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la garde impériale russe, et fait prisonnier le prince Repnin, l'un des colonels; ce fait d'armes se distingue dans le beau tableau de Gérard. Le général Gardanne chargeant, avec une division de dragons, a complété la déroute de l'ennemi.

Là, se termine, après moins de deux mois, cette campagne merveilleuse, ouverte à une distance de 150 lieues; elle finit par une des plus belles victoires que présentent les annales des peuples modernes. L'Autriche, dont l'histoire militaire se compose d'éclatants revers et de succès obscurs, n'avait jamais été aussi humiliée par les Musulmans ou les Suédois. Impuissante dans tous les temps à se sauver elle-même, elle a eu recours, une seconde fois, à la bra-. voure des Slaves; mais le génie de Sobieski n'est point descendu dans Kutusow. La présomption et les fautes multipliées de ce chef ennemi, ne sachant ni se retirer, ni attaquer à propos; l'exquise! habileté de Napoléon sachant, en peu de jours, réparer les écarts) de sa prudence, depuis l'ouverture de la campagne, conjurer les funestes effets de sa témérité; et, plus que tout cela, l'indomptable valeur des soldats, opèrent ce miracle, qui seul pouvait sauver l'armée française.

Décembre 4. Le ministre Haugwitz, envoyé de Berlin au quartier-général des alliés, se rend à celui de Napoléon, et le félicite de sa victoire. Le vainqueur d'Austerlitz ne se méprend point sur les sentiments du cabinet prussien : « Voilà, dit-il, un compliment dont la fortune a changé l'adresse (V. 1er octobre, 3, « 19 novembre ). »

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4—6. L'empereur d'Allemagne, François II, visite Napoléon à son bivouac et lui demande la paix. Un armistice est accordé. Les Russes sont tenus d'évacuer les états de leur allié, et de se retirer à travers les monts Krapacks, à journées d'étape, suivant un ordre déterminé, en trois colonnes.

Ainsi finit cette guerre de la troisième coalition, et la neuvième campagne de Bonaparte (car on doit appeler campagne, une suite non interrompue d'opérations dans un but déterminé; dès que ce but est atteint, la campagne est révolue ). Jusqu'à ce jour, tous les plans de cet homme extraordinaire, ont un caractère particulier d'audace réfléchie, qui doit le faire regarder comme le premier capitaine du siècle, et l'égal des plus célèbres guerriers de tous les siècles.

A son début, on le voit s'élancer des montagnes de Gênes aux Alpes-Juliennes. Il n'a que 26 ans, et ses premiers pas sont les vic

toires de Montenotte, de Millésimo ( avril 1796) qui désunissent l'armée autrichienne et l'armée piémontaise.

Secondle campagne.-Le général autrichien Wurmser évacue l'Alsace, accourt au secours du Tyrol; vaincu à Castiglione (août 1796), il rentre, avec les restes informes de son armée, dans les défilés de ce même Tyrol.

Troisième campagne. Wurmser complètement battu à Bassano (8 septembre 1796), se renferme à Mantoue avec les débris de la 2o armée portée en Italie par l'Autriche, depuis le commencement de cette guerre de la première coalition.

Quatrième campagne. Par l'effet de la journée d'Arcole (15 novembre 1796), le général Alvinzy est rejeté au-delà de la Brenta avec ce qui échappe de la 3o armée impériale.

La 5 campagne commence neuf mois seulement après la ire. Les affaires de Rivoli et de la Favorite ( 1er janvier 1797 ), amènent la destruction de la 4 armée autrichienne, et la reddition de Mantoue.

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Sixième campagne. — Après le traité de Tolentino (février 1797), Bonaparte défait, dans une suite d'engagements, l'archiduc Charles; et le renversant impétueusement sur le Tagliamento, l'Isonzo, les Alpes-Juliennes, la Drave, la Save et la Muehr, jusqu'à 30 lieues de Vienne, il dicte la paix à l'Autriche, stupéfaite de voir les Français en possession de Trieste, de l'Istrie, de la Carniole, de la Carinthie, de la Styrie et des confins de l'Autriche antérieure.

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Septième campagne. L'expédition d'Égypte à laquelle se rattache celle de Syrie, témoigne que le génie de ce général, réduit à faire une guerre de conservation, avait su se ployer à cette nécessité. On doit pourtant lui reprocher son obstination devant Acre; mais César fut battu à Dyracchium, Turenne à Marienthal.

