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le maire Péthion en fait une autre, le corps législatif rend un décret
en termes généraux contre les attroupements armés. C'est tout.
Juin 26. PREMIÈRE COALITION CONTINENTALE.

de Prusse.

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Manifeste du roi .p.12

En exposant les motifs qui le déterminent à s'armer contre la France, Frédéric-Guillaume II insiste sur la suppression des droits et possessions des princes allemands en Alsace et en Lorraine; sur l'agression des Français contre l'empire et contre la cour d'Autriche, son alliée; sur le danger de la propagation des idées révolutionnaires, ainsi que sur l'inquiétude générale qu'inspire le royaume de France, qui formait jadis un poids si considérable dans la balance de l'Europe, et livré depuis si long-temps aux horreurs de l'anarchie qui ont, pour ainsi dire, anéanti son existence politique.

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28. Le général la Fayette, venu de son quartier - général à Paris, se présente à la barre de l'assemblée nationale. Rappelant une lettre qu'il écrivit le 16 juin à cette assemblée, il accuse de nouveau la faction des jacobins, et demande, au nom de son armée, la punition des auteurs de l'attentat du 20 juin. Cette démarche isolée, qu'on détourne le roi d'appuyer, accroît l'ascendant des jacobins. On brûle sur les places publiques l'éffigie de la Fayette; et l'immense popularité de celui qui voulut être chef de parti, ne s'apercevant pas que la nature lui en avait refusé les moyens, croule en un seul jour. Placé comme à la tête, il ne commanda jamais. Il n'obtint de succès que contre l'ancienne monarchie; dès qu'il voulut asseoir la nouvelle et arrêter l'ordre de la destruction, il trahit son impuissance.

Juillet 1. Un grand nombre d'adresses contre la journée du 20 juin sont parvenues des départements à l'assemblée nationale.-Pétition dite des 20,000 à ce sujet. Ce nombre de signatures est sans doute exagéré; car la moitié de ces pétitionnaires, sincèrement dé-voués à la cause de l'ordre, eût suffi pour prévenir et l'insurrection que cette pétition déplore, et l'insurrection qui va bientôt éclater. L'insouciance, l'égoïsme, l'inertie de la population parisienne dans toutes ces circonstances, est une affreuse singularité de l'histoire.

2. Décret.-Les factieux obtiennent le licenciement des états-majors des gardes nationales à Paris, et dans les villes de 50,000 ames. 7. François II d'Autriche est élu empereur d'Allemagne.

9. Tous les ministres du roi donnent leur démission; il reste seul exposé aux attaques des scélérats, que le maire Péthion excite publiquement.

11. Decret qui déclare la patrie en danger. Ces mots, envoyés

comme l'étincelle électrique dans les 83 départements, y précipitent le départ de nombreux bataillons de volontaires.

Juillet 13. Le 6, après avoir entendu le rapport de Ræderer, procureur-syndic, dans lequel sont étalés d'insidieux sophismes pour justifier Péthion, maire, et Manuel, procureur de la commune, accusés l'un et l'autre d'avoir préparé et favorisé les désordres du 20 juin; et, nonobstant les conclusions dudit Ræderer, l'administration départementale de Paris a suspendu ces deux fonctionnaires. - Le 11, cet arrêté reçoit la confirmation du roi; mais le 13, en conséquence des motifs développés par les députés Brissot et Muraire, amis de Péthion et de Ræderer, ce même arrêté est annullé par l'assemblée nationale. - Péthion est réintégré (V. le 23).

14. Seconde fédération au Champ-de-Mars. Le roi y assiste. On jure sur l'autel de la patrie fidélité à la constitution.

15. Décret.

Les troupes de ligne sortiront de Paris sous trois jours, et en seront éloignées à quinze lieues.

17. Des fédérés qui, trois jours auparavant, ont juré d'être fidèles à la constitution, demandent, à la barre de l'assemblée nationale, la suspension du pouvoir exécutif dans la personne du roi, la mise en accusation du général la Fayette, la destitution des états-majors de l'armée, la punition des directoires des départements, et le renouvellement des corps judiciaires. Le president Vaublanc se borne à leur répondre qu'il ne faut pas désesp rer du salut public.

23. Une seconde députation de fédérés sollicite, à la barre de l'assemblée nationale, la suspension du pouvoir exécutif, et la convocation d'une convention nationale. Il leur est répondu que l'assemblée applaudit à leur dévouement et à leur civisme.

