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Nicosie, Larnaca, Limassol et Kilani, les villes de fabrication de l'île, ne possèdent aucun etablissement qui puisse être comparé aux plus petites fabriques d'Europe. Du reste, l'établissement de grands ateliers et de manufactures n'est pas une condition indispensable de la prospérité d'un peuple; et Chypre serait suffisamment heureuse et riche, si le travail individuel et l'industrie des ménages y avaient plus d'activité et de developpement Les femmes grecques de Nicosie et elles de Larnaca exécutent de jolis ouvrages en broderie pour la coiffure et les vêtements des daines. La broderie est, au reste, une vieille industrie de l'île; et M. de Mas-Latrie croit qu'on y fait encore cet or de Chypre, si recherché au moyen âge pour les costumes d'église et de cour, si vanté dans les tableaux de nos trouvères, et imité au quinzième siècle par les passementiers d'Italie. Dans toute l'ile, les femmes tissent a domicile des serviettes et des toiles communes de coton, de grandes besaces en laine de couleur, servant au transport des marchandises, et de grosses toiles d'embal

lage en chanvre ou en lin. Nicosie partage avec Psimilophou, Bedoulla et Tolirguia, le tannage des peaux verdâtres, dont les paysans font les hautes chaussures qu'ils portent toujours pour se garantir de la morsure des aspics. Nicosie fabrique encore, comme Ki ani, des mousselines de soie et des hakirs en soie et coton, étoffe rayée semblable à une fine toile écrue. Mais les objets les plus importants de son industrie sont les marocains et les indiennes. Elle exporte ses cuirs teints en jaune, noir ou rouge, dans la Syrie et la Caramanie. Ses indiennes sont recherchées en Orient pour tentures et divans. Ce sont des cotonnades importees d'Angleterre à trèsbas prix, et qui une fois teintes à Nicosie s'exportent avec une valeur double en Syrie, en Caramanie, à Smyrne et à Constantinople. La fabrication des poteries communes de Larnaca, Limassol, Lapistro, etc., la distillation du raki, espèce d'eau-de-vie tres-répandue dans le Levant, que chaque paysan proprietaire de vignes fait avec son alambic: celle des eaux de senteur, de ruse, d'o

ranger, de lavande, huile de myrte, laudanum, qui se fait dans les districts de Lapithos et de Kounia, et dans la vallée verdoyante de Marathassa, si bien surnommée Myrianthousa, complete la série des différentes branches de l'industrie des Chypriotes.

Le commerce de l'île consiste presque uniquement dans l'exportation de ses produits naturels. Pendant une période de quatre années, de 1840 à 1843, les seules pour lesquelles des renseignements journaliers, et aussi exacts que possible, aient permis de faire des relevés dignes de confiance, la moyenne annuelle des exportations s'est élevée à 2,200,000 francs, et la moyenne des importations d'articles étrangers servant à la consommation des habitants, à près de la moitié de cette somme.

Depuis la fin du seizième siècle toutes les provinces de l'empire turc ont été travaillées par une dépopulation continue. Cette dépopulation s'est fait sentir en Chypre comme ailleurs. A la fin de la domination vénitienne, Chypre reufermait huit cent soixante villages; elle n'en compte plus aujourd'hui que six cent dix, et dans ce nombre il y en a plus de la moitié au-dessous de trente feux. Le

nombre des villages entièrement peuplés de Grecs ou habités par des Grecs et des Turcs est de cinq cent quinze; il n'y a que quatre-vingt-neuf villages complétement turcs et six villages entièrement maronites. On a été longtemps sans renseignements positifs sur la population de l'île de Chypre, et l'on ne peut regarder comme des évaluations même approximatives celles des voyageurs et des géographes qui ont avancé que cette île ne pouvait renfermer plus de 60,000 ni même plus de 30,000 âmes. Des calculs plus exacts, établis sur un commencement de statistique, dû à Talaat-Effendi, gouverneur de Chypre en 1841, permettent d'évaluer la population actuelle du pays à 108 ou 110,000 habitants, ainsi divisés : 75 à 76,000 Grecs, 32 à 33,000 Turcs, 12 à 1,300 Maronites, 500 catholiques romains, la plupart Européens, et 150 à 160 Arméniens. Nicosie seule a une population de 12,000 habitants, dont 8,000 Tures, 3,700 Grecs, 150 Arméniens, et une centaine de Maronites. Le tableau suivant présente les derniers résultats de la statistique sur la population, les impôts et la superficie de l'île de Chypre :

