Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

vage énergie; tout prouve invinciblement qu'ils auraient rejeté avec insolence les ouvertures de tous les cabinets, ainsi qu'ils repoussèrent les insinuations du ministre d'Espagne; ils auraient de même fait passer à l'ordre du jour. Barrère ne disait-il pas ? « L'Angleterre arme, l'Espagne excitée prépare une attaque. Ces deux gouvernements tyranniques peu satisfaits de persécuter les patriotes « de leurs états, croient peut-être influencer le jugement que nous << allons prononcer sur le tyran de la France; ils comptent nous effrayer. Non. Le peuple qui a conquis sa liberté; ce peuple qui a « chassé du sein de son territoire, jusqu'aux rives les plus éloignées « du Rhin, les formidables bataillons de l'Autriche et de la Prusse, « ce peuple ne recevra les ordres d'aucun tyran. » Pendant qu'on tenait ce langage à la tribune de la convention, la coalition se reformait, s'étendait, prenait l'aspect le plus menaçant sans que les jacobins retardassent d'un jour, d'une heure, la consommation de leur dessein. On peut aujourd'hui se permettre de penser que certains cabinets ne voyaient dans le coup fatal qui serait porté, que ce qu'il amènerait de favorable à leurs vues politiques. Peut-être désiraientils opposer aux fureurs du gouvernement français, l'universelle horreur des peuples. Serait-ce faire beaucoup de tort à la mémoire de l'Anglais Pitt, que de lui prêter encore cette combinaison machiavélique? Fox, Sheridan, Grey, le sommèrent au nom de l'humanité, d'intervenir. Il s'y refusa. Cependant, malgré l'inutilité de ses efforts, quelque vaines qu'eussent été les tentatives des cours étrangères, il y avait de l'honneur à ne pas garder le silence; le monde n'eût pas douté si les souffrances imméritées d'un roi intéressaient les chefs des nations. Et même, en supposant toute la réalité de leurs obscures pensées, un refus leur donnait une arme de plus dans l'opinion des peuples.

On ne saurait disconvenir que Louis XVI ne fût doué de trèsbeaux talents et qu'il ne les eût cultivés avec soin, lui-même. Sa conduite, pendant et après le procès, et jusqu'à sa dernière heure, la déclaration qu'il a laissée au monde comme son testament, ont élevé son nom bien au-dessus des atteintes de ses ennemis et l'ont fait bien plus remarquer que lorsqu'il brillait de toute la splendeur de son rang. Il commit de très-graves fautes, sans doute; mais on a pu se convaincre que beaucoup ne vinrent pas de lui, qu'elles étaient dans la nature des circonstances; et certes il serait assez embarrassant de trouver dans tous les Bourbons qui ont ou qui n'ont pas porté la couronne, un seul descendant de Charles duc de Ven

dôme père d'Antoine roi de Navarre (Henri IV, ce premier grand homme, à part), qui n'eût pas commis d'aussi grandes erreurs et qui pût en même temps, présenter cette inaltérable pureté d'intentions qui distingue Louis XVI. La nature, en accordant à ce prince infortuné ses plus estimables dons, lui avait refusé cette force de caractère qui peut seule les rendre utiles dans l'exercice de la domination suprême. Son éducation fut mal dirigée, on le sait. Il monta trop jeune, sur ce trône, l'un des plus élevés et des plus brillants du monde, et dont, par leur systême de gouvernement, ses trois prédécesseurs avaient exposé la stabilité. A son avènement, un esprit de dissimulation conduisait la cour et le conseil; cela est trop attesté, pour que personne en doute aujourd'hui. Cet esprit s'y conservait, depuis ce roi qui n'avait su que devenir le sujet de Richelieu. Peut-être Louis XVI, élevé dès sa tendre enfance, dans les principes reçus et qu'avaient transmis six ou sept générations, pensat-il que la prompte manifestation des mesures adoptées dans la haute administration pouvait nuire à l'exercice du pouvoir, paralyser l'action d'un gouvernement exclusivement monarchique; que, spécialement en France, les ressorts de l'autorité devaient jouer sans se découvrir aux profanes regards de la multitude; et qu'aucune concep-` tion du conseil particulier ne devait être connue avant sa mise en exécution. En outre, Louis XVI portait, jusques dans ses moindres actions le sentiment d'une austère vertu. Ne voyant autour de lui que corruption et scandale, sa vertu l'invitait à temporiser. Il aima donc à se replier en lui-même, à se renfermer dans son ame si pure, à se confier peu; il crut encore devoir se défier souvent et souvent suspendre des déterminations que, dans un premier mouvement d'humanité et de probité, il avait jugées convenables. Sa vertu avait trop de douceur et de calme pour l'exciter à mécontenter ceux dont il désapprouvait le plus la conduite extérieure. Il pensait que son exemple aurait assez d'efficacité pour ramener à l'observation des bienséances, sinon, au sentiment des devoirs La bénignité de son naturel, la facile condescendance de son caractère qui, avec un grand fonds de résignation pieuse, le soutinrent constamment dans l'adversité, étaient donc autant de qualités propres à neutraliser les vigoureux efforts qui seuls auraient eu l'efficacité de prévenir nos premiers désordres. Louis XVI abandonna la monarchie pièce à pièce; mais il se défendit admirablement dans les retranchements de la conscience.

