellent avantageusement, les Macédoniens de l'Allemagne ( dont, disent-ils, les Saxons sont les Athéniens, et les Autrichiens sont les Béotiens), vains, et non pas fiers de cet éclair de gloire que fit briller le seul grand homme de leur adolescente monarchie, se croyant inexpugnables, comme lorsqu'il était à leur tête, forceront, en 1806, leur gouvernement d'improviser les hostilités contre la France. Cette fois l'inconsidération de leurs hommes d'état si vantés, recoit, ainsi que l'inhabileté de leurs généraux, dont presque tous furent obscurs jusqu'à Iéna (14 octobre 1806), un châtiment à jamais mémorable. Frédéric-Guillaume III recouvre pourtant à Tilsitt (V. 9 juillet 1807), la moitié de son royaume, grace à sa digne et vertueuse résignation, ainsi qu'à l'insistance de l'empereur Alexandre, son allié.

En 1809, la guerre d'Autriche éclate. La Prusse fait des vœux pour le succès de ses armes; elle favorise, mais avec mystère, les courses du major Schill et du duc de Brunswick-Oels. Les évènements trompent encore l'attente du cabinet de Berlin; il se replie aussitôt dans les obscurs détours de sa politique nourricière.

En 1811, les états prussiens sont destinés à servir de champ de bataille aux deux grandes puissances; le cabinet prussien sollicite, intercède, presse, adjure, supplie, le plus humblement possible, la France, de resserrer les noeuds de leur union.

Il reste fidèle aussi long-temps que les chances sont favorables à son alliée. Dès l'heure où ce cabinet apprend la retraite de l'armée française de Moskow, il renoue ses liens avec la Russie; liens formés par les calculs de l'ambition, et relâchés aussi souvent que la Russie paraît la moins puissante. Le traité du 24 février 1812 avait été demandé par la frayeur; mais la déroute de la Bérézina donne des velléités courageuses aux conseillers de Berlin; elle leur revèle, à l'instant même, que le joug français est onéreux, humiliant; que

l'humanité est outragée au nord comme au midi de l'Europe; que les droits les plus sacrés furent sans cesse méconnus par le cabinet des Tuileries; que le sentiment de l'honneur peut ne pas rester absolument étranger aux inspirations de la diplomatie; et, qu'en certaines conjonctures, il doit se combiner avec un intérêt positif. La défaite complète, l'entière humiliation de Napoléon signalent, le même jour, et comme par enchantement, toutes les calamités qu'a produites son ambition depuis dix années. La nécessité les ramène au bon sens; et, consentant à devenir les auxiliaires des peuples justement révoltés, à favoriser l'influence des institutions secrètes qui travaillent avec un zèle infatigable à la délivrance de l'Allemagne, ils ont le mérite d'arriver quand l'Europe est persuadée qu'il ne reste plus que le coup mortel à donner à son tyran mortellement

blessé.

On continue cependant à feindre. La défection d'York ( V. 30 décembre 1812) est improuvée; il est ostensiblement destitué et condamné par contumace. Napoléon se voit toujours assiégé par les protestations d'un sincère dévouement à sa cause, tandis qu'avant le commencement de cette année 1813, on a renoué avec Alexandre, que la fortune ramène à l'occident. - Voilà de quelle manière la Prusse accède à la sixième coalition.

Mars 3. Traité de Stockholm, entre l'Angleterre et la Suède. Cette dernière puissance s'éloigna de la France, dès 1811, parce qu'elle en éprouva le refus d'intervenir auprès du Danemarck, pour la cession de la Norwége. L'invasion de la Poméranie (V. 26 janvier 1812) détermina Charles XIII à se rapprocher des deux grands ennemis de Napoléon (V. les traités des 24 mars et 3 mai 1812 )— Ce nouveau traité confirme les stipulations précédentes, et y ajoute l'engagement pris par la Suède, d'entrer en campagne avec un corps de troupes nationales d'au moins 30,000 hommes. En outre, la cour de Stockholm reçoit, de celle de Londres, un subside de 24 millions de francs, avec la cession de la Guadeloupe, abandonnée aux Anglais par le général Ernouf ( V. 6 février 1810).

