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pré était en Italie depuis 1789.-Rochefort n'est pas sorti de France. - Quant à Bouillé, sa lettre dit : Donné à Monsieur frère du roi, par son ordre. Mais cet ordre n'est pas celui du roi, c'est celui de Monsieur. L'exercice de son véto? La constitution lui laissait la sanction libre des décrets....... etc., etc.

« On a fait à Louis un reproche qui a excité l'indignation du « peuple; et qui doit, en effet, lui paraître bien grave. On l'accuse « d'avoir payé ses gardes-du-corps à Coblentz. J'avoue que cette ac «cusation m'avait fait à moi-même une impression douleureuse. J'avais pu soupçonner la bonne foi de Louis, les pièces m'avaient « paru claires. Je viens aujourd'hui lui faire, aux yeux de toute « l'Europe, la réparation que je lui dois. Toutes les pièces se rap⚫ portent au mois d'octobre 1791. Voici ce qu'écrivait l'administra<teur de la liste civile au trésorier, au mois de novembre suivant : L'intention de S. M. est de continuer le traitement de ses gardes«du-corps, jusqu'à ce qu'ils soient replaces; mais S. M. entend que ⚫ le montant de ce traitement ne soit pas délivré en masse à l'étata major; mais à chaque individu, à la caisse de la liste civile, sur sa quittance particulière et son certificat de résidence dans le « royaume. Toutes les pièces ont reçu la plus grande publicité; on a dénoncé Louis à la France, à l'Europe entière; on a ordonné l'impression de tous les actes d'accusation; et la pièce qui seule répond à ces faits, est demeurée SEULE ignorée! Par quelle étrange « fatalité ne s'y trouve-t-elle point? Louis est parvenu après bien « des soins, à se faire remettre dans les bureaux, une copie authen« tique de cette lettre ; il la produit aux yeux de l'Europe.

« J'arrive enfin, à cette journée désastreuse du 10 août. Tous vos a succès depuis cette journée, vous auraient permis d'être généreux; « je ne vous demande que d'être justes. Louis craignait l'invasion « de son château ; il entretient une correspondance plus exacte avec « les autorités populaires........ Enfin, le peuple est là, le pro« cureur-syndic (Roederer; V. 10 août) lit la loi qui ordonne de repousser la force par la force. Les canonniers pour toute réponse, « déchargent leurs canons devant lui. Alors le procureur-syndic invite Louis à se rendre au sein de l'assemblée nationale; il s'y « rendit. . . . . . . . . Une heure après, nos malheurs commencèrent. << Comment s'est engagé le combat? Je l'ignore; l'histoire l'ignorera « peut être aussi. On lui a reproché d'avoir passé les troupes en « revue. Eh bien! reprochez donc au maire de Paris (Péthion) d'aavoir visité les postes. Louis n'était-il pas une autorité constituée ?

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«< Son autorité n'était-elle pas entre ses mains, un dépôt auquel la « loi lui défendait de laisser porter la moindre atteinte?

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Je sais qu'on a dit que Louis avait excité l'insurrection pour ar« river à l'exécution de ses projets. Mais qui donc ignore aujour « d'hui, que cette insurrection avait été machinée, mûrie; qu'elle avait ses agents, son conseil, son directoire? Qui donc ignore, qu'il avait été fait et signé des actes, des traités à ce sujet ? Dans « cette salle, on s'est disputé la gloire du 10 août; je ne viens point « la contester; mais, puisqu'il est prouvé que cette journée avait «< été méditée, comment pourrait-on en faire un crime à Louis ?

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Et, vous l'accusez! et, vous voulez prononcer la mort contre « lui! contre lui! qui n'a jamais donné un ordre sanguinaire; contre « lui ! qui, à Varennes, aima mieux revenir captif que d'exposer la « vie d'un seul homme; contre lui! qui, le 20 juin, refusa toute espèce de secours et préféra de rester seul au milieu du peuple. « Entendez l'histoire dire : Louis monté sur le trône à vingt ans, y porta l'exemple des moeurs, la justice, l'économie; il abolit la « servitude dans ses domaines; le peuple voulut la liberté, il la lui « donna..... Je n'achève pas. Je m'arrête devant l'histoire. Songez qu'elle jugera votre jugement. >>

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Desèze ayant fini; Louis XVI prend la parole et dit à-peu-près ces mots : Citoyens; on vient de vous présenter mes moyens de « défense. Je n'ai rien à y ajouter; ma conscience est pure; et je vous « l'assure en vous parlant, peut-être pour la dernière fois. On me reproche d'avoir voulu répandre du sang, et je suis déchiré d'une « pareille imputation.» Le président Defermont: «Vous n'avez plus rien à ajouter pour votre défense?» Louis XVI: «Non. » Le président: « Vous pouvez vous retirer. Il est une heure aprèsmidi.