La huitième campagne commence à Dijon. Les grandes Alpes sont escaladées par une armée entière, elles voient nos soldats colporter les canons, les affûts, les munitions. Les vallées septentrionales du Piémont sont envahies avec la rapidité des torrents qui s'y précipitent. Mélas, l'inepte Mélas éprouve à Marengo, une de ces défaites ignominieuses que le destin semble tenir en réserve pour les armées autrichiennes. Dans ce seul jour ( 14 juin 1800), l'Italie est reconquise; sans que ni la Belgique, ni les départements réunis aient été menacés, et pendant qu'une armée fortement établie et savamment dirigée par l'inexpugnable Moreau, manœuvre sur le haut

Danube.

Enfin, cette neuvième campagne (d'Austerlitz), qui transporte en 60 jours, 150,000 Français, des montagnes Noires aux monts Krapacks, des sources du Danube aux glaciers d'où jaillit la Vistule; cette campagne offre une telle suite de triomphes inattendus et cependant si bien concertés, qu'elle semble obscurcir la gloire des plus illustres capitaines.

Si le vainqueur, si l'heureux Bonaparte s'arrête ici, son nom sera le premier nom de la guerre. Mais, après avoir conçu, achevé cette campagne, il pourra croire que rien désormais ne lui est impossible. Trop certain de la fortune, il n'en redoutera pas les caprices. Assis sur le trône de France, qu'il aura si prodigieusement exhaussé, ce Louis XIV parvenu qui est lui-même son Turenne et son Louvois, aspirera à la monarchie universelle. Si le fils de Louis XIII hérita des grands résultats qu'amenèrent Henri IV, et Richelieu, et Mazarin, et les guerres civiles qui aiguisent les courages, qui produisent les beaux génies; le fils d'un Corse ignoré, n'est-il pas déja le seul légataire d'une révolution qui lui transmet un pouvoir sans bornes? Car toutes les résistances ont été brisées dans l'intérieur. Cette révolution a mis au jour une foule d'hommes supérieurs, telle qu'on n'en vit jamais d'aussi nombreuse dans les sciences ou les arts divers dont peut s'aider un gouvernement. Ces hommes transcendants par leurs facultés ou par leurs lumières, Bonaparte les a tous dans sa main. Lorsqu'il arrive au pouvoir, l'ancienne France est détruite; la nouvelle est à faire. Nulle institution, aucun préjugé qui balance, qui suspende les conceptions, qui détourne l'action du chef de l'état. L'exaltation guerrière, la passion des conquêtes, ne sont retenues par ancune de ces considérations qui ralentirent, il y a un siècle et demi, l'élan de ce fastueux monarque triomphant de la république hollandaise, vainqueur des deux branches de la maison d'Autriche, dominant la politique anglaise, soit en soudoyant les voluptés de l'aîné des Stuarts ou en excitant l'imprudent fanatisme de l'autre. Bonaparte ne rencontrera, de la part des Français, aucun obstacle à ses desseins. Par le succès prodigieux de cette campagne de 1805, sa prépondérance réelle est élevée bien au-dessus de la puissance de Charles-Quint, dont le front brillait de trente diadêmes. Napoléon est à l'apogée de sa gloire. La victoire d'Austerlitz doit être le fleuron le plus radieux de sa couronne d'empereur; couronne qu'il fera briller d'un éclat immortel, s'il lui suffit de régner sur la moitié de l'Europe et de se faire craindre ou rechercher de l'autre moitié.

Décembre 15. Convention provisoire conclue à Vienne. - La Prusse cède à la France les pays d'Anspach et de Bareuth, Clèves, Neufchâtel, et obtient son consentement pour enlever au roi d'Angleterre l'électorat d'Hanovre qui servira d'indemnité à la puissance cessionnaire (V. 8 mars 1806).

26. Traité de PAIX SIGNÉ A PRESBOURG, entre la France et l' Autriche. Les anciens états de Venise, y compris la Dalmatie et l'Albanie sont cédés au royaume d'Italie. La principauté d'Eichstett, une partie de l'ex-évêché de Passau, la ville d'Ausgbourg, le Tyrol, toutes les possessions de l'Autriche en Souabe, dans le Brisgau et l'Ortenau sont transportés à l'électeur de Bavière et au duc de Wirtemberg, créés rois par la France, ainsi qu'au duc de Bade. -La république helvétique, régie par l'acte de médiation du 19 février 1800, voit stipuler son indépendance.

1806.

