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Icing directeurs successivement remplacés à leur cinquième année : C'était un premier pas vers la concentration nécessaire à ce pouvoir toujours agissant, toujours visible. La constitution qui érige le consulat se rapproche encore des formes amies de la stabilité, en resserrant l'autorité exécutive dans les mains de trois personnes élues pour dix ans. On mesure déja la distance qui sépare ce ternaire du gouvernement d'un seul.

Quoique, au commencement de la révolution, la nation ait accueilli avec enthousiasme des idées républicaines, elle est trop profondément imbue d'habitudes, de souvenirs monarchiques, pour ne pas pressentir avec une certaine confiance le retour d'un système à l'ombre duquel elle vécut moins agitée. En obéissant à ces trois consuls, qui n'en montrent qu'un, la nation se flatte d'éviter les crises fréquentes nées de la soif du pouvoir, alors que d'effrénées ambitions en faisaient l'objet des plus périlleux et des plus sanglants débats. Neuf fois, en moins de sept ans, depuis la chûte de l'autorité royale, la nation vit le gouvernail changer de mains, et l'état se jeter sur des écueils nouveaux. 1o Journée du 31 mai 1793 (défaite des girondins ou brissotins); 2° 5 avril 1794 (chûte du parti des cordeliers, Danton, Chabot, etc.); 3° journées de thermidor (27, 28 juillet 1794; chûte de Robespierre); 4o journée du 12 germinal (1er avril 1795; Barrère et ses trois complices opérant un soulèvement pour se soustraire au supplice qui menace leurs têtes); 5o journée du 1er prairial (20 mai 1795; les jacobins succombant pour la troisième fois); 6° journée du 13 vendémiaire (4 octobre 1795; les jacobins reprennent le dessus;' Barras et Bonaparte les secondent); 7° journées de fructidor (4, 5 septembre 1797; les jacobins l'emportent encore; Bonaparte les soutient); 8° journée du 30 prairial (18 juin 1799; triomphe des jacobins Barras, Sièyes, sur les jacobins Merlin dit de Dougi, Treilhard, Réveillère-Lepaux); 9° journées de brumaire (9, 10 novembre 1799, où les anarchistes sont domptés).

Plus ces convulsions ont agi violemment, moins la royauté a pu s'oublier. Elle est restée au fond des cœurs comme un besoin vague, importun, indéfini; par conséquent impérieux. La royauté n'offre plus aujourd'hui, que le souvenir d'une tranquille possession. L'illusion de la perspective se fortifie de l'éloignement même. Plus on a voulu le bruit, le désordre; plus on aspire au calme, à la régularité. Le despotisme féroce et le régime brutal des précédentes époques ont disposé à reprendre le gouvernement monarchique. Les

anciennes impressions renaissent en foule. La nation, avec cette fougueuse inconstance, cette mobile inconsidération qui signalèrent les écarts de 1790 à 1795, se complaît à l'idée de rétrogader vers 1790, en franchissant d'un seul bond tout l'espace intermédiaire. Elle avait à son réveil, à l'aurore de la révolution, appelé le bonheur dans ses foyers; elle n'a obtenu que la gloire des combats, et elle juge que le guerrier le plus illustre sera l'administrateur le plus bienfaisant. Elle se précipite dans ses bras; elle le presse, le conjure de fixer les destinées de la France. Car, dans ce simulacre de trinité consulaire, les Français ne voient que Bonaparte; c'est à lui qu'ils se donnent, qu'ils s'abandonnent; c'est à lui seul qu'ils disent : « Après «< nous avoir délivré de nos incertitudes si longues, si cruelles; après « que vous aurez dissipé les ennemis obstinés de notre indépendance collective, établissez notre prospérité sur des bases durables; et que nous ne changions plus d'institutions. Contemplez Gustave « Wasa, Henri IV, et votre contemporain Washington, qui jouit de « son immortalité durant sa vie. Imitez ces demi-dieux ; et votre nom << s'élevera autant au-dessus de leurs noms, que la France s'élève audessus des nations modernes. » Vain espoir d'une nation généreuse et confiante!

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Décembre 26. Bonaparte 1 er consul écrit au roi d'Angleterre en l'invitant à la paix. . . . . . « La guerre qui, depuis huit ans, ravage « les quatre parties du monde, doit-elle être éternelle ? N'est-il donc « aucun moyen de s'entendre?. . . . . .