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La discussion s'engage aussitôt sur la suite à donner à l'accusation. Lanjuinais (ex-constituant, pair de 1814) prononce un discours énergique, souvent interrompu par les vociférations des tribunes et les emportements des députés, dits montagnards (ceux qui affectent de se placer sur les gradins les plus élevés, et qui émettent les opinions les plus violentes.) Lanjuinais accuse la convention de s'être déshonorée, en se constituant juge de Louis XVI par un décret rendu « dans une minute....... Puisqu'il doit être jugé; qu'on observe les formes salutaires, conservatrices, qui sont « réservées pour tous les citoyens, sans exception, et qu'elles soient a aussi appliquées à notre ci-devant roi! De-là, on ne viendra plus

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« vous parler de le faire juger par la convention nationale; on ne « viendra plus vous dire : Il faut qu'il soit jugé par les conspirateurs qui se sont déclarés hautement à cette tribune, les auteurs de ⚫ l'horrible journée du 10 août..... Vous seriez les conspirateurs • du 10 août, les accusateurs, le juré d'instruction, le juré de juge«ment; les juges!...... Vous ne pouvez rester juges de l'homme « désarmé, duquel plusieurs d'entre vous ont été les ennemis di<rects et personnels; puisqu'ils ont tramé l'invasion de son domi«cile, et qu'ils s'en sont vantés. Vous ne pouvez pas rester juges « applicateurs de la loi, jurés d'accusation, jurés de jugement, ayant émis tous ou presque tous, vos avis; l'ayant fait, quelques-uns de « vous, avec une férocité scandaleuse...... J'entends parler du « salut du peuple. Ce sont donc des idées politiques que l'on vous <appelle à discuter, et non plus des idées judiciaires...... La « politique veut-elle que la convention soit déshonorée ? La « politique veut-elle que la convention partage les inconvénients • les calamités qui peuvent résulter et de la diversité et de la va<riabilité étonnante de l'opinion publique ? Certes, il n'y a qu'un « pas dans l'opinion publique, de la rage à l'amour et à la pitié. Eh • bien ! on voudrait que vous vinssiez, pour le salut prétendu de « l'état, à la dissolution effrayante qui paraît vous menacer; soit que « vous ayez prononcé pour, soit que vous prononciez contre..... « Et moi, je vous dis: Consultez le salut du peuple. Je vous « propose une mesure de sûreté générale qui vaut mieux qu'un jugement. Le salut du peuple veut que vous vous absteniez « d'un jugement qui vous fera de grands ennemis, qui les aide « à servir les horribles conspirations qu'ils méditent contre vous. Si vous suivez les principes de l'ordre judiciaire, vous ne < pouvez confondre dans vos personnes, des rapports incompaatibles, qui ne sauraient exister chez une nation humaine et ⚫ éclairée. Si vous consultez la politique, vous aurez également à « examiner la question de la vie ou de la mort de Louis; mais sous « des rapports bien moins difficiles. Il est temps de fixer l'opinion « sur cet état perpétuel d'alarmes et d'espérances. Je demande que « l'assemblée rapportant son décret par lequel elle a décidé, qu'elle « jugerait Louis XVI; ou l'interprétant décrète : qu'elle prononcera « sur son sort, par mesure de sûreté générale, deux jours après la « distribution du mémoire. J'observe d'ailleurs, que ce sont les ⚫ expressions dont vous vous êtes servis, dans le décret par lequel < vous avez prorogé le délai accordé à Louis, pour sa défense.

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Loin d'être ramenés, par ces considérations, à quelque sentiment de justice et d'humanité, les chefs de la Montagne les considèrent comme des provocations à de plus promptes mesures. Ils invoquent avec des cris de fureur, le jugement sans désemparer et par appel nominal.

Le Hardy (Morbihan): « ...... Bien que chez les nations libres, « des jugements aient été portés par le peuple, ils étaient rendus « par le sénat qui les confirmait..... La justice exige que l'accu«sateur et l'accusé aient des forces morales égales; car c'est ainsi, « que je conçois la balance de la justice.... Je n'apporte pas des « hurlements à cette tribune', je n'y apporte que l'austère vérité...» Kersaint (Seine-et-Oise), « je demande qu'on ne se permette pas « des déclamations. Nous sommes les juges et non les bourreaux. »

L'ajournement étant demandé; des cris de rage s'élèvent du point où siègent les hommes les plus sanguinaires. Thuriot, Duhem, Camille Desmoulins, Jullien (Drôme) sont à leur tête et menacent d'égorger les ajournants.- La convention décrète, à cinq heures, que la discussion est ouverte et qu'elle sera continuée, toute autre affaire cessante, jusqu'à la prononciation du jugement définitif. (V. l'art. suivant.)

