Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Juillet

cédés dans la Vendée, le mettent à l'abri de toute imputation de fausseté, et seraient au moins de fortes présomptions en faveur de ses dénégations. Cependant il n'est pas douteux que, s'il eût pu agir d'après sa propre impulsion, il n'eût épargné de braves Français ses prisonniers. Mais de féroces conventionnels étaient sur les lieux, revêtus de l'autorité suprême. Là, était Tallien, qui n'avait sollicité cette mission que pour trouver une occasion de recouvrer sa popularité chez les républicains enthousiastes; Tallien, né dans une misérable condition, d'abord collaborateur du journal des Sans-Culottes, membre de l'infâme commune au 10 août et au 2 septembre, signataire de tous les actes de proscription qu'elle émit, il s'était emparé d'une partie des fonds destinés à ces journées et avait aussi pris sa part dans les dépouilles des victimes. Devenu conventionnel, il s'était donné le proconsulat de Bordeaux où sa fureur et sa cupidité se gorgèrent de sang et de pillage. C'est ce même Tallien dont les passions furibondes avaient paru à des hommes crédules s'être tempérées, dans les journées de thermidor (V. 27, 28 juillet 1794). Mais alors son grand motif, son motif le plus noble, était de sauver les jours d'une femme à mauvaise renommée, que Robespierre avait fait emprisonner. Ainsi, dans le désert de Sahara, le tigre combat d'autres tigres pour ravoir sa compagne. Qu'attendre donc du tigre Tallien à Quiberon? il ordonnera qu'on fusille Sombreuil avec ses 1200 émigrés. Cette horreur révoltera la nation; mais Tallien reviendra triomphant à la tribune de la convention.

Il est très-vraisemblable que la convention sur laquelle se reposaient les émigrés en rendant leurs armes, n'a eu lieu que verbalement et dans le tumulte de la mêlée; mais alors même, elle devait être tenue; elle avait épargné le sang de part et d'autre; elle était conforme aux usages de la guerre; toute législation qui n'est pas barbare, admet les vraisemblances en faveur du faible, de l'accusé, du vaincu.

Comme, parmi ces émigrés, il se trouvait 300 officiers de cette marine si distinguée pendant la guerre d'Amérique; on en a conclu, que le cabinet britannique les avait conduits à leur perte. Cette opinion a trouvé beaucoup de partisans, même en Angleterre; et le machiavélisme si avéré de Pitt a dû l'accréditer. Ce ministre, essayant devant la chambre des communes, de pallier la honte de cette expédition, s'est écrié : « Du moins le sang anglais n'y a pas coulé. Non, sans doute, réplique Sheridan, mais l'honneur anglais a coulé de tous ses pores. » Au reste, ce cabinet a fait un si grand nombre

DEUXIÈME PÉRIODE. (AN 1795.)

[ocr errors]
[ocr errors]

de mauvaises expéditions, qu'on peut bien ne pas relever ses mauvais desseins; vingt tentatives de sa part, dans vingt années, montrent assez qu'il ne sait réussir qu'à force de bras, à force d'or, à force de temps et à force d'auxiliaires étrangers. A Quiberon, l'amiral anglais est des plus mal choisis; le plan, des plus mal combinés; tandis que les moyens d'exécution sont immenses, prodigieux. La valeur seule des approvisionnements abandonnés sur la plage, s'élève à plusieurs millions.

Juillet 22. Traité de paix entre la France et l'Espagne, signé à Bále par François Barthelemy (directeur en 1797, pair de 1814) et don Domingo Yriarte. La France rend ses conquêtes en Biscaye et en Catalogne ; l'Espagne cède la partie de Saint-Domingue qu'elle possède.

Charles IV, bien convaincu de l'insincérité des cabinets coalisés, appréciant l'étendue de leurs revers, juge plus convenable de traiter avec les républicains français que de s'ensevelir sous les débris de la monarchie espagnole. Sans doute, ses sujets doivent le bénir de s'être conduit plutôt en monarque, qu'en Bourbon; d'avoir préféré les intérêts positifs de son royaume à ceux de la branche malheureuse de sa famille.

