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vaisseaux. S'il fût resté sous voiles, ce qui pouvait lui laisser des chances plus avantageuses (puisqu'il avait eu un mois pour la combinaison de son embossage); s'il eût su tirer parti de sa position. dans des eaux dont il était maître, et combiner sa ligne de défense avec la côte, sa flotte était invincible; ou, du moins, elle eût offert le premier exemple d'une flotte embossée, et bien défendue par des batteries de terre, qui voit rompre sa ligne.

L'ennemi, plus fort déja par les mauvaises dispositions de l'amiral français, commence l'attaque, à cinq heures et demie du soir, et tandis que cinq de ses bâtiments passent entre la terre et la ligne, deux autres coupent la ligne vers le centre, et six la prolongent en-dehors. Dès-lors la division du milieu et celle de droite, mises entre deux feux, soutiennent un combat très-inégal, que le secours de l'arrière-garde pourrait seul rétablir. Cependant cette division de gauche, où le contre-amiral Villeneuve a son pavillon, reste immobile sur ses ancres. Le désastre des Français commence au milieu de la nuit, par l'explosion de l'Orient, vaisseau amiral. L'action s'arrête. Elle se rengage, et dure jusqu'à trois heures du matin. - Neuf vaisseaux sont pris, une frégate est coulée bas par l'ennemi; un vaisseau et une frégate sont brûlés par les équipages; deux vaisseaux et deux frégates seulement, parviennent à s'échapper avec les contre-amiraux Villeneuve et Decrès; celui-ci, commandant l'escadre légère, s'est tenu en observation.

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Tel est le résultat de ce combat de mer, le plus malheureux de tous ceux qu'a essuyés la France dans les deux guerres de la révolution; désastre inouï dans les annales de la marine moderne. Le dévouement des Français y est digne d'eux : mais que peut l'intrépidité mal dirigée contre une tactique supérieure?

La flotte anglaise, très-maltraitée elle-même, n'est en état d'appareiller que quinze jours après l'action six de ses vaisseaux sont mis hors de service. On évalue sa perte à 1,000 tués ou blessés.

Sans doute les fautes graves commises par l'amiral français sont les causes efficaces de ce désastre; mais Bonaparte rejette avec perfidie sur la mémoire de Brueys, des torts dont lui-même, Bonaparte, est repréhensible: il prétend avoir donné l'ordre positif de se retirer à Corfou, immédiatement après le débarquement de tous les objets appartenants à l'armée de terre, si l'on reconnaissait ne pouvoir, faute d'eau, entrer dans le vieux port d'Alexandrie. Bonaparte ajoute, ou fait dire, que, Brueys ayant fait sonder les passes, il en résulta que les gros bâtiments étaient susceptibles d'entrer, quoique avec des

précautions, et que, malgré cette certitude, la flotte resta pendant un mois entier au mouillage d'Aboukir; mais il existe des documents qui attestent que le général en chef a prescrit à l'amiral de ne pas abandonner la côte d'Égypte, dans la crainte qu'il n'arrive des bâtiments de Constantinople; car il importe de tenir éloigné tout navire qui démentirait l'assurance donnée aux Égyptiens par les proclamations de l'armée envahissante, que la France agit de concert avec le sultan, précaution nécessaire, tout le temps qu'on ignorera au serrail l'invasion de l'Egypte. L'ordre donné à Brueys porte d'envoyer à Corfou une fregate seulement, pour y prendre des approvisionnements qui s'y trouvent prêts. Bonaparte, sachant que les Anglais n'étant supérieurs, ni en nombre de vaisseaux, ni en nombre de canons, ayant des bâtiments d'un échantillon plus faible, des pièces d'un moindre calibre, Bonaparte se persuade, avec Brueys, qu'ils ne viendront pas, de quelque temps, présenter le combat. Cette assurance inspire une sécurité qui conduit à la perte de la flotte française. Les fautes grossières de Brueys, l'inconcevable témérité de Nelson, l'immobilité de Villeneuve, ont fait le reste. César fit brûler les vaisseaux qui transportèrent ses légions sur le sol des Bretons indomptés; Cortès, après avoir mis le pied sur le continent américain, fit brûler aussi sa flotte, pour mettre ses soldats dans la nécessité de vaincre. Les soldats de Bonaparte se dévouent avec joie à la même destinée; mais ils ne la doivent pas à sa résolution; et ce désastre, disposé par ses fausses mesures, empêchera l'arrivée des renforts.