Certes, le plus sincère ami de la paix, ne saurait en France, se flatter de conclure un traité, dans de telles conjonctures. La France sort d'une crise révolutionnaire; ses finances sont renversées; les départements de l'Ouest sont en pleine insurrection; les armées, malgré leurs avantages récents en Suisse et en Hollande, ne peuvent résister au nombre et se replient dans nos frontières. L'occasion est donc on ne peut moins favorable pour entrer en négociation. Mais Bonaparte espère en imposer aux Français par ces vaines autant que solennelles démonstrations. Il sait trop bien que, depuis dix ans, on séduit la multitude à la faveur d'un langage emphatique, par de trompeuses apparences; tandis qu'en Angleterre, Pitt son rival, se flatte de prendre avantage du bouleversement qui vient de s'opérer dans le gouvernement français. Profondément machiavéliste, le ministre pénètre tout le machiavélisme du consul; il s'écrie à la chambre des communes : « Dans aucun cas, ne traitez avec cet homme. » Ce refus de traiter sourit aux projets de Bonaparte, qui ne néglige pas de dé

clarer aux Français, «que, le ministère Britannique ayant repoussé la paix, il faut, pour la conquérir, de l'argent, du fer et des sol⚫ dats. »

29. Prise du fort d'El-Arisch (situé dans le désert, à une marche de la Syrie et à sept marches de l'Égypte), par les troupes du grandvisir et des officiers anglais qui conduisent l'attaque, nonobstant l'existence de négociations entre le général en chef Kléber et les plénipotentiaires ennemis.

29. Mort de Daubenton, célèbre naturaliste et collaborateur de Buffon, à 83 ans.

30. Mort de Marmontel, homme de lettres, dans sa 78° année.

1800.

Janvier 5. Loi qui condamne, par mesure d'état, 133 individus à la déportation. La plupart sont d'obscurs révolutionnaires inculpés de crimes publics.

17. Arrété des consuls, provoqué par Fouché dit de Nantes, ministre de la police, par lequel le nombre des journaux est fixé, attendu que plusieurs feuilles sont des instruments dans les mains des ennemis de la république. Cet arrêté autorise la suppression des journaux qui inséreront des articles contraires au pacte social, à la souveraineté du peuple, à la gloire des armées, et aux nations amies ou alliées, lors même que ces articles seraient extraits des feuilles étrangères.

Janvier 18. Convention de Montfaucon (31. S. de Beaupreau, Maineet-Loire), par laquelle le général Hédouville pacifie de nouveau (V 20 janvier 1799) les contrées de l'Ouest, sur l'une et l'autre rive de la Loire. Dans cette seconde guerre, les royalistes ont montré bien moins d'énergie, de courage et d'habileté qu'ils n'en avaient déployé sous la Roche - Jacquelin, Lescure, d'Elbée, Charrette, Stofflet. Les successeurs de ces valeureux chefs de parti, n'ont su organiser que des bandes isolées, sans discipline, agissant à la manière des contrebandiers, attaquant les voyageurs et les habitations écartées.

24. Traité d'El-Arisch, entre Kléber, général en chef, et le grandvisir. - L'Égypte sera évacuée. Les places de Salahieh, Catieh, Belbéis, Damiette, seront remises aux troupes turques. L'armée française sera transportée en France, tant sur ses bâtiments que sur ceux qu'il sera nécessaire que la Porte lui fournisse. Il lui sera délivré, tant de la part de la Porte que de la Grande-Bretagne, les

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passe-ports, sauf-conduits et convois nécessaires, pour assurer son retour en France. — Il y aura un armistice de trois mois en Égypte.

Ce traité est conclu par les soins, et sous les auspices du commodore anglais Sidney-Smith, qui a ouvert des communications officielles avec le général Kléber, et s'est montré comme ministre plénipotentiaire de S. M. britannique près la Porte ottomane. Cependant Smith n'intervient dans le traité, ni comme ministre plénipotentiaire, ni comme commandant militaire; et la négligence des plénipotentiaires français à requérir son intervention, laisse à son gouvernement des motifs spécieux de s'opposer à l'exécution du traité (V. 20 mars).

Février 11. La banque de France se constitue et entre en exercice.

