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sur cette multitude de petits esquifs embossés sous les batteries; il n'obtient aucun résultat. Il se retire.

Août 15, 16. Deuxième attaque de la flottille. - Nelson repoussé le 4, reparaît en vue de Boulogne, amenant huit vaisseaux de ligne, douze frégates, des bricks, brûlots, bombardes, chaloupes canonnières, péniches, dont les voiles couvrent le détroit. Suivant sa propre relation, il s'est donné tout l'avantage que doit obtenir l'assaillant dans une attaque nocturne. Persuadé des succès dévolus à l'audace que dirige une savante tactique, il reproduit la manœuvre qui le fit triompher à Aboukyr (1er août 1798); et, pendant qu'une de ses divisions s'efforce de passer entre la terre et l'ennemi, il serre la flottille rangée à 500 toises du rivage et fixée sur ses ancres. Tous ses efforts sont infructueux; il éprouve une perte très-considérable; il s'éloigne.

Mais aussi tout cet appareil si menaçant, qui semble disposé pour détruire l'Angleterre, n'est et ne peut être qu'un simulacre de guerre dispendieux autant qu'inutile, dont le théâtre se restreint à l'espace compris entre Calais et la Somme. Le seul objet réel de Bonaparte, est de tenir en haleine le crédule enthousiasme des Français, et de leur paraître toujours un génie incomparable par la force, la beauté, l'étendue de ses conceptions.

Il parvient à les persuader que les frêles embarcations de la flottille, telles qu'elles sont construites et armées, peuvent opérer sans le secours d'une force navale composée de bâtiments de haut-bord. Ce n'est que tard, qu'une foule de personnes moins injudicieuses se désabuseront et s'apercevront que des deux seuls moyens existants pour faire arriver la flottille sur les côtes de l'Angleterre, forcer le passage ou bien le surprendre, le premier est presque impossible, et le deuxième n'est guères plus facile; les localités présentant, à cet égard, les plus grands obstacles. La nature n'ayant placé sur les côtes du Pas-de-Calais, aucun mouillage sûr où la flottille puisse demeurer à l'ancre sans danger, pendant la durée d'un de ces coups de vent si fréquents et si terribles dans la Manche, pour en appareiller aussitôt la tempête passée; la flottille devait donc se tenir dans les ports de Boulogne, de Vimereux, etc., jusqu'à l'instant même de l'entreprise. Or, il lui fallait plus d'une marée pour sortir de ces ports, vu le nombre immense de bâtiments qui la composent (V. 2 octobre 1804); par conséquent, les forces navales ennemies auraient eu le temps de se porter en masse sur son passage qu'elles surveillaient sans relâche.

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Août 15. Le concordat signé à Paris, le 15 juillet précédent, est après un long examen, approuvé dans une congrégation de cardinaux. Le pape le ratifie dans tout son contenu (V. 6 avril 1802). Le saint-père demande à tous les anciens évêques de France résidents ou absents de renoncer à leurs siéges, afin de faciliter, par la mise en vigueur de ce concordat, le rétablissement de la religion catholique dans l'ancien très-chrétien. Quatorze d'entre eux tenant beauroyaume coup plus à leurs souvenirs qu'à leurs espérances, attendu qu'ils jouissent à Londres d'une tranquille aisance, sans cultiver la vigne du Seigneur, refusent l'envoi de leur démission.

30. Reddition d' Alexandrie, dernier poste occupé par l'armée d'Égypte. La convention est signée par Abdoullahy Menou, Hutchinson, commandants français, anglais; et par le Capitan pacha. Les puissances ennemies s'engagent à ramener en France la garnison. A peine reste-t-il sur pied, 3,000 soldats; les maladies retiennent dans les hôpitaux, la moitié des hommes en état de porter les armes; les vivres et les médicaments finissent; l'eau douce est devenue si rare, qu'on ne la distribue plus que par ration; les ennemis sont formidables par leur grand nombre. Les causes qui ont hâté la perte de cette possession existent presque uniquement dans les mauvaises dispositions prises, avant l'apparition de l'ennemi comme après son débarquement, par le chef inhabile de la vaillante armée française. La capitulation est fidèlement observée de la part des Anglais.

