Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Mars 2. Combat et prise de Fribourg, en Suisse. Occupation de Morat. Deux bataillons, de la Côte-d'Or et de l'Yonne, se regardant comme les descendants des Bourguignons vaincus, en 1476, dans ce dernier lieu, détruisent le monument ossuaire élevé par les Suisses. 5. Prise de Berne, par capitulation, après plusieurs engagements meurtriers avec les Suisses. Brune, général en chef. Avril 13. Le général Bernadotte, ambassadeur de la république à Vienne, est assailli, dans son hôtel, par une foule mécontente d'y voir arboré le drapeau tricolore, surmonté du bonnet rouge, et portant les mots, liberté, égalité. Ce fait, interprété comme une innovation dans les usages diplomatiques, conduit à des explications qui se terminent par le départ de l'ambassadeur, malgré les démarches conciliantes et les humbles excuses des ministres impériaux. Le public suppose d'abord, que c'est une machination du directoire, afin d'amener la guerre; plus tard, on a cru savoir que ce n'était qu'un accident né d'une circonstance dont les effets n'avaient pas été calculés, mais dans lequel Bernadotte, peu satisfait de se voir écarté du centre des affaires, en France, et rejeté dans la diplomatie, avait su trouver un motif de se rendre à Paris, et de mettre fin à cet honorable bannissement que le directoire infligeait aux généraux qui lui portaient ombrage: car c'était ainsi qu'on avait essayé d'éloigner Pichegru avant la catastrophe du 18 fructidor, en le commissionnant ambassadeur à Stockholm, et qu'on avait éloigné Pérignon, Aubert-Dubayet, Truguet. Cette conjecture acquit de la consistance par le refus de l'ex-ambassadeur à Vienne, de se rendre à la Haye, lorsque, répondant à sa lettre de nomination, transmise par le citoyen CharlesMaurice Talleyrand, ministre des relations extérieures, il s'exprime 'en ces termes : « Depuis long-temps, mes vœux et mon peu de pen« chant pour la carrière diplomatique vous sont connus. . . . . . . . Il << m'est doux de croire que le peuple français sera instruit de l'exacte « vérité........ Vous avez justement senti que la réputation d'un «< homme qui avait contribué à placer sur le piédestal la statue de la liberté, était une propriété nationale. »

26. Réunion de Genève à la France.

........

Mai 1er. La Hollande se donne une nouvelle constitution, sous le titre de république batave une et indivisible.

9. Saint-Domingue. Les troupes anglaises finissent d'évacuer les postes qu'elles occupaient dans la partie occidentale, conformément à la convention faite avec le général noir Toussaint-Louverture, commandant en chef les forces de la colonie. A cette occasion,

[ocr errors]

Toussaint accorde une amnistie à un très-grand nombre de colons blancs. Le premier débarquement des Anglais avait eu lieu le 18 septembre 1793 ( V. à cette date); et, depuis cette époque, le cabinet de Londres n'eut d'autre vue, en portant des forces à SaintDomingue, que d'accélérer la destruction de cette colonie, objet de

toute son envie.

Mai 11. Le gouvernement, redoutant l'esprit de sagesse d'un grand nombre de députés nouvellement nommés, obtient une loi qui casse les élections de plusieurs départements.

19. Départ de l'expédition d'ÉGYPTE.

Une flotte de 31 voiles de guerre, dont 1 vaisseau de 120, 3 de 80, 9 de 74, 8 frégates armées et 2 bricks armés, appareille de Toulon, sous les ordres du vice-amiral Brueys. Elle convoie environ 140 bâtiments de transport. Il y a à bord 19,000 hommes de débarquement, 2,000 employés d'administration, un nombre trèsconsidérable d'artistes et savants de toutes classes; et en outre, une immense quantité de munitions et d'objets propres à une expédition militaire. Le général Bonaparte commande en chef. Le directoire a fait préparer dans tous les ports de la Méditerranée des armements qui se réuniront en mer à celui de Toulon. La conquête de l'Egypte est le but de ces grands efforts.