Janvier 1 L'électeur de Bavière et le duc de Wirtemberg se déclarent rois, d'après l'autorisation de la France.

23. Mort de Guillaume Pitt, à l'âge de 47 ans. Ce ministre anglais, le second de ce nom deux fois célèbre, comptera parmi les hommes qui ont fortement pesé sur les destinées de l'Furope et de la France. Il dirigea pendant 23 années, les conseils de la GrandeBretagne. Financier habilement fiscal, orateur éloquent, tacticien consommé dans les stratagêmes et les débats parlementaires; s'il était grand ministre jusqu'à Douvres, il ne l'était plus à Calais; car toutes ses combinaisons de politique ou de guerre continentales manquèrent. Ses échecs sont trop nombreux, pour que les plus obstinés admirateurs du systême qu'il se plut à suivre, puissent le justifier (V. 9 septembre, 19 décembre 1793; 5 avril, 16 mai, 21, 22 juillet 1795; 29 mars, 15 mai, 8, 10, 22 octobre 1796; 17 octobre 1797; 9 mai, 8 décembre 1798; 23 janvier, 1 art, 18, 31 octobre 1799; 20 mars 1800; 9 février, 1er octobre 1801; 25 mars 1802; 26 décembre 1805 ). Il a servi son pays; mais par son implacable haine envers la France, par son inflexible opposition à tous les gouvernements qui s'y sont montrés, plutôt assurément que par un choix judicieux des moyens propres à y amortir le volcan des révolutions; ce qui était dans l'intérêt de l'Angleterre, aussi bien que du continent. S'engageant dans la route la plus longue, la plus périlleuse, il refusa d'en sortir; malgré les énormes sacrifices qu'il

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imposait aux Anglais. Les Anglais seront sauvés, mais huit ans après lui; et ce dénouement, ils le devront bien moins à l'énergique persévérance de son systême politique, qu'à l'insigne folie du terrible adversaire qui jura leur ruine. Et néanmoins, si la lutte se prolongeait deux ans encore, leurs finances hors d'état de la soutenir, les livreraient au maître de l'occident. Pitt mourant laisse l'Europe dans l'incertitude, et l'Angleterre dans les angoisses. On ne saurait appeler grand, un homme, parce qu'il développa quelques grandes qualités dont l'usage n'amena que, d'incomplets, que d'équivoques, que de faux résultats mêlés à de grandes calamités, pour son pays même. L'animosité qu'il avait vouée au nom français aveuglait son esprit. La destruction du jacobinisme, le rétablissement de la monarchie, ne furent pour lui que de vains prétextes. Il enchaina les pas des princes français, en ne les souffrant jamais à la tête de leur parti ( V. 27 août 1793; 17 novembre 1795; 29 mars 1796). Déçu dans l'espoir d'anéantir son grand ennemi, il saisit l'occasion inattendue de se dédommager des revers de la seconde coalition continentale, et crut obtenir un plus beau prix de son génie, en assurant la domination exclusive de l'Angleterre sur les mers, et obtenant les bénéfices d'un monopole universel. Mais la puissance territoriale et la force effective de la France s'augmentaient dans la même progression. Depuis la rupture du traité d'Amiens, l'ambition extravasée de Napoléon dispensait le ministre anglais de sagacité politique. Il ne lui fallait non plus, que des talents vulgaires, pour décider à la plus opiniâtre résistance, une nation aussi éclairée, aussi vigoureusement constituée, pour enflammer son courage, susciter tout son patriotisme et la porter aux extrêmes sacrifices. La preuve de ceci est que des hommes inférieurs de toute manière à Pitt, que les lords Castlereagh, Sidmouth, parviendront, huit ans après sa mort, à faire triompher leur pays; et ils n'y seront parvenus qu'à l'aide de circonstances inespérées. L'Europe entière devra avant tout sa délivrance à l'issue des opérations de la campagne de 1812, en Russie; opérations dans lesquelles l'action du ministère anglais ne pourrait exercer qu'une bien légère influence; issue des plus extraordinaires qu'il n'aura ni préparée ni décidée. D'ailleurs, quand une nation agit directement sur son gouvernement, qu'importent quelques degrés de capacité de plus dans un ministre ? Il ne saurait en être de cette nation, comme de telle autre qui, dépourvue d'esprit public et soustraite à la connaissance de ses affaires, ne serait sauvée que par les efforts d'un génie supérieur, d'un de ces génies éclatants, dont l'apparition, ainsi que celle des comètes,

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