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Ainsi se termine l'expédition la plus mémorable des temps modernes; expédition commencée sous les plus brillants auspices, et qui devait ramener dans l'Égypte dégénérée la civilisation avec tous ses bienfaits. Qui n'en regretterait pas l'issue, en voyant transporter les prodiges de la science dans la mêlée des armes, les lumières de l'Europe chez les Bédouins, les arts de la culture au milieu des déserts!

Cette expédition ajoutera, sans doute, à la gloire militaire des Français; mais elle ne produit d'autre avantage que celui d'obtenir une connaissance plus exacte de quelques-unes de ces ruines qui passionnent, qui transportent des antiquaires dédaigneux de tout ce qui est moderne.

Septembre 7. Ouverture d'une nouvelle diète helvétique, à Berne. Le directoire français aimait à voir réfléchir son image dans toutes les petites républiques qu'il appelait les satellites de la grande nation. A sa voix, elles s'étaient formées ou transformées. Ainsi

François dit de Neufcháteau, séant au Luxembourg, se voyait reproduit par l'avocat Corvetto, fabricant des lois, dans le palais des doges génois (V. 31 mai 1797). Aujourd'hui Bonaparte ordonne un 18 brumaire en Suisse, (et cette nouvelle diète est aussi le résultat de la révolution qui doit s'opérer) en Holiande (V. 17 octobre), à Milan (V. 26 janvier 1802), à Gênes (V. 29 mai 1802). Les peuples divers changent de principes politiques, d'organisation sociale, de mode d'administration, et de tyrans, d'après l'ordre du consul des Tuileries.

Septembre 29. Traité de paix entre la France et le Portugal, signé à Madrid. Les limites de la Guyane française sont étendues jusqu'au fleuve des Amazones, près de son embouchure.

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Octobre 1er. Traité secret de Saint-Ildefonse, entre la France et bit l'Espagne. La Louisiane qui fut abandonnée à l'Espagne après la

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paix humiliante de 1763, est rétrocédée.

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1. Articles préliminaires de paix, entre la république française et la Grande-Bretagne, signés à Londres. Cessation immédiate des hostilités. En résultat des diverses campagnes maritimes, la France a vu s'anéantir la plus grande partie de ses forces navales; 340 vaisseaux de guerre, dont 60 vaisseaux de ligne, 137 frégates et 143 autres bâtiments armés ont été détruits ou pris par l'ennemi; ce qui suppose, en calculant l'effectif moyen des équipages, une perte de 80,000 matelots.

Les vrais motifs de Bonaparte, en se déterminant à la paix, sont, l'impossibilité de garder l'Égypte ; la mort de Paul Ier, qui a produit la dissolution de la confédération du nord; la prodigieuse augmentation de la marine britannique; l'union récente de tous les partis dans les trois royaumes pour en défendre l'accès à l'ennemi; les mécontentements en Hollande, en Suisse, en Piémont; les discussions en Allemagne relativement aux indemnités et les difficultés élevées depuis peu, touchant l'exécution du traité de Lunéville; enfin la nécessité de complaire à l'opinion publique en France et de relever l'esprit national fatigué par cette continuité de guerres, et qui s'en irrite autant qu'il se décourage, depuis que tous ces grands projets de coalition maritime, de colonisation en Égypte et même d'invasion en Irlande où en Angleterre, sont envisagés comme inexécutables. Toutes ces circonstances décident l'artificieux consul à revêtir des apparences de modération et d'humanité.

4. Bourse de Paris. La nouvelle de la signature des préliminaires de paix avec l'Angleterre, porte le tiers consolidé de 48 fr.

a 53 fr. Il n'était coté que 11 fr. 30 c. le 8 novembre 1799, ou la veille du 18 brumaire.

Octobre 8. Traité de paix entre la France et l'empereur de Russie, Alexandre, signé à Paris. -Il n'existait auparavant, entre les deux puissances qu'une simple cessation d'hostilités par le fait et sans aucune convention écrite.

9. Articles préliminaires de paix entre la France et la Porte ottomane, signés à Paris. —L'alliance des deux puissances remontait au traité conclu en 1534, entre François Ier et Soliman II. Elle n'avait jamais été interrompue, jusqu'à l'invasion de l'Égypte, en 1798; évènement impolitique, amené par la fourberie du directoire, la connivence intéressée de l'ambitieux Bonaparte, et les idées de certains philosophes enthousiastes de ces temps qu'ils appellent la sublime antiquité, et qui dépeupleraient, ruineraient un grand état, pour avoir un marbre d'Athènes ou une momie de Thèbes.