Mais les cabinets de Vienne et de Londres persisteront dans le chimérique dessein d'anéantir la démocratie, ou plutôt la France ellemême. Ils ne voient pas ou, dans leurs intérêts particuliers, ils affectent de ne pas voir, que la question de l'indépendance de la république est déja décidée par la victoire, et que la continuation de la guerre expose la sécurité des vieilles monarchies. Le grand objet de leur coalition, celui qu'ils annoncèrent avec tant de faste et de hauteur, n'est point le motif qui les engage à prolonger une lutte aussi funeste à l'Europe en général. Ils refusent aux princes français un commandement qui puisse les mettre à portée de rentrer en France, et d'y former un parti; ils ne souffrent pas que le chef de cette maison, qu'ils reconnaissent comme roi, se mette à la tête de ceux de ses sujets qui combattent pour lui, et ils le réduisent à chercher une retraite dans les états de Venise. Le prince de Condé, subordonné, contraint dans toutes ses opérations, voit les émigrés, qu'il commande, sacrifiés sans utilité pour leur cause. En vain, par de nombreux faits de valeur, rendent-ils des services signalés à l'armée autrichienne, on les place continuellement aux avant-gardes dans les attaques, aux arrière gardes dans les retraites; ils sont honteusement livrés dans toutes les capitulations (V. 7 octobre 1794,

Juillet

7 juin 1795). Ceux d'entre eux qui ne portent point les armes, privés presque en tous lieux de protection, et même d'asyle, restent abandonnés de ces cours qui, s'annonçant pour défendre la cause de la royauté, les ont entraînés hors de leurs foyers.

Plus fastueux, le gouvernement anglais les reçoit; il semble applaudir, encourager les actes de bienfaisance qui distinguent un si grand nombre de particuliers dans les trois royaumes. Il soutient les émigrés, comme individus souffrants; agissant à-peu-près comme agirait un corsaire algérien, recueillant, nourrissant l'équipage captif d'un bâtiment qu'il aurait pillé et submergé. Le gouvernement anglais prendra la Corse, la Martinique, les vaisseaux de Toulon, pour lui et en son nom, et non pour les princes français ses alliés ; il laissera les Vendéens à leurs propres forces, les excitant par des promesses d'un grand secours, qui n'arrivera jamais, et ne permettant pas qu'un des princes aille les joindre. Il fait débarquer 1200 émigrés à Quiberon, mais sans les soutenir par des troupes anglaises; et Pitt se glorifie de ce que pas une goutte de sang anglais n'a coulé ( V. art. précédent). Le monde entier, persistant à voir une perfidie dans cette expédition, se persuade que Pitt desire prolonger la durée, étendre les ravages d'une révolution dont l'Angleterre semble à l'abri par sa position insulaire, révolution dont les désastres lui sont de plus en plus avantageux.

Ainsi les ministres du roi d'Espagne, convaincus de la déloyauté de ses alliés, comme de la grande supériorité des armées républicaines, qui ont pénétré dans deux belles provinces de son royaume, le sauvent par un traité de paix. Si cet exemple était suivi par l'Autriche et l'Angleterre, les jacobins usant la plupart de leurs moyens. d'influence, le peuple reviendrait promptement à des principes plus sociables, à des formes de gouvernement plus concentrées, qui, le rendant moins malheureux et moins agité, n'exposeraient plus les anciennes institutions de l'Europe au danger d'une entière subversion. La tranquille neutralité de la Suède, du Danemarck, de la Suisse, ainsi que les traités que viennent de conclure la Toscane et la Prusse (V. 9 février, 5 avril), prouvent à l'Autriche et à l'Angleterre qu'on peut négocier avec sûreté. La politique de ces deux dernières puissances causera les calamités de l'Europe pendant les années qui vont suivre.

er

Août 1. Bourse de Paris. - Le prix du louis d'or est de 920 fr. en assignats.

17. Loi révolutionnaire. La convention adopte, comme article

[ocr errors]

a

additionnel à la constitution qu'elle prépare, ce qui suit : « La nation française déclare que jamais, en aucun cas, elle ne souffrira la ren« trée des Français qui, ayant abandonné la patrie depuis le 15 juil« let 1789, ne sont pas compris dans les exceptions portées aux lois « contre les émigrés ( Il est interdit aux corps législatifs de faire de << nouvelles exceptions sur ce point). ))— -Cette loi est une suite amenée par l'expédition de Quiberon ( V. 4, 5, 16, 21 juillet ). Jamais les royalistes ne sauront faire que des fautes.

Courtint...

Les as-de l'an!!

Août 22. La nouvelle constitution, dite de l'an 111, après avoir été discutée article par article, est adoptée par la convention. semblées primaires sont convoquées pour procéder à l'acceptation de cette constitution, et aux nominations du corps législatif (V. 23 septembre).