23. Indignés des machiuations tre nées par les jacobins, huit membres du département de Paris, sur neuf dont il se compose, donnent leur démission. Mais Ræderer, procureur-general-syndic, retient sa place (V. le 13).

25. L'assemblée nationale est informée des massacres commis à Arles, et dans plusieurs autres lieux de la Provence; elle y reste indifférente.

25. Manifeste du duc de Brunswick, généralissime des cours alliées d'Autriche et de Prusse, daté de son quartier-général, à Coblentz.— On lit dans ce manifeste, qui sera pour les siècles à venir un étrange monument de fausse politique et de présomption : « Les gardes «< nationaux qui auront combattu contre les troupes des deux cours «< coalisées, et qui seront pris les armes à la main, seront punis comme

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rebelles.

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Tous les magistrats sont responsables sur leurs têtes.

Les habitants qui oseraient se défendre.... seront punis surle-champ, selon la rigueur du droit de la guerre.... La ville de « Paris sera tenue de se soumettre sans délai au roi..... » Après des menaces de supplices, d'exécution militaire et de subversion totale, leurs majestés offrent aux Français leurs bons offices auprès de S. M. très-chrétienne, pour obtenir le pardon de leurs torts et de

leurs erreurs.

Ce manifeste excite en France l'indignation générale. Rédigé au nom de l'Autriche et de la Prusse, il semble appartenir aux Vandales, plutôt qu'à des souverains du 18e siècle. Il afflige ceux qui, restés encore près de Louis XVI, redoutent pour lui l'intervention hostile des souverains. Que pourraient, en effet, des considérations politiques, sur un peuple qui, ayant pris l'éclair de la liberté pour le signal de la licence, a perdu sa raison dans l'essai de sa force, et qui, depuis trois ans, éprouve que rien ne lui résiste? Que lui sont des menaces parties de si loin? Ses perfides agitateurs ne trouverontils pas dans la provocation de l'étranger, le moyen d'irriter la fierté française? Ils lisent, avec une joie féroce, cette insolente déclaration. Ils y répondront par le bouleversement complet de l'ordre social. Sous prétexte de défendre le territoire, ils iront aux dernières extrémités. Il n'est rien qu'ils n'osent. Leur féconde perversité offrira chaque jour, à l'étonnement du monde, un nouveau crime; ils porteront l'impudence des forfaits à des degrés inattendus ( V. 10 août, 2 septembre 1792 ). Qu'appréhenderaient-ils, retranchés comme ils le sont derrière une nation enthousiaste, dont ils sauront multiplier jusqu'à la démence, les plus douloureux sacrifices. Forts de la nécessité de sauver la patrie, affranchis de tout ménagement, ils s'élanceront à sauts de tigre sur le cadavre sanglant de la monarchie. Ils savent que l'impunité des crimes politiques s'obtient par des crimes plus grands; et, l'imprudente agression de Frédéric de Brunswick, ses menaçantes injonctions accéléreront la perte de Louis XVI. Dès cet instant elle est résolue, et ses ennemis ne regarderont plus en arrière.

Dès que ce dernier attentat sera consommé, le soldat voyant qu'il n'y a plus de traité, ni de capitulation possible, jurera, non de vaincre ou mourir, mais de vaincre ; et il vaincra. Les Français comprendront qu'ils doivent devenir la première des nations, sous peine d'être la dernière, ou de n'être plus. Le sentiment de la dignité nationale prévaudra dans les armées, sur toutes les considérations de

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justice. Ce point d'honneur deviendra général; il rendra légers tous
les sacrifices. On supportera tout, requisition des hommes et des
propriétés, terreurs, meurtres judiciaires, famine, pertes de l'agri-
culture, destruction du commerce, anéantissement de l'industrie.
L'horreur de la domination étrangère, l'appréhension de l'avilisse-
ment aux yeux de l'Europe, obtiendront le renoncement de tous les
intérêts privés. Une nation de 25 millions d'hommes éparse sur
une surface de 25 mille lieues carrées, emploiera tous les extrêmes
moyens de défense, comme une simple garnison de quelque place
assiégée. Et voilà où auront conduit et les expressions outrageantes
d'un général étranger et les imprudentes démonstrations des émigrés
français, qui n'ont cessé de dire : « Il n'a fallu que quelques semaines
« pour
réduire le Brabant, pour remettre la Hollande sous le joug
« du Stathouder; il ne faudra que deux mois pour renverser la ré-
« volution de France. Ceux qui voient différemment ne sauraient être
« que des jacobins déguisés, etc. >>