La paix continentale a refoulé dans l'intérieur 300,000 soldats dont les habitudes belliqueuses pourraient offrir des dangers à ce gouvernement inepte autant qu'immoral. Pichegru est déporté (V. 4 septembre 1797). Moreau a lui-même terni sa renommée (V. ib.). Hoche s'est miraculeusement échappé des côtes d'Irlande; mais la mort l'a inopinément frappé ( V. 18 septembre 1797 ). Jourdan n'a rien de brillant, il se montre franc démocrate et sans ambition per sonnelle; sa mesure politique est bien connue du directoire qui n'en redoute aucune agression. Sous des dehors aussi républicains, Bernadotte, au contraire, ambitionne la célébrité; et le sentiment exalté de l'honneur de sa patrie, peut lui faire chercher les moyens d'améliorer ses destinées. Le directoire le craint, le flatte, et veut l'éloigner; mais le Béarnais plein de sagacité, sait éluder cette amorce (V. 13 avril ). L'intrépide Masséna n'est que soldat. Les généraux qui paraissent après ceux-ci, n'ont pas encore assez de gloire, assez de popularité pour faire ombrage au directoire. Mais le grand homme du jour, le chef entreprenant de l'armée d'Italie, celui qui provoqua le 18 fructidor (V. 4 septembre 1797); celui qui le soutint; celui qui a bouleversé les gouvernements de l'Italie; celui qui, par

de nombreux actes politiques, a décelé une haute, une vaste ambition, Bonaparte paraît très-dangereux au voisinage du Luxembourg, quoique le citoyen Talleyrand ait ingénieusement ou ingénuement dit (V. 10 décembre 1797): « Tout en lui est l'ouvrage de cet amour << insatiable de la patrie et de l'humanité..... Il nous faudra le sol« liciter un jour, pour l'arracher aux douceurs de sa studieuse re« traite.» Bonaparte, général, a fait un éclatant apprentissage de la domination politique, en traitant d'égal à égal avec des têtes couronnées, en leur dictant des lois comme leur souverain. Se soumettrait-il à se ranger simple citoyen sous le niveau de la loi, ou voudrait-il servir la puissance d'un gouvernement qu'il méprise ? Une expédition outre-mer délivrera de la présence de ce jeune César les cinq directeurs de la France. Le directoire lui a proposé la descente en Angleterre; mais l'habile capitaine a bientôt reconnu que cette expédition est insensée; le souvenir de l'expédition de Bantry-Bay (V. 24 décembre 1796) ne saurait lui sourire. A la vérité, Hoche put échapper; aussi le directoire lancera-t-il Bonaparte sur un rivage plus reculé, sur cette terre d'Afrique où la peste exerce de périodiques ravages. Qu'importe le sacrifice de 50,000 Français, lorsqu'il s'agit de conserver la constitution de l'an III? Que fait l'avenir de la France à ces cinq rois de cinq ans? à ces furieux proconsuls de la convention, Barras, Rewbell? à cet autre conventionnel, fabricateur et grandprêtre d'une religion sans dogmes et sans rites (la théophilanthropie), Reveillère - Lepaux? à ce membre du comité de sûreté générale, infâme auteur de la loi des suspects, Merlin dit de Douai? à ce myrmidon littéraire, ambitieux de toutes réputations, tout gonflé de théories raisonneuses, François dit de Neufchâteau? Périsse la France pour le maintien des cinq directeurs de la république une, indivisible, impérissable.

L'Égypte fut le théâtre de la gloire d'Alexandre, de César. Le Corse, qu'on appelle déja le héros de la grande nation, et qui est plein des grands souvenirs de l'histoire, se flatte de surpasser les deux héros de l'antiquité, et de devenir le monument le plus colossal du pays des merveilles. Flatté de la comparaison dont on caresse son orgueil, il se promet, outre le laurier du conquérant, la palme du législateur, et le sceptre d'un fondateur d'empire.

L'idée d'établir une colonie sur les bords du Nil, occupa jadis le cabinet de Versailles. On espère, en 1798, y trouver la compensation de nos pertes commerciales dans la presqu'île du Gange et aux Antilles; aboutir à l'Inde par la mer Rouge, et fortifier Tippoo-Saëb,

implacable ennemi de l'usurpation anglaise. La possession de l'Égypte sera pour la France le levier à l'aide duquel elle remuera le systême commercial des quatre parties du monde.

me,

Cependant l'espoir d'envahir le suprême pouvoir, en France mês'est insinué dans l'ame de Bonaparte. Nommé chef de l'avantureuse expédition d'Égypte, il met peu d'empressement à ses préparatifs. On le devine. Plus il demande de moyens, plus on lui en accorde. Pour déterminer son exil, on épuiserait la France. Il voit aussi tout cela; et à chaque concession, il suscite un nouveau délai. Il espère vaguement que s'il tarde à s'éloigner, la nation l'élevera sur le pavois. Mais en vain se montre-t-il aux Parisiens avec une simplicité étudiée; sa vue éteint l'enthousiasme que créa l'illusion d'une perspective éloignée. Il aperçoit très-bien que bientôt il ne sera plus remarqué; qu'il peut être délaissé comme Moreau, ou proscrit comme Pichegru, ou empoisonné comme Hoche. Enfin les directeurs lui donnent l'ordre de partir de Paris sur-le-champ; lui déclarant qu'il est libre de donner sa démission, de reprendre la toge et de rentrer dans la foule. Il dissimule, obéit; et, s'abandonnant au destin, il s'élance vers ces régions où règne le dogme du fatalisme.