4. Occupation de Berlin par les Cosaques.

10. Le maréchal Soult, affaibli par le départ d'une assez grande partie de ses troupes, envoyées en France et dirigées sur l'Allemagne, se porte de Valladolid au nord de l'Espagne.

12. Evacuation de Hambourg.

21. Prise de Dresde par les Russes et les Prussiens.

23. Bernadotte, prince royal de Suède, écrit à Napoléon,

l'invitant à modérer une ambition de plus en plus funeste à l'Europe.

Mars 31. Publication du manifeste de la Prusse contre la France. Avril 1er. Déclaration de guerre de la France à la Prusse, proclamée dans le sénat. - A ce jour, l'armée française, qui ne se compose guère que de 30,000 hommes de vieilles troupes, a son quartier-général à Stassfurth, près de Halberstadt. Elle est sous les ordres du prince Eugène Beauharnais, vice-roi d'Italie. En position sur l'Elbe et la Saale, elle occupe Magdebourg, Wittemberg, Torgau.

3. Sénatus-consulte qui met à la disposition du gouvernement 180,000 combattants; savoir: 10,000 gardes-d'honneur à cheval, s'équipant et se montant à leurs frais; 80,000 hommes, qui seront appelés sur le premier ban de la garde nationale des années 1807, 1808, 9, 10, 11, 12, et destinés à renforcer les cent cohortes levées en exécution du sénatus-consulte du 13 mars 1812; 90,000 conscrits de 1814, c'est-à-dire nés du 1er janvier au 31 décembre 1794. Ces 90,000 conscrits, qui ne font pas partie des 150,000 accordés au gouvernement par le sénatus-consulte du 11 janvier, sont destinés à la défense des frontières et des côtes.

5. Décret impérial qui crée 37 cohortes urbaines pour la défense particulière des places maritimes (V. 17 décembre ).

10. Mort de Lagrange, à l'âge de 78 ans; le premier mathématicien de l'Europe, depuis Euler.

14. Le quartier-général de l'armée suédoise, débarquée en Allemagne, s'établit à Rostock (V. 3 mars).

15. Napoléon part de Paris, et se rend à son armée d'Allemagne. 16. Reddition de Thorn aux Russes.

28. Napoléon porte son quartier-général d'Erfurth à Eckhartsberg. Son armée, plus formidable par la masse, que par l'espèce des troupes qui la composent, n'offre qu'une organisation incomplète.

29. Combat de Weissenfels (Saxe), livré par le maréchal Ney à des corps prussiens. Il est sans résultat.

Mai 1er. Mort du célèbre poëte Delille, connu d'abord sous le nom de l'abbé Delille.

2. Bataille de Lutzen, ou plutôt de Gross-Goerschen (Saxe), remportée par Napoléon sur l'armée prussienne et un corps russe, les deux souverains présents. Le prince Eugène, les maréchaux Ney, Mortier, Macdonald, Marmont; les généraux Compans, Ricard, Souham, Drouot, Latour-Maubourg, ont réparé, par leur intrépi

dité, le vice des dispositions générales prises au commencement de

l'action.

Cette victoire, extrêmement meurtrière, puisque le récit du vainqueur établit sa perte à 10,000 tués ou blessés, est due principalement à la supériorité de l'artillerie française. Napoléon ne se bat pas comme Bonaparte ; il ne s'appuie plus, dans les grandes actions, que sur cette arme, dont il force l'usage. Après avoir triomphé à coups d'hommes, il en vient à ne gagner les batailles qu'à coups de canon. Un grand nombre de vieux soldats ont péri; la cavalerie est tombée à un degré très-marqué d'infériorité, par l'effet des expéditions lointaines, par la précipitation des levées, ainsi que par le systême des dernières campagnes, où elle se vit sacrifiée d'une manière inouïe. Ce n'est plus la guerre des peuples civilisés, c'est la guerre des sauvages ou des barbares. L'empereur ne met aucun prix à la vie des hommes, que, cependant, doit ménager le talent comme l'humanité d'un général. Les combats sont des boucheries, les armées des instruments de carnage.