Décembre 27-31. PROCÈS DE LOUIS XVI. (V. 7 novembre; 3, 6, 11, 12, 15, 16, 17, 26 décembre.) - Commencement et suite des

débats à la convention nationale.

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« Quant à moi, dit Rabaut de Saint-Étienne (le 28), je vous « l'avoue je suis las de ma portion de despotisme; je suis fatigué, « harcelé, bourrelé de la tyrannie que j'exerce pour ma part; et je soupire après le moment où vous aurez créé un tribunal national qui me fasse perdre les formes et la contenance d'un tyran............. «Si vous êtes législateurs, faites des lois; mais ne jugez pas. En

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effet, si les juges sont en même-temps, législateurs; s'ils décident « la loi, les formes, le temps; s'ils accusent et s'ils condamnent; <«< s'ils ont toute la puissance législative, exécutive, judiciaire; ce n'est point en France, c'est à Constantinople, c'est à Lisbonne,. «< c'est à Goa, qu'il faut aller chercher la liberté. » Le 31, l'opi-' nion de Rabaut est fortement soutenue par Vergniaud. « Tout le pouvoir de la convention, dit-il, n'est que provisoire, soumis à « la ratification du peuple, qui est le souverain. Le droit du peuple serait donc blessé par l'exécution provisoire d'un décret de mort « contre Louis, puisque dans le cas où ce décret serait improuvé << par la nation, il ne serait pas possible de rendre l'existence à Louis.

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Vergniaud parle aussi des fausses considérations politiques qu'une fausse vanité à cru devoir écarter jusqu'ici. Il rappelle les intentions déja manifestées de l'Espagne, de l'Angleterre, l'opinion du reste de l'Europe. Il fait le tableau des événements préparés à la France par le parti qui, après tant de sang répandu, demande encore du sang. « On feint de craindre la guerre civile; mais les agitateurs n'ont pas ⚫ dans les départements la même influence qu'à Paris, et d'ailleurs « la craint-on cette guerre civile pour l'acceptation des lois consti« tutionnelles?..... On dit que la majorité de la nation est roya« liste; d'après cela, que ne propose-t-on de bannir la France de « la France ? Mais qui sont ceux qui nous annoncent la guerre civile? • Ne sont-ce pas ceux qui la prêchent par leurs écrits et la prépa« rent par la subversion de toutes les idées de la morale et de la justice? Qui sont ceux qui nous annoncent des incendies, si ce ne << sont ceux dans les mains de qui on voit les torches incendiaires?.... « On a fait Louis, même renfermé étroitement au Temple, auteur de la cherté, de la disette, de tous les maux, de tous les soulė«vements qu'il y a eu depuis qu'il est hors d'état d'agir. Mais, dès que Louis ne sera plus, ce sera la convention qu'on en chargera..... . On dit : Si l'indignation est universelle, la cause en est au Temple; a si les assignats perdent sur le numéraire, la cause en est au Tem«ple; si nos armées sont mal approvisionnées, la cause en est au Temple. Eh bien! Louis mourra. Mais qui vous dira que ces hommes, « après la mort de Louis, ne vous diront pas, si la guerre se prolonge, la cause en est à la convention; si le peuple souffre encore, « la cause en est à la convention; si nos colonies sont perdues, la « cause en est à la convention; si la machine marche mal, la cause en est à la convention? Alors, citoyens, alors, qui garantira que vous ne verrez pas paraître cet ambitieux qui vous aura avilis? Ce « chef qui, sans doute, sera percé à l'instant ; mais qui n'en aura pas « moins causé des maux inexprimables. . ... » ( V. 1 janvier 1793.) Décembre 31. Le citoyen Chauvelin, ministre de la république française à Londres, ayant remis une note pour demander si le gouvernement britannique est neutre ou ennemi; il lui est répondu, qu'on ne le reconnait pas, en sa qualité de ministre de la république.

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Janvier 113. PROCÈS DE LOUIS XVI (V. 7 novembre, 3, 6, 11, 12, 15, 16, 17, 26, 27 décembre). Suite des débats à la con

vention nationale.

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