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industrieux de l'ancien monde, cette île, si favorisée de la nature, était parvenue à un haut degré de prospérité, qu'elle sut conserver sous les differentes conquêtes qu'il lui fallut subir. Sous les Egyptiens, les Perses, les Grecs, les Romains, qui la posséderent tour à tour, elle ne cessa pas d'être florissante par son industrie, son commerce et son agriculture. Mais en même temps le caractere de ses habitants, adonnés au luxe et à la mollesse, leurs mœurs relâchées, empêchèrent l'ile de Chypre d'obtenir dans l'antiquité une grande importance politique, et de figurer dans l'histoire aussi honorablement que d'autres îles, moins considerables par leur étendue et leurs ressources naturelles. Les Grecs de Chypre resterent toujours en général au-dessous du niveau commun de leur race, et cela à toutes les époques de l'histoire, au temps des luttes contre les Perses comme pendant l'insurrection contre les Turcs. Au moyen âge la dégradation de la race grecque était universelle; et l'île de Chypre, comme toutes les autres parties du Bas-Empire, marchait visiblement à une décadence complète, lorsque la conquête de Richard Cœur de Lion, en la faisant passer sous la domination franque, la releva de son abaissement et lui rendit une vie nouvelle. Elle traversa alors avec gloire une période de trois siècles, pendant laquelle elle acquit une grande importance politique, comme boulevard de la chrétienté contre l'islamisme, où elle jette un vif éclat par ses arts, son industrie, son commerce, et où elle atteignit à une opulence et à une splendeur qui surpasserent peut-être celles qu'elle avait eues aux plus beaux temps de son histoire ancienne. Mais le fléau qui s'abattit sur les contrées autrefois si florissantes de l'Asie et de l'Europe orientale, au quinzième et au seizième siècle, étendit aussi ses ravages sur cette île, que Venise fut impuissante à garantir. Elle devint la proie des Turcs, et tomba dès lors dans le domaine de la barbarie. Voilà cependant que cette société musulmane, qui se laissait nonchalamment mourir avec les peuples enchaînés à son sort, semble disposée à conjurer l'heure fatale, et consent à se laisser appliquer tous les remèdes que la politique de l'Occident met à sa disposition. Le hatti-schériff de 1839

a inauguré une ère de reformes et de progrès pour l'empire ottoman; une nouvelle organisation administrative fonctionne aujourd'hui d'un bout à l'autre de ses vastes frontières. Les publicistes (1), les hommes d'État, les voyageurs semblent d'accord pour constater et célébrer les heureux résultats de cette courageuse tentative, et expriment des espérances que je ne veux certes pas contredire, mais que le temps seul pourra confirmer, en les réalisant. Le paysan chypriote commence à respirer sous un régime plus régulier, où les exactions et les avanies ne sont plus que des exceptions; il ne songe plus à quitter son île, il cultive, il defriche. « J'ai vu sur le mont Olympe, dit M. de Mas-Latrie (2), des vallées d'une et deux lieues d'etendue mises en valeur depuis peu d'années et couvertes déjà de beaux plants de mûriers. La confiance, en ramenant le travail, facilitera le payement de l'impôt. augmentera peu à peu l'aisance des habitants. En même temps le gouvernement se régularise; la perception de l'impôt étant plus facile, ses procédés seront moins violents, moins arbitraires, et le raïa comprend que des temps meilleurs commencent à venir pour lui. »> Sans doute, j'aime à le croire, ces temps viendront; les Grecs de l'île de Chypre ont assez souffert depuis trois siècles pour que la Providence leur ménage enfin des jours plus heureux ; mais il faut qu'ils sachent s'en rendre dignes, il faut qu'ils comprennent bien qu'il ne suffit pas de quelques réformes administratives de leurs maîtres pour les régénérer, que cette grande entreprise n'aboutira pas s'ils n'y travaillent eux-mêmes. Le gouvernement turc a fait son devoir en améliorant la situation de ses sujets et en allégeant le joug qu'il leur avait imposé; c'est à ceux-ci, maintenant que la main des conquérants pèse moins lourdement sur leur tête, à faire des efforts énergiques pour se relever de l'abaissement où ils étaient tombés, à sortir de la mi

(1) Voy. l'intéressant ouvrage publié récemment par M. Ubicini, sous le titre de Lettres sur la Turquie. Le premier volume seul a paru.

(2) Voir le Correspondant, numéro du 10 août 1847, p. 372.

sère par le travail, à reconquérir la di gnité morale que l'esclavage fait perdre toujours aux peuples asservis, mais qu'ils peuvent retrouver sous un régime plus doux et plus équitable. Malheureusement le plus puissant instrument de régénération fait iei défaut; le clergé gree de l île de Chypre est hors d'état de concourir pour sa part à l'amélioration morale et intellectuelle du peuple à la tête duquel il est placé, et dont il entretient l'ignorance et les préjugés par son propre exemple. On trouve plus de lumière et de tolérance chez les Grecs laïques de la classe aisée que chez les prêtres, dont le fanatisme est toujours aussi

vivace qu'au temps des controverses suscitées par le schisme d'Orient. Du reste, les Grecs ne savent pas assez, à Chypre comme ailleurs, que ce qui les a perdus, c'est le triste dissentiment religieux qui les a séparés de l'Église latine, qui les a isolés de l'Europe, qui les a livrés à l'islamisme, à la servitude, à la barbarie, et ils ne comprennent pas encore, si jamais ils le comprennent, qu'ils ne verront la fin de leurs misères que dans l'abjuration de ce déplorable fanatisme qui les anime toujours contre nous, et de cette ignorance profonde qui l'éternise au milieu d'eux.

