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universelle, qu'ils n'avaient excitée en 1791, 92, et qu'ils ne soutenaient toujours que dans leurs intérêts particuliers ?

Mars 28. Traité de paix définitif, entre la république française et le roi des Deux-Siciles, signé à Florence.

Avril 6 20. A la suite des combats très-opiniâtres livrés aux Autrichiens, dont les forces sont plus que triples, Masséna, commandant l'armée d'Italie, se replie sur Gênes. Suchet, avec la gauche de l'armée, coupée de son général en chef, bat en retraite vers Nice. Les généraux Soult, Oudinot, Compans, ont des commandements dans cette petite armée de braves.

25. Reprise du Kaire. Dès le 20 mars, alors que commençait la bataille d'Héliopolis, des nuées d'Osmanlys avaient pénétré jusqu'à la capitale de l'Égypte, et en avaient soulevé l'immense population. Il fallait tout le génie du général Kleber pour la reprendre sans la détruire, sans lui causer même de grands dommages; et surtout, en évitant de sacrifier ses soldats, dont le faible nombre, la position critique, et l'impossibilité des recrutements, exigent qu'on fasse une guerre entièrement de conservation. Aussitôt la reprise du Kaire, on se remet, de vive force, en possession de tous les postes livrés aux Turcs, en exécution du traité d'El-Arisch (V. 24 janvier). L'Égypte entière est soumise, malgré la perfidie du gouvernement anglais (V. 20 mars).

Cette seconde conquête est mieux assurée, et sur-tout plus légitimement entreprise que la première, puisqu'elle n'a été provoquée que par la nécessité de la défense, contre les violateurs d'une transaction solennelle. La mauvaise foi de Pitt vient de donner le caractère de la justice à ce que la première invasion avait de repréhensible. On voit ici combien Kléber se met au-dessus de Bonaparte. Il n'emploie aucun des petits artifices de cette politique déloyale autant qu'ignoble, si familière à son prédécesseur. Kléber n'est point un vainqueur insolemment ambitieux, ne produisant que les droits de la violence; mais un guerrier sans reproche qui, malgré le sentiment de ses forces, a, par le traité d'El-Arisch, fait à la justice, comme à la saine politique, le sacrifice de sa gloire future; et qui, pour détruire les atroces combinaisons du cabinet de Saint-James, et dans le seul but de la défense personnelle, s'est vu contraint de conquérir le champ de bataille qu'il avait rendu quelques jours auparavant. - Le ministère anglais, deux mois après, fera savoir à Kléber que le passage en France est libre aux troupes d'Égypte. C'est après les résultats décisifs de la bataille d'Héliopolis, que Pitt consent à l'exé

cution du traité d'El-Arisch. La diplomatie moderne fournit heureusement de très-rares exemples d'une aussi basse déloyauté.

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Avril 25 30. Passage du Rhin. Gouvion-Saint-Cyr, commandant le centre de l'armée du Rhin, aux ordres de Moreau, passe ce fleuve, et s'empare de Fribourg. Toutes les divisions sont en pleine marche à l'ennemi, sur la rive droite. Lecourbe commande la droite; Bruneteau Sainte-Suzanne, la gauche; Dessolles est chef de l'état-major.

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Mai 3. Bataille d'Engen ( dans la forêt noire, 4 1. N. de Schaffhouse), remportée par l'armée du Rhin. Moreau, général en chef; Lecourbe, Gouvion-Saint-Cyr, lieutenants-généraux; Molitor, général de division. Les Autrichiens conduits par Kray, ont 10,000 hommes tués, blessés ou prisonniers. La perte des Français en blessés et en morts, est très-considérable.

5. Bataille de Moeskirch ( sur l'Ablach, 5 l. E. d'Engen). Les Autrichiens, battus par Moreau, perdent de 6 à 7,000 hommes, et une partie de leurs magasins.

9. Bataille de Biberach (sur la Riss, 7 l. S. - O. d'Ulm). Toujours victorieuse, l'armée de Moreau, dont l'attaque est conduite par Gouvion-St.-Cyr, cause à l'ennemi une perte de 4,000 hommes et celle de ses derniers magasins.

10. Prise de Memmingen, par Lecourbe, après un combat très-vif qui coûte à l'ennemi 3,000 hommes. L'armée autrichienne, quatre fois défaite en huit jours, recule sa ligne en appuyant l'aile gauche au Vorarlberg et l'aile droite sur Ulm, dans une position resserrée, et sans communication avec le corps qui garde le Tyrol; tandis que les Français dans l'abondance ont toutes leurs communications assurées.