Le traité définitif entre le premier consul et le grand-seigneur, aura lieu le 25 juin 1802.

17. On proclame en Hollande une nouvelle constitution secrètement dictée par le gouvernement français, jaloux d'engager ce pays plus avant encore dans sa dépendance. Cette secousse politique est calquée sur le 18 brumaire.

Décembre 14 et suiv. Expédition de Saint-Domingue. - Des escadres appareillent des ports de Brest, de Lorient. Elles seront suivies des armements qui se préparent à Toulon, à Cadix, au Hâvre, à Flessingue. Ces premières expéditions sont chargées d'environ 22,000 hommes de troupes de terre, destinées à replacer cette immense colonie sous l'obéissance immédiate de la métropole ( V. 4 février 1802). L'ensemble des forces navales employées à cette entreprise, est de 34 vaisseaux de ligne, 20 frégates, avec un nombre proportionné de petits bâtiments de guerre.

Bonaparte premier consul saisit cette occasion d'éloigner un grand nombre de militaires formés à l'école de Moreau, général dont la réputation le blesse, dont l'influence le gêne; ceux aussi qu'il juge n'être pas assez dévoués à sa personne ou à ses intérêts; ainsi que ceux qu'il suppose fortement attachés encore aux institutions républicaines. Il les envoie tous dans ce cimetière de la France.

1802.

Janvier 26. Bonaparte a convoqué à Lyon une consulte de Cisalpins. Il y est nommé président de la république italienne, qui vient

de perdre son nom de cisalpine. Il donne à cette république une constitution analogue à celle de France.

Février 4. Expédition de Saint-Domingue. - Entrée dans la rade du Cap-Français, de la principale partie des armements ( V. 14 décembre 1801). - Vice-amiral, Villaret-Joyeuse; commandant en chef, Lecterc.

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Les continuels revers de la guerre maritime ont empêché la métropole de s'opposer à l'ascendant de Toussaint-Louverture. Ce noir est profondément ambitieux; mais ses talents militaires, son adresse politique, ont délivré la colonie du joug anglais, et l'ont sauvée de ses propres fureurs. Ayant réuni, en assemblée générale, les hommes de la colonie qui lui sont le plus dévoués, il s'est fait présenter un projet de constitution qui lui confère de très-grands pouvoirs, et le nomme gouverneur à vie ( V. 1or juillet 1801 ). Toussaint ayant adressé cette constitution au gouvernement consulaire, pour en obtenir la ratification, Bonaparte dissimule jusqu'à ce que les préliminaires de la paix avec l'Angleterre lui aient garanti la sûreté d'une entreprise à main armée. Son orgueil s'indigne des prétentions d'un nègre; et d'autant plus, que celui-ci doit également sa fortune à la force des armes, à l'art des séductions, et à des services réels et patriotiques. Ébloui de sa puissance inespérée, le consul ne doute pas de réduire cette colonie, dont il méconnaît les ressources dans une guerre nationale. Il fit jusqu'ici la guerre à des souverains; il va s'exercer à combattre des populations. Il assimile les esclaves de SaintDomingue à des Napolitains, à ces peuples d'Italie les plus dégradés de l'Europe. Il refuse de voir que les colonies anglaises ne se sont émancipées que parce qu'on a refusé de reconnaître les droits politiques qu'elles réclamaient. Bonaparte a son systême tout formé; il est résolu de rétablir l'esclavage sans restriction ( V. 7 mai, 2 art. 20 mai). Il châtiera cet antagoniste, dont la comparaison lui semble injurieuse, et qui prétendrait à l'honneur d'être son image. L'influence pernicieuse du climat sur des troupes européennes ne saurait arrêter ses absolues volontés. Qu'importe le sacrifice de 40,000 braves Français, pour opérer la conquête d'un pays sur lequel il régnera despotiquement !

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Tout aussi fourbe, Toussaint n'a cessé de protester de så soumission au gouvernement consulaire; mais, à l'arrivée de l'armement, il ne déguise plus ses desseins. Ses troupes, quoiqu'à demi-surprises, résistent avec fureur sur plusieurs points de l'île, brûlent ou dévastent un grand nombre d'habitations. Christophe, lieutenant de Tous

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