On doit en croire Malesherbes disant : Louis XVI fut aussi pieux

que Louis IX, aussi humain que Henri IV; sa seule faute consiste à s'être conduit trop souvent comme le père de ses peuples et pas assez comme leur roi.

Tous les étrangers, et même dans les états démocratiques, dans la patrie de Washington comme chez les descendants de Guillaume Tell, ont voué à l'exécration les bourreaux de ce vertueux monarque. Le peuple anglais s'est signalé par une unanimité de sentiment et de douleurs qu'on n'avait jamais vue. Le grand adversaire de Pitt, le chef des whigs, Fox, trois ans encore après (en, 1796) haranguant dans le forum de Westminster, les électeurs dont il sollicitait les suffrages, leur disait: Il n'est pas un Européen hors de France, qui ne considère ce déplorable événement, comme l'acte le plus révoltant de la cruauté et de l'injustice.

Louis XVI était né le 23 août 1754, parvenu au trône, le 10 mai 1774

Janvier 23. Garat, nommé ministre de la justice, en remplacement de Danton, le 9 octobre 1792; qui depuis ce temps a donné des preuves irrécusables de civisme jacobin et qui les a complétées le 20 de ce mois, en prononçant à Louis XVI son arrêt de mort, donne sa démission. Il lui a paru qu'il ne saurait faire davantage. Il devient ministre de l'intérieur.

24. La nouvelle de la mort de Louis XVI portée en 54 heures à Londres, y occasionne un deuil général, volontaire et spontané ; les pauvres même portent un ruban noir. Annoncée à l'un des théâtres, elle saisit les spectateurs qui sortent en poussant des cris d'horreur. Fox chef de l'opposition, dont la voix retentit si souvent contre le despotisme des ministres qu'avaient choisis nos rois, Fox qui méprisait notre ancien systême de gouvernement, Fox whig si prononcé, discutant à la chambre des communes, la convenance des préparatifs de guerre contre la France, s'écrie: «Le meilleur moyen de punir les Français de ce meurtre execrable, est de les abandonner à eux-mêmes; puisqu'une nation capable de commettre « et de souffrir une injustice, une atrocité aussi manifestes, ne peut « manquer d'en recueillir bientôt les fruits les plus amers. » L'indignation est commune à tous les partis dans ce pays; et, par l'unanimité et la force de ce sentiment, la nation la plus jalouse de la liberté, signale la distance immense qui se trouve entre l'impatience du joug et la férocité.

"

24. L'envoyé non reconnu, mais toléré, de la république française à Londres, Chauvelin reçoit l'injonction de se retirer. — Le

ministère anglais s'arrête après cette démarche, afin de laisser à la convention l'initiative de la déclaration de guerre. Pitt qui le dirige, espère que la lutte des factions affaiblissant la France, délivrera pour long-temps l'Angleterre de sa rivalité. Le cabinet britannique n'a fait aucune tentative en faveur de Louis XVI dont il affecte de déplorer le malheur; et les démonstrations de ses regrets se manifesteront plus hautement afin de mieux couvrir la honte de son inaction. Il est remarquable, que Cromwell ayant établi son protectorat, Louis XIV reçut avec la plus grande distinction, ses ambassadeurs, et envoya féliciter son altesse. Si la conduite de Mazarin fut un prodige de lâcheté, la politique de Pitt est un tissu de perfidies. Janvier 28. Déclaration de Monsieur( Louis XVIII), donnée à Ham en Westphalie; par laquelle, en prenant le titre de régent de France, il reconnaît son neveu fils de Louis XVI, roi, sous le nom de Louis XVII et institue le comte d'Artois son frère, lieutenant-général du royaume.