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16 20. PASSAGE DES ALPES. Le gros de l'armée de réserve (V. 8 mars), conduit par Bonaparte, 1 consul, passe le grand SaintBernard. D'autres divisions escaladent le petit Saint-Bernard, le Simplon, le Saint-Gothard, le mont Cenis, le mont Genèvre. Tous les obstacles sont applanis, comme par enchantement. Marmont, commandant l'artillerie, a trouvé les moyens de transporter les pièces sur les revers des escarpements les plus effrayants; ce que Suwarow n'avait pas osé entreprendre, en se portant, l'année précédente, du Piémont vers Zurich. Marmont a fait construire des affùts-traîneaux et creuser des arbres en forme d'auges, afin d'y placer les canons, les obusiers, et de pouvoir les hisser jusqu'au sommet des montagnes par les sentiers les plus étroits et les plus hérissés. - Ce passage des grandes Alpes

Mai

est, de toutes les expéditions de ce genre, la plus extraordinaire comme la plus rapide. Les Français pénètrent en Italie par trois débouchés où l'ennemi n'a pas cru qu'il soit possible d'aboutir. On n'a perdu qu'une pièce de 8, quelques soldats et quelques transports.

Mai 18. Lannes, commandant l'avant-garde de l'armée de réserve,, ayant franchi le grand Saint-Bernard, débouche en Piémont par le val d'Aoste et surprend la ville de ce nom.

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22 25. Différents corps de l'armée de réserve s'emparent de Suze, de la Brunette, d'Ivrée.

27. Occupation de Verceil, par le général Murat.

28. Suchet, lieutenant-général de l'armée d'Italie, ayant été coupé de Gênes (V. 20 avril), et rejeté jusqu'au Var, repousse à son tour les Autrichiens et va reprendre l'offensive dans la rivière du

Ponent.

28. Mélas, général en chef autrichien, persiste jusqu'à ce jour à penser que l'armée de réserve est une armée imaginaire, et que la nouvelle de son entrée en Piémont, à travers les Alpes, est un conte puéril. Toujours conduit par sa chimère favorite, l'envahissement des frontières de France, il partage ses forces entre le siége de Gênes et l'attaque du pont du Var, qu'il conduit en personne; se développant ainsi sur une ligne de plus de 70 lieues; et, telle est l'imprévoyance de Mélas, que le vaste plan de Bonaparte a reçu sa presque entière exécution avant que les Autrichiens aient fait aucun mouvement utile pour l'empêcher.

29. Occupation d'Augsbourg par Lecourbe, commandant la droite de l'armée de Moreau. Depuis l'ouverture de la campagne sur le Rhin, le 26 avril, les Autrichiens ont évacué tous les pays entre le Rhin, le lac de Constance, le Danube et le Lech.

Juin 1er. Premiers essais de l'inoculation de la vaccine faits à Paris, sur trente enfants, avec du fluide envoyé de Londres. On doit la proposition de ces essais au duc de la Rochefoucault-Liancourt,,si connu par son amour de l'humanité, si distingué par l'étendue de ses connaissances, dont il sut toujours faire l'application à l'utilité générale, ainsi qu'au bien-être des classes inférieures ou souffrantes de la société (V. 4 avril 1804).

2. Occupation de Milan par l'armée de réserve. Réorganisation de la république cisalpine.

5. Reddition de Génes. Ce jour même, où le général Ott reçoit de Vienne l'ordre de lever le blocus, le général Masséna signe une convention pour remettre cette place, où, renfermé avec seulement

16,000 hommes, il a défendu pendant 52 jours, une enceinte immense et contenu une population de 120,000 individus (habitants ou refugiés) soumis, dès les premiers jours, aux plus dures privations. Non-seulement tout ce qui a vie est mangé; mais toute substance alimentaire le cuir même a servi de pâture à cette multitude toujours retenue dans l'obéissance par l'inébranlable, l'infatigable Masséna, 25,000 habitants ont péri de misère. La garnison n'a reçu, la veille de sa sortie, que trois onces d'une sorte de pain, ou plutôt de mastic noir, amer, carbonisé par la cuisson; composé de son, de folle avoine, de graine de lin, d'amandes, d'amidon et imprégné d'huile de cacao. Vingt-quatre heures plus tard, Masséna ne commandait plus qu'à des cadavres. Epuisé lui-même, il proposait aux compagnons exténués de ses travaux, de n'emporter que leurs armes et de se faire jour à travers l'ennemi. Il dicte toutes les conditions de l'évacuation de Gênes, à laquelle il consent après avoir refusé de signer une capitulation; et, quoique traitant avec un amiral anglais, et que cet amiral soit Keith (V. 20 mars), Masséna ne lui remet pas cinq corsaires français bloqués dans le port, il les emmène. Cette garnison, réduite à 8,000 hommes, sort l'arme au bras, des canons en tête, sans autre condition que de se rendre à Nice, dont elle prend la route de terre. L'état-major, les convalescents, le matériel, sont transportés par mer, à Antibes, sous l'escorte des Anglais qui bloquaient étroitement le port de Gênes, depuis trois mois. - Ce siége élève Masséna au plus haut degré de célébrité. On ne sait ce que l'on doit le plus admirer, de l'étonnante bravoure des troupes françaises ou de leur constance à supporter toutes les privations et tous les maux dont elles étaient la proie.