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Août 22. Une escadre de trois frégates et une corvette, sortie de Rochefort, portant 1,150 hommes sous les ordres du général Humbert, aborde à Killala, dans le comté de Mayo, province de Connaught, sur la côte S.-O. de l'Irlande.

28. Déclaration de guerre de la Porte à la France.

Septembre 5. Établissement d'une conscription militaire, d'après le rapport du général Jourdan. Elle comprend tous les Français, de 20 à 25 ans. Les conscrits sont divisés en cinq classes, suivant leur âge. Des lois particulières doivent fixer le nombre de conscrits à mettre en activité de service.

8. Le général Humbert, qui, depuis son débarquement en Irlande (V. 22 août), avec 1,150 hommes seulement, a tenu en échec, pendant seize jours, les forces anglaises, est défait et pris, avec 840 hommes, à Ballinamack, par le lord Cornwallis, commandant 25,000 hommes de troupes réglées, soutenues par près de cent pièces

d'artillerie. Tel est l'aveu des relations anglaises. Cornwallis est ce même général anglais qui capitula à New-Yorck, en 1778, si peu honorablement, quoique à la tête de 10,000 soldats bien retranchés, et n'ayant en face que des milices américaines, avec quelques centaines de Français, conduits par le maréchal-de-camp Saint-Simon. Septembre 24. Loi qui met en activité 200,000 conscrits.

Octobre 7. Bataille de Sedyman (haute Égypte ).- Mourad Bey, en fuite après la bataille des Pyramides ( V. 21 juillet), se trouve campé avec un corps de 4,000 Mameloucks et de 7,000 Arabes fantassins. Il est attaqué par le général Desaix, conduisant 2,000 hommes d'infanterie, défait et jeté dans le désert avec les débris de sa cavalerie; son artillerie est prise; les Arabes se dispersent. Cette action très-remarquable est sur-tout glorieuse pour le général Friant, l'adjudant-général Donzelot, et le capitaine, depuis général, Rapp. 12. 20. Combats de mer. - Une escadre de 1 vaisseau de ligne, 8 frégates ou corvettes, sortie de Brest le 16 septembre, avec des troupes destinées à soutenir en Irlande l'expédition du général Humbert (V. 22 août, 8 septembre), est rencontrée par des forces anglaises qui s'emparent de 7 bâtiments.

I

Novembre 1er. Situation militaire. Le directoire menacé en Allemagne et en Italie, augmente ses forces. Il dispose un plan d'offensive, d'après lequel Jourdan, son plus zélé champion, est investi du commandement de la principale armée, nommée armée du Danube, quoiqu'elle n'occupe encore que l'embouchure du Mein. Jourdan a sous ses ordres Masséna, chef de l'armée d'Helvétie, et Bernadotte, chef d'un corps d'observation. Joubert est envoyé dans le Milanais. Championnet conduit les troupes destinées à agir dans le midi de l'Italie. Brune est au Texel. Moreau, que sa dénonciation de Pichegru (V. 4 septembre 1797) n'a pu réhabiliter dans l'esprit des directeurs, reste en inactivité. Hoche a péri, sa mort a été attribuée au poison (V. 18 septembre 1797). Bonaparte est éloigné. Tant ce gouvernement, aussi présomptueux qu'oppresseur et lâche, est loin de supposer que le sort de la guerre dépende des talents de ces généraux dont il se priva, parce qu'il redoutait leur influence.

21. Une armée napolitaine, commandée par l'Autrichien Mack, attaque les avant-postes français sur la frontière des états romains.

Décembre 5. Le gouvernement français déclare la guerre au roi de Naples, qui l'a provoqué par une agression inopinée (V. 21 novembre), et au roi de Sardaigne Charles Emmanuel IV, qui, loin d'adopter la stricte neutralité gardée par son père Victor Amédée III,

depuis le traité du 15 mai 1796, se met en état d'inimitié avec la France, et concerte sa jonction à la nouvelle coalition (V. 8 avril 1799).