[ocr errors]

Juin 10-13. Expédition d'Égypte.- Prise de Malte. — La flotte de Toulon (V. 19 mai ) paraît devant Malte. Augmentée en mer des divisions parties de Civita-Vecchia, de Gênes et de Bastia, elle a réuni 72 bâtiments de guerre, 400 bâtiments de transport, montés par 10,000 gens de mer, et ayant à bord 36,000 hommes de troupes réglées. On remarque parmi les officiers-généraux, Menou, Berthier, Desaix, Kléber, Reynier, Caffarelly- Dufalga, Murat, Lannes, Davoust, Belliard; parmi les officiers supérieurs, Junot, Marmont; parmi les non-militaires, Bertholet, chimiste, Desgenettes, Larrey, médecins; Thouin, Geoffroi, Delille, naturalistes, Conté, Champy, physiciens; Monge, Fourrier, Costaz, Girard, mathématiciens; Parseval-Grandmaison, Redouté, Denon, Lepeyre, cultivant les lettres ou les beaux-arts. Les Français prennent terre sur plusieurs points de l'île. Les troupes de l'ordre, retranchées dans des fortifications inexpugnables, pourraient défier les armes de toute l'Europe. Mais l'effet de la surprise, la mollesse et l'inexpérience des chevaliers, la connivence de quelques-uns d'entre eux, l'insurrection fomentée parmi les habitants; toutes ces causes rendent la défense presque nulle. L'ordre se soumet à une honteuse capitulation, et livre 1,200 bouches à feu, avec une prodigieuse quantité de munitions, et le trésor de l'ordre évalué à 3 millions. La prise de possession de cette

île forte, est une très-grande faute. Les directeurs, bourgeoisement ennemis de toute institution héraldique, n'y voient que la satisfaction d'anéantir subitement un ordre au gouvernement duquel les Maltais étaient habitués, et qui faisait la force morale de ce poste important. En le leur conservant, on pouvait les rendre des alliés fidèles de la France. Alors, en neutralité avec les Anglais, qui sans leur secours n'auraient pu ni attaquer, ni bloquer leur port, ils auraient reçu les renforts destinés pour l'Égypte. Bonaparte ayant réglé l'administration de l'île, et laissé 4,000 hommes pour sa défense, se rembarque. — Toute la flotte est en pleine mer le 20 juin.

Juillet 1.-3. Expédition d'Égypte. - Malte prise (V. 10 juin), la flotte française a cinglé vers l'Égypte. Elle se présente devant Alexandrie. Kleber, commandant l'avant-garde de l'armée, qui a pris le nom d'armée d'Orient, entre de vive force dans cette place importante.

"

- (

21. Bataille des Pyramides livrée par Bonaparte, général en chef de l'armée d'Orient, entre les villages d'Embabeh et de Gizeh, près du Nil en vue des Pyramides, et à 1 1. O. du Caire. Français, dit Bonaparte, songez que, du haut de ces monuments, 40 siècles ont « les yeux fixés sur vous.»-Les Beys qui gouvernent l'Égypte, ayant Mourad Bey et Ibrahim Bey à leur tête, fondent impétueusement avec 6,000 mameloucks sur les troupes françaises. Ils sont mis en déroute, laissant sur le champ de bataille 2,000 hommes, 30 canons, 400 chameaux chargés. — Les vainqueurs entrent le lendemain 22 au Caire. Leur perte a été nulle. presque Mourad Bey s'échappe vers la haute Egypte; Ibrahim Bey se jette dans l'isthme de Suez.— Dès ce moment, le gouvernement des mameloucks est renversé, et la conquête de la basse Égypte assurée.

Août 1, 2. Bataille navale d'Aboukyr, livrée dans la baie de ce nom, à 9 l. E. d'Alexandrie.

I

La flotte française, de 1 vaisseau de 120 (l'Orient), 3 de 80, 9 de 74 et de 4 frégates, armée de 1,186 canons, a partie de ses équiges à terre; il est resté à bord environ 7,000 marins. La flotte anglaise de 13 vaisseaux de 74 et 1 de 50, en tout 1,156 canons, est montée par 8,000 hommes, et commandée par Nelson.

Averti de l'approche de la flotte ennemie, Brueys préfère le combat le moins avantageux, en s'embossant dans une rade foraine, dont la côte ne lui assure d'autre protection qu'un îlot, sur lequel il ne place même que 2 mortiers. Sa ligne mal décrite, trop éloignée de la terre, laisse encore de trop grands intervalles entre les

« ZurückWeiter »