DESCRIPTION ET GÉOGRAPHIE COM

PARÉE DE L'ILE DE RHODES.

ASPECT ET NOMS DIFFÉRENTS DE L'ILE DE RHODES.- Si l'on quitte l'ile de Chypre pour se rapprocher des mers de la Grèce, la premiere terre que l'on rencontre à l'entrée de la mer Égée ou de l'Archipel, en suivant les côtes de l'Asie Mineure, c'est la riche et glorieuse île de Rhodes, qui s'annonce au loin par l'eclatante lumière de ses rivages, Rhodes, la véritable cité du soleil, comme dit le voyageur des Dialogues du Lucien, et belle comme le soleil lui-même (2). Lorsqu'on louvoie en serrant de près la côte pour arriver à la ville qui est située à la pointe septentrionale de l'île, on voit se dérouler devant soi une suite variée de magnifiques paysages. Des coteaux s'arrondissent doucement et entrecroisent leurs courbes gracieuses; souvent leurs sommets paraissent nus et sablonneux, mais ils étincellent de ces reflets d'azur et d'or que l'on ne retrouve que sous ce beau ciel de la Grèce et de l'Asie Mineure. La pente des hauteurs est ordinairement couverte de bois touffus et verdoyants, qui sont à la fois la parure et la richesse de l'île. Ça et là de hauts palmiers se balancent au milieu des arbres moins élevés des forêts, ou s'élèvent isoles sur la plage, annonçant de loin au voyageur que cette terre appartient

(1) Consulter pour l'histoire ancienne de Rhodes: Coronelli, Isola di Rhodi, geografica, storica, antica e moderna, coll' altre adjacenti, già possedute da cavalieri hospitalieri di S. Giovanni di Gerusalemme; Venezia, 1688, in-8°. - Rost, Rhodos, historischarchæologisches fragment.; Altona, 1824, in-8°. C. Mannert, Geographie der Griechen und Römer; article Rhodus, partie vt, vol. III, p. 202-231; Nuremb., 1802, in-8°.

- Le colonel Rottiers, Description des Monuments de Rhodes, in-4° avec atlas; Bruxelles, 1830.

(2) Lucien, Amores, XXXVIII, 7, 8; coll. Didot, p. 388.

encore à l'Orient. La mer ne baigne pas toujours le pied des hauteurs: des prairies et des champs cultivés s'etendent quelquefois sur le rivage, qui ordinairement est comme entouré d'un rempart naturel de rochers nus et peu elevés.

Cette île, dont tous les voyageurs anciens et modernes ont décrit avec enthousiasme l'aspect enchanteur, est désignée dans l'antiquité sous différents noms. On l'appela d'abord Ophiusa, à cause des nombreux serpents qui se cachaient dans les broussailles de ses forêts. On la nomma aussi Telchinis, l'enchanteresse, ou la terre des Telchines; Ethræa, l'Aérienne; Trinacria, l'île aux trois pointes ou aux trois capitales; Corymbia, l'île aux couronnes de lierre, sans doute à cause des triomphes de ses athletes; Paessa, l'ile de Pean, a cause d'Apollon, à qui elle était consacrée; Macaria, la Bienheureuse; et enfin Atabyria, nom qui était aussi celui du pie principal qui s'élève à son centre, et qui l'avait reçu, dit-on, d'un ancien roi du pays (1). Son vrai nom historique est celui de Rhodes, qui lui a sans doute été donné à cause de la grande quantité de rosiers qui de tout temps en ont couvert naturellement tous les champs en friche. Recueillir leurs fleurs, en extraire l'essence et en faire des conserves, est encore aujourd'hui la principale occupation des femmes turques établies dans l'ile. Cette explication du nom de Rhodes était trop simple et trop naturelle pour que tout le monde ait pu s'en contenter. On a supposé que cuivre qui fut trouvé en jetant les fonce nom venait d'un bouton de rose en dements de Lindos, l'une des plus anciennes villes de l'île. Selon d'autres, Apollon lui donne ce nom en souvenir d'une nymphe qu'il aimait. Elle s'appe

(1) Cf. Meursius, Rhodus, 1. I, e. 1; Dapper, Description, p. 88; Rottiers, Monuments de Rhodes, p. 27; Forbiger, Handbuch der alten Geographie, t. II, p. 241; Coronelli, Dell' Isola di Rodi, p. 3.

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