Un succès aussi chèrement acheté n'amène point de résultats importants. Le manque de cavalerie empêche de poursuivre l'ennemi; et les fruits de la victoire se réduisent à la possession de cette partie de la Saxe située sur la gauche de l'Elbe. Le vainqueur devrait donc apercevoir l'insuffisance de ses moyens pour soutenir, aussi loin des frontières de France, une guerre offensive. Car un seul état d'Allemagne, la Prusse, qui, depuis 1807, n'est plus que l'ombre d'elle-même; la Prusse, dépouillée de la moitié de ses provinces, systématiquement ruinée; qui, suivant ses traités avec la France, ne pouvait avoir que 60,000 hommes sous les armes; la Prusse n'a commencé que depuis quatre mois ses efforts et ses armements; et, déja, elle se présente à Lutzen, quoiqu'elle ne soit appuyée que par un corps russe peu nombreux; la Prusse vient, néanmoins, défier celui qui dispose encore des immenses ressources de la France et de l'Allemagne, et dont les forces, concentrées sur les bords de la Saale, guidées par les premiers généraux de l'Europe, présentent une masse redoutable.

Mai 8. Occupation de Dresde par le prince Eugène et le maréchal Macdonald.

12. Combat de Bischoffswerda (5 1. E. de Dresde) livré aux Russes par le maréchal Macdonald. Il est sanglant et sans résultat. 1921. Combats de Koenigswartha, Bautzen, Hochhirch, Wurtschen (Lusace). — Napoléon, à la tête de plusieurs corps com

mandés par les maréchaux Ney, Soult, Mortier, Marmont, Oudinot, Macdonald, les généraux Lauriston, Reynier, Compans, LatourMaubourg, suit les Russes et les Prussiens. — Après une vive résistance sur tous les points de sa ligne, l'ennemi se retire, sans précipitation, à l'abri de sa bonne et nombreuse cavalerie. — La perte officiellement déclarée des Français est de 12,000 hommes. Tout leur avantage consiste à se rendre maîtres des routes qui conduisent en Silésie. - La circonspection des généraux opposés, leur retraite en ordre serré et à pas comptés, le ravage des contrées qu'ils abandonnent; tous ces indices sont insuffisants pour éclairer Napoléon, qui se précipite avec emportement sur leurs traces.

Mai 22. Combat de Reichenbach, près de Goerlitz ( Lusace ). Les Français sont très-maltraités; ils perdent plusieurs canons. L'ennemi continue toujours sa retraite sur l'Oder, et Napoléon se laisse toujours entraîner à leur poursuite. Il vient d'étonner l'Europe par la création spontanée d'une nouvelle armée; ses derniers succès rétablissent sa renommée. C'en est assez pour l'empêcher de voir que son mouvement de la Saale sur l'Oder n'est qu'une suite de combats destructeurs, et qu'à mesure qu'il avance, il s'éloigne de ses renforts, tandis que les ennemis se rejettent sur les leurs.

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30. Reprise de Hambourg, par le maréchal Davoust et le général Vandamme. En rentrant dans cette ville, évacuée le 12 mars, les Français recouvrent le territoire situé sur la rive droite du bas Elbe, territoire annexé à l'empire par le sénatus-consulte du 13 décembre

1810.

Juin 1. Occupation de Breslau, par le général Lauriston.

4. Armistice conclu à Plesswitz, en Silésie, entre Napoléon et ses ennemis. Il doit expirer le 20 juillet. Les Français n'occuperont qu'une petite partie et la moins fertile de la Silésie; leur ligne n'atteignant l'Oder que sur un espace fort resserré, et Breslau restant libre entre deux armées. Ils sont de la sorte, pressés dans une contrée dévastée, incendiée, épuisée et menacée de la famine.

Napoléon a souscrit à des conditions aussi désavantageuses, dans l'espoir de séduire ses ennemis ou de désunir leur formidable coalition, et par le besoin qu'il a de gagner du temps pour réparer ses pertes au moyen des renforts très-considérables qu'il attend de France et qui lui permettront d'agir avec de grandes masses. Il se confie à la force de son génie ainsi qu'à l'usage de ce plein pouvoir, qu'il dit avoir reçu du destin. Au lieu de penser aux moyens de conserver les avantages qu'il vient d'obtenir, ainsi que sa prépondérance

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