23. Décret qui dissout définitivement les assemblées connues sous les noms des clubs ou sociétés populaires.

26. Monsieur, comte d'Artois, part de Portsmouth, à bord de la frégate le Jason, pour les côtes de France ( V. 2 octobre).

30. Loi, dite du 13 fructidor, portant que les assemblées électorales prendront d'abord les deux tiers des membres que chacune d'elles doit fournir au corps législatif, appelé par la nouvelle constitution (V.23 septembre), exclusivement dans la convention même, soit qu'elles les choisissent dans la députation de leur département, ou parmi les députations des autres départements.

Septembre 1. Bourse de Paris. —Le louis d'or coûte 1200 fr. en assignats.

4. Décret.- La convention nationale, reconnaissant que « le citoyen « Maurice Talleyrand-Périgord (ex-évêque d'Autun, etc.)-(V. la « Table des matières) a puissamment secondé la révolution par sa noa ble conduite, comme citoyen et comme ecclésiastique; appréciant, « en outre, les motifs qui l'ont éloigné, l'autorise à rentrer en France.»> 6. Loi révolutionnaire. ·Décret «qui prononce le bannissement à perpétuité, des prêtres déportés et rentrés sur le territoire de la république. »

6. Passage du Rhin, et prise de Dusseldorff par l'armée de Sambre-et-Meuse, aux ordres de Jourdan. Les généraux Lefebvre, Kléber, Championnet, Grenier, se distinguent.

20. Capitulation de Manheim, rendu à l'armée de Rhin-et-Moselle, commandée par Pichegru.

21. La convention nomme une commission de cinq membres, pour lui présenter, sur le champ, les mesures propres à prévenir les mal

[ocr errors][subsumed]

Septembre

heurs qui menacent encore la république. Les cinq sont, Roux, Florent Guyot, Tallien, Pons dit de Verdun, Dubois-Crancé. Barras, nommé commandant des forces conventionnelles, est le principal appui du parti anti-populaire (V. 26 septembre et 4 octobre). Septembre 23. Proclamation d'une troisième constitution, dite de l'an III.

[ocr errors]

[ocr errors]

Tout homme né et résidant en France, âgé de 21 ans, et payant une contribution directe de la valeur de trois journées de travail, est citoyen français, et a droit de voter dans les assemblées primaires.- - Chaque assemblée primaire nomme un électeur. Pour être électeur, il faut être âgé de 25 ans, et payer une contribution foncière de la valeur de 150 ou 200 journées de travail, suivant les localités. Il y a une assemblée électorale par département. La législation est confiéc à deux conseils; l'un dit des cinq cents, à raison du nombre de ses membres; l'autre des anciens, parce qu'il se compose de députés plus âgés. Le premier propose les lois, le second les accepte. Ils se renouvellent par tiers, chaque année. — Les contributions publiques sont délibérées et fixées tous les ans par le corps législatif.-Les tribunaux sont indépendants.-La garde nationale est formée de tous les citoyens actifs, ou fils de citoyens actifs.-Le pouvoir exécutif est remis à cinq directeurs nommés par les conseils. Les ministres soumis au directoire, et nommés par lui, sont responsables. - La guerre ne peut être décidée que par le corps législatif, sur la proposition du directoire.—Les traités ne sont valables qu'àprès avoir été ratifiés par le corps législatif.—Il y a des administrations municipales ; une administration centrale par département, etc.

Les monstrueuses illégalités du gouvernement révolutionnaire commencèrent à être improuvées de ses enthousiastes, lorsque beaucoup d'entre eux devinrent ses victimes. Le très-grand nombre des Français, appréciant enfin toute l'iniquité de l'arbitraire, réclament une constitution qui porte elle-même des moyens de stabilité, et qui fasse rentrer le gouvernement dans les voies de la civilisation. Les meneurs de la populace, les Barrères, les Merlins dits de Douai, l'ont excitée (V. 1er avril et 20 mai) à demander la constitution anarchique de 1793 (V. 27 juin 1793). A ces cris universels, quoique divers, de constitution, la convention a répondu par la création d'une commission chargée d'en préparer les dispositions. Mais les jacobins, redoutant l'influence des délais, se sont soulevés deux fois. Terrassés deux fois, leurs efforts démontrent la nécessité d'un code social moins démocratique que celui dont, avec de mal

« ZurückWeiter »