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13. Soumission des chouans du Morbihan, des Côtes-du-Nord, du Finistère. Leurs bandes, composées de quelques royalistes sincères, d'un petit nombre d'hommes d'honneur, et d'un ramas de voleurs de grand chemin, ont commis beaucoup d'excès dans ces contrées, et fait beaucoup de tort à la cause qu'elles annonçaient vouloir défendre.

13. Loi spécifiant que la liste des émigrés demeure fermée au 25 décembre 1799 (V. 28 avril 1802 ).

17. Division du territoire, en préfectures et arrondissements com

munaux.

19. Le corps du prince de Condé passe du service de Russie à la solde de l'Angleterre.

24. Établissement d'octrois municipaux dans les villes dont les hospices civils n'ont point de revenus suffisants.

Mars 7. Arrêté des consuls qui ordonne la formation d'une armée de réserve, dont le quartier-général sera à Dijon. Elle doit être de 60,000 hommes. Elle est destinée à fournir des renforts, tant à l'armée d'Italie, qu'à celle du Rhin.

8. Loi qui frappe d'une amende de 1,500 fr. tout conscrit dénoncé comme déserteur.

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14. Le cardinal Chiaramonte est élu pape par 32 voix sur 35, dans le conclave tenu à Venise sous l'influence directe de l'Autriche. Il prend le nom de Pie VII. Évêque d'Imola, lors de l'invasion de la Romagne, il s'était fait remarquer par l'approbation très-explicite qu'il avait donnée aux principes démocratiques des Français (V. 25 décembre 1797).

20 VICTOIRE D'HÉLIOPOLIS.

Kléber, général en chef de l'armée

d'Orient, se confiant au traité d'El-Arisch, du 24 janvier, a remis au grand-visir les places de Salahieh, Catieh, Belbeis, Damiette, lorsqu'il reçoit une lettre du lord Keith, commandant en chef de la flotte anglaise, qui somme l'armée de mettre bas les armes, et de se rendre à discrétion. Kléber, indigné, distribue cette lettre dans les rangs, et dit pour toute harangue : « SOLDATS! on ne répond a de TELLES INSOLENCES QUE PAR LA VICTOIRE. PRÉPAREZ-VOUS A COMBATTRE.»

On rencontre l'avant-garde ottomane à 1 1. N.-E. du Kaire, aux villages d'Elhanka et de Matiarieh, sur les ruines d'Héliopolis.— Cette armée de plus de 60,000 Turcs, Arabes, Mameloucks, est mise en fuite par 10,000 Français.-Les riches dépouilles du camp, les nombreux chameaux, presque toute l'artillerie, sont au pouvoir des vainqueurs, qui n'ont pas perdu 200 hommes. Les généraux Reynier, Friant, Belliard, Donzelot, Joseph-Lagrange, se sont distingués, ainsi que le général Damas, chef de l'état-major. — Les deux jours suivants voient la déroute complète de l'armée battue. Ses immenses débris s'enfoncent dans le désert; ils y sont massacrés par les Arabes, où y périssent plus misérablement encore.

L'anéantissement de l'armée ottomane est le résultat d'un faux calcul du cabinet de Londres, dont la fausseté se développe aujourd'hui toute entière. Une dépêche envoyée par Kléber au directoire, ayant été surprise devant Toulon, les ministres anglais y ont vu, ou cru voir, que l'armée d'Orient est tombée dans un état de faiblesse et de dénuement qui permet de lui faire subir les plus dures conditions. Ils se decident donc à n'admettre aucun traité, et dans l'hypothèse qu'ils regardent comme très-probable, qu'il en aurait été conclu, ils ont défendu à leurs amiraux de le reconnaître, espérant même que ce traité présenterait de nouveaux avantages, en ce que les Français dépossédés de leurs positions militaires, se verraient dans la nécessité d'accepter les clauses les plus avilissantes. Le ministre Pitt, aussi borné dans ses vues de politique étrangère, que machiavélique dans les moyens d'exécution, mettant en avant un de ses collègues subalternes, Dundas (plus tard vicomte Melville), lui fait dire, «< qu'on devait se réjouir de la fin prochaine ⚫ de cette perfide armée, qui servirait d'exemple au monde, et dont << la destruction totale était demandée par l'intérêt du genre humain.»> - Un tel langage convenait-il aux barbares exterminateurs des pacifiques Hindous, aux perfides violateurs de la paix, en 1754, aux oppresseurs de l'Irlande, à ces mêmes provocateurs de la guerre

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