Juin 5. Suchet (V. 28 mai, 1er art.) bat l'autrichien Elsnitz à la Pieva, et le poursuit jusqu'à Ceva.

5. Kray, commandant en chef les Autrichiens, attaque une partie de l'armée française en position sur la rive gauche de l'Iller, à Kircheberg, près de Memmingen. Il est repoussé par le général Grenier, ayant sous lui le général Ney.

7. Occupation de Pavie par le général Lannes.

9. Bataille de Montebello, (261. N.-E. de Voghera, Piémont), gagnée par Bonaparte sur l'Autrichien Ott, qui essuie une défaite complète et perd 8,000 hommes. Le général Lannes a la plus brillante part au succès de cette action, qui dure de dix heures du matin à huit heures du soir.

14. Victoire de MARENGO (Sous Alexandrie, Piémont).

Bonaparte, général en chef. L'armée autrichienne aux ordres de Mélas, resserrée entre la Bormida et le Pô, coupée de Gênes, ainsi que du Milanais, mais d'une force numérique très-supérieure, attaque au point du jour l'avant-garde française, en tombant de tout son poids sur les corps des lieutenants-généraux Lannes et Victor. Epuisés par leur résistance et manquant de munitions, ces deux corps cessent après midi de combattre et abandonnent le terrain. Leurs bataillons à moitié détruits, que la fermeté de deux bataillons de la garde des consuls ne saurait protéger assez efficacement, se retirent derrière le corps de Desaix, qui survient à cinq heures et demie, et qui se trouve appuyé par la brigade de cavalerie de Kellerman fils. La journée semble perdue, et effectivement elle est très-hasardée, par suite des fausses dispositions du général en chef, lorsque l'action recommence avec les 4,000 fantassins de Desaix, soutenus par une artillerie bien postée et bien servie, Desaix qui, échappé d'Egypte, n'a joint l'armée que depuis trois jours, tombe à la première décharge. Son dernier soupir est un regret de ne pas avoir assez vécu pour la gloire de la France. Les soldats hésitent, reculent et se replient. Kellerman, par une de ces inspirations dont dépend quelquefois le destin des batailles, s'élance avec ses 500 cavaliers à travers les Autrichiens qui le poursuivent en désordre et sans feu dans leurs armes. Cette charge inopinée est la circonstance décisive de la journée. Le général Zach se rend avec 5,000 grenadiers hongrois. Mélas se voit enveloppé par des troupes de renfort; et les vainqueurs sont vaincus leurs propres terreurs. Il est dix heures. — La perte de l'ennemi, y compris les prisonniers, dépasse 15,000 hommes; il abandonne 30 pièces d'artillerie. Les Français n'ont guères moins de 7 à 8,000 hommes hors de combat.

par

Bourse de Paris. La nouvelle de cette victoire arrivée à Paris, le 21, fait monter le tiers consolidé (5 p. o/o) de 29 à 35 fr.; il était la veille du 18 brumaire, ou le 8 novembre 1799, à 11 fr. 30 c.

Juin 14. Mort de Kléber, général en chef de l'armée d'Orient. Il est assassiné au Kaire par un turc fanatique qu'a expédié l'aga des janissaires vaincus à Héliopolis (20 mars). -Avec Kléber s'éteint l'éclat de cette vaillante armée. Menou son successeur, est sans capacité comme militaire, comme administrateur; et cependant les 25,000 Français dont le sort lui est remis, ne sauraient plus être sauvés que par les combinaisons du génie et l'élan du courage.

Kléber, Desaix, les plus illustres chefs de l'armée d'Egypte, compteront parmi les capitaines dont la France doit s'honorer

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