Décembre 5. Combat de Civita-Castellana (10 l. N.-E. de Rome).— Le général autrichien Mack, à la tête de 40,000 soldats napolitains, fait attaquer la droite de l'armée française, aux ordres de Championnet. Cette aile droite compte à peine 6,000 hommes. Mais par les habiles dispositions de Macdonald, qui la conduit, autant que par la vigoureuse intrépidité des troupes, l'ennemi est aussitôt mis en déroute complète. Vingt-quatre canons, 500 hommes tués, blessés ou prisonniers, sont les trophées de la journée. Le général Kellermann d'avant-garde, avec 2 bataillons, 3 escadrons et 2 pièces d'artillerie légère, a repoussé l'attaque d'une colonne forte de 8,000 hommes, lui en a tué 300; fait prisonniers 2000, pris 12 canons et tous ses bagages. Voilà le mérite de ces populations abruties par la superstiamollies par l'action d'un gouvernement insensé et caduc. 10. Occupation de Turin par le général Joubert. trouve 1,800 pièces d'artillerie. Le roi de Sardaigne cède à la France tous ses droits sur le Piémont, Il se retire à Cagliari. Un gouvernement provisoire s'établit à Turin!

tion,

8.

8,

On y

14. Combat naval. - La corvette la Bayonnaise de 20 canons de commandée par le lieutenant de vaisseau Edmond Richer, enlève à l'abordage, après 3 heures de combat, la frégate anglaise l'Embuscade, portant 26 canons de 18, 6 canons de 6, et 10 canons de vingt-quatre.

15. Occupation de Rome par le général Championnet. — Il y rentre après dix-huit jours d'absence, pendant lesquels son armée a pris ou tué près de 20,000 soldats napolitains, et s'est emparée de

40 canons.

18. Traité d'alliance et de subsides entre la Russie et l'Angleterre, contre la France ( V. 5 janvier 1799).

21 Arrivée en Moravie d'un corps russe envoyé contre la France.

1799.

Janvier 3. Prise de Gaële. Le général Rey n'ayant avec lui qu'un faible détachement, frappe de terreur 4,000 Napolitains renfermés dans cette place extrêmement forte, et par sa position et par ses ouvrages. Ils la rendent, et avec elle 70 canons, 20 mortiers, 20,000 fusils, 100 milliers de poudre, et une immense quantité d'approvisionnements.

Janvier 5. Traité d'alliance défensive et offensive, entre l'Angleterre et la Russie, confirmatif et extensif du traité du 18 décembre 1798.

10. Occupation de Capoue par le général Championnet.

20. Pacification de la Vendée. On doit ce résultat à la profonde habileté, à la conduite humaine et loyale du général Hédouville, qui termine sans effusion de sang, sans proscriptions, sans désastres, cette guerre connue sous le nom de guerre de la seconde Vendée. A la vérité, les chefs royalistes sont très-au-dessous, en talents et en intentions, des chefs de la première Vendée, terminée par la défaite et la mort de Charrette (V. 23, 29 mars, 15 août 1796). Quelques insurgés tiennent encore dans le Morbihan, mais ils ne forment que des bandes isolées, ayant plus de haine pour la paix publique que de moyens de la troubler.

21. Traité d'alliance entre la Porte et le roi des Deux-Siciles, contre la France.

23. Occupation de Naples par le général Championnet. — En deux mois, l'état romain est repris sur les troupes napolitaines; ces troupes sont détruites. L'Autrichien Mack, leur commandant en chef, menacé par les lazzaronis révoltés, vient implorer le secours des Français, et se livre à eux. Le roi Ferdinand s'est retiré en Sicile, sans tirer l'épée, imitant toute la pusillanimité du roi sarde fugitif à Cagliari. (V.8 décembre 1798 ). On dirait que le sang de Henri IV s'est figé dans les veines de ce prince Bourbon. Un gouvernement démocratique se forme à Naples. Il prend le nom de république Parthénopéenne, et n'aura que quelques mois d'existence.

23. Bataille de Samhoud, près de Girge (haute Égypte ). — Le général Desaix ayant sous lui les généraux Davoust, Belliard, Friant, bat et disperse avec 400 hommes, une multitude armée, composée d'Égyptiens, d'Arabes-Mékains, et soutenue par les mameloucks de Mourad Bey.

Février 3. Le général Desaix, poussant avec une vigueur, une habileté, une activité étonnantes, dans la haute Égypte, Mourad Bey, le plus redoutable des chefs mameloucks, parvient de victoire en victoire à l'île de Phile, sous le tropique, dernière limite de l'empire romain, et limite actuelle de l'Égypte et de l'Éthiopie.

9. Expédition de Syrie. Le général en chef Bonaparte, voyant Ja possession de l'Égypte exposée du côté de la Syrie, a résolu d'y faire une incursion, et de détruire la domination du pacha Djezzar (le carnassier), qui, d'Acre, sa résidence, détache des partis sur la

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