Il est indubitable, aujourd'hui, que l'armement et les menaces de la coalition ont entraîné le sort de Louis XVI. Sans les insidieux encouragements des cours d'Autriche, de Prusse et de Russie, les émigrés seraient rentrés en France, et n'auraient pu être ni proscrits ni expropriés. Plusieurs d'entre eux eussent péri, sans doute, mais en défendant leurs foyers; et le plus grand nombre, échappant au désastre, et reprenant par degrés l'influence conservatrice qui s'attache nécessairement à la propriété, aurait servi de barrière au torrent de la démagogie.

Juillet 31. Emission de 300 millions d'assignats. - Total émis à ce jour 2,200 millions.

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Août 39. Péthion, maire de Paris, accuse, à la barre de l'assemblée nationale, Louis XVI de conspirer contre le peuple; il demande l'abolition de la royauté. Des fédérés, brigands amenés de divers points de la France, sous le nom de Marseillais, font une troisième fois la même demande ( V. 17, 23 juillet). Ils obtiennent les honneurs de la séance. La garde-nationale, dont la masse, amie de l'ordre, manifeste l'intention de défendre le gouvernement, est insultée, divisée; ses chefs sont accusés ou destitués. Il se forme un comité d'insurrection, qui prépare l'attaque du château des Tuileries. Des assassinats se commettent impunément, et en grand nombre, dans l'intérieur des maisons comme dans les lieux publics. 9. Ræderer, procureur syndic du département de Paris, mandé à l'assemblée nationale, expose les mesures prises contre

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une insurrection annoncée pour la nuit prochaine. L'efficacité de ces mesures est telle, que ce procureur conclut en disant : « La tranquillité publique sera-t-elle maintenue? je l'ignore; personne ne << saurait en répondre. Quant à l'arrivée des 900 fédérés, je n'en ai « aucune connaissance. »

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Cependant le roi, sans cesse menacé depuis la journée du 20 juin, n'a pu se résoudre à tenter les hasards de la fuite; il attend sa destinée. La cour a voué aux constitutionnels une animosité trop profonde, ponr consentir à recevoir leur secours. Les avis de Malesherbes, de Lally; les offres d'exécution faites par la RochefoucaultLiancourt, par la Fayette (V. 20 juin), n'ont pu trouver ni accès ni grace dans des ames encore moins glacées d'épouvante à la vue des sinistres préparatifs de la faction régicide, que nourries de soupcons et de défiances contre ceux qu'on vit en 1789 dans le parti du tiers-état.

Août 10. JOURNÉE DU 10 AOUT.-L'insurrection a été préparée si hautement, que les autorités constituées en ont connaissance depuis plusieurs jours. Le comité de surveillance de l'assemblée nationale en est instruit et pourrait aisément la prévenir ou la dissoudre. Aucune disposition ne sera faite dans ce but.

Au milieu de la nuit du 9 au 10, l'alarme se répand dans tous les quartiers de Paris; le tocsin donne le signal aux sans-culottes. Dès le point du jour, la place du Carrousel se remplit de la populace des faubourgs et de ces fédérés appelés Marseillais. Des canons sont braqués sur le château des Tuileries. Louis XVI a pour sa défense au-dehors, quelques compagnies de grenadiers de la garde nationale, bien disposées, mais laissées à elles-mêmes, sans ordres déterminés, sans indication d'un point de ralliement et remplies de méfiances. Ces grenadiers se sont réunis, ont accouru par une impulsion volontaire. Derrière eux, se rangent quatre ou cinq cents Suisses. Les ministres n'ont pas osé faire arriver à Paris la moitié de ce corps étranger casernée à Courbevoie ( une lieue et demie de Paris, seulement.) Les appartements sont occupés par 7 à 800 royalistes qui ont dédaigné de se faire inscrire dans la garde-nationale et qui joints à elle, eussent été de quelque secours; mais qui, séparés d'elle avec affectation, l'indisposent. «Pourquoi, se dit-on, les ras« sembler de la sorte ? s'ils voulaient défendre la constitution, ils « viendraient dans nos rangs, ils porteraient l'uniforme national; mais ils détestent la révolution, la bourgeoisie; ils nous mé⚫ prisent. »

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