Février 1er. Création de 300 millions d'assignats. Suivant le rapport fait à la convention, les assignats créés et émis jusqu'à ce jour se portent à 3 milliards 100 millions, dont 682 millions ont été brûlés.

1o. La convention déclare la guerre à l'Angleterre et à la Hollande. - Brissot ancien espion diplomatique entraîne l'unanimité? de cette résolution. Il prononce un long discours, dans lequel, par une odieuse et dangereuse fiction, séparant les peuples de leurs gouvernements, il insiste sur la nécessité de venger les outrages faits aux droits de l'homme. La France est sans finances, sans armes et presque sans armées. Ses forces navales ne consistent qu'en 66 vaisseaux de ligne, 96 frégates ou corvettes; etc. (V. 31 octobre 1791), le tout en assez bon état; mais l'émigration a enlevé presque tous les officiers de la marine royale.-La marine anglaise est forte de 158 vaisseaux de ligne, 22 vaisseaux de 50, 125 frégates, 108 cutters. La Hollande à 100 vaisseaux de guerre, de différentes grandeurs. La marine marchande française était en 1790, d'environ 5,500 navires, dont le port s'évaluait à 60,000 tonneaux.

[ocr errors]

4. Réunion du comté de Nice à la France.

4. Les habitants de Lyon ferment le club des jacobins établi dans cette ville, et font des dispositions pour résister à l'oppression des émissaires de la convention.

4. La convention nomme le général Beurnonville ministre de la guerre.

Février 24. Décret ordonnant une levée de 300,000 h. L'empressement des jeunes Français, enthousiastes de la liberté et de l'égalité, à se rendre sous les drapeaux, est d'autant plus grand, qu'on a exagéré davantage les succès accidentels des armes de la république. On ne vit jamais un gouvernement porter à un si haut degre le mensonge et la forfanterie. Une dépêche répandue sous le nom d'un chef d'armée, avait annoncé que les Autrichiens avaient perdu près de 1,500 hommes, dans un engagement qui n'avait amené d'autre malheur que la blessure d'un tambour français. Cet événement est facétieusement célébré dans le quatrain suivant :

Quand d'Autrichiens morts on compte plus d'un mille,
Nous ne perdons qu'un doigt, encore le petit :

Hola! monsieur de Beurnonville!

Le petit doigt n'a pas tout dit.

25. Prise de Bréda : Cette conquête est le dernier succès de Dumouriez.

25. Mouvements populaires à Paris, pillage des épiciers.

28. Finances publiques. — Un rapport de l'ex-capucin Chabot, établit le capital de la dette à 8 milliards, 34 millions; le total des intérêts perpétuels et viagers à 368 millions. L'actif qui se compose des biens ecclésiastiques, des biens des émigrés, colléges, hopitaux, des anciens domaines et des forêts nationales, ainsi que de la valeur des eloches et de l'argenterie des églises, est évalué à 9 milliards, 178 millions.

Mars 1 er. Situation militaire.-La France a huit armées.-Du Nord, Dumouriez, des Ardennes, Valence; de la Moselle, Beurnonville ; du Bas-Rhin, Custine; des Alpes, Kellerman; d'Italie, Biron; des Pyrénées, Servan; des Côtes Labourdonnaye.

Mars 1er. Loi révolutionnaire portant, que les émigrés sont bannis à perpétuité du territoire français; qu'ils sont morts civilement; que leurs biens sont acquis à la république, et que leurs successions échues ou à écheoir, seront recueillies par l'état pendant 50 années. (Cette dernière disposition n'a été révoquée que le 29 décembre 1810.)

7. La convention déclare la guerre à l'Espagne.

PREMIÈRE COALITION CONTRE LA FRANCE. Cette coalition rassemble l'Autriche, la Prusse, l'empire d'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Hollande, l'Espagne, le Portugal, les Deux-Siciles, l'État ecclésiastique, et le roi de Sardaigne.

10, 11. Loi révolutionnaire.-Création du tribunal révolutionnaire.